• « À chaque instant, il se passe quelque chose aux Galeries Lafayette »

     

     

       Lorsque j'habitais Paris du côté de la Gare Saint Lazare et me baladais dans les grands magasins, j'entendais sans cesse ces mots, répétés dans un haut-parleur toutes les dix minutes.

         Cette formule me revient en tête, aujourd'hui que je suis en quête de la Réalité, de celle qui efface l'Illusion.  

         Et peut-être d'ailleurs ne me "revient-elle" pas ? Peut-être l'ai-je tout simplement créée à l'instant même, avec toute la prétendue existence qui l'accompagne : des Galeries "Farfadettes", des souvenirs, un monde, une identité, une histoire et une localisation... En effet, qui me prouve que je ne viens pas de tout créer maintenant ?

         ... Et d'ailleurs lorsque je passe au paragraphe suivant qui me dit, de plus, que je ne suis pas déjà entrée dans un autre monde ? Un tout autre monde que j'ai à nouveau imaginé totalement et qui ne ressemble en rien au précédent désormais effacé, avec toute son histoire, tous ses souvenirs, tout son environnement et toutes ses connaissances ?...

     

     

    "Je pense, donc j'essuie".

         Voici une idée amusante qui me passe par la tête : mon mental est un essuie-glaces... Au fur et à mesure une pensée remplace une autre pensée, et comme le balai de l'essuie-glaces, mon esprit me fait passer d'un monde à l'autre à travers la vitre de l'illusion. Chaque pensée chassant l'autre, tout se renouvelle sans cesse. Et certains iront prétendre qu'ils peuvent trouver la Réalité dans le moment présent ? Mais saperlipopette ! Le but n'est pas de changer de vision, mais de dissiper le brouillard ! Ce n'est donc pas dans l'instant que la Réalité peut être perçue, mais en dehors ! En arrêtant l'essuie-glaces, le balancier des pensées.

         

          À chaque instant, c'est à dire constamment, je crée et je recrée, je m'envoie des données virtuelles qui me donnent l'impression qu'il "se passe quelque chose" dans mes Galeries perso, mon vaste théâtre intime. Et je m'y promène, comme en visite - mais sans le savoir. 

           Comme le disait Apollinaire au début de sa comédie burlesque "Les Mamelles de Tirésias" (mise en musique par Francis Poulenc, ici, de 3'50 à 4'40) :  

     

     

    "  Son univers est sa pièce,
       A l'intérieur de laquelle il est le dieu créateur 
       Qui dispose à son gré
       Les sons, les gestes, les couleurs
       Pour faire surgir la vie même dans toute sa vérité !
       Car la pièce doit être un univers complet
       Avec son créateur...  "

    (Guillaume Apollinaire - Les Mamelles de Tirésias,
    dans la version retenue par Poulenc -
    Prologue : monologue du Directeur du Théâtre).

     


         L'auteur, le dieu créateur, c'est moi, c'est le "je"... 

       Ce n'est ni le "directeur du théâtre" sensé proférer ces mots, ni Apollinaire sensé les avoir écrits, et la pièce n'est même pas cette comédie burlesque observée sur une scène ; c'est le monde tel que je le crée à l'instant, avec moi et ma vie dedans, avec tout ce que je connais et porte dans ma pensée maintenant (famille, amis, savoir...)

        Mais alors, comment quitter la pièce ? Comment retirer l'habit du comédien et sortir de la scène ?

        L'habit, c'est la "persona"  des Romains : le vêtement qui me donne une identité, une histoire et l'univers dans lequel j'évolue. Donc il n'est même pas nécessaire de quitter la scène, un seul effort est requis : celui de comprendre que ce que je crois être mon identité et mon histoire sont pure imagination.

         Inutile de saluer : il n'y a pas de spectateurs.

         Inutile d'enlever son masque et son costume : il n'y en a pas... ce n'était qu'un rêve.      

      

     

     


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         Vous avez entendu parler de la loi du karma ?

         Toute action entraîne une réaction. Et même une série de réactions en chaîne. Qui peut à terme créer "toute une histoire".     

