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    Demeure

     

     

    Au Temple inouï qui est ma Demeure
    je suis venue et j’ai frappé


    Aussitôt disparurent mon passé ma mémoire
    et tous mes souvenirs si ce n’est
    la Mémoire des étoiles


    Au Temple inouï qui est ma Demeure
    je suis venue et suis entrée


    Aussitôt s’effacèrent mes projets mes désirs
    et toute aspiration si ce n’est
    la promesse d’un Royaume


    Au Temple inouï qui est ma Demeure
    je suis entrée et j’ai perçu


    Que Vertige est son nom
    et que tout ce que je pouvais ressentir en moi-même
    se noyait dans le flux infini de Son Souffle

     

     

     


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  •           Un merci particulier à Jamadrou pour la magnifique composition qu'elle m'a adressée en illustration pour le poème précédent, où elle a cru lire le "vertige" éprouvé par le derviche tourneur...

     

     

    Vertige-Jamadrou

     

          Ce m'est l'occasion d'ajouter pour vous tous que cette Demeure que j'évoque est aussi la vôtre - et celle où nous nous retrouvons tous ! Sans qu'il soit besoin d'aucune religion, je le précise pour ceux que cela effraierait. Et que si vous voulez vous aussi la découvrir, vous pouvez le faire à travers cette vidéo, accompagnée si besoin de sous-titres en français.

     

     


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    Dévotion

     

     

    «  Guruji, je brûle de m'approcher pour me prosterner à Vos pieds. »


    Mooji
    :


    «  Mes pieds sont l'univers tout entier.

    L'univers tout entier n'est que l'ongle de l'orteil de Dieu.


    Et cela est vrai.

    Seul Dieu peut se prosterner devant Dieu, car Il ne peut reconnaître aucune existence qui soit séparée de Lui.


    Mais qui est là pour penser différemment ?

    Découvre-le. »

    ~ Mooji

     

     Dévotion

     


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  •         Mercredi 10 mai à 21h44 la Lune, depuis la constellation du Scorpion, s'opposera au Soleil situé dans celle du Taureau.

             Les heures qui précèdent, durant lesquelles la tension énergétique sera à son comble, pourraient donc être consacrées à travailler sur le détachement - signification essentielle de cet axe astrologique traditionnellement associé à la possession (Taureau) et à la dépossession (Scorpion).

     

    Image du net

     

            Pierre Lassalle dans son livre "Astro-thérapie" préconise de se concentrer, au niveau du ventre (second chakra), sur une idée, une croyance ou encore un bien matériel, une personne à laquelle nous nous sentirions "trop attaché", et de la faire remonter (si c'est une idée ou une croyance sous forme d'un symbole, si c'est une personne ou un bien sous forme d'une image) jusque dans notre cœur (4e chakra), afin de ressentir la futilité de cette dépendance ; car la plénitude éprouvée dans le cœur prouve alors que nous n'en avions aucunement besoin.

             L'évocation d'une "idée" ou d'une "croyance" m'a frappée.

           En effet, n'associons-nous pas toujours l'idée de "détachement" aux choses matérielles - biens ou personnes ? Ne vivons-nous pas essentiellement dans un univers d'images objectivées, ne nous intéressant qu'à celles qui nous semblent graviter autour de notre personne ? Les blogs en particulier présentent continuellement des sujets d'intérêt "extérieur" : observation de la nature ; lecture ; petits travaux ; études ou connaissances... Tout ceci peut être flanqué de l'adjectif possessif : "mon" jardin, "mes" photos, "mes" livres, "mes" travaux, "mes" découvertes, "mes" voyages... Quand on n'y ajoute pas un copyright.

           Mais, toujours tournés vers ce qui nous entoure, savons-nous seulement qui nous sommes ? Nous sommes-nous demandé qui est le possesseur, et s'il est bien une "personne" ? Qui est ce "je" cherchant à se détacher de ce qui, parfois, le blesse ?

           Puisqu'il dit "mon corps", il n'est pas le corps.

           Puisqu'il dit "ma vie", il n'est pas les évènements ayant jalonné cette histoire qu'il mémorise et sur laquelle il s'attarde avec nostalgie ou amertume.

           Puisqu'il dit "mes œuvres", "ma famille", il n'est aucune de ces choses, et disant aussi "mes pensées", "mes émotions", "mes expériences", "mes actions", il sait que celles-ci le quittent et, même s'il les rencontre souvent, qu'elles peuvent s'évanouir et donc ne le définissent pas.

