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    Rentrée

     

     

    Mesdemoiselles les Pensées,
    Votre attention s'il vous plaît !

     

    Cessez de converser,
    Songez à converger !

     

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    Rose
    Première rose de septembre

     

            «  - Bonjour ! dit la Rose... ! »  Ah ! non, ça c'est dans le Petit Prince.

             On fait parler les roses. Et pourtant, le roses ne disent rien !

           Elles ne disent pas quand elles fleurissent, elles ne disent pas quand elles flétrissent ; elles ne disent pas si elles ont soif, elles ne nous demandent pas si leur parfum nous plaît. C'est nous qui leur prêtons une vie imaginée.

         Sont-elles fières de leur beauté, de leur odeur subtile ? Ont-elles conscience de nous embaumer, de réjouir notre cœur ? Et savent-elles qu'elles ont des épines, ont-elles conscience de menacer nos doigts lorsque nous les cueillons ?

     

    Cailloux
    Petits cailloux de n'importe quand

     

               « - Coucou ! font les cailloux... ! »


            ... Mais les petits cailloux parlent-ils ? Ont-ils conscience du rêve de beauté qu'ils inspirent à notre cœur ? Savent-ils qu'ils évoquent la promenade, la cueillette ; l'enfance, l'insouciance et bien plus encore ?


           De même, notre corps aussi s'exprime : il a mal, il a faim ; il réclame, il ronchonne. On le sent davantage dans ces cas-là ; quand il exulte, on ne s'en rend même pas compte.

          Mais notre corps parle-t-il ? Qui le fait parler ? On ferait aussi bien de le laisser à ses ronchonnements et de s'en désintéresser. Pourtant il est aussi beau que la rose, aussi fort que les cailloux : beau support qui nous permet de projeter notre conscience pour ressentir les choses...

         Ah ! oui, et de quoi nous plaignons-nous ? Même avec le plus ténu des souffles de vie, celui-là est encore suffisant pour jubiler de la joie d'être en VIE ...

          De quoi nous plaignons-nous !

           Il nous faut un miroir ; quelqu'un pour nous voir. Un « autre » pour nous prouver que nous existons vraiment ; un autre pour nous dire :

           « Bonjour ! oui, oui, je t'ai bien vu, je t'ai bien entendu ce matin ! »

          Même si c'est le chat, la rose ou le caillou. Un autre qui nous confirme :

          « Tu sembles un peu flétri, peut-être as-tu besoin d'être arrosé ? »

          Alors comme nous sommes très intelligents et inventifs, nous anticipons le problème. Rien ne vaut l'échange de bons procédés. C'est "donnant, donnant": je m'occupe de quelqu'un, il va s'occuper de moi. C'est la règle de l'amour classique. Et c'est aussi la grande mode de « l'altruisme » : « je donne ! » est le titre d'une rubrique d'un journal télévisé ; car depuis quelques décennies on sait que lorsque l'on donne, on reçoit au centuple... alors on s'invente un autre plus démuni, une projection de soi-même dans la détresse, pour avoir le plaisir de s'occuper de soi avec en prime : la reconnaissance de l'autre, ou tout au moins ce sentiment de fierté intime qui rassure.

        Rien n'est plus réconfortant lorsque l'on se sent misérable, que de trouver plus misérable que soi.

           Et pourtant, que faisons-nous ? Nous ne faisons que nous reproduire à l'infini, nous contempler dans mille miroirs dépolis qui donnent l'illusion de la variété, pour avoir la preuve de notre existence.

        Quand l'existence n'a pas besoin de preuve pour être. Quand la rose ignore sa naissance comme sa mort, et la présence d'une autre à ses côtés ; quand le caillou ignore sa posture et son aspect, tout comme sa solidité et son éclat.

     

        « Les gens ont peur de la vacuité de l'espace, de l'absence de compagnie, de l'absence d'ombre. N'avoir rien ni personne sur quoi se brancher peut se révéler être une expérience terrifiante. L'idée à elle seule peut être effrayante au plus haut point, même si elle n'a aucune commune mesure avec l'expérience réelle. Généralement intervient une peur de l'espace, la peur de ne pouvoir s'ancrer dans aucun terrain solide, de perdre son identité comme une chose fixe, solide, définie. »

    Chögyam Trungpa, Pratique de la voie tibétaine

     

           Quand quelqu'un a véritablement dépassé cette peur, pour embrasser aveuglément l'immensité, cela donne des êtres comme Mère Teresa.