     

      Vous pouvez l'expérimenter et comprendre aussi que toutes vos pensées entraînent elles-mêmes des effets, car tout acte que vous entreprenez a d'abord été conçu dans votre esprit et demeure donc le fruit de votre pensée.

          Par exemple, vous effleurez "par erreur" le talon de votre fer à repasser (mais il n'y a pas de hasard) : vous vous êtes donc brûlé ; vous ressentez alors la brûlure (mais vous ne l'avez pas sentie tout de suite, pourquoi ? Parce qu'il faut d'abord que cela devienne une pensée) ; vous criez ; vous allez mettre votre main sous l'eau froide ; vous cherchez un baume apaisant ; votre main rougit ; vous constatez la lésion ; cela fait une cloque ; cela pèle ; cela vous fait mal ; vous mettez un pansement ; puis cela gratte ; cela guérit ; puis il n'y a plus rien.

        Déjà, pour une petite chose comme ça, il y a beaucoup de conséquences... et cela dure plusieurs jours !

        Autre possibilité. Vous vous réveillez un matin du mauvais pied : il fait gris et il pleut ; vous grognez et la personne qui partage votre vie est mécontente et vous en fait le reproche ; vous sortez et trouvez les automobilistes peu complaisants ; les feux passent au rouge ; il  y a des embouteillages ; tout vous paraît bouché ; vous pensez que "c'est une mauvaise journée"... Et puis ça passe. Mais vous pourriez aussi avoir un accrochage en voiture ; ou vous disputer vraiment avec votre conjoint ; cela dépend du degré de tristesse de votre pensée initiale. Quand on est énervé la quantité de réactions négatives possibles est incroyable.

       Revenons à plus simple. Vous vous engagez dans une association : on  vous accueille avec gratitude ; on vous donne des tâches ; vous entrez dans l'engrenage... Il faut faire des permanences ; il faut aller ici, puis là ; et plus vous en faites, plus on vous en demande ; et plus cela va, plus vous en avez assez, mais vous ne savez plus comment vous en sortir ; il va falloir apprendre à dire non... Vous faites des efforts ; vous lâchez un peu mais pas tout ; vous demandez que l'on vous excuse mais on vous "court après" ; vous pensez que vous ne vous en sortirez jamais... Et puis pourtant un jour c'est fini ! Vous ne savez même pas comment vous avez fait, il n'y a plus rien. 

        Vous achetez une voiture ; ce n'est pas une pensée, c'est une action. Cependant, avant d'agir vous avez conçu ce projet, ce projet a abouti, donc rien ne prouve que vous n'avez pas tout créé : le vendeur et la voiture avec. Donc, maintenant vous avez une voiture ; elle vous sert quelque temps ; plusieurs années... Puis elle a des problèmes ; vous la soignez ; mais un jour, pof ! elle disparaît. Soit elle a une panne irréparable ; soit un accident la défigure de façon rédhibitoire ; soit vous en êtes fatigué et vous en voulez une autre. Alors vous la rayez de la carte, et vous en cherchez une autre. Vous passez à une autre idée, un autre univers, une autre histoire...

        Et c'est ainsi que, de pensée en pensée, d'action en action, vous créez toute votre vie avec toutes les réactions qui s'ensuivent.

       C'est exactement comme lorsque, dans un jeu de billard électronique, vous lancez une boule avec la tirette de droite, puis essayez de la piloter de votre mieux en poussant le billard dans tous les sens, mais la voyez ricocher puis ricocher encore, filant dans les zones les plus ignorées en créant des réactions de plus en plus complexes si bien qu'au bout du compte vous n'êtes plus du tout conscient d'en être à l'origine, jusqu'à soudain vous échapper et flop ! tomber dans le néant. 

           Mais sans même le savoir, avant même d'en avoir pris conscience, vous avez déjà tiré la boule suivante.

        

     


         ... Sur cette note humoristique, voici donc comment j'analyse mes pensées, schématiquement :

    Ssssssbling ! geling, geling, dreling, dreling, klingeling geling, trilili, trilili, triiililili, gling geling gling, klang klang, pouf, paf, ploc.

          Et :   dzzing ! la suivante !