            S'il fait parfois effort pour se détacher de telle ou telle chose c'est uniquement parce qu'il croit en souffrir ; or la psychologie des profondeurs a montré que les scénarios de vie se répétaient, et qu'à peine débarrassé d'un attachement douloureux, l'on retombe dans un autre.

            Pourquoi ? Parce que l'on n'attaque pas le mal à la racine.

            Ce n'est pas de telle ou telle chose qu'il faut se débarrasser, mais de l'idée même que l'on se fait de soi ; puisque nous ne sommes ni le corps, ni les pensées, idées ou perceptions qui s'y associent, c'est de notre conception même du monde ambiant que nous devons nous détacher.

             Les orientaux racontent à ce sujet une histoire très évocatrice.

    Serpent

     

      Imaginez que vous marchez sur une route déserte à la sortie d'un village, en Inde, dans une région chaude, à la tombée du jour. Il ne fait plus très clair et vous êtes à peine chaussé, pieds nus ou en petites sandales. Soudain, sur le chemin poudreux, une ligne sinueuse vous apparaît sur le sol. Aussitôt, vous bondissez en arrière : un serpent ! Terrifié vous êtes prêt à faire demi-tour tant vous savez ceux-ci dangereux dans cette région. Mais voici qu'un passant approche et vous rassure : "Mais non ! ce n'est qu'une vieille corde qui traîne là depuis quelques jours..." Et l'attrapant il vous la met sous le nez. Vous réalisez alors votre méprise et riez de bon cœur.

     

          Cette histoire montre la force de la pensée, de l'imagination ; notre esprit étiquette tout ce qu'il perçoit, le pare de qualités, et c'est par notre jugement et nos croyances uniquement que le monde devient cette machine à souffrir, puis à mourir.

          Du moins, c'est ce qu'affirment les sages qui disent que l'univers est pure illusion. Si nous sommes ce corps affublé d'un nom et d'une histoire, alors oui nous sommes fragiles et condamnés à mourir tôt ou tard. Mais si nous ne le sommes pas ? Qui sommes-nous donc ? La conscience de soi - le "je" - n'est-elle que le produit de la vie qui anime ce corps ? Mais alors, d'où vient la vie ? La question mérite d'être posée et pour cela, pourquoi ne pas apprendre à se détacher également de tout ce qui peut être accompagné de l'adjectif "mien" (corps, pensées, perceptions, émotions, actes, etc...) ?

           C'est en tout cas ce que préconise dans la tradition bouddhiste mahāyāna le Sutra du Coeur, affirmant que tout est vide de réalité propre, qu'il s'agisse des perceptions, des sensations ou des pensées comme de toute activité de la conscience ; et que donc comprenant que tout est illusoire, autant le cycle de l'existence que toute quête de connaissance, les bodhisattvas sont libérés de toute peur et atteignent l'éveil parfait à leur nature véritable.

           Une autre histoire nous permet d'illustrer cette idée.

     

    Mirage


          C'est celle d'un individu qui se promène, cette fois encore dans une région tropicale mais plutôt en Afrique, du côté du Sahara. Il décide contre l'avis des habitants de la région de traverser seul à pied un large territoire désertique, inconscient des dangers encourus dans ces régions brûlées par le soleil.

         Il se met en route au petit matin et marche une bonne partie de la journée, épuisant rapidement sa gourde et bien vite terrassé par la chaleur et la sécheresse. Dans l'après-midi, il est près de succomber à la déshydratation quand enfin il aperçoit au loin l'oasis dont il rêvait : des cases ! des palmiers ! de l'eau ! Vite il se précipite mais ne peut l'atteindre et tombe évanoui... C'est un touareg de passage qui heureusement le ramasse et le transporte  jusqu'à son campement, pour le ranimer et le réconforter enfin.

          Un mirage ! En effet il n'y avait rien du tout, et sans cet homme providentiel notre ami mourait sur place.

        

        Voilà ce qui arrive lorsque l'on court vers l'illusion ! Et pourtant, c'était bien ce qu'il avait perçu. Il l'avait VU ! Mais comment ne pas comprendre que nos sens nous trompent ? Lorsque nous rêvons, il nous arrive aussi d'être certains de vivre quelque chose et de percevoir des sons, des sensations tactiles très vives. Pourtant à notre réveil nous avons la preuve du contraire.

         De plus, ce "je" qui se réveille était présent dans le rêve ! Il pensait avoir un corps, mais ce n'était pas le même que celui que nous retrouvons au réveil et qui dormait ! Ainsi, certaines personnes racontent faire des voyages dans d'autres dimensions lorsqu'elles dorment, ou sous anesthésie ou encore lors de morts passagères (NDE) : le "je" se promène, affublé de différents corps plus ou moins immatériels et vit des aventures un peu partout. Mais sont-elles réelles ?? Comment tenir pour réel ce qui change sans cesse ?

