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La Fin des Mots
Voyageur contemplant une mer de nuages
Caspar David Friedrich, 1818Il arrive un moment où les mots sont comme des fils qui s’entremêlent
Et s’entrelacent et s’entrenouent jusqu’à ne plus former qu’amas inextricables ;
Il arrive un moment où les mots sont comme des arrêtes de roches auxquelles on s’agrippe,
Et qui vous blessent et vous lacèrent jusqu’à vous laisser ensanglanté à flanc de falaise ;
Il arrive un moment où les discours ressemblent aux aboiements de chiens
Qui s’acharnent et s’acharnent à faire le plus de bruit possible,
Montrant les dents, grognant et frémissant de haine…
Car nos pensées sont semblables à ces chiens qui crient sur tout ce qui passe,
Et nos paroles, à ces lambeaux de peau inutiles dont se débarrassent les serpents.
Telles des nuées, laissons passer ces tumultes irraisonnés,
Paroles, discours, lectures, pensées,
Tout ce fatras de n’importe quoi qui vente à notre porte,
Chassant la feuille morte…
Si haut, le sifflement du Dragon d’Air
Qui plane suspendu dans l’Espace infini !
Là où s’arrête le chemin pentu
Dont les chaînes cliquettent encore à nos pieds écorchés
S’ouvre un Silence inconcevable.
Ce Silence est Appel ;
Ce Silence est Abîme ;
Mais
Plonger n’est pas possible en vêtement de chair.
Il se peut cependant qu’un Souffle des hauteurs
Dissolve peu à peu cette forme imprécise,
Et que dans un brouillard lentement dispersée
Elle s’efface enfin dans l’Éclat du matin...
Ou si le Dragon d’Or enfin se déchaînait
Et soufflait son Néant éblouissant d’Amour,
Peut-être l'entendrait-on pour la première fois,
Le Chant des Profondeurs !...
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Commentaires
7gazouMardi 9 Février 2016 à 19:55en ce moment je suis affamée de silence..;
mais j'ai aussi besoin de mots, quelques mots seulement , quelques mots justes..qui disent exactement ce qui vit en moi
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Mardi 9 Février 2016 à 21:28
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Bonjour, merci pour ce texte qui accroche bien dès le départ ("les mots sont comme des fils qui s’entremêlent
Et s’entrelacent et s’entrenouent jusqu’à ne plus former qu’amas inextricables"). D'où l'importance du silence, pour prendre le temps de les démêler.
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Mercredi 10 Février 2016 à 14:42
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Nous savons bien qu'au-delà des mots se tient la vérité. Mais nous n'avons pour la saisir que nos pauvres mots.
Il me semble pourtant que la poésie leur ajoute cette lumière et ces ombres qui les approche de l'au-delà.
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Jeudi 11 Février 2016 à 09:36
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"Car nos pensées sont semblables à ces chiens qui crient sur tout ce qui passe,
Et nos paroles, à ces lambeaux de peau inutiles dont se débarrassent les serpents."coucou matinal,
Un texte magnifique, plein de vérités. Il m'a beaucoup touchée.
bises
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Jeudi 11 Février 2016 à 09:37
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Faisons attention au pouvoir des mots . Il y en a des lumineux qui nous élèvent , des mots qui fortifient , qui nourrissent , et d'autres qui blessent , qui tuent . Alors écoutons dans le silence leurs vibrations et nous serons alors en faire des cadeaux . Bonne soirée
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Dimanche 21 Février 2016 à 19:33
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C'est dans le silence que je puise l'inspiration. Je ne le remplis pas assez souvent de musique. Je me contrains à sortir de ma bulle pour avoir une vie sociale. Cela fait beaucoup de "je". Ne serais-je pas un individu trop isolé qui n'aime que le contact des mots et celui de la nature, évitant ainsi de se plier au monde, de vivre des frictions, des contrariétés ?
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Dimanche 28 Février 2016 à 20:29
Nous sommes tous des individus, avec nos tendances inscrites dans nos gênes et dans notre histoire personnelle. Lorsque l'on cherche cependant la vérité sur notre nature profonde, nous devons tout oublier : que nous soyons blancs, noirs, verts ou bleus, il ne reste que ce qui ne peut être nommé ni identifié.
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Coucou Aloysia,
Comme c'est bien le silence !
C'est le repos...