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              Ce matin, à la faveur d'un providentiel rafraîchissement, je suis sortie.

             Je ne peux pas méditer enfermée. Je me sens comme piégée, en boîte.

             Mon esprit ne se déploie que dans le mouvement, dans une voiture en marche, ou si je marche.

           Ainsi est fait le mental : il lui faut du mouvement. Vous vous asseyez sans bouger, vous bloquez tout, et qu'est-ce que ça apporte ? Juste que vous avez été raide comme un piquet pendant un moment, c'est tout. Vous avez pensé des choses, entendu et senti des choses, mais rien n'a changé, rien n'a pu vous instruire de quoi que ce soit vous concernant.

          Alors qu'en se promenant... l'esprit s'interroge et tout concourt à apporter sa réponse.

    *

            Notez que le titre que je donne à ces réflexions ne correspond qu'à la fin de cette causerie, qui promet d'être longue. Pour en connaître la réponse, si vous êtes pressés, rendez-vous donc immédiatement à la fin de cette promenade qui a déclenché la prise de conscience - c'est à dire à la prochaine astérisque.

        Car en partant je n'ai qu'une question en tête : Pourquoi ce sentiment d'enfermement perpétuel, pourquoi cette impression d'étouffer, pourquoi ce besoin d'aller toujours chercher ailleurs, toujours ailleurs ?? Pourquoi ne voir devant moi que des murs, des obstacles, des obligations ?

           Sortir, marcher c'est respirer enfin, d'où l'arrivée en forêt et mon départ à pied sur une allée avec juste un coupe-vent car une légère bruine se dépose parfois, et un précieux bâton que j'ai ramassé moi-même lors d'une précédente promenade ; plus le téléphone dont l'utilité sera au moins de me permettre de prendre des photos.

     

    Ruisseau asséché


         Pour le moment je me sens comme cette terre : asséchée, assoiffée, et tout me le renvoie sans cesse.

     

    Sécheresse


            La conjoncture astrologique actuelle pointe sur mon passé, sur les structures de la petite enfance.  Elle montre aussi une entreprise de démolition de ma nature profonde qui m'amuse car sur le dessin de l'horoscope on voit nettement les grosses planètes me mettre Échec et Mat !! J'aime ça, parce que j'en ai assez de me battre et qu'il est temps de rendre les armes.

           Aussi loin que je remonte dans ma petite enfance j'ai deux images qui reviennent, mais la plus intéressante est celle qui est en mouvement. La voici :

          Je marche derrière un géant qui s'appelle "mon grand-père". Il s'occupe de lui et pas de moi. Je préférerais qu'il me donne la main. En effet il entre dans quelque chose de remuant et de très inquiétant, et en se retournant me recommande de rester bien tranquille pendant qu'il va nager. Mais comme il continue d'avancer je veux le suivre, et voilà ! La chose me saute dessus et je suis renversée, noyée, giflée, étranglée, trempée. Je pense mourir et je hurle. Alors mon grand-père se retourne et s'écrie : "Bravo ! Tu as nagé !" Cela pouvait-il me consoler... ? J'aurais ensuite d'après ce que l'on prétend  répété à tout-va : "Manetine a nayé !"... Ce qui suppose que désormais : 1) je portais un nom ; 2) j'étais sensée être l'auteur d'actions ; 3) ceci s'appelait "nager".

          Mais que s'était-il passé en réalité ? Je n'avais rien "senti", j'avais seulement éprouvé une agression physique et eu très peur. Par contre je n'étais pas complètement idiote et avais immédiatement pensé que les adultes étaient des menteurs, car je savais bien que je n'avais rien "fait" du tout ! J'avais juste été passive et agressée.

          Voici comme notre vie se construit : par des concepts plus ou moins appropriés collés sur toutes nos expériences.

          Marchant ainsi avec mon bâton dans la forêt paisible et silencieuse, je réfléchissais à ces notions de "chercher dans la sensation". Oui, c'est la réponse des bouddhistes notamment : on s'assied (ou on marche...), on fait silence, et on ressent. La sensation serait le 1er "skandha" (= "facteur constitutif de l'ego", en sanskrit) juste après l'apparition de la conscience, donc peut-être la dernière étape avant de revenir à la "conscience pure".

          Mais où mène la sensation ? Bien sûr, elle est la preuve que nous sommes vivants. Dans mon enfance plus tardive, lorsque je me sentais rejetée, incomprise, il n'y a que dans la sensation que je parvenais à reconnaître qui j'étais. Projetée dans un univers hypermental qui me distordait de façon extrême, je retrouvais mon identité dans la sensation : peut-être comme celle de marcher là dans ce bois immensément ouvert.

           Je songeai alors à ma quête de réponses. Car se sentir "vivant", est-ce suffisant si cela s'accompagne de cette douleur perpétuelle d'être affamé, assoiffé... ? Le silence pouvait-il m'apporter des réponses ?