          Mère Teresa était comme la rose : elle ne savait pas qu'elle embaumait, elle ne savait pas qu'elle aidait. Elle ne savait pas qu'elle aimait, elle ne savait pas qu'elle priait.

          Mère Teresa faisait la Volonté de Dieu. Point.

     

    Mère Teresa

     

     


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  •          Une étoile ici-bas s'est éteinte.

          S'est éteinte parmi les milliers d'étoiles de la terre, pour aller se confondre au fulgurant Soleil de Là-bas.

     

    Witney
    (cliquez pour retrouver son blog)

           

              Je veux parler de Witney.

              Witney dont je suivais le blog depuis longtemps, sachant qu'elle ne vivait pas loin de chez moi, sans qu'elle m'ait jamais dit où. Mais qui depuis quelque temps semblait souffrir et lutter contre la maladie, annonçant fréquemment son absence. Cependant quand on ne sait pas, on croit toujours que ce n'est pas bien grave.

           Sa sagesse, sa douceur, sa discrétion m'étaient toujours un exemple. Son choix d'une fleur de lotus pour présenter son site m'invitaient à l'imaginer bouddhiste, et pour cela je l'admirais, me la représentais en méditation fréquente. Ses paroles étaient toujours profondes et justes. Elle montrait un détachement qui me faisait l'imaginer beaucoup plus âgée.

           Et puis voici que le couperet est tombé. Voici que Béa Kimcat, que je ne connaissais pas, passe chez moi pour m'annoncer son décès ! À l'âge de 59 ans !

             Cinquante-neuf ans est un âge critique : âge du second retour de Saturne, la planète du karma ; autrement dit, âge auquel si nos leçons sont apprises, plus rien ne nous retient sur cette terre... C'est à cet âge-là qu'est parti mon père ; et Agnès-Witney avait sans doute donné plus que personne, d'après ce que j'entends dire comme d'après la multitude des gens présents à ses obsèques - amplifiée du nombre de ceux qui n'avaient pu se déplacer car ils travaillaient.

           Grâce à Béa, j'ai pu m'y rendre : oui, c'était tout près de chez moi, dans les profondeurs d'une campagne délicieuse. Et je l'ai découverte... Trop tard ? Non, car j'ai plutôt découvert un visage ; mais un visage sans intérêt puisque Sa vérité était ailleurs, vérité de Son Coeur qu'elle nous laisse pour toujours à travers ses écrits et nos souvenirs ; et surtout, vérité du message d'Amour immense transmis par tous les textes et tous les chants lus ou entonnés durant cette superbe et émouvante cérémonie.

           Ne pouvant les reproduire ici, je lui offre en hommage ce beau cantique qui leur ressemble.

     



    « Nearer, my God, to Thee », ici les paroles anglaises
    suivies de leur traduction en français

     

     

     


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  •        J'ai déjà plusieurs fois évoqué les compositions inspirantes de Imee Ooi, musicienne chinoise dont l'inspiration exclusivement bouddhiste présente pour moi ce qu'il y a de plus beau et de plus pur actuellement en matière de musique pour la méditation.

          J'ai connu quantité de très bons musiciens de style new age dans les années 90, mais les trouve aujourd'hui totalement dépassés par cette fraîcheur et cette intensité dévotionnelle.
     

         Mis à part le morceau intitulé "Tranquillity" qui n'utilise que les synthétiseurs pour un délicieux moment de paix, toutes ses créations mettent en musique des textes, des invocations ou des mantras présents dans l'enseignement bouddhiste de son pays ; et elle les interprète tantôt en sanskrit, tantôt en tibétain, tantôt même en chinois (mandarin) afin que tous comprennent.

         C'est dire que, n'étant pas engagée dans cette voie, il m'est difficile  d'en suivre les textes ;  si bien que mon approche de ces œuvres reste limitée, car je ne vois pas l'intérêt d'entendre une invocation dont je ne comprendrais pas le sens. Bien au contraire, je n'écoute que celles que je comprends de bout en bout, mon but n'étant pas d'obtenir un fond sonore mais bien de m'imprégner d'un enseignement offert dans une interprétation sublimée...