     

          Et c'est comme ça depuis toujours : imaginez, quand vous étiez petit, vous vous êtes défini comme une certaine personnalité, avec certains souhaits et certaines capacités, et toute votre vie s'en est découlée. Pas forcément comme vous le souhaitiez, car il y a les pensées inconscientes, c'est pour cela que la psychanalyse existe ; mais en étudiant bien la question, on a compris que l'on était toujours l'auteur de son "scénario de vie".

         Mais alors... qui dit "loi du karma"... dit aussi "réincarnation" ? Et dans ce cas, c'est votre pensée qui vous a reconduit dans cette vie depuis la précédente ? Et vous êtes alors au-delà de celui que vous pensez être aujourd'hui ! Votre pensée préexiste à votre vie actuelle, et donc vous dépasse ; et vous êtes donc en train de préparer les graines d'une autre vie ultérieure !

         Ce qui veut dire... que depuis le big bang, qui est lui même une grosse bille lancée dans un billard énorme, tout est action-réaction, et tout est le produit de votre pensée  !!

     

    Billard et fugues(Ci-dessus, l'instant zéro ou la singularité initiale, image tirée du site de Hubert Reeves ici)

     

            Mais si le monde est le produit de ma pensée, alors c'est mon mental qui estDieu ? Et dans ce cas, comme le reconnaît en riant Shri Ranjit Maharaj, maître del'Advaïta Vedanta lui-même disciple de Siddharameshvar Maharaj :
     

       " Qu'est devenu Dieu maintenant, le savez-vous ? Inversez les lettres et vous voyez qu'il s'est transformé en chien (il parlait en anglais lors de cet entretien réalisé aux USA, ce qui donne GOD = DOG). Que fait le chien ? Langue pendante, il convoite et poursuit les choses inlassablement. Vous en tant que conscience, vous en voulez toujours plus... "

    (Je ne parle que de vous, Entretiens avec Ranjit Maharaj,
    Les Deux Océans, Paris 2014)

     

     

           Alors, dans cette course éternelle à une satisfaction sans cesse refusée ou incomplète, il y a parfois des "ratages".... Exactement ce que Daniel appelle des Grains de Sable : c'est-à-dire quelque chose qui coince et qui empêche l'engrenage de se dérouler comme prévu.

          C'est une surprise subite ; parfois bonne, parfois mauvaise, mais jamais anodine. En effet ces événements dérangeants et inattendus sont l'irruption de l'irrationnel dans notre vie : chargés de messages, de plus en plus véhéments si vous ne les décryptez pas, ils viennent vous rappeler qui vous êtes, et vous exhortent à ne pas vous fourvoyer éternellement.

         Au milieu de la jungle de vos pensées mécaniques esclaves du monde qu'elles ont créé, votre Moi supérieur se rappelle à vous, par intermittences.

     

          Connaissez-vous le film "Alice ou la dernière fugue" de Claude Chabrol ? (Vous le trouvez ici, intégralement, sur youtube et je vous invite vivement à le visionner si vous en avez le temps !).

          Un film extraordinaire pour illustrer ce propos... En effet Alice, dont le nom a été choisi à dessein en relation avec l'héroïne de Lewis Carroll, vit sa dernière fugue car en fuyant la maison qu'elle partage avec son mari au soir d'une dispute, elle manque un virage en pleine nuit et va s'écraser contre un arbre. Le problème est qu'elle ne sait pas qu'elle est morte, et qu'elle se voit sortir de son véhicule accidenté et sonner à la porte d'une villa où elle demande assistance pour la nuit. Elle y est gentiment reçue par des messieurs dont elle ignore qu'ils sont des "démons" ; fort bienveillants du reste, ils déclinent bien sûr toute possibilité de téléphoner à des proches ou à une assurance quelle qu'elle soit et Alice doit se résoudre à attendre sur place l'évolution de sa situation.

