•      Pour revenir sur ce que m'écrivait en commentaire hier Durgalola me présentant comme un maître de vie pour elle, je précise que je suis bien incapable de rien enseigner puisque je suis en pleine recherche. Et qu'en définitive c'est vous que je considère comme mes "maîtres" car, tandis que je réfléchis sur une question qui me tient à cœur, le fait de l'écrire à votre intention en sachant que vous me lirez me permet de faire le point et de trouver quelques réponses.

      Cependant il est vrai aussi que j'avais cité peu auparavant cette histoire racontée par Osho Rajneesh, évoquant l'idée que tout peut servir de support pour recevoir un enseignement (l'objet rencontré fortuitement étant alors tout simplement le moyen d'expression dont s'est servi momentanément notre Maître Intérieur pour nous instruire) ; et il est possible qu'en me lisant certains trouvent les réponses qu'ils cherchent, tandis que moi-même, je puis vous confier que sur un certain blog (que je ne préciserai pas) je trouve étrangement à chaque publication exactement ce que j'ai besoin d'entendre ce jour-là, ce qui m'a toujours vivement impressionnée.

        Aujourd'hui, cherchant depuis longtemps à comprendre et dénouer la dépendance affective qui nous relie à une personne (dépendance que l'on peut nommer aussi amour, ou encore attachement, et dans laquelle évidemment il y a toutes sortes de gradations suivant les êtres et leur degré d'émancipation personnelle), je suivrai devant vous tout simplement le fil de ma réflexion - comme je l'ai déjà fait dans d'autres articles. Le seul risque est que, bien sûr - et d'autant plus avec ce préambule ! - l'article vous paraisse long.

     

    1)  Dans un premier temps parlons de ce qui fait l'attachement :

    L'attachement affectif

           Quand on veut réfléchir avec le cœur, on revient bien souvent au Petit Prince de Saint-Exupéry... Depuis que je suis en recherche, étonnamment, il me revient en tête plus que jamais auparavant ! On dirait que Saint-Ex a tout dit dans ce petit chef d'oeuvre, et le plus étonnant c'est que, lorsque j'en parle à des amis qui  suivent une voie totalement différente de la mienne, ils font cependant la même remarque : il y a tout dans Le Petit Prince !

          Mais enfin bon, encore une digression... Et de plus je vais tout de même en faire l'analyse critique. Car pour moi, le but n'est pas de rester attaché, loin s'en faut.

         Le Petit Prince, tombé du ciel, semble être libre de toute attache. Cependant il se définit par quelques points :

         - il a une planète ; il la nomme ainsi : "ma" planète.

        - et sur cette planète, il a une rose : c'est "ta" rose, lui dit le renard.

          Comment cette planète et cette rose en sont-elles venues à le représenter, à le définir ? - Par le temps qu'il leur a consacré. 

         

    Le petit Prince nettoie sa planète

          Il s'y est investi. Il s'y est dévoué.

           En d'autres termes : il y a mis "de lui-même"; il s'y est projeté. L'amour qui était dans son coeur, il l'a placé dans la planète et dans la rose : comme on dépose de l'argent en banque.

         Tiens, cela me rappelle la fin du film Ghost, quand le héros décédé transmet ce message à son épouse éplorée : 

    « C’est merveilleux Molly, tout l’amour qu’on a en soi, on l’emporte avec soi...»
    Ghost, Sam.

         Sauf que dans ce cas-là alors, le Petit Prince, il s'est trompé. Il a laissé son cœur sur sa planète comme en otage et il va devoir y retourner... Il est attaché, dépendant !

         Or le héros de Ghost ne dit-il pas qu'il emporte avec lui l'amour qui est en lui ? L'amour n'a donc pas à être déposé à l'extérieur pour vous créer comme une chaîne...

     

    2) Voyons maintenant un exemple du principe de détachement :

         J'ai un bel exemple dans un film que j'affectionne beaucoup, un film d'acteurs en noir et blanc qui date de 1946 : Un Revenant, de Christian-Jacque. On en trouve la vidéo intégrale sur youtube pour mon plus grand bonheur.

