•     Pour trouver « Dieu », il faut sortir de chez soi, parcourir le monde entier, fouiller jusqu'aux confins de l'Univers, à la sueur de son front et dans la détresse de ses membres, jusqu'à l'épuisement de son souffle.

          Puis rentrer chez soi et Le trouver dans un grain de poussière au creux de sa maison.

         Mais si l'on n'était pas sorti et n'avait pas accompli tout ce périple, jamais la Pépite n'aurait apparu.

     

      *   *   *

     

    Bouddha

     

     

            Je - l'Univers - suis une fleur qui s'ouvre lentement.

           Mais d'où provient-Elle ? Comment s'ouvre-t-Elle ?

     

     

     


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      C'est aujourd'hui Notre-Dame de Lourdes, mais je la confonds avec l'Immaculée Conception ; je mélange les deux, allez savoir pourquoi. En tous cas je ne puis m'empêcher de penser que si la réflexion qui va suivre m'est venue ce matin, ce n'est pas par hasard...

     

          Quand j'ai ouvert les yeux pour la première fois, il n'y avait ni mère, ni père ; ni lumière, ni ténèbres ; ni désir, ni refus ; ni chaud, ni froid ; seulement un brusque jaillissement de perceptions, une giclée de sensations brutales et effrayantes. Effrayantes, ou sensationnelles ? Éprouvantes en tous cas. Si "ça" criait, je n'en sais rien ; si "ça" bougeait, je n'en sais rien non plus !! C'était... grandiose !! Épouvantable !! Sublime !! Horrible !!!

          Un chaos prodigieux de sensations, de perceptions, issues du dedans comme du dehors et rien, rien à quoi se raccrocher ! Solitude absolue !!

           Jusqu'à.... Soudain, la paix. La paix profonde et parfaite émanée d'une subite "lumière" retrouvée. Chaleur d'abord, éprouvée au contact de la chair dont elle (la chair) a été séparée ; et cette lumière que les poètes latins nomment "lumina", ou les yeux qu'on dit en français les "fenêtres de l'âme"...

        Au fond des yeux de "sa mère", l'enfant retrouve sa Source et cela reste si profondément ancré que dès lors s'élève en lui un besoin impérieux de la retrouver, qui le hantera toute sa vie. "La Lumière" ! "L'Amour" !  C'est vers cette issue qu'éperdument il se tournera en permanence, que ce soit dans sa vision de Dieu, ou dans sa quête de l'être aimé... Il cherche le Regard du "Père" (qui est aussi et encore "Mère", notamment par le visage de Marie), il adore les yeux de la personne aimée - ou son "regard".

           En effet - et le mot "lumière", quoique erroné, le traduit bien - il ne s'agit pas de quelque chose qui est "vu", mais d'une sorte de sas ouvert ; d'un "tunnel" à travers lequel il sent la Réalité de là d'où il vient.

          Qu'on désigne comme Lumière parce que cela nous appelle, cela scintille. Mais qui est aussi la Paix profonde, car cela nous rappelle qu'avant ce chaos, Cela était déjà. Cela était et Cela sera toujours.

           Marie, celle de Lourdes, celle qu'on appelle Vierge sans tache ou Immaculée, est ce Regard ; ce sas ouvert  sur la Réalité immuable de ce que nous sommes. Elle est ce que nous pouvons "concevoir" de plus élevé, c'est-à-dire la Conscience dépouillée de toutes ses pensées, l'Éveil premier avant le chaos du surgissement du monde. 

     

         On peut aimer le monde, dans lequel on a été plongé, projeté malgré soi... Et pourquoi ne pas l'aimer, puisqu'il reflète en permanence et sans relâche, notamment à travers les regards de tous les êtres vivants et conscients que nous rencontrons, humains ou animaux, la merveilleuse "Lumière" de la Conscience Pure, l'Immaculée Conception ?

         Mais aussi, comment faire taire en soi ce rappel profond et sans cesse renouvelé que, comme le Petit Prince,  nous ne sommes pas d'ici !... 