     

    Billard et fugues

     

           Malgré une atmosphère ambiguë, qui joue sur le rapprochement incongru de cette jeune femme très séduisante avec deux hommes assez âgés et n'appartient qu'aux fantasmes de Claude Chabrol, on assiste de façon captivante à l'errance de l'héroïne à travers ses propres pensées... Cherchant à fuir ces lieux, elle trouve toujours un mur qui l'en empêche ; reprenant sa voiture miraculeusement réparée, elle tourne et tourne désespérément dans le secteur pour toujours revenir au même endroit, devant la grille de la villa où l'attendent ses hôtes.

          Et chaque nuit, à l'heure précise où son accident s'est produit, tout se met à bouger autour d'elle ; des bruits étranges retentissent et elle se sent attirée, comme aspirée vers un mystérieux sous-sol qui l'effraie ... Durant la troisième nuit elle se résoudra enfin à céder à cet appel impérieux vers l'au-delà qui lui est destiné.

       Ce film trace avec un art consommé le fonctionnement de la conscience et nous montre symboliquement comment une faille dans les rouages ordinaires de notre vie illusoire va nous permettre de prendre conscience enfin de la Réalité.

     


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  •       Depuis hier, nous avons atteint le solstice d'hiver : la période de l'année où, sous nos latitudes, les nuits sont les plus longues... Comme en été avec la nuit de la Saint-Jean, la nuit du 24 au 25 décembre marquera le moment où la tendance va commencer à s'inverser, c'est-à-dire où le soleil va lentement reprendre du temps sur la nuit.

     

    Dakini-la Roue du Temps
    Carte du tarot des Dakinis, de Penny Slinger et Nik Douglas

     

          C'est un moment à ne pas manquer ; alors qu'une fête païenne avait déjà lieu à cette période (les Saturnales) et que les Francs Maçons soulignent à juste titre que la Saint-Jean d'hiver est de même importance que la Saint-Jean d'été, les chrétiens ont donc décidé d'y insérer la naissance du Sauveur (alors que Jésus est certainement né au printemps, les bergers étant selon les Écritures dehors avec leurs troupeaux).

         Pourquoi ? Parce que le Christ est la Lumière du Monde et que précisément à partir du 25 décembre la lumière commence à revenir parmi nous, éclairant chaque jour quelques minutes de plus. Or on sait combien les symboles sont essentiels à l'éveil de notre Âme.

          Ainsi, au cœur de la nuit profonde (comme on aime à le chanter dans les Noëls populaires), une "étoile" a surgi ; dans la terre obscure (message des Saturnales antiques) une "graine" a germé... Le message est très puissant.

          Mais, en résonance avec la belle carte du Tarot des secrètes Dakinis reproduite ci-dessus, "la Roue du Temps" (qui avec son numéro 10 marque sa relation avec l'arcane "La Roue du Fortune" du Tarot de Marseille), je voudrais souligner le principe de "l'heure qui sonne". C'est une notion importante dans plusieurs textes d'orientation spirituelle de ma connaissance. Tout d'abord c'est un thème récurrent dans le Parsifal de Richard Wagner, dans lequel on entend par deux fois « Die Zeit ist da » puis « die Stund' ist da », littéralement « le moment est venu », et « l'heure est venue », exprimé de façon relativement solennelle : la première fois c'est le magicien diabolique Klingsor qui prononce ces mots au moment où le jeune héros arrive dans son domaine pour y être tenté ; et la deuxième fois, c'est le vieux serviteur du Graal Gurnemanz qui l'affirme au moment où Parsifal, vainqueur de la tentation et oint de sa main, entend sonner la cloche de l'abbaye et va pouvoir reprendre la charge de prêtre du Saint Graal.
          Par ailleurs, dans son vaste poème symphonique pour récitant et orchestre La journée de l'existence, Ivan Wyschnegradsky, évoquant les douleurs et les peines de l'âme traversant le monde jusqu'à émerger dans la pleine "conscience de Brahma", répète plusieurs fois : « L'heure a sonné ; encore un cercle s'est refermé ».

          Cette "heure solennelle" proclamée dans le célèbre "Minuit, Chrétiens" a donc de quoi nous alerter, et voici les réflexions qu'elle m'inspire aujourd'hui.

     

        De quelle heure parle-t-on ?

     

          Qu'est-ce que "minuit" ?

