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    À ma nuit sans tache au milieu du jour ; friable ; aux murailles dégarnies et couvertes de lierre grimpant...

    À mes éclats sans origine, sans but ; explosifs ; aux retombées éternellement déchirantes et qui me brûlent le cœur...

    À cette obscurité sans fin comme une prison et au rêve souterrain ;  pitoyable et recroquevillée dans un pétale.

    -  Ô vous tous ! Soyez perdus ! Soyez perdus ! Oui, par trois fois, soyez perdus !

    Car que peut-il y avoir de pire que la mort - même caressante ?

     

     

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         Jour après jour, tu tissais les boucles de tes cheveux au cœur de la toile épaisse, comme des fils tendus aux horizons de tes fenêtres…

         Et, comme de grands miroirs réfléchissant les cercles du soleil, tu laissais tes grands yeux glisser sur l’océan des fleuves, au milieu des clartés tremblantes de la nuit.

         Cependant, la fournaise avait monté vers son zénith, et tes journées torrides se ponctuaient de martèlements sonores.
         Un soupir, et il fallait mourir : mourir pour ne pas voir plus loin que l’océan, plus grand que le soleil, plus chaud que la fournaise ! Mourir de ne pas voir plus clair que la nuit, et d’ouvrir tes bras comme un archange à travers les abîmes ! …

         … La mort d’une étoile fut la naissance d’une enfant.
     
     

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  • Orphée

     

     

     

    A ma nuit sans tache au milieu du jour ; friable ; aux murailles dégarnies et couvertes de lierre grimpant...

    A mes éclats sans origine, sans but ; explosifs ; aux retombées éternellement déchirantes et qui me brûlent le cœur...

    A cette obscurité sans fin comme une prison et au rêve souterrain ; pitoyable et recroquevillée dans un pétale.

    - O vous tous ! Soyez perdus ! Soyez perdus ! Oui, par trois fois, soyez perdus !

    Car que peut-il y avoir de pire que la mort - même caressante ?
     
     
     
     

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  • Dragon d'or-Ben Wootten

     

     

    Le vieux dragon se meurt. 

     

    Le feu souterrain qui coulait dans son ventre le brûle à présent et le consume peu à peu.

     

    Par intermittences un long frémissement fait onduler ses écailles ternies.

     

    Ses longues griffes cassées peinent à le retenir au roc où il s’est agrippé.

     

    Sa lourde tête aux longues cornes vacille lentement tandis que se referment l’une contre l’autre ses fines paupières rougies.

     

    Son temps est passé. Il ne sait plus rugir.

     

    Son ombre noire n’agitera plus les flots, son souffle incendiaire ne creusera plus la terre, ses ailes ne battront plus les vents.

     

    La fente de son œil reptilien ne reflétera plus les horreurs ni les splendeurs du monde.

     

    Dans le long crépuscule qui l’enveloppe comme un suaire, il s’abandonne, insoucieux des corneilles criardes à ses oreilles.

     

     Le volcan qui grondait en lui s’est transformé en une flamme vive et dévoreuse qui le détruit de l’intérieur.

     

    Il sait du moins qu’il ne laissera rien au monde, ni carcasse, ni cette puante charogne dont s’abreuveraient hyènes et corbeaux.

     

    Bientôt, périssant lentement de sa propre fumée, il sera transformé en un tas de cendres, que le vent des cimes dispersera au loin.

     

    Ainsi, dissolvant de même la brume du couchant, le souffle sacré dévoilera-t-il enfin la porte étoilée.  

     

     


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  • Nature morte  aux Roses de Dominic Rozier

     

         Je ne fleurirai pas de roses tranchées l'outil parfait d'éternel enfantement que sont les mères.

     
        Transmetteuses de la vie elles sont la chaîne infinie du désir de se renouveler et de se perpétuer.

     
       Telles des poupées gigognes, elles  s’engendrent l’une l’autre sans fin.

     
        Boucle après boucle, elles dessinent la toile factice tissée par Maya sur l’Univers.


        Pensée après pensée, elles perpétuent l’apparence du monde.


        Puissent-elles, telles des pointes de dunes, se fondre dans le désert à perte de vue !


       Puissent-elles, telles des crêtes de vagues, laisser place à l’Unique Océan, immuable et tranquille, parfaite Plénitude !

     

     

    Océan

     


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