          Je me mis à rire : mais qui parle, sinon l'ego ?! On écoute, on entend une belle phrase venue de son cœur... Oui ! Oui ! Le cœur nous parle, "le silence nous parle", tous les maîtres spirituels vous disent ça, mais QUI parle en réalité ? L'ego !!! Même si ce qu'il dit est très intelligent, très gentil et tout...

         Je riais de plus en plus et me disais que j'étais quelqu'un n'ayant pas du tout le sens de l'humour, mais pas du tout ; et que c'était juste et normal puisque l'ego a besoin de considération, donc ne PEUT pas avoir le sens de l'humour... Mais que c'était justement cela qui était drôle !!

     

    Petit chemin

     
         C'est alors que j'aperçus un joli petit chemin sur ma droite.  Sachant que je devrais tourner, mais beaucoup plus loin, pour trouver ensuite une autre allée à droite afin de faire une boucle, je me dis que prendre ce petit chemin aurait plusieurs avantages : 1) peut-être de me raccourcir la promenade sachant qu'on m'attendait à la maison ; 2) de me permettre une vue plus jolie car plus rétrécie sous les frondaisons ; 3) de me changer car je n'étais jamais passée par là ; 4) et même de m'abriter de la petite bruine qui ne traversait pas encore les feuillages. Alors, pourquoi hésiter puisque la saison sèche me certifiait que je ne risquais pas, comme souvent dans ces sous-bois, de me retrouver dans un cloaque de gadoue ?

          Je m'y engageai donc en me désolant à la vue des jeunes pousses mourant de soif au ras du sol.

     

    Mourir de soif

     

         J'avais ainsi reproduit le schéma classique de celui qui cherche quelque chose.

        Il marche d'abord dans des chemins largement fréquentés ; puis il se lasse du connu, il lui faut "du nouveau". Alors il s'engage sans savoir où... et voilà, il se retrouve dans un cul de sac ! Mon chemin s'avéra bientôt être juste un passage de bêtes jusqu'à un point d'eau. Le point d'eau était évidemment à sec aujourd'hui, laissant place à un talus derrière lequel l'animal avait sans doute poursuivi sa course.

     

    A sec


          Je pouvais donc continuer ; ce que je fis, sachant qu'en allant toujours "droit devant moi" j'étais forcément dans la bonne direction.

           Malheureusement, dans cette forêt à demi exploitée, les terrains et les paysages changent sans cesse. Je traversai des espaces de fougères toutes grillées.

     

    Fougères grillées

     

    Fougères grillées


           Je m'y frayai un passage en les écartant de mes bras, de même que les branchages bas qui se cassaient parfois, prenant plaisir à songer à l'animal qui avait pu y passer et l'imaginant biche ou chevreuil, bien qu'il me paraisse plus évident que cela soit une troupe de sangliers, pour réussir à dessiner un chemin si net.

     

    Chemin tracé par des bêtes

          
          Mais bientôt je dus me rendre à l'évidence : il semblerait qu'il n'y eût par là que des lièvres ... ?

    Crottes de lièvre

             Encore que... d'après certains sites, il doive bien s'agir de "crottes de chevreuil".

    Crottes


            Cependant, comme les chevreuils c'est tout fin et que les lièvres c'est tout petit, arriva ce qui devait arriver : telle Alice, j'étais trop grosse pour suivre leur piste et mon aventure se mua peu à peu en un enfer !

         En effet, plus j'avançais, et plus surgissaient devant moi des zones de haute broussaille où il m'était impossible de passer ! J'avais beau m'imaginer dans la jungle ou penser à l'humanoïde progressant dans la forêt primitive, il était évident que je n'étais pas du tout dans la même situation car ces zones étaient le fait du défrichage sauvage de la forêt par les bûcherons locaux, qui en déciment des espaces énormes pour ensuite la faire repousser de zéro : ce qui donne des massifs en miniature où ne peuvent progresser que des lilliputiens... Force me fut par moments de me mettre à quatre pattes et de jouer des coudes pour me faufiler vers un espace plus vaste ; ou même de changer de direction, ce qui m'angoissait car il m'importait tout de même de garder mon cap pour parvenir au but souhaité.

     

    Broussaille


          Alors, je me pris à penser à ceux qui font le Chemin de Saint-Jacques, que j'enviais depuis quelque temps... Quel est l'intérêt d'un tel pèlerinage ? Aujourd'hui il est tout balisé, c'est devenu un business pour hôteliers, restaurateurs, vendeurs d'accessoires de marche... Certains le font même en voiture, d'autres en essaient juste une petite portion pour jouir du paysage ! Au mieux, on le réalise comme un exploit sportif. Alors que le but initial était de se perdre dans l'immensité du chemin, de s'abandonner aux difficultés du terrain, de connaître la fatigue physique, de demeurer au cœur vibrant de la nature sans attache aucune avec pour seul objectif : le divin...