        Il est magnifiquement interprété par Louis Jouvet dans le rôle principal, avec François Périer en timide  jeune premier un peu romantique et Lumilla Tchérina dans le rôle d'une danseuse étoile qui fait chavirer les coeurs, plus une Marguerite Moreno époustouflante dans sa tirade finale que je vous recommande (ici, de 1h38'38" à 1h41'55"), sur un fond de habanera composée par Arthur Honegger qui joue ici son propre rôle de compositeur et chef d'orchestre pour la musique de scène qui est également la musique du film... Sans parler de Gaby Morlay, Louis Seigner... Bref !

        J'ai relevé tout le dialogue final (que l'on doit à Henri Jeanson), dans lequel Louis Jouvet (alias Jean-Jacques Sauvage), revenu pour se venger d'un amour déçu, essaie de vacciner contre l'amour le fils (François) de celui qui l'a trahi autrefois en lui tirant un coup de pistolet dans le dos (Jérôme Nizard). Après avoir persuadé la première danseuse du ballet dont il est le directeur (Karina) de répondre aux avances de celui-ci, qui se présente avec des plans de décors sous le bras dans l'espoir d'être embauché, il se plaît à voir le désespoir du jeune homme découvrant bientôt que l'étoile a mieux à faire qu'à l'écouter lui conter fleurette, ayant dans ses soupirants nombre de personnalités fortunées... Après une tentative de suicide heureusement sans gravité du malheureux éconduit, il enlève le jeune dessinateur à sa famille pour lui faire connaître la vraie vie, et c'est dans le train qui va les mener à Paris qu'a lieu cette dernière scène (voir la vidéo citée, de 1h45'35" à la fin) :

         À Louis Jouvet qui s'assied paternellement près de lui dans le compartiment, François Périer demande :

    - Où est Karina ?

     - Ah ! non, mon petit vieux, non, ça ne va pas recommencer !

    - Oh, je sais, vous pouvez vous moquer de moi, mais elle est tellement différente des autres, j'aimerai jamais qu'elle.

         Louis Jouvet fouille promptement dans la poche intérieure de son pardessus et en sort une photo.

    - Tu crois ? Eh bien tiens, regarde : où est-elle ?

          Il lui met la photo sous le nez.

     

    Un Revenant - scène finale

     -   Allons, essaie de deviner où est Karina !

        Hésitant, François Périer avance le doigt vers un des nombreux visages du cliché qui présente tout le corps de ballet.

    - Non, idiot, c'est celle-ci ! fait Louis Jouvet en lui en montrant une autre. Tu vois, toutes les femmes se ressemblent !

        Il se lève et déchire la photo.

    - Mais tout ceci n'a aucune importance... 

        Il embrasse le jeune homme sur le front tandis que retentit le sifflet du départ du train.

    -  Imbécile... Du vent !

          Il sort dans le couloir et sème par la fenêtre ouverte du train en marche les petits bouts de photo l'un après l'autre en répétant :

    - Du vent ! Du vent !...

        Et on entend la voix off de François Périer répéter : Du vent !

     

        Ce dialogue apporte manifestement la démonstration exactement contraire à celle du Petit Prince, à qui le Renard essayait de prouver que "sa rose" était unique au monde... Et pourtant en effet, qu'aurait gagné le jeune héros de ce film à s'attacher à cette danseuse ?

     

            Je n'en dirai pas plus aujourd'hui. Il vaut mieux scinder en deux (voire davantage, je ne sais pas encore) la réflexion.

                 En voici juste les prémisses, j'en poserai la suite demain sans doute.

            Mais donnez-moi votre avis ! Et de mon côté j'irai vous visiter dès demain également.

     


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    Suite de cet article.


            Ça y est ! J'ai trouvé !...   danser


             C'est comme ça, les réponses vous tombent du ciel comme des météorites : plotsch !!! - On dit bien : "ça vient d'ailleurs"... 

            Vous cherchez, et puis une situation intervient et vous vous tapez soudain le front en vous exclamant : "Bon sang, mais c'est bien sûr !"

          Alors évidemment, la réponse que je vais avoir trouvée pour moi ne correspondra pas forcément à celle dont vous auriez besoin, vous. De même d'ailleurs que la question que j'ai posée pour moi ne correspondait pas forcément avec celle que vous aviez comprise, et replacée dans votre propre contexte... 

     

              Mais voici.

           L'attachement, en soi-même, est neutre.