           Non seulement, c'est le milieu de la nuit et en l'occurrence le nadir de la nuit la plus profonde de l'année ; mais c'est le point de bascule entre la fin d'une journée et le début d'une autre, moment où les deux aiguilles de l'horloge, confondues en une seule, atteignent le temps zéro. L'insterstice entre deux espaces de temps, le non-moment ou non-temps par excellence !
          Un flash insaisissable qui rappelle de façon étonnante les quelques minutes de soubresauts incontrôlés secouant Alice dans ses éclairs de conscience évoqués par Chabrol dans le film dont je parlais hier sur l'autre blog...

         "Minuit" serait une sorte de "passage secret" pour l'esprit vers le monde de la Lumière ! Le lieu de l'intimité la plus profonde, là où en vérité naît l'Enfant Divin, le "fruit de nos entrailles".

          Pour terminer, je ne saurais que citer Angelus Silesius... 
          Grâce à ce site je pourrai vous en proposer plusieurs extraits, traduits par Marcel Brion.

    «    Va là où tu ne peux aller, regarde là où tu ne vois pas, écoute ce qui ne retentit ni ne résonne. Tu es là où Dieu parle.

        Je suis moi-même l’éternité quand j’abandonne le temps et que je résume moi-même en Dieu, et Dieu en moi.

        Dieu est tellement au-dessus de tout ce qu’on peut dire que c’est en te taisant que tu le pries le mieux.

          L’amour est la pierre philosophale, elle sépare l’or de la boue, elle fait du néant l’Éant.

           En Dieu on ne connaît rien. Il est un unique UN. Ce qu’on connaît en lui, il faut l’être soi-même.

         Homme, deviens essentiel ; quand le monde disparaîtra, l’accident tombera, l’essence restera.

          Sois pauvre ; le Saint ne possède rien ici-bas, que ce qu’il possède contre son gré, le corps de la mortalité.

            Quand le Christ serait né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, tu es perdu pour l’éternité.  »

           


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  •    En réfléchissant à la nature des pensées, je ne puis m'empêcher de songer à l'interprétation qu'en donne Mme Rowling dans la Saga Harry Potter, avec cet objet magique qu'elle appelle "pensieve" (de l'anglais "pensive", pensif, et "sieve", passoire) et que l'on traduit par "la pensine". 

     

    Les pensées selon J.K. Rowling

        

           Ce qui est intéressant, c'est qu'elle considère chaque pensée comme une larme - ou comme une goutte de sueur que l'on peut détacher de sa tempe à l'aide d'une baguette et déposer dans la vasque qui lui est destinée. Ainsi les pensées s'ajoutant forment un liquide dans lequel sont conservés souvenirs et images de toutes sortes.

          En extrayant une seule goutte on peut plonger dans un univers complet, un film formé de toute une chaîne de pensées liées.

         Ainsi par le seul prélèvement d'une larme au coin de l'oeil de Severus Rogue mourant, Harry peut connaître tous les secrets douloureux qu'il lui avait jusque là cachés.

          Cette vision est très enrichissante : elle permet d'une part de discerner le peu d'épaisseur d'une pensée qui est égale à une simple goutte, soit de larmes, soit de sueur.

            Elle permet ensuite de découvrir que les pensées sont distinctes du penseur, puisque l'on peut les pénétrer en dehors de sa présence.

            Enfin, elle précise qu'à partir d'une simple pensée, un film complet peut se dérouler, comme si la goutte était soudain devenue une véritable mer...


    Les pensées selon J.K. Rowling

     

     

     


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  •     Il me vient à l'esprit un article publié sur le blog que j'ai supprimé. Comme je l'avais conservé dans mes archives ce m'est l'occasion de le republier ici, en référence à ce que je vais ajouter aujourd'hui sur le sujet.

          Ce m'est l'occasion de créer une rubrique dans laquelle ces anciens articles pourront  réapparaître.

     

         J'y évoquais en effet une lame de l'ancien tarot de Rajneesh, aujourd'hui difficilement trouvable car évincé par son tarot ZEN, plus élaboré certes mais moins orienté vers la réflexion sur les textes des Maîtres.