        Or, n'était-ce pas ce qui m'arrivait là ? Je commençais à perdre espoir et songeais à Siddharta qui se serait tout simplement assis au pied d'un arbre et aurait "attendu que ça se passe..." Car contre quoi me battais-je après tout ? J'étais dans un terrain hostile et complètement obturé : où que je me tourne, à gauche, à droite, devant (et même derrière, au vu des efforts déjà fournis) je ne trouvais que des obstacles infranchissables.

     

    Brousse

     
           ... Ah ? C'était intéressant après tout ! N'était-ce pas ce que j'avais dit au tout début : que je me sentais "en prison" dans un univers clos où tout était bouché ? Et voilà justement que la "sortie" aurait dû être, si je récitais bien ma leçon, de m'arrêter et de fermer les yeux ?

            Sottise ! 

            D'abord on m'attendait à la maison.

           "On m'attendait à la maison" ? Quelle maison ? Et qui m'attendait ?... Mais bien sûr, pas de problème : le retour est INÉLUCTABLE. Il n'y a aucune possibilité d'y échapper. Même s'il faut en passer par... Ah ! non tout de même, pas de pensées dramatiques ici. C'est prévu, mais pas pour tout de suite.

     

    Brousse


           Quand il y avait des bruyères, je pensais que le terrain serait plus praticable. Hélas, celles-ci étaient souvent entremêlées de ronces, et je commençai à y accrocher sérieusement mes jambes demi-nues. Mon bâton, utile pour attraper et écarter ce qui barrait ma route, n'y suffisait plus maintenant. Au moins, j'étais dans la sensation ! C'était du réel, du concret ! Car de plus le sol était terriblement inégal et à chaque pas je glissais dans un trou !

             C'est là que mon téléphone commença à manifester quelques petits tintements. On avait tenté de m'appeler car le temps avait passé. J'essayai de l'utiliser mais en vain : pas de réseau. Je savais bien que dans ce bois il n'y en avait pas, mais après tout si cela réagissait un peu, c'est qu'il y en avait par moments en très petite quantité. Je me risquai donc à taper un texto pour indiquer que j'étais "perdue dans la forêt" ; non pas pour demander du secours, ce qui ne servirait à rien, mais pour faire comprendre de ne pas s'étonner si je rentrais tard ...

         Le petite bruine créait une humidité qui me rendait non seulement la marche désagréable au milieu des bruyères, mais en plus le téléphone difficilement praticable car l'écran mouillé ne répondait plus... Je dus donc batailler pour obtenir un résultat.

     

    Lit d'animaux


         Je débouchai alors dans un vaste espace de fougères écrasées. Des bêtes avaient dormi là !

     

    Lit d'animaux


       J'aurais aimé que cela soit des faons, c'est certain. Mais c'était si étendu que je pensai plus juste revenir à mon idée première d'une horde de sangliers. Les chasseurs du coin m'avaient bien dit que c'en était plein par ici.

        Malheureusement, pas une bête en vue. J'en étais bien surprise d'ailleurs, car à me promener dans des secteurs si éloignés de tout chemin fréquenté j'aurais pensé en rencontrer. Il est probable que la chaleur les avait poussées plus avant dans la forêt vers des zones où il reste de l'eau (comme l'étang des Trois Biches), ou bien qu'elles restaient terrées par la fatigue.

     

    Brousse


          Soudain j'entendis un bruit derrière moi, à couvert.

          Quelque chose remuait lourdement. Un animal réveillé ?

           Cependant, j'étais si empêtrée dans les broussailles qu'il m'était difficile d'aller voir de quoi il s'agissait. Et de fait, je ne vis rien paraître.

           Haussant les épaules, je me souvins qu'il n'y avait dans nos régions ni ours, ni lion, et repris mes efforts pour progresser dans le magma informe qui m'environnait. J'aurais tant aimé qu'un être vivant me montrât ma direction en cet instant ! Mais les cervidés sautent les obstacles, les lapins se faufilent, les sangliers n'ont que faire de ce qui leur barre la route, tandis que moi je n'aurais guère pu suivre...

          Un texto me parvint de la maison : "Voilà où ça mène, l'aventure !" Avec tout de même une pointe d'inquiétude : "Qu'est-ce qu'on va faire ?" Je me hâtai de répondre : "Pas d'inquiétude, je vais m'en sortir"... Sachant que, tandis que le téléphone m'objectait aussitôt qu'il n'y avait "pas de réseau", mon message finirait tôt ou tard par s'échapper subrepticement pour atteindre son but.

         Une chose était certaine, je ne tournais pas en rond : je savais que j'allais toujours, peu ou prou, dans la même - bonne - direction, je savais aussi que la grande allée que je souhaitais rejoindre était assez éloignée pour justifier la durée de ma traversée, et je constatais que le paysage changeait sans cesse ; la seule chose que je déplorais et qui me surprenait désagréablement était de ne jamais rencontrer le moindre chemin piétonnier intermédiaire alors que j'étais certaine qu'il y en avait... Force m'était d'en conclure alors que les bêtes traçaient certainement leurs passages en dehors de ces chemins.