           Vous placez votre argent en banque, vous retournez le chercher, il est toujours à vous ; le Petit Prince place son Amour dans sa Rose, il revient la trouver, l'Amour est toujours là. Pas de problème. De même pour tous les êtres que vous aimez sur cette terre : ils sont là, vous les contemplez, vous contemplez votre Amour, vous êtes heureux.

           Où cela commence  à ne plus aller, c'est quand il y a perte, ou séparation. Si la personne que vous aimez ne vous aime pas ; ou si elle vous quitte ; ou si elle meurt. C'est ce qui arrive à François (voir ici l'article précédent), que Karina n'aimait pas et repoussait. C'est ce qui arrive à celui qui a perdu un proche, un parent, un enfant.

          Et comme c'est aujourd'hui le 15 août et que j'ai tout de même une dévotion particulière pour Marie, j'évoquerai de nouveau la Pieta, l'image de cette mère que l'on dit "traversée de sept douleurs" parce qu'elle a vu supplicier son enfant sous ses yeux...

     

    Issoudun-Calvaire


          C'est lorsque l'on souffre, que l'on commence à percevoir un attachement et que l'on cherche à se détacher : on veut tout simplement échapper à la souffrance.

          Alors on invente la notion de culpabilité : si l'on souffre, c'est forcément que l'on a fait quelque chose de mal ! On a dû commettre une erreur quelque part ! L'Amour est sacré, Il vient du Cœur, Il ne peut faire mal !

        S'Il fait mal c'est qu'on en est pas digne... C'est qu'on est un rejeté de l'Amour...

       Aussi on cherche à se punir ; à payer. Ce sont des méthodes de rédemption.

        On invente par exemple "l'Amour sans attente de retour" : on se délecte alors à l'idée d'être un héros qui transcende la souffrance ressentie en la transmuant en "don de soi". En d'autres termes, on dit à l'autre : "Tu ne veux pas de moi ? Pas grave ! Je me donne gratuitement, tu n'as pas besoin de payer pour ça". Ben oui, mais résultat : on s'impose quand même... Et on continue à déposer son Trésor ailleurs, obstinément, ce qui entretient la certitude de l'indignité et de l'exclusion.

         Ou alors, on se fait une raison et on recommence avec quelqu'un d'autre. Cela fonctionne quelque temps, jusqu'au jour où un événement vient à nouveau briser ce rêve ; car tôt ou tard tout finit par mourir, disparaître, se consumer...

          Ou enfin, on suit la méthode préconisée par Louis Jouvet dans "Un revenant" : on refuse d'aimer ! On ferme son cœur, décidant que toute forme est vide... (refrain connu ; bien sûr, j'y pensais ! Notez bien qu'en faisant cette allusion je critique la réaction associée, qui consiste à se détourner par peur, mais nullement le texte sacré qui est une pure merveille dépassant de loin l'attitude pusillanime évoquée).

          Ce qui m'a donc explosé à la figure ce matin, c'est cette notion de culpabilité.

          Même si vous la refusez, vous tous qui avez été élevés dans la religion chrétienne vous serez obligés de me croire en vous rappelant la malédiction de la Genèse : Adam et Ève furent chassés du Paradis Terrestre et condamnés à la souffrance et à la mort. Ce fut ce qu'on appelle la "Chute", la séparation d'avec l'Amour Divin primordial et nourricier. Si l'on compare cette notion avec celle du cordon ombilical qui est coupé à la naissance, on comprend que tout notre mode de pensée, sur cette Terre, est conditionné par l'idée d'une séparation douloureuse.


    Naissance



         En fait, même la naissance est une mort ! On est séparé du corps qui nous a porté et nourri depuis l'origine !

         Alors qu'est-ce qu'on appelle "attachement" ? N'est-ce pas tout simplement le désir forcené de se réattacher... de se relier ... ?

          Oh ! Mais que dis-je ? Dans "relier", n'y a-t-il pas religion ? Et le mot  français "religion" n'a-t-il pas son équivalent dans le mot sanskrit yoga, dont la racine reste proche de notre mot "joug" ?

          Donc tout découle, TOUT, de ce besoin d'être "rattaché" parce que l'on pense avoir été coupé.

          Pas étonnant que ce soit le plus gros problème en ce monde...