     

    Le Petit Prince-fin

     

     

     


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  •        Aujourd'hui j'ai tant entendu parler d'Amour ! Un terme qui nous fait tous rêver car il évoque la conciliation, la réunion entre les êtres. C'est une aspiration si impérieuse à sortir de nous-mêmes que nous la mettons volontiers au premier plan de nos préoccupations, nous la représentant dans sa plus belle expression : l'oubli de soi !

        Mais en fait elle n'est la plupart du temps qu'un simple sentiment émané de l'ego et qui signifie : désir d'être reconnu ; désir d'être aimé, apprécié, et ensuite remercié pour ce que l'on aura pu faire ou montrer...

     

    L'Amour,


         Les différentes lectures ou méditations que j'ai pu trouver aujourd'hui s'y rattachant m'ont rappelé qu'on en fait le point central de la Rencontre avec le Divin, le mot "Amour" semblant apparenté au mot Âme et paraissant au cœur de toute démarche visant à s'oublier soi-même au profit de plus grand que soi - c'est-à-dire la Volonté du Tout-Puissant, qui est alors présentée Elle-même comme un acte d'amour du Père à notre égard.

         Mais si l'on veut véritablement évoquer le Divin et sa Puissance de par le monde, on revient à ce Prologue de l’Évangile de Jean que j'ai cité précédemment, et l'on constate qu'il n'y est pas parlé d'"Amour", mais de Verbe (trop difficile à traduire décidément : aujourd'hui je le rendrais volontiers par Expression), puis de Vie et de Lumière.

           Et pourtant l'Amour, je me suis très longuement interrogée à son sujet, à travers notamment la mystique et le soufisme ! Il ressort de ces réflexions que c'est plutôt une voie d'accès pour l'ego, un moyen pour lui d'apprendre à se dépouiller peu à peu de lui-même. Mais ce sentiment reste toujours du domaine de l'humain, apparenté à la recherche et à l'aspiration ; il reflète tout à fait l'illusion de séparation que nous connaissons ici-bas.

           Je me suis rappelé alors ces misérables amoureux de l'inaccessible qui hantent les légendes post-romantiques, comme Valdemar, dans les Gurrelieder  de Schönberg : la femme qu'il aime, nommée Tove, meurt et se transforme en une colombe (de l'allemand "Taube" et du Danois "Dove" : colombe). Il devient fou et erre de par le monde en hurlant sur son cheval emballé... ! C'est l'image de l'archétype du masculin qui nous habite - à savoir notre besoin de maîtriser les choses, d'agir sur elles, de les voir se conformer à notre volonté - qui est totalement désorienté lorsqu'il s'agit de lâcher prise sur notre destinée, d'accepter les pertes, les échecs, l'impossibilité de satisfaire nos désirs.

     

    L'Amour, ou notre aspiration vers la Lumière



          Tel est également le Golaud du Pelléas et Mélisande de Debussy, dans son incapacité à obtenir l'amour de la douce et mystérieuse Mélisande qu'il a pourtant épousée, lorsqu'à son chevet (car elle se meurt elle aussi) il lui demande instamment "la vérité" sur ses relations supposées avec Pelléas, et que sans accepter ses réponses évasives il s'écrie : "Je vais mourir ici comme un aveugle !" (En effet dans son désespoir il envisage de se suicider après la mort de la jeune femme).

         Brusquement il m'est apparu évident que l'objet de l'amour est perçu comme la Lumière même ! Et c'est là que nous revenons au Prologue de Saint Jean. L'Amour est donc ce qui nous pousse vers cette Lumière, qui est aussi la Vie. Il est donc ressenti comme une urgence absolue.

        Mais ce qui en nous éprouve cette attraction est l'ego, autrement dit : ténèbres. Et pour que la Lumière soit, il faut qu'il disparaisse... Comme le disait Jean-Baptiste ("un homme" selon le prologue, donc un ego) : "Il faut qu'Il croisse et que je diminue".

