Ils avaient dîné très tard.
Des lustres, les chandelles s’affaissaient en pleurant...
Les lampions rougeoyants souriaient un peu ivres,
Noyés dans le brouillard tiède.
Sur eux le Songe se fermait
Comme un grand coquillage…
Aveugles, ils s’endormirent,
Vaincus par l’éternel sourire des soleils
Qui glissent à rebours des cercles enchantés,
Etourdis par les pleurs intermittents des astres
Cloués à leur abîme.
Et lorsqu’ils s’éveillèrent,
Ils étaient seuls !
Seuls…
Ils se regardaient
A travers l’ombre hostile,
Balbutiant des mots
Qui n’avaient plus de sens…
Etrangers,
Eperdus,
Ils se cherchaient,
Mais ne se trouvaient plus !
© Editions Saint-Germain-des-Prés, Paris 1973
(« Le Rossignol d’Argent»)