    *  *  *

       
           ...  Et voilà, je vous avais promis la solution et elle m'échappe à nouveau.

            L'explication est simple : j'ai déjà écrit sur le sujet et sans doute déjà exposé la solution ; j'ai lu sur le sujet, et la solution m'a certainement été donnée. Mais sans m'apporter ni la paix, ni une conviction définitive.

           Car tout ce qui est dans le mental est inutile : le mental est notre geôlier ; il est la caisse dans lequel le Petit Prince rêve son mouton. En d'autres termes, quand il est là, il n'y a pas plus de réponse visible que de mouton apparent sur l'image... C'est comme de chercher la Vie dans un dessin.

    Saint-Exupéry-Le mouton et sa caisse

           
             Essayons tout de même de nous souvenir.

            Ce matin, j'ai eu un flash au sujet de la culpabilité.

           Vous savez je pense que dans l'univers où nous évoluons (où tout est séparé ; par le mental précisément, dont la fonction est de juger et de classer, de définir et de différencier) chaque notion possède son contraire, tout comme une pièce de monnaie a deux faces, chacune étant indissolublement liée à l'autre si bien que l'on ne peut expérimenter l'une sans l'autre. Il y a ainsi :

    • la vie et la mort,
    • le vrai et le faux,
    • l'amour et la haine,
    • le juste et l'injuste,
    • la guerre et la paix,
    • le haut et le bas,
    • le grand et le petit,
    • la joie et la douleur,
    • le beau et le laid,
    • la fusion et la séparation, etc. ...

     
            Il y a donc également la culpabilité et l'innocence.

        Et voici que, en pensant à cette opposition des contraires, soudain m'est revenu en tête un poème de Phène publié dans son recueil "Feuillets Apocryphes" (paru en 2012 aux éditions Caractères et qui semble déjà épuisé hélas) :

     

    De tout temps

    condamné par les philistins

    le Poète

    t
    o
    m
    b
    e

    à genoux,
    coupable d'innocence

    à terre,
    lynché par l'injustice

    dans l'oubli,
    immolé à l'hérésie

     

           Peut-être ce texte n'avait-il pas à l'origine le sens qu'il prend pour moi à ce moment.

         En effet le recueil de Phène, envisagé comme un enseignement secret (d'où l'adjectif "apocryphe" dans l'intitulé), part du principe que ce qui ne peut être formulé par le philosophe, prisonnier des concepts mentaux, peut être saisi uniquement par le Poète (du grec poiètès, le créateur) c'est-à-dire celui qui maîtrise l'Inspiration et sait se faire le réceptacle du Souffle divin afin d'exprimer le Verbe (au sens christique d'expression divine).

         Dans ce texte on pourrait donc voir un rappel du destin d'un Jésus par exemple.


          Mais ce qui avait compté pour moi alors c'était ce rapprochement saisissant : "coupable d'innocence" !

    Car subitement tout s'était annulé.

    L'attachement fait-il mal ?

    Ne le fait-il pas ?

    Y a-t-il culpabilité ?

    Y a-t-il innocence ?

    Y a-t-il détachement ... ?

    Peu importait ! 

           
         Il n'y avait plus ni oui, ni non ; ni blanc, ni noir ; ni sécurité, ni peur ; ni soulagement, ni douleur.

    Nous étions revenus dans le neutre.

    On avait retiré les émotions ; les jugements ; le questionnement.

    Ce qui existe était accepté en tant que tel ; sans conditions.

    Il n'y avait plus rien à chercher.

    Si je ne sentais rien je ne serais pas vivant !

    Pourquoi refuser la Vie, dans toute son immensité, dans toute son intensité... ?

     

     


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  • Ego


              Voici une image que j'ai faite il y a bien longtemps pour illustrer le destin de l'ego.

          J'en avais suffisamment entendu dire de mal pour comprendre qu'il était l'équivalent de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf !

     

              Cependant s'il était intéressant d'avoir une idée, un concept, il m'aurait été utile tout de même de savoir que tous les concepts maintiennent l'ego en place, et parmi d'autres l'idée qu'il soit une grenouille par exemple.