     

    Brousse


         Pourquoi ces quelques clairières ne débouchaient-elles jamais que sur de nouveaux obstacles ? Depuis combien de temps errais-je ainsi péniblement ? Apparemment depuis près d'une heure déjà.

     

    Fougères mortes


         Et je me trouvai de nouveau face à des massifs entiers de fougères mortes, que je m'excusai d'avoir à attraper par paquets pour me faufiler entre elles, car elles me montaient presque aux épaules.

     

    Fougères


        À chaque fois qu'un espace semblait s'ouvrir il ne menait nulle part.

     

    Fougères


          Il fallait être courageux. Se dire que cela aurait une fin. On prétend que c'est lorsque l'on est totalement désespéré que soudain la solution émerge : je n'étais sans doute pas assez désespérée ; il y avait pire encore. Je n'avais pas épuisé toutes les ressources de ma confiance en moi ; je n'étais pas au bout de ma patience ; "le chemin n'était pas terminé", comme l'écrit Wyschnegradsky dans La Journée de l'Existence.

     

    Brousse

           D'ailleurs justement, n'est-ce pas exactement cette demande-là que j'avais eue en moi au début de cette promenade ? N'avais-je demandé à connaître les obstacles qui me donnaient cette sensation d'enfermement ? J'avais eu alors des réponses qui m'étaient venues, toutes automatiques, mentales : "C'est parce que tu cherches ; l'ego aime réussir dans ses entreprises, il est programmé pour ça, c'est son rôle..." Elles étaient imbéciles puisque sans cette sensation il n'y aurait jamais eu de recherche.

            Tandis que là c'était du réel au moins, du concret ! Je cherchais ma route, opiniâtrement, désespérément, en m'écorchant les jambes, au prix d'efforts et de souffrances ! Et j'avais au moins UNE réponse : je savais que j'arriverais, que c'était inéluctable.

          

    Brousse


        Et soudain j'aperçus des sapins.

        Mon cœur tressauta de joie : derrière ces sapins, il y avait ma route ! C'était certain, je m'en souvenais ! Mais de là à les atteindre, c'était encore un problème.

         Ce fut le passage le plus pénible. L'humidité ambiante avait rendu la végétation plus lourde et les ronces plus agressives. Elles m'arrachèrent des cris de douleur. Et lorsque toute surprise je me vis presque au pied d'un sapin le téléphone sonna, sonna vraiment. Ce n'était pas la maison ; c'était Robert ! Je m'efforçai de lui répondre. Mais l'écran couvert d'humidité (ou plutôt le protège-écran) n'accepta jamais de me donner la ligne. Même en le frottant avec mon tee-shirt je vis sonner l'appareil avec l'image souriante de mon ami sans jamais réussir à obtenir la communication... Et ensuite, impossible de le rappeler : "destinataire inconnu" fut la réponse du téléphone.

         J'étais accrochée par plusieurs ronces au-dessus d'un fossé vide qui séparait ma jungle de la sapinière, et entre les troncs j'aperçus... l'allée ! Robert appelait, la solution avait surgi. C'était tout !

           Encore quelques cris pour m'arracher aux griffes végétales et j'arrivai en terrain découvert.

     

    L'allée

           
               Mais où étais-je ? Je cherchai un moment à bien m’orienter.

           Oui, oui, c'était bien l'allée que j'avais ambitionné de rejoindre en coupant à travers bois ! Je n'avais pas dévié de mon objectif. Et pour me faire enrager j'apercevais, devant et derrière, des chemins qui s'ouvraient : comment n'en avais-je jamais rencontré un ?? Ce n'étaient peut-être que des leurres, comme celui dans lequel je m'étais engagée à l'origine...

          

    Chemin

         Je découvris alors quelque chose de merveilleux : des fleurs. Des petits crocus poussaient sur le bord de l'allée !

     

    Crocus


        Une si faible humidité avait-elle suffi à les faire surgir ?

     

    Crocus


           J'ai pris celui-ci de près pour que l'on voie les gouttelettes déposées sur ses pétales, mais malheureusement la belle couleur mauve est moins perceptible.

     
    *

               C'est alors que l'on arrive à la conclusion de cette "méditation"...

               Soudain, tout s'est arrêté.

             Tout est calme. Je suis sur un chemin "normal". Le chemin précisément que j'ai emprunté souvent et que je connais bien. Comme si rien ne s'était passé.

             Où sont les douleurs ? Où sont les peurs ? Tout est passé, comme dans le mantra suprême de la Prajna Paramita  :

    "Allé, allé, traversé, complètement traversé, et voilà : arrivé !!"

         Où s'est envolé tout ce temps occupé à se battre, à douter et à espérer ? Où ont disparu les innombrables gargouillis du téléphone incapable de me relier à qui que ce soit ?

           Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je ressenti ? Qu'ai-je entendu ?

           N'est-ce pas juste un mouvement imperceptible dans le grand espace de la Vie, quelque chose comme une vague qui s'est gonflée et a roulé... ? Et des vagues il y en a sans cesse dans la grande Respiration de l'Océan.

