• Psyché (3)

     


    Psyché déposée par Zéphyr au jardin d'Eros
    Esquisse de George Romney


     
    N'oubliez pas d'accompagner votre lecture du fragment musical correspondant de César Franck (voir précédents articles) : à cette page, partie 3 (13'29).
     

    III – Psyché au jardin de l’Amour 

    Quelque chose pourtant fait que son rêve cesse ;
    Peut-être elle a senti que la fraîche caresse
    Et le doux bercement n’étaient soudain plus là.
    Le regard aveuglé par le splendide éclat
    De l’astre éblouissant alors tout proche d’elle,
    Assise, et détournant ses yeux de l’étincelle,
    Elle cherche à comprendre où elle est à présent ;
    Car elle voit sous elle un gazon fleurissant
    Qui rafraîchit son corps brûlé par la lumière
    Et elle a deviné que, par un grand mystère,
    On l’avait enlevée au roc et à la mort.
    Elle s’inquiète encor cependant de son sort :
    Qui sait si ce jardin merveilleux, si étrange,
    N’abrite pas les jours d’un dragon effrayant ?
    Peut-être ces douceurs, ces parfums attrayants
    Ne sont qu’une illusion pour tromper sa défiance ?
    Elle cherche à s’enfuir, mais la lourde indolence
    Qui emplit l’atmosphère, engourdit son esprit ;
    Elle ne sait comment déjà son cœur est pris
    Par le charme invincible émané de l’espace.
    Elle s’est relevée et a suivi la trace
    D’un tout petit sentier serpentant dans un bois.
    Elle va lentement, pleine d’un grand émoi.
    Les arbres et les fleurs aux espèces diverses
    Produisent sûrement ce poison qu’ils déversent,
    Qui envahit son corps d’une immense torpeur ;
    Son cœur est submergé d’un merveilleux bonheur
    