           Par contre, c'est l'idée de "gonfler l'ego" qui n'était pas sotte. En effet, ce dernier aime tant ça qu'il ne peut s'en défendre... Tant que vous le minimiserez, que vous essaierez de "le faire disparaître" comme on l'évoque souvent, il vous ... glissera dans les pattes pour mieux réapparaître un peu plus loin, planqué, dans le genre fantôme, fumée ou quelque chose de presque inapparent mais qui sent très mauvais... un idéal, une petite pensée sous-jacente à tous vos mouvements ("je suis très gentil" ; "j'aide les gens"; "j'ai tout lu et tout compris" ; "j'accepte tout ce qui m'arrive" ; "je ne suis rien de bien intéressant" ; etc....)


           Alors faisons l'inverse.

    Gonflage


          Donnons-lui beaucoup de connaissances pour qu'il se sente très important.
          Faisons-lui croire qu'il va bientôt arriver à quelque chose de très puissant.


          Incitons-le à chercher ; à réfléchir ; à se plier à des exercices. 
           Il va s'accrocher ; se fatiguer.


          Décourageons-le. Faisons-lui croire qu'il n'est pas assez bien. Qu'il n'a pas encore compris, que ce n'était pas cela qu'il fallait faire.
           Regardons-le s'épuiser ; se complaire dans des scénarios d'horreur, dans des "je n'y arriverai jamais !" puis hurler : "Si ! je VEUX !"


           Rions sous cape en lui rappelant qu'il ne doit avoir qu'UN but : parvenir à l'éveil ! (Ce qui est rigolo, c'est qu'il ne sait pas ce que c'est, mais se contorsionne de curiosité pour le trouver, comme un gamin qui monterait sur la pointe des pieds sur une chaise pour atteindre le haut d'une armoire et... se casserait la figure !).

    Chute

           
            Après, ce n'est plus qu'une question de temps.
           Comme on dit en cuisine : ça mijote.

     
          On le laisse bouillir comme ça le temps qu'il veut. 

    Chercher

         
            Il cherche...

    Chien qui cherche

           
            Il réfléchit...

    Réfléchir

         
    À force il ne se rend même plus compte qu'il est une grenouille en train d'enfler.


    Grenouille gonflée

     
         Alors le moment approche ...


    Pneu gonflé

     

         
             .... Eh oui ! Il approche le moment de 

     

    Rire

     

    L'ÉCLAT DE RIRE !!

     

     

           


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  •     Pour faire suite à cette méditation sur la mort qu'illustrait le poème précédent ainsi qu'à la phrase de Ramana Maharshi concernant le Silence, voici quelques éléments glanés ici et là.

     

      Tout d'abord, il faut rappeler que le Maharshi  associe le corps à l'ego : tout ce qui correspond à notre personnalité consciente est rattaché dans notre esprit à notre existence en tant qu'êtres incarnés ; nous disons "je" depuis que nous nous identifions à cet individu qu'ont défini en nous nos parents et il nous semble qu'avec la disparition de ce corps disparaîtra également le "je" qui lui est associé - c'est-à-dire notre ego.

          Pourtant ce grand saint, qui a fait très jeune une étrange expérience de la mort, affirme que celle-ci est un leurre et que l'esprit ne cesse pas de vivre, ce qui lui a donné l'intime certitude qu'en réalité nous ne sommes pas ce corps que nous habitons momentanément. On pourrait donc écrire (ça rime) : 

      Quand le "je" meurt
      Le Soi demeure

           En effet ce n'est plus le même "je" qui est ressenti alors. Il n'est plus limité mais s'étend à l'infini et devient cette entité que l'on a coutume d'appeler "Soi".

          Le Soi dépasse infiniment le corps qui, puisqu'il n'est qu'une sorte de marionnette activée pendant un certain temps, peut être considéré comme une chose inerte que le Soi utilise quand il le souhaite. Cela explique que le Silence soit plus puissant que la parole, puisque parler c'est utiliser les outils de la marionnette afin d'exprimer ce qui lui est supérieur.

           Voici donc une autre phrase du Maharshi qui me plaît beaucoup. Il répondait alors à une question assez prosaïque posée par l'un de ses visiteurs sur l'opportunité de se soumettre aux coutumes rituelles locales : "Est-il nécessaire de prendre un bain après avoir touché un cadavre ?"