             Et voici que quelque chose en moi se fait jour...  Le Silence...

            On m'a dit autrefois : "le Silence c'est l'absence de bruit", et cette définition m'avait paru fort décevante car à moins d'être sourd on entend toujours quelque chose. Ainsi lorsque j'écoute dans les profondeurs de la nuit je perçois toujours au moins le crissement du sang qui circule dans mes oreilles.

           Mais soudain tout prenait une valeur différente : et qu'est-ce que le bruit ?

         Là, de nouveau, le téléphone sonnait, et je parlais... mais cela ne faisait pas de bruit. C'était drôle, c'était comme rien.

            Au départ je m'étais dit : quand on écoute le Silence qui soi-disant "nous parle", il n'y a que l'ego qui peut parler, pas le Silence...

             Et là, j'avais dans un éclair subit la réponse à ce que j'étais venue chercher : toutes les actions, tous les efforts, toutes les pensées, tout le temps passé et l'espace parcouru, tous les bruits entendus, toutes les paroles prononcées, toutes les sensations (même si "concrètes", si "réelles" !), tout cela n'était qu'une petite croûte sans épaisseur flottant sur le Silence Royal.

     

           Qu'était-ce donc que le Silence ?

            C'était l'Absence de tout...

          Le fait que tout cela était futile, sans objet, disparu comme fumée... Comme une lumière intense apparaissant derrière tout ce "bruit pour rien"; comme le blanc qui surgit sur notre rétine après un fort éblouissement ou dans nos tympans après une forte explosion.

            Comme un immense espace vierge, au-delà de ce qui est perçu ; comme un miroir sans face qui sourit à ce qui se passe sans rien refléter ; comme ce qui préexiste à toute manifestation...

            N'était-ce pas une vision - même momentanée - de la Liberté véritable ?

         Mais cela, je le reconnais maintenant en y réfléchissant. Sur le moment, je n’ai eu qu’un éclair intuitif, comme lorsque s’entrouvre, s’entre-aperçoit le Jour sous des paupières fermées.

            Et cette merveille ne valait-elle pas quelques écorchures ?!

            Un éclat de rire de bonheur ? ...

           

     

     


    26 commentaires

  •        Pas facile quand on a un gros blog un peu éclectique de ne pas créer mille rubriques, ni de rester logique quand les sujets en définitive touchent souvent au moins deux rubriques à la fois.

           J'intègre donc ce propos dans "astrologie" en en élargissant le sens, car il s'agit plutôt des applications pratiques de celle-ci dans un cadre philosophique.

     

    La Pleine Lune de la Vierge


      

            Ce vendredi 16 septembre à 19h06 TU (soit 21h06 locale) avait lieu la Pleine Lune, le Soleil se trouvant à 24°20 du signe de la Vierge et la Lune à son exact opposé, soit 24°20 du signe des Poissons. L'intituler "Pleine Lune de la Vierge" peut paraître paradoxal, mais ces phénomènes n'ayant lieu que tous les 28 jours, on a coutume de les distinguer en fonction du mois solaire concerné.

           Beaucoup d'entre vous ont remarqué que les Pleines Lunes, outre qu'elles agissent sur l'amplitude des marées, engendrent souvent une certaine agitation dans les affaires humaines, voire un stress inhabituel dans nos esprits. C'est dire combien elles créent de tension énergétique en nous, et c'est pourquoi certains astrologues ont songé à  utiliser les puissantes énergies alors déployées, pour le travail sur soi.

     

    Signe de la Vierge

           Le Signe de la Vierge, qui apparaît à la fin de l'été et à l'entrée de l'automne, est le signe du "rangement"... Il marque la rentrée et coïncide avec la reprise des activités réglementées, avec la remise en place d'une organisation sociale et domestique. On engrange les récoltes, on collecte et classe les fruits. C'est ainsi qu'on le dit dominé par la planète Mercure, mais en modalité "terre", c'est-à-dire par le mental dans son aspect pratique.

          Comme nous vivons dans le monde de la dualité, le Zodiaque, qui est à proprement parler la ceinture des constellations tournant autour de la terre au niveau de l'équateur mais qui en réalité correspond à une couronne d'influences énergétiques circulant dans le "corps astral" de la planète en relation avec le cycle des saisons, se divise en deux fois 6 signes qui ont chacun leur exact opposé - de même qu'à nos yeux chaque fois qu'un signe apparaît la nuit son exact opposé est situé dans le jour.

            Ainsi à l'opposé exact de la Vierge nous trouvons le signe des Poissons, signe de fin d'hiver et de début de printemps. Entrevoyez-vous la relation intime qu'entretiennent entre eux ces opposés ? Ces deux signes en sont l'exemple le plus net : quoique totalement inverses, ils sont intimement liés - tout comme on sait la relation puissante que l'on peut établir entre la Vierge Marie en tant que "mère" de Jésus, soit support d'incarnation pour le Fils de Dieu, et le signe du Poisson qui représentait pour les premiers Chrétiens le fils de Dieu lui-même : Jésus.


