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         Pour faire écho au beau poème de Stellamaris "Dans le silence du soir", je veux rappeler ici un  autre poème qui lui ressemble un peu, mais en allemand : "Beim Schlafengehen" ("A l'heure d'aller dormir") de Hermann Hesse (1877-1962).

         Cette poésie de la nature et de la nuit, si magnifiquement ressentie par les auteurs germaniques depuis l'époque romantique,  atteint là une force contemplative presque mystique qui séduisit le grand compositeur Richard Strauss, son contemporain (1864-1949). Celui-ci en fit une mélodie accompagnée à l'orchestre, vers la fin de sa vie, qui est l'un de ses chefs d'oeuvre (le 3e des "Quatre derniers lieder" composés en 1948).

     

         Je vous propose de l'écouter dans l'interprétation (ancienne : 1974) de Gundula Janowitz, avec l'orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Herbert von Karajan, tout en parcourant le traduction que voici (elle est de moi... C'est très, très difficile à rendre finalement). Pour les germanophones, je note aussi l'allemand.

     

     

    Nun der Tag mich müd gemacht,                  Après la fatigue du jour

    soll mein sehnliches Verlangen                   J'aspire de tout mon être

    freundlich die gestirnte Nacht                  A accueillir la nuit étoilée

    Wie ein müdes Kind empfangen.                 Avec amitié, comme un enfant fatigué.

     

    Hände, lasst von allem Tun,                        Mes mains, abandonnez toute tâche,

    Stirn, vergisst du alles Denken                  Mon front, oublie toute pensée,

    Alle meine Sinne nun                                 Tous mes sens désormais

    wollen sich in Schlummer senken.                Veulent plonger dans le sommeil.

     

    Und die Seele unbewacht                          Alors mon âme libérée

    will in freien Flügen schweben,                  Pourra s'envoler et planer

    um in Zauberkreis der Nacht                    Pour, dans le cercle magique de la nuit,

    tief und tausendfach zu leben.                  Vivre d'une vie profonde et multipliée.

     

     

      Après les deux premières strophes écoutez bien, d'abord au violon solo, puis à la voix, l'évocation de l'âme qui s'envole, qui plane, puis qui se confond à l'âme universelle, pour y vivre (dernier mot). Il ne faut pas oublier qu'à cette époque l'influence Nietzschéenne avait conduit beaucoup d'intellectuels allemands à s'intéresser au bouddhisme (Hermann Hesse signa son roman Siddharta en 1922), d'où dans ce texte  la présence très sensible d'une connaissance de la méditation transcendantale. 

     

     

    superlioran-nov05.jpg

     

     

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  •      C'est avec émotion que je viens de trouver sur le blog de Russalka, Entrevoies-nues, une évocation du dernier air de Sapho, l'Opéra de Charles Gounod. Comme l'explique Russalka, la légende suivant laquelle la poétesse Sapho se serait jetée du haut d'une falaise à cause d'un amour non partagé pour un beau jeune homme nommé Phaon semble découler d'un amalgame effectué tardivement entre elle et une autre femme du même nom. En effet, la "Sappho" que j'ai abondamment évoquée sur ce blog semble avoir eu un caractère assez trempé et avoir vécu relativement âgée, si l'on en croit les quelques bribes de textes qui nous sont parvenus d'elle.

     

    Sapho-toileLes derniers moments de Sapho, toile exposée au Salon de 1901.
    (Cliché Roger-Viollet)

     

        Cependant ce thème de l'amour malheureux est si romantique, que si l'on y ajoute une harpe à laquelle la jeune femme se confie, on a le cocktail parfait pour obtenir une oeuvre des plus émouvantes. Et si j'avouerai n'avoir jamais écouté l'Opéra dans son entier, par contre je peux affirmer que cette scène finale compte parmi les chefs d'oeuvre de notre compositeur (il ne faut pas oublier que ces pages furent écrites pour ces mêmes personnes, qui aujourd'hui écoutent Patrick Fiori dans "Notre-Dame de Paris", ou Céline Dion dans "S'il suffisait qu'on s'aime" ! Au XIXe siècle il n'y avait ni disques, ni vidéo, l'Opéra était donc très fréquenté).

     

    CD-Sapho-Gounod.jpg

     

     

       Pour compléter la liste très sérieuse d'interprétations donnée par notre amie, je voulais ajouter celle produite par le Nouvel Orchestre Philharmonique de Radio-France avec  les chœurs de Radio-France sous la direction de Sylvain Cambreling en 1979 : c'est en effet ma préférée. On la trouve en disque ici, et l'interprète absolument fabuleuse de Sapho est Katherine Ciesinski. A la différence des cantatrices citées par Russalka, elle joint à une grande sensibilité musicale une voix onctueuse et "lyrique" - épithète qui pour moi signifie une certaine jeunesse d'aspect, à l'opposé des "grandes voix dramatiques" que l'on peut entendre par exemple avec Régine Crespin.