    «   Le corps est un cadavre. Tant qu'on est en contact avec lui, on doit se baigner dans les eaux du Soi. »

          Comme il le rappelle souvent, le terme de "Soi" recouvre tous les vocables que nous avons pu inventer pour nommer le Divin, qu'il s'agisse de religion ou de simple transcendance .  

         Mais comment trouver le Soi ?... Chacun le sait bien sûr : en pénétrant en soi-même ; mais si loin qu'il faut dépasser sa propre mort, puisqu'il faut dépasser l'ego, ce qui n'est pas une mince affaire.

          Dépasser sa propre mort, c'est dépasser le mouvement : la vie incarnée est faite de mobilité. Traverser la mort c'est atteindre l'immobilité autant qu'entrer dans le Silence ; c'est trouver le Repos, c'est-à-dire à la Paix.

         Ainsi le Maharshi explique-t-il constamment à ceux qui l'interrogent que chaque jour ils font l'expérience du Soi durant leur sommeil : ils n'ont alors ni conscience du monde, ni conscience d'eux-mêmes ; plus d'ego, seule demeure la suprême Félicité. Le but serait donc de parvenir à un état de sommeil éveillé : ce qu'on appelle l'éveil ! Dormir en restant conscient, peut-être ; ou à l'inverse continuer à vivre sa vie sans avoir la conscience d'agir, le mouvement étant impulsé par un "Pouvoir" qui nous dépasse (ce que le chrétiens ont très bien traduit par l'expression : "être un instrument dans les mains de Dieu").

          Je fis justement ce matin en me promenant dans la campagne une étrange rencontre... Ces grandes éoliennes au bruit si doux, si feutré, fièrement plantées comme des socles immuables dans la terre, et dont les pales imperceptiblement tournaient, lentement, régulièrement, sans qu'aucun mouvement cependant ne paraisse. N'étaient-elles pas l'image même du "mouvement immuable" ? Tout comme la statue du Shiva Natarajah, du Dieu de la Création et de la Destruction immobile et pourtant dansant dans la roue de la Vie, ainsi l'immense pilier montant vers le ciel laissait deviner en bruissant toute la vie qui le traversait, sans pour autant trahir le moindre remous.

     

     

          De plus, quand j'écoutai ma vidéo je découvris que le vent que je sentais simplement à ma joue avait été transformé par l'appareil en un bruit profond surgissant du micro : n'est-ce pas là un indice évident du mélange indistinct des perceptions sensibles ? Quelle différence y a-t-il en  vérité entre voir, entendre, sentir ? Sur la gamme des ondes c'est juste une question de fréquence. Tout ceci n'était encore que la danse immobile du Dieu immanent, une simple traduction momentanée de son Silence resplendissant, de son Rayonnement limpide.

           


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          J'hésitais à aborder sur ce blog le thème pourtant d'actualité de la mort ; pourtant de nombreux décès dans mon entourage proche autant que l'écho de ce qui se passe dans le monde m'ont conduite à y penser avec une particulière acuité.

     

          Je m'y décide après avoir lu l'émouvant article de Jean, mais aussi, lui faisant écho en quelque sorte, celui de Daniel.

     

    Voici ce que dit Jean :

    «  D’une certaine manière mourir, c’est plonger dans l’inconnu. C’est pourquoi la mort, quoi qu’on affirme, est effrayante. On a beau dire qu’elle est une loi de la vie, qu’elle est inexorable, que le monde serait invivable sans elle… son masque est redoutable. »

    À quoi il ajoute, étant fervent chrétien :

    «  L’Évangile, tout en le constatant, nous montre cependant que cette plongée dans la mort peut être réussie. Le Christ lui-même en fait la démonstration. Il est descendu et il en est remonté à tel point qu’il a pu dire en parlant au passé : « J’ai été mort », Apocalypse 1.18.  »

    De son côté, Daniel cite Krishnamurti en ces termes :

    « La peur est une souffrance.
    La peur est la non-acceptation de ce qui " est ".  »

     

           Aujourd'hui, que nous soyons ou non inspirés par une religion ou une sagesse, nous avons de plus en plus de témoignages d'une vie après la mort du corps, nous sommes presque tous persuadés que notre existence ne se limite pas à ce séjour terrestre ; cependant la peur demeure avec l'incertitude car le corps lui, est limité. Le corps se sait mortel et entraîne avec lui nos émotions et affects, dont appréhension et angoisse font partie. Et tout travail sur soi, qu'il soit appelé "spirituel" ou non, qu'il soit inspiré par le Christ, le Bouddha ou tout autre enseignant, commence par l'acceptation de la mort. Car le corps avec ses sentiments et même ses pensées mourra de toute façon. 