     Symbolique du Poisson

           Et quelle est la symbolique du signe des Poissons ? Sa symbolique est pascale, il est en relation directe avec le mystère célébré peu après : l'hiver ayant achevé de tout détruire par le froid, il ne reste plus de la terre qu'un squelette... La mort a fait son œuvre, et voici qu'une aube nouvelle se lève, l'aube d'un jour nouveau, d'un prochain printemps - qui sera célébré au mois suivant, avec le Bélier, "Germinal" : la Résurrection ! Le Poisson est juste entre les deux ; dominé par la planète géante et mystérieuse Neptune, il est l'intermédiaire, le tunnel qui mène de la mort à la vie nouvelle... Océanique, immense est la vision qu'il offre d'un monde pas encore né, pas encore apparu - ou bien celle floue de celui qui cherche à voir dans l'eau et ne discerne aucune forme précise.

           Tandis que les natifs de la Vierge sont dotés d'un sens pratique certain et d'une bonne adaptation au quotidien, les natifs des Poissons ont une vision large et synthétique des choses, sont souvent très inspirés, et demeurent d'éternelles "petites sirènes" que leurs nageoires ondulantes gênent pour marcher sur la terre ferme.

            Tandis que le signe de la Vierge, dominé par un effort de structuration et mental, peut sembler en analogie avec le langage, le signe des Poissons, flou, infini, en abîme, est le signe du Silence...

     

     Neptune et son symbole astrologique


           Que faire donc lors d'une telle Pleine Lune ?

            La position du Soleil indique ce sur quoi porte le travail, celle de la Lune ici ce qui peut être libéré, ou perçu.

            Avec la Vierge, le mental s'est construit, il a développé des cases multiples dans lesquelles il a rangé toutes les informations utiles à notre adaptation au monde.

            Mais ne nous sentons-nous pas parfois un peu à l'étroit dans cet univers de règles, de discipline, d'obligations ? Ne sommes-nous pas entourés de murs plus ou moins solides qui nous empêchent de voir au loin ?

            La tension en vis-à-vis créée par la Lune face au Soleil présent dans ce signe nous permet de travailler, si nous le voulons, à découvrir quelles sont nos limitations, quelles sont les lois trop rigides qui nous étouffent et nous empêchent d'évoluer vers plus d'ouverture, vers une respiration plus large, une vision plus vaste.

         Vous me direz que j'aurais dû vous en parler avant. Mais j'avais décidé de mettre de côtés ces enseignements que j'ai suivis par le passé, dans les années 90, et dont les auteurs sont aujourd'hui passés à "autre chose" semble-t-il.

          Pourtant force m'a été de remarquer que l'expérience m'en a été comme imposée à mon insu, si vous avez lu l'aventure que j'ai relatée ce jour-là et que j'avais vécue la veille. Ainsi les énergies se mettent peut-être en place d'elles-mêmes et il vous suffit en ce cas de juste en devenir conscients ! En effet le "travail" - si travail il y a - doit obligatoirement être effectué sur soi dans les heures qui précèdent la conjoncture prévue : c'est à ce moment que culminent les forces en présence.

         Par ailleurs, il est certain que nous sommes plus sensibles à certaines Pleines Lunes qu'à d'autres en fonction de notre thème natal, c'est-à-dire en fonction des énergies qui nous gouvernent à l'origine. Si nous avons un point sensible à l'endroit où elle se produit nous ressentirons mieux le travail qui se fait ou qui est demandé.

    L'homme-zodiaque

         Les différents signes du Zodiaque étant également, selon la tradition, en relation avec notre propre corps astral et donc influant sur les différentes parties de notre corps physique (voir ici), il convient, lors d'un éventuel travail méditatif au moment d'une Pleine Lune, de placer sa conscience dans le secteur concerné par le signe solaire en cours. En ce qui concerne la Vierge, il s'agit du ventre : en effet, au plan physiologique, le lieu où nous rangeons et trions les aliments avant évacuation est l'intestin.

          Il semble particulièrement intéressant de travailler sur la notion de limitation, lorsque la Lune en Poissons vous dessine le "sans limite" !

            Et ne trouvez-vous pas étonnant qu'après tant de jours de "sécheresse", où la terre s'est raidie, durcie, craquelée comme si la vie s'en échappait, soudain cette délicieuse Pleine lune l'ait paisiblement inondée, rafraîchie, réhumidifiée (du moins ici) ! Il semblerait qu'un main divine ait enfin ouvert les vannes de flots bienfaisants...

          Si ce sujet vous intéresse, vous pourrez me demander lorsque approcheront les prochaines pleines lunes quel est le travail indiqué et comment le pratiquer. Je me ferai un plaisir de vous en parler ici. Je l'ai d'ailleurs déjà fait incidemment certaines fois il me semble (ici et ) mais sans toujours bien préciser le travail et en dispatchant mes propos dans différentes rubriques, ce qui rend utile la fonction "recherche"...