       Malheureusement l'enregistrement que je vous en propose est saisi sur France Musique au moment de sa diffusion (soit 1979), si bien qu'il est à la fois un peu vieilli et en mono. Je regrette par exemple que l'on ne perçoive pratiquement plus les arpèges de la harpe dont Sapho s'accompagne au début de chaque couplet (vous les entendrez mieux en vous rendant sur le site de Russalka à travers les enregistrements qu'elle propose) ; et par ailleurs au début du 1er couplet (après "dans les tristes jours"...) il y a un problème d'entraînement apparemment qui fait légèrement détoner l'enregistrement, ce dont je suis désolée.

         Par contre je n'ai pas pu m'empêcher de vous laisser les applaudissements à la fin, pour vous montrer combien la cantatrice avait su émouvoir son public...

     

     

    En voici les paroles :

     

    Ô ma lyre immortelle,

    Qui dans les tristes jours,

    À tous mes maux fidèle

    Me consolais toujours,

    En vain ton doux murmure

    Veut m’aider à souffrir ;

    Non, tu ne peux guérir

    Ma dernière blessure !

    Ma blessure est au cœur :

    Seul le trépas peut finir ma douleur.

    (Ma douleur...)

     

    Adieu, Flambeau du monde,

    Descends au sein des flots ;

    Moi je descends sous l’onde

    Dans l’éternel repos.

    Le jour qui doit éclore,

    Phaon, luira pour toi

    Et sans penser à moi

    Tu reverras l’aurore...

    Ouvre-toi, gouffre amer !

    Je vais dormir pour toujours dans la mer.

    (Dans la mer...)

     

    (Puis reprise des deux derniers vers).

     
     

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    H.Hoffman-l-ascension.jpg

    Heinrich Hoffmann - L'Ascension.

     

     

    Olivier Messiaen - l'Ascension version orchestre, IV.

     

           Aujourd'hui, par son Ascension, le Christ nous ouvre la voie du retour dans l'immensité de l'Amour du Père....

     

              Quant à moi, mon Ascension dans mon cerisier m'a valu d'être dévorée de piqûres d'insectes !!

    cerises2.jpg


           Merci, les cerises sont tout de même très bonnes.

        Je suppose que les insectes en étaient les ardents défenseurs, et qu'une telle cueillette, ça se mérite...

     

    cerises1.jpg

     
     
     

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        C'est dimanche, alors détendons-nous en musique.

        Oui, mais QUI joue ??

        Elle se nomme Kang Eunju, elle est Nord-Coréenne, et elle a cinq ans...

        Franchement, ces asiatiques nous stupéfieront toujours par leur aptitude précoce à l'apprentissage, par leur sérieux, par leur application. On a presque en les voyant envie de se poser la question de la "réincarnation" ! Sauf que vous trouverez celui-ci (à 4 ans il interprète Beethoven au piano), celle-ci (une violoniste de 7 ans qui joue Mozart), celui-ci (qui interprète le dernier mouvement du concerto pour violon de Mendelssohn en concert à 7 ans également), et celle-là (on ne voit pas ses doigts mais tout de même, il semble bien que ce soit elle qui joue cette gigue de Bach, à cinq ans !) : alors, ça fait beaucoup !...

     

     

     

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  •     La chaleur s'est apaisée et un vent frais est venu nous réconforter...

     

        Écoutons "Beau soir", de Claude Debussy, sur un poème de Paul Bourget.

        Au risque d'en choquer certains, j'ai choisi l'interprétation grave et intimiste de Barbra Streisand, qui efface tout académisme pour nous plonger dans un rêve orchestral.

     

      Extrait de l'album Classical Barbra enregistré
    à Los Angeles avec le Columbia Symphony Orchestra en 1973
    et édité par Sony en 1976 - remasterisé pour CD.

     

    Lorsqu'au soleil couchant les rivières sont roses,
    Et qu'un tiède frisson court sur les champs de blé,
    Un conseil d'être heureux semble sortir des choses
    Et monter vers le cœur troublé.


    Un conseil de goûter le charme d'être au monde,
    Cependant qu'on est jeune et que le soir est beau,
    Car nous nous en allons comme s'en va cette onde,
    Elle à la mer, nous au tombeau.

     

       J'avoue que la fin me ravit, mais à condition de ne pas comprendre correctement le texte comme je le faisais à l'origine, sans entendre les derniers mots, ce qui donne :

        « Car nous nous en allons, comme s'en va cette onde,

                  Loin, à la mer...  »

     

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