          Et comme dit Jésus ailleurs : "Ils seront jetés dehors, là où sont les pleurs et les grincements de dents".

          Je ne comprenais pas ces propos autrefois ; je ne comprenais pas qu'il puisse y avoir un "dehors" à la Vie divine (à "l'Amour" de Dieu !). Mais les pleurs et les grincements de dents (qu'éprouvent parfaitement Valdemar et Golaud) sont des expressions de l'ego : des sentiments, des émotions. Et l'ego fait partie des ténèbres, et ces ténèbres ne comprennent pas la Lumière !

        Aussi dois-je aujourd'hui rectifier la traduction que je faisais du Prologue dans l'article précédent : au verset 5, oui, les ténèbres n'ont pas étouffé la Lumière bien sûr ; mais aussi : elles ne l'ont pas comprise comme le dit bien le texte latin !! En effet la Lumière est Dieu en Expression : le "Je Suis" qui s'adresse à Moïse sur le mont Sinaï, ou Verbe Divin ; et les ténèbres sont les ego qui ne peuvent l'atteindre en aucun cas... !

            Cette pensée m'a inspiré cette petite image très parlante :


    Lumière dans les ténèbres

     

         Au centre, j'aurais volontiers écrit Lui à cause de la relation avec le verbe Luire... Cette Lumière est autosuffisante et rayonnante ; étant Logos, elle est Intelligence pure et donc parfaite évidence (le mot latin Verbe, plus riche que le mot français "parole", ne rend pas toute la profondeur du terme grec employé par Saint Jean, le Logos qui veut dire aussi Pensée rationnelle).

         Autour, il y a l'ego ; et si l'ego cherche à comprendre la Lumière il ne le peut pas. Il répète donc sans cesse "Je ne comprends pas", "je ne comprends pas"... et c'est tout ce qu'il peut faire : battre la campagne en pleurant ou "mourir ici comme un aveugle", mais certainement pas "comprendre la Lumière". C'est pour lui un Mystère...

        Je terminerai cette réflexion avec la fin magistrale de l'oeuvre de Schönberg (Gurrelieder) qui est le triomphe de la Lumière Divine dissipant les Ténèbres. La vidéo qui suit, outre qu'elle illustre relativement bien ce chœur final, offre une traduction anglaise des paroles prononcées.

         Il faut savoir aussi que juste avant ce prodigieux lever de soleil, il y a toute une préparation qui est superbe mais que malheureusement on ne peut suivre qu'en comprenant l'allemand, durant laquelle un voyageur émerveillé s'extasie de la montée progressive de l'aube qui éclaire peu à peu chaque chose, offrant de ci, de là des spectacles aussi fabuleux que fugaces... Si vous le souhaitez vous pouvez l'entendre ici.

     

     


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  •        L'histoire était captivante, exaltante : après avoir tant marché, le personnage avait enfin trouvé son but ! Il avait rencontré, vu quelque chose qui lui semblait être la perfection à laquelle il aspirait ; un messager de ce qu'il cherchait !  

       Un poisson, comme l'on représente Jésus : Ièsous Christos Théou Uios Sôtèr - Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur - sur les mots grecs dont les initiales forment cet autre mot grec : "ICTUS", "poisson" (en rappelant, comme vous le voyez sur l'image ci-dessous, que le "u" majuscule s'écrit "Y" - "i"grec - et donnera donc des noms scientifiques tels que "l'Ichtyologie", l'étude des poissons).

    ICHTUS


         Un poisson lumineux, comme cette "lumière" du Logos brillant dans l'obscurité que les  ténèbres n'ont pu saisir, et qu'évoque le prologue de l’Évangile de Jean dont j'ai parlé ici et que j'ai illustré au bas de cet article.

         Mais il ne pouvait y avoir d'aboutissement à cette histoire. Le seul aboutissement était d'en sortir. De tourner les pages du livre et de le refermer en ramenant la main droite sur la main gauche jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien entre les deux mains... D'abandonner donc l'héroïne à son "rêve" et de la laisser partir elle aussi comme ayant été "posée là" pour les seuls besoins du rêve.