     

    Tarot Zen - L'Harmonie

     

     

     


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  •         Voici un conte inspiré d'une méditation guidée que l'on m'a fait effectuer en 1991 : la "Méditation du Trésor Caché".

           Elle consistait à visualiser que l'on descendait dans la cave de sa maison, et qu'en y creusant on découvrait un Trésor. Cette trouvaille était censée représenter notre créativité ignorée, nos dons secrets, et nous permettre d'en prendre conscience afin de l'exploiter.

           Bizarrement le souvenir m'en est revenu, mais tout est devenu différent. 

     

    Tarot de la transformation - Rajneesh

         Je suis un sannyâsin, et depuis vingt ans je sers mon Maître, respectueusement, fidèlement, attentif à ses moindres gestes, à ses moindres demandes.

          Hier enfin, mon Maître m’a confié un tout nouveau travail. Me tendant une pioche, il m’a demandé d’entrer dans la cabane que j’habite et d’y creuser profondément afin de trouver le Trésor qui s’y cache.

          Je me suis empressé de lui obéir. J’ai creusé toute la matinée, et vers midi enfin j’ai déterré un coffre, que je lui ai porté.

          Du bout de sa canne, il a fait sauter le loquet, le couvercle s’est renversé, et sont apparues des pierreries, une couronne et un sceptre.

          D’un regard de feu, il embrasa mon trophée et le réduisit en cendres. « Ce n’est pas cela, me dit- il, creuse encore ». Je retournai donc à la tâche.

         Tout l’après-midi, je m’évertuai à creuser, toujours, toujours plus profond… La sueur coulait sur mes tempes, mes membres et mon dos, et tout mon corps me faisait souffrir. J’étais descendu bien profond déjà quand je découvris enfin une large poche de cuir brune, épaisse et douce.

           Tressaillant de joie, je la lui portai aussitôt. Assis en méditation face au soleil couchant, il ne me prêtait plus attention et c’est avec difficulté que je lui exposai ma trouvaille.



    Le Trésor Caché - dessin de 1991

     

           D’un mouvement de sa canne, il détacha les lacets qui accolaient les peaux et dégagea un cœur vivant, qui battait doucement et régulièrement en émettant chaleur, lumière et harmonie.

          Levant vers moi un œil compatissant, il me dit : « Prends-le, il est à toi. Mais tu n’as pas encore trouvé. Creuse encore. »

         La nuit tombait. Je me sentis plus seul et misérable que jamais. À la fatigue et au découragement s’ajoutaient la honte de ne pouvoir satisfaire mon Maître. Voyant avec désespoir celui-ci se fondre peu à peu dans la nuit je retournai creuser le puits profond qui maintenant avait envahi le sol entier de ma cabane.

         Je creusais plus lentement, épuisé, dans les ténèbres. Je pensais avoir échoué, avoir déçu mon Maître. Seul me tenait en éveil le bruit régulier que faisait ma pioche en frappant la terre. Par moments je dégageais de grosses pierres que je lançais sur le côté. Le temps, dans l’obscurité, s’était comme suspendu. La tristesse et la fatigue mêlaient leurs larmes sur mon visage et mes épaules.

         Soudain, ma pioche me parut m’échapper, elle fut comme aspirée, ne rencontrant plus d’obstacle ! Une béance s’ouvrait sous mes pas... Y avait-il une cavité là-dessous ?

         Voici qu’à chaque nouvel effort la béance s’élargissait, de plus en plus ténébreuse, trahissant une ouverture toujours plus vaste ne laissant paraître aucune transition entre mon argile solide et ce vide inattendu. Un vent venu des profondeurs soufflait vers moi son haleine fraîche, me stupéfiant autant que m’effrayant. Comment cela se faisait-il ? Y avait-il là-dessous un passage ouvrant vers le cosmos, vers l’espace infini ?!

         De peur, je reculai et cherchai à m’agripper aux parois, pour remonter vers la sécurité de ma petite maison. J’étais à bout de forces. Ne comprenant plus rien, je me creusai un nid dans la paroi et m’y blottis pour dormir.

          Ce fut un sommeil profond et pesant. Le mystère et la terreur m’avaient comme englouti. Il ne restait plus rien de mes certitudes et de mes espoirs du passé, ils avaient été détruits par le regard de feu de mon Maître en même temps que le premier coffre. Et quant à ma foi en la possibilité d’aboutir dans ma quête, elle s’était dissoute avec la silhouette du Maître perdue dans la nuit et avait succombé à la vanité de mes efforts.

    ..........……………………………………………………………

         Quand je m’éveillai le Jour se levait, et devant moi la béance ouverte dans la nuit avait pris la forme du Cœur que m’avait rendu mon Maître ; mais cette fois, immense et lumineux, il se dilatait lentement et régulièrement de lui-même, tout en conservant sa pulsation gracieuse et paisible.

         Émerveillé, ébloui, je contemplai l’espace limpide qu’il révélait, s’ouvrant sans cesse davantage vers un abîme de clarté où il me semblait distinguer, sans le voir, le regard rayonnant de mon Maître.