          Cependant il existe un état que l'on appelle souvent "éveil" et qui peut correspondre à la qualification chrétienne de "ressuscité" dans lequel toutes les sensations, toutes les émotions et toutes les pensées propres sont mortes (on parle alors de "mort de l'ego" car il n'y a plus de personnalité pour dire "je"), sans que le corps apparent ait disparu. En ce cas la personne qui habitait le corps en question a vraiment eu l'impression de mourir, car elle s'est vidée de son identité en acceptant de se fondre définitivement dans l'Absolu, dans le Tout qui est la Vie. 

           C'est cette finalité, promise pour tôt ou tard à nous tous sans exception par le Christ mais aussi par tous les Grands Maîtres, que j'ai essayé de désigner dans une interprétation toute particulière de l'antienne "In Paradisum" autrefois récitée à l'entrée des cimetières et qui figure à la fin des Requiem de Gabriel Fauré et de Maurice Duruflé.

     

    Voici d'abord l'antienne en latin avec sa traduction officielle :

    In Paradisum deducant te Angeli ;
    in tuo adventu suscipiant te Martyres,
    et perducant te in civitatem sanctam Jerusalem.

    Chorus Angelorum te suscipiat,
    et cum Lazaro quondam paupere,
    aeternam habeas requiem.
    _ _ _

    Que les Anges te conduisent au Paradis ;
    qu'à ton arrivée les Martyrs t'accueillent
    et t'introduisent dans la Cité Sainte, Jérusalem*.

    Que le chœur des Anges te reçoive,
    et qu'avec celui qui fut jadis le pauvre Lazare** 
    tu jouisses du repos éternel.

    Notes : *  "Jérusalem" est ici la cité céleste évoquée dans l'Apocalypse de Jean (21, 10-27).
    ** Le "pauvre Lazare" est le mendiant couvert d'ulcères qui avait obtenu l'entrée au Paradis de préférence au riche orgueilleux qui ne l'avait jamais secouru (Luc 16, 19-31)

     

        Apportée comme un viatique au défunt que l'on s'apprête à inhumer, presque comme l'obole que l'on mettait dans la bouche des morts de l'antiquité pour payer Charon, le passeur du Styx, cette antienne porte en elle une puissance lumineuse que les musiciens cités ci-dessus n'ont pas manqué de souligner et que l'on ressent vivement à l'écoute des morceaux correspondants.

     

           Je vous propose donc ici une vision toute particulière de ce texte, partant déjà du principe que le "Paradis" n'existe pas en tant que Jardin d'Eden (c'est une allégorie tout comme les "Champs-Elysées" des grecs), mais qu'il s'agit plutôt de ce que Luc dans le passage indiqué sur le pauvre Lazare appelle "le sein d'Abraham", terme générique pour la plongée dans le Soi, l'Absolu. Par association d'idées je le traduis par "l'Au-delà du Dit" (para-dictum au lieu de "disum") ... et vous verrez que le reste s'ensuit.

         Bien sûr cette vision est subjective et toutes vos idées et objections seront les bienvenues. Mais une chose est certaine, et c'est pourquoi j'ai intitulé cet article "promesse" : nous nous y retrouverons tous, tôt ou tard...

     

    Qu'au-delà du Dit

    tes pensées pures te conduisent ;

    qu'à ton arrivée t'accueillent

    les souffrances que tu as subies,

    et qu'elles te mènent à ta Demeure Véritable 

     

     «  Je Suis la Paix  » 

     

    Que le Son Mystique te reçoive, 

    et qu'avec ce corps dont tu crus jadis être propriétaire

    tu pénètres

    à jamais

    l'Ab

    so

    lu

     

     

         Le dernier mot est inspiré de la fin du Requiem de Duruflé que je vous offre ci-dessous : en effet sur le terme final "Requiem" s'opère une descente graduelle qui donne l'impression de s'enfoncer peu à peu dans les profondeurs... de plus en plus avant vers l'abandon total de soi.

     

     

     


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