    Livre ouvert

         D'un rêve à un autre rêve, tourner d'autres pages... Les trouver grises et striées de larmes mais les tourner. Les trouver gaies et couvertes de couleurs, mais les tourner. Les voir parfaites, éblouissantes, et les tourner. Retrouver soudain des montagnes de graffitis obscurs et sinistres, souffrir de leur laideur ; mais les tourner encore et encore, lentement et paisiblement. 

            Ne pas s'effrayer des pages remplies d'images morbides et résonnant de cris d'horreur ; ne pas s'attarder aux pages lumineuses et pétillantes de rires d'enfants. Les tourner encore, comme les pages d'un beau livre, un beau livre où l'histoire s'écrit instant après instant, d'une écriture magique et sublime - sans nous cependant. Avec notre seul regard de lecteur compatissant ou enthousiaste.

            Nous nous étions tant pris au jeu que nous étions descendus dans l'histoire. Enfants prodigues, nous avions oublié que ce n'était qu'un récit que notre Mère nous racontait de sa voix douce et limpide, uniquement pour nous bercer.

        Mais au moment où nos yeux se ferment nous respirons de nouveau Son Souffle et découvrons qu'il ne s'est jamais rien passé et que nous sommes toujours sur Son Cœur... 

     

    Image du net

     

     


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  •      Le combat de Jacob avec l'Ange de Dieu est un passage de la Genèse qui a beaucoup inspiré les peintres comme les commentateurs.

             Comme tous les passages où l'Éternel se manifeste de façon quasi matérielle, plus que par sa seule Voix, celui-ci frappe et interroge. 

     

    Gravure de Gustave Doré

     

           Beaucoup d'illustrations en ont été faites, cependant celle qui me séduit le plus est cette gravure de Gustave Doré, car elle correspond à ma compréhension de cet épisode.

            Bien sûr, l'interprétation que j'en fais n'est pas littérale ni strictement biblique ; elle ne correspond pas à une connaissance de la tradition religieuse, qu'elle soit hébraïque, chrétienne ou islamique. Non, je m'orienterai plutôt vers une vision archétypale, vers un éclairage à valeur initiatique.

         Voici le texte :

    23 Cette nuit-là, Jacob se leva ; il prit ses deux femmes, ses deux servantes, ses onze enfants, et passa le gué du Yabboq.
    24  Il leur fit passer le torrent et fit aussi passer ce qui lui appartenait.
    25 Jacob resta seul. Or, quelqu’un lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore.
    26 L’homme, voyant qu’il ne pouvait rien contre lui, le frappa au creux de la hanche, et la hanche de Jacob se démit pendant ce combat.
    27 L’homme dit : « Lâche-moi, car l’aurore s’est levée. » Jacob répondit : « Je ne te lâcherai que si tu me bénis. »
    28 L’homme demanda : « Quel est ton nom ? » Il répondit : « Jacob. »
    29 Il reprit : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël (c’est-à-dire : Dieu lutte), parce que tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu l’as emporté. »
    30 Jacob demanda : « Fais-moi connaître ton nom, je t’en prie. » Mais il répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et là il le bénit.
    31 Jacob appela ce lieu Penouël (c’est-à-dire : Face de Dieu), « car, disait-il, j’ai vu Dieu face à face, et j’ai eu la vie sauve. »
    32 Au lever du soleil, il passa le torrent à Penouël. Il resta boiteux de la hanche.

    Genèse 32, 23-32
    Site AELF

     

         Gustave Doré montre Jacob monté sur un rocher. Ce n'est pas vraiment l'impression que donne le texte biblique qui souligne qu'il était parvenu à un gué, mais c'est ce qu'évoque cette rencontre absolument exceptionnelle. 

         Dans sa marche si difficile car faite de luttes et de défis vers la révélation de ce qu'il est réellement, Jacob est parvenu à un seuil, à un passage qui est certainement primordial dans son cheminement. On peut en donner pour preuve qu'il abandonne tout : sa famille, ses biens, toutes ses possessions, et qu'il demeure seul.

