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        Comme je vous le disais, les mots (maux) disparaissent au fur et à mesure qu'ils sont déposés ici.

           Changement de décor... 

            Le billet du jour n'entre dans aucune catégorie : ni Musique puisque ce qui compte c'est le sens, ni Poèmes puisque celui-ci n'est pas de moi, ni Citations puisqu'il y a beaucoup plus, ni Réflexions ou Philosophie puisqu'il n' y touche qu'à peine... On aurait pu songer à Peintres ou à Promenades ? Mais j'ai finalement choisi Musique, pour ce cher Francis Poulenc qui sait si bien nous faire méditer sur de beaux textes.

    * * *

     

        Après avoir modifié ma page d'accueil comme vous le constatez, je me suis réveillée ce matin avec en tête ce poème d'Apollinaire découvert grâce à sa mise en musique par Francis Poulenc : la Grenouillère.

              En effet, ne sommes-nous pas dimanche ?

     

     

     
        En voici le texte pour ceux qui ne pourraient entendre correctement la vidéo ; mais il s'apprécie vraiment avec la musique de Francis Poulenc, qui en exprime toute la profondeur méditative.

    Au bord de l'île on voit
    Les canots vides qui s'entre-cognent
    Et maintenant
    Ni le dimanche ni les jours de la semaine
    Ni les peintres ni Maupassant ne se promènent
    Bras nus sur leurs canots avec des femmes à grosse poitrine
    Et bêtes comme chou
    Petits bateaux vous me faites bien de la peine
    Au bord de l'île.

    Guillaume Apollinaire (Il y a)

     

         Ce poème fait allusion à des toiles d'Edouard Manet que l'on peut voir ici ou , et rappelle celle d'Auguste Renoir portant le même titre (ici).


    * * *

          Mais ne peut-on s'imaginer que ces petits bateaux qui se reposent, ce sont nos corps ?

       Et que "les peintres" et "Maupassant", ce sont nos ego momentanément endormis ?

           
          Et dans ce cas, quelle paix !... 

     

    La Grenouillère -Renoir - Extrait

     

     


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  •     Amusons-nous ! Classons le billet d'aujourd'hui dans "Promenades" ! Mais vous me connaissez... Je ne fais plus que méditer. Et je n'ai pas pris la moindre photo de la radieuse escapade faite aujourd'hui dans la campagne environnant ma ville, sous un ciel d'azur éclatant.
     

          Aussi l'image qui accompagnera cette initiation à la "Marche Nordique" sera-t-elle tirée du Tarot d'Osho Zen, car je trouve qu'elle l'illustre parfaitement.

     

    Rajneesh-Tarot Zen- L'instant Présent

     

           Les Vierges Sages attendent la venue de L’Époux. Mais elles n'en connaissent ni le jour, ni l'heure. La nuit se fait longue et l'attente douloureuse. Que peuvent-elles donc faire, sinon entretenir soigneusement la petite lampe qui leur permet de rester éveillées ?

           À tout instant je peux trouver de l'huile pour ma lampe. Ainsi lors de cette première approche d'une pratique que j'ignorais. Voyez plutôt.


           La Marche Nordique se pratique avec deux bâtons, ce qui est relativement bien connu. Mais ces bâtons doivent mesurer les deux tiers de votre taille, ce qui les rend assez hauts ; et de plus il faut les attacher non à la main, mais au poignet, ce qui conduit à cette étonnante remarque : on ne les tient pas droits, mais inclinés. Ils ne servent pas à s'appuyer, mais à se propulser. On ne les pose pas alternativement auprès du pied opposé, mais au milieu de l'enjambée, en-dessous de soi dans l'axe du corps, ce qui oblige à les pousser très loin en arrière à chaque pas.

            Après quelques tâtonnements, en écoutant les recommandations de l'instructeur  et en cherchant à imiter son mouvement , voici ce que je découvre :


         Tandis que le pied arrière est poussé jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que le gros orteil sur le sol, le bâton opposé est entraîné par le bras loin derrière, au point que la main doit s'ouvrir et qu'il serait lâché s'il n'était pas attaché.

         Ce mouvement doit créer l'impulsion vers l'avant de l'autre pied et de la main correspondante serrant de nouveau la poignée de son bâton.


        Sur le chemin caillouteux, on n'entend plus que les ricochets des bouts ferrés qui peinent à s'incruster. Il faut dire qu'il fait très sec et que la voie sillonnée par les tracteurs présente des inégalités importantes entre les rails où sont passées les roues et les mottes herbeuses qui les bordent.

          Et voici que soudain l'expérience me parle...

           Derrière moi, je lâche le passé ; ouvrant la main, relevant le pied, je le rends à la poussière dont il est issu.

           Devant moi, j'ai le regard porté à l'infini. Les champs labourés, les quelques bocages égayant la plaine rase jusqu'à l'horizon émettent à peine leurs notes colorées sous l'immensité grandiose du ciel radieux. Le pied porté vers l'avant n'est même pas encore posé.

             Où suis-je ? Qui suis-je ?

              Le chemin derrière est lâché ; le chemin devant n'est pas encore atteint... Où suis-je ? Dans quel intervalle lancée, pas encore posée, et en mouvement, peut-on parler d'instants ?? Il n'y a pas de présent, le présent n'existe pas, c'est un perpétuel abandon dans un espace où rien n'est encore advenu ; c'est un perpétuel projet, un jaillissement vers l'avant, un à venir non encore touché, encore ignoré.

             Cela m'a grisée quelque temps.

            Cela illustrait parfaitement la découverte que j'avais faite hier en  réécoutant La Journée de l'Existence d'Ivan Wyschnegradsky (dont je vous ai maintes fois parlé). Depuis la première audition de cette œuvre diffusée pour la première fois en juillet 1978 et que j'avais enregistrée, je n'ai jamais cessé de chercher à comprendre le cheminement de la pensée de ce musicien mystique qui y décrit le développement de la conscience humaine jusqu'à l’Éveil parfait, sans que jamais m'apparaisse l'élément qui déclenchait pour lui la révélation finale.

          Et brusquement hier j'avais réalisé que c'était cette proposition :

    «   Si réellement la Vie n'est qu'un Souffle Unique des ténèbres du Rien vers la Lumière du Tout...! »

          Proposition qu'il reprend dans sa conclusion en ces termes, illustrés parfaitement par la musique :

    «   Et je proclame cette Vérité qui est :
          - le Tout           [paroxysme orchestral]
          - et le Rien ! »   [extinction subite]

     

           C'était cela bien sûr : ce jaillissement venu de l'intérieur, comme une fleur qui s'ouvre... le Tout qui apparaît ! Puis cette rétraction immédiate vers le Rien - le passé balayé - ; puis de nouveau le jaillissement vers le Tout - l'instant recréé ! Comme un cœur qui bat, comme des poumons qui respirent, tout cela venu du Centre de Soi-même... ! La Vie, une pulsation sans cesse renouvelée, la Joie, la Joie permanente !

           J'avais entendu cette phrase des quantités de fois auparavant sans en comprendre ni le sens ni la portée, et il est vrai qu'avec un mental encombré il est difficile de concevoir ce que peut être un "Souffle Unique" : ainsi, de même que lors de la promenade-exploration racontée précédemment, j'ai pu aujourd'hui remarquer combien l'exercice physique, en "vidant la tête", peut être enrichissant pour l'âme.

      

    Jaillissement

     

     


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