     

    Tarot de Rajneesh- La Quête

     

          Elle s'intitule La Quête, et comme toutes les autres cartes de ce tarot, illustre un texte d'un maître de sagesse, ici de Tagore (voir le détail sur mon article précédent).

          Le récit de Tagore, qui évoque comme vous le voyez sur l'image une personne en fuite devant la porte d'or où il est écrit "Dieu", est destiné à faire réagir le lecteur. Quelque chose ne va pas ! Pourquoi celui-ci (le personnage représenté dans l'histoire, mais aussi le quêteur qui a tiré cette lame du tarot) a-t-il toujours cherché si ardemment, et au moment où il trouve, repart-il en courant ?  Est-ce vraiment parce qu'il ne veut pas cesser de faire des pèlerinages, de chanter des chants religieux, de pleurer et de méditer ?

         Bien sûr, on peut le penser... La nostalgie des années d'étude... 

        Mais alors pourquoi cette quête ? Qui nous y a poussé ? Que cherchions-nous ? Étions-nous aveugles, fous, au point de désirer la quête pour la quête ?

         Non, forcément il y a autre chose. Et les rêves que j'évoquais dans le même article et qui sont relatés dans mon récit "Béatrice ou l'art du chant" (en effet un travail sur le souffle à l'occasion de cours de chant avait déclenché en moi de grands rêves très impressionnants) indiquent bien une peur terrible, viscérale, de ce que l'on appelle Dieu et qui est la Transcendance.

        En fait, ce récit est une révélation ; l'aveu de celui qui a compris...

    " Cela fait des milliers d'années que je fuis. "

         Voici ce qu'il constate avec terreur.

        Un abîme s'ouvre soudain, celui de mon néant. Quelle est donc cette misérable petite chose rampante qui ne cesse de se "carapater" , de détaler comme un lapin ?

        Celle qui "cherche", pardi. Celle qui réfléchit. Celle qui est sérieuse, et qui fait bien son travail, comme le "gros monsieur rouge" du Petit Prince qui fait sans cesse des additions.

        

         Mais Tagore évoque aussi l'idée que l'adresse lui est connue.

    " La maison de Dieu m'obsède, elle est gravée dans ma mémoire. "

       Ainsi en vérité il n'y aurait pas de quête : le lieu recherché est déjà connu !!  Le seul problème viendrait du colmatage effectué par la conscience sur ce souvenir terrorisant !

          " Je sais mais ne veux pas savoir": voici donc le discours de l'ego conscient, du je qui affirme cependant chercher... et qui tourne dans l'illusion comme un rat dans une cage, ajoutant des mots aux mots, des péripéties aux péripéties, des images aux images, des allégories aux allégories, et des voyages, et des souffrances, et des maladies, et des morts, et des naissances, et des guerres, et des attentats, et des miracles, et des guérisons, et des saluts imaginaires, et  des mondes, et des découvertes, et..., et... à l'infini.  

         En fait, il n'y a pas de porte ; elle n'est pas en or ; et il n'y a rien d'écrit dessus.

          C'est juste l'ego du chercheur, qui l'a mise entre lui-même et sa propre Réalité transcendante pour ne plus La voir et pouvoir courir partout, partout, partout où Elle n'est pas... c'est-à-dire nulle part puisque seule existe la Réalité et qu'il la refuse.

         Il s'est donc condamné lui-même à ne pas exister ; et il est donc naturel qu'il en souffre. Cela peut donc durer infiniment longtemps... mais dans un "temps" irréel ! Car seul existe l’Éternel.

         Pour rentrer chez soi, c'est à dire EN SOI, il faut abandonner le chercheur.

         L'abandonner à sa triste quête qui n'existe pas et n'a jamais existé.

          Même s'il croit mourir. Même s'il dit qu'il meurt. Même s'il proteste véhémentement ! Même s'il oppose de beaux et clairs arguments, très très convaincants ! Il ne sait faire que des additions ! Il ne sait que comparer, mesurer, chercher ! Il ne sait qu'affirmer, conclure ! Mais qu'est-ce donc que cela ?? Qu'est-ce donc que cela ??

     


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