            Seul le "je" ne change pas.

           Donc, de quoi devrions-nous chercher à nous détacher pour vraiment saisir le mal à la racine ? À l'évidence, de tout ce qui n'est pas ce "je" totalement pur et primordial et dont il nous faut au préalable réaliser l'inventaire.

              Évidemment, "détacher" ne veut pas dire "faire disparaître".

            Dans la première histoire, la ligne sinueuse n'a pas disparu : elle a seulement cessé de faire peur, ne s'appelant plus "serpent" mais "corde" ; ici, il s'agit de se détacher d'une identification abusive, d'une croyance erronée.

          Dans la seconde histoire, l'effet est simplement inverse. Le mirage non plus terrorisant mais salvateur pourra sans doute apparaître à nouveau mais cette fois l'homme averti saura qu'il est trompé et qu'il ne s'agit que d'une illusion : il ne courra pas vers lui pour trouver l'eau dont il a besoin.

           De même, cessons de prêter foi au choses du monde, alors que le bonheur et l'amour ne sont que les attributs de notre Être Véritable et n'ont leur source qu'en nous.

     

     

     

         


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  •        Certains d'entre vous ont peut-être été désarçonnés l'autre jour en lisant que les pieds du Maître représentaient l'Univers entier (voir ici) et que la totalité de la manifestation n'était jamais que l'ongle de l'orteil de Dieu, de cet Être infini qui est la seule Réalité.

           Mais comment être libéré si ce n'est en prenant conscience de l'insignifiance de ce que nous sommes et de ce qu'est le monde face à l'immensité de l'Être ? L'Univers, la Vie, ne sont qu'une somme de perceptions et de pensées surgies on ne sait comment de la Conscience suprême ; une "apparition spontanée" selon Nisargadatta Maharaj et un rêve ou un simple jeu pour bien d'autres ; et de même qu'elle est marquée par la dualité, de même ayant eu un commencement elle aura une fin.

            Aussi, pourquoi ne pas en profiter dans la joie, en nous éveillant à cette chance extraordinaire que nous avons de ressentir, d'expérimenter ? En nous la Conscience divine se projette et se contemple, c'est pourquoi nous sommes appelés "ses enfants".

     

               Voici une série d'images relatant cette merveilleuse aventure. Il s'agit de montages que j'ai confectionnés à partir d'images du net, en me souvenant que la Pleine Lune de mercredi était aussi celle du Wesak, celle qui rappelle la venue puis le départ et surtout l'Illumination du Bouddha.

    *

       Au commencement (avant que nous n'apparaissions) était l'infini de l'Être absolu.

     

    Être suprême

       

           Mais voici que de cet Être magnifique surgit un Lotus dans lequel Il se mira.

     

    D'après un tableau d'Altayr


       Alors apparut au Cœur du Lotus un Joyau ...     

     

    Naissance

     

           Et ce fut l'Univers ! La Vie !

     

    Naissance

     


         Si vous activez ce lecteur de musique, vous entendrez le thème splendide de Rachmaninoff (1) qui a inspiré tant de compositeurs de musiques de film (particulièrement John Barry pour Somewhere in Time) et déborderez peut-être de gratitude.

          Pourtant, il faut savoir qu'il n'avait fait que retourner (et donc reproduire à l'envers) le thème agité et grinçant de Paganini qui était le sujet de son œuvre ; et qu'au début puis à la fin de cette Rhapsodie il ajoute une citation du Dies Irae, thème chanté depuis le moyen-âge aux messes de Requiem et représentant la terreur devant la mort (voir ici).

          Eh oui ! L'Ineffable ! La Beauté absolue, l'Amour parfait, tout le monde essaie de l'exprimer ! Tout le monde voudrait les dire, les chanter, les crier ! Mais personne n'y parvient ; car chacun n'en exprime qu'une partie... Et ainsi, c'est la Totalité qui les exprime, c'est l'immensité des choses qui crie la Beauté et l'Amour, dans un ensemble où Vie et Mort, Joie et Douleur, Puissance et Faiblesse sont indissolublement liées.

          ... Et ce n'est qu'un claquement de doigts dans le rêve de Dieu ; un sourire furtif, l'éclair de la Lumière.

              Et nous sommes Cela.

     



    (1) Rachmaninoff, Rhapsodie sur un thème de Paganini, Variation n°18 qui clôt la partie centrale de l'oeuvre.


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