         Bientôt il n’y eut plus de maison, plus de sol, plus de monde, et tournant mon attention vers moi-même, je m’aperçus que je n’avais plus de corps, plus de contours… Toute forme, toute couleur, toute sonorité, toute sensation avaient disparu.

          Qui étais-je ? Où étais-je ?

          Je n’étais plus qu’immensité radieuse.

          Qu’un Cœur souriant à l’Infini.

     

     

     


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  •           Y a-t-il des "limites" à dépasser ou à franchir ?

               Y a-t-il des murailles à détruire ?

              La conclusion de mon précédent récit pourrait donner à penser que le salut est dans l'abolition de tout, et le Néant un but en soi.

     

    Trompettes de Jéricho

     

            Pourtant je me suis efforcée d'exprimer que cet espace illimité découvert à la fin était en même temps un Cœur vibrant et véritablement vivant.

           Or bien sûr ce qui vibre est de nature énergétique, donc matérielle ; et ce qui est vivant est définissable.

           Le Sutra du Coeur (du "coeur", justement), passage principal de la sublime "Prajna Paramita" ou art d'atteindre à la Suprême Sagesse du Bouddha, commence par ces mots très puissants : 

    « La forme est vide ; le vide est forme.

      La forme n'est pas autre chose que le vide et le vide n'est pas autre chose que la forme.

       Là où il y a forme il y a vide et là où il y a vide il y a forme. »

     
         Il est temps de cesser ce mouvement de bascule entre le fini et l'infini, de cesser d'opposer l'illimité au limité.

              L'infini a le visage du Vide ; le limité a le visage de la Forme. Mais il ne faut pas en conclure que l'infini ne serait pas habité ; ni que le mot limite serait réduit à l'idée de structure mentale.

           La Forme a l'aspect du Vide parce qu'elle n'est pas nommée, elle échappe à tout concept ou définition ; mais elle demeure en tant que contact, sensation, preuve de la Vie de l'Être.

            Le Vide a l'aspect de la Forme parce qu'il est vivant, sensible, expressif, qu'il se déploie en manifestation joyeuse et riche, quoique dénué d'appartenance comme de parties séparées.

            La seule limite que nous ayons à ôter est donc ce tracé mental qui sépare en catégories le vivant et en fait des choses soumises à perpétuelle évaluation. En d'autres termes : ce qui substitue sa loi au réel et que nous avons coutume de nommer ego, car il se résume à un je - "je vois, je pense, je dis, je fais"... "Je" illusoire puisque le Réel s'accomplit de Soi-même.

           Ainsi, comme l'écrivait Phène :

    « L'Être est à la fois la Lumière et Cela qu'elle éclaire. »

     
    Lotus

     


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  •  

    Voici pourquoi est apparue la Séparation :

    Pour que l'Amour soit ressenti ;

    Puis la Souffrance ;

    Puis la Tristesse ;

    Puis la Joie.


    Pour que l'Amour soit extériorisé,

    Que la Beauté soit perçue,

    Que la Forme soit vue,

    Et les sons entendus,

    Et les saveurs goûtées ;

    Et que le Miracle naisse dans le Cœur comme éclot une Fleur.

     

    Ainsi naquit la Trinité :

    De la Source ou Sujet ou Père

    S'extrait la Créature ou Objet ou Fils,

    Ce qui libère entre eux un puissant courant d'Amour appelé aussi Vision ou Esprit Saint.

    De la Source Vide, Immobile et Silencieuse émane la Vie qui est Mouvement et Forme, et entre elles circulent les opérations mentales - ressentis, émotions, pensées.

    De cette Séparation est né l'Espace, distance du Père au Fils qui est aussi Esprit Saint, Blessure d'Amour que rien ne peut guérir ;

    Et le Temps, attribut de l'Espace né du désir de Retour.

    Toutes les relations humaines reflètent ce modèle de base.

    Toute la douleur humaine a son fondement dans cette Vérité.

     

    Ainsi nos rencontres ne sont que symboles.

    Rien de ce qui apparaît n'est Réel ;

    N'est Réel que ce que nous ressentons alors.

    Les mots que je dépose ici sont brûlés à mesure parce qu'ils sont faux.

    Il n'y a qu'une brûlure : la brûlure de l'Amour.

    Il n'y a qu'un mot : le Cri, modulé de toutes les façons.

    Jésus poussa un grand cri et expira.

    Le Père a entendu son Enfant crier Grâce et il a frappé.

    Le Maître, Archer Suprême, atteint toujours sa cible.

    L'Enfant nouveau-né ne peut manquer le sein de sa Mère.

    Il ne peut y avoir d'erreur puisqu'il n'y a qu'une seule Blessure,

    Un seul Sang versé,

    Un seul Souffle émis,

    Une seule Larme coulée.

     

     Mais que d'épreuves traversées dans cette seule Larme d'Amour !

     

    Crucifixion- peinture Italienne du XVe siècle

     

     


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