          Et pourtant les suggestions de youtube peuvent parfois créer des surprises ! C'est l'une d'elles que j'aimerais ici vous faire partager.

          On m'a suggéré la découverte d'une "dharani" (assimilée ici à un mantra) dont la formulation est si complexe qu'à coup sûr on n'y peut rien saisir. Mais la petite connaissance que j'ai du sanskrit - langue dans laquelle elle est chantée - m'a inspiré toutes sortes de traductions qui, si elles sont certainement fantaisistes (car je n'ai rien voulu vérifier) me ravissent au plus haut point et en font pour moi un morceau de choix.

         Je vous l'insère ici avant de poursuivre mon propos.


     

          Mais voyons ce que dit Wikipedia de la dharani (l'article place un point sous le n de ce mot) :

     « En règle générale un mantra est plus concis qu'une dhāraṇī, qu'on peut aussi traduire par invocation, comme dans le sūtra "La dhāraṇī de la grande compassion d'Avalokiteshvara", ou encore par hymne :

    « Une dhāraṇī est un mantra étendu, une séquence rythmique de sons qui exprime, à travers ses vibrations spirituelles uniques, la vérité essentielle transcendant toute dualité. Le pouvoir qu'a une telle formule d'évoquer des forces invisibles lorsqu'elle est chantée avec un cœur sincère dépend, dans une certaine mesure, du son lui-même, mais encore plus de l'état d'esprit du chanteur. Ainsi une dhāraṇī aura-t-elle une plus grande puissance si elle est proférée par un être d'une foi pure, l'esprit concentré, et le cœur ouvert. » (Philip Kapleau, Question zen. Traduction de Vincent Bardet. Éditions du Seuil, collection Points Sagesse, Paris, 1992) . »

          Il est certain qu'Imee Ooi touche là à la perfection dans sa manière de chanter, et à l'entendre il est évident qu'il s'agit d'une invocation ; ou de salutations il me semble, comparables à celle de l'Ange Gabriel devant Marie :

    «  Je te salue, ô pleine de grâce ! Le Seigneur est avec toi... Tu es bénie parmi les femmes !  »

      Il me semble que nous sommes bien pauvres dans la tradition chrétienne en invocations de cette beauté.

         Le chant commence par "Namo" ce qui bien sûr signifie "je te salue", ou "je m'incline devant toi".

             Il se poursuit avec "Bhagavate", un mot que l'on connaît bien pour signifier "Béni", ou "Toi qui es béni".

            Suivent des formules qui s'achèvent souvent par "aya", ce qui me semble être une terminaison de "vocatif", c'est-à-dire qui donne la preuve que l'on s'adresse à quelqu'un ; puis, on sent une succession de qualificatifs, comme si on égrenait les qualités les plus splendides et les plus pures de la personne concernée.

           Enfin la phrase s'achève par "svaha", ce qui traditionnellement est un salut final, comparable à l'Amen du Judaïsme.

            Autre chose me frappe dans la construction de cette oeuvre : après avoir chanté l'invocation, triple comme toujours (trois est un chiffre mystique !) Imee Ooi la reprend un demi-ton au-dessus ... S'agit-il de monter en intensité, comme on le fait parfois dans la chanson de variété contemporaine ?

          Or à la fin de cette seconde série, elle redescend au ton précédent... Ce qui crée une étrange impression, car finalement on s'élève - on gravit la montagne - puis l'on revient à la position d'origine, comme s'il n'y avait pas à monter, comme si être plus haut, être plus bas, ce n'étaient que des concepts inutiles, comme si tout était identique en haut comme en bas.

         Il semble alors que le chant ait envahi, et le ciel, et la terre, de façon à les mélanger en un Tout Unique, centré sur la dévotion au Suprême... Quelle beauté !

     

    Salutations

     


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    Quand tout a été dit

    Il advient un moment où tout semble futile

     

    Les yeux sont fatigués et se ferment

    Tout miroite de Plénitude

     

     

    Tarot Zen - Le Silence

     

     


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