          C'est cette solitude absolue, ce dépouillement de tout, que l'illustre graveur traduit par une situation élevée - qui bien sûr le rapproche du Ciel et l'expose à la Rencontre qu'il va connaître.

           Jacob se heurte alors à une Force tombée d'on ne sait où (puisqu'il était demeuré seul), qu'il identifie à "quelqu'un" : les traducteurs disent "un homme" mais si l'on navigue d'une traduction à l'autre on voit qu'il n'est jamais fait mention que d'un pronom, "Il" sans autre précision, et que l'aspect "humain" n'est supposé que dans le seul fait qu'il y ait lutte... De plus c'est la nuit totale, et Jacob ne peut voir à qui il a affaire.

           Il s'agit donc de ce qu'en langage initiatique on nomme un "Gardien du Seuil" : un "autre vous-même" qui s'oppose catégoriquement à ce que vous franchissiez une certaine limite.

            Cependant Jacob est un élu. Il n'abandonnera pas. Rien ne le fait lâcher prise. Pas même le coup puissant que lui assène l'adversaire, qui lui déboîte la hanche ! Outre la vive douleur qu'il a dû ressentir, Jacob essuie ici un choc qui semble signer son infériorité, car tout être boiteux correspond, en langage symbolique, à une personne ayant perdu sa puissance, sa stabilité, son assurance, et donc incapable de s'imposer.  

         Mais il n'abandonne pas et l'aurore se lève, lui permettant donc de discerner enfin son assaillant. Or à ce moment le texte ne nous délivre sur ce point aucune indication, si ce n'est que Jacob réclame une bénédiction... Puis que les protagonistes se demandent mutuellement leur nom.

          Et qu'est-ce que le "nom", sinon l'identité exacte de la personne concernée ? Le nom résume et décrit qui l'on est ; et si le nom de "Jacob" signifiait jusque là qu'il était "aimé de Dieu" (ou favorisé par Lui),  voici qu'un nouveau nom lui est non pas proposé, mais imposé : "Israël", celui qui "se mesure à Dieu" ! Et Jacob lui-même dit ensuite qu'il a vu la Face de Dieu sans mourir ; comme Moïse - tandis qu'Élie se voilera le visage en signe d'humilité...

          Celui-ci lui réplique simplement : "Pourquoi me demandes-tu mon nom ?"

         La phrase est impressionnante... Il y a deux sous-entendus qui crient sous les mots énoncés ; le premier : "tu le connais parfaitement !" ; et le second : "je n'en ai pas !" Si l'on se fie au premier, on doit comprendre que Jacob a reconnu instantanément son agresseur : la preuve en est qu'il lui demande sa bénédiction. Et pour le second, c'est le simple rappel que le Dieu de Moïse ne peut être nommé car il s'identifie par un tétragramme imprononçable (YHVH) que l'on évoque à peine avec la formule Je-Suis.

          Qu'a donc rencontré Jacob au passage de ce "gué" fatal ? Et est-il certain qu'il n'en soit pas mort ?

         Il s'est heurté à cette Puissance même dont il est issu et vers laquelle il se dirige, et qui tel le passeur Charon pour traverser le fleuve Styx, lui réclame d'abandonner jusqu'à son nom et sa force, ou volonté propre (la vigueur de ses jambes). Changeant de nom et d'aspect physique, il devient un autre : il se dépouille de lui-même, meurt à sa personnalité passée. Et s'il déclare "avoir eu la vie sauve", c'est simplement parce qu'il a su abandonner tout ce qui devait être abandonné pour accepter pleinement ce qui lui était donné, dans une simple bénédiction .

         S'il n'avait pas tenu tête, il serait resté piteusement tel qu'il avait toujours été et n'aurait pas traversé ce Seuil vers une manière d'être plus large et plus ouverte, vers l'accomplissement d'une Volonté qui le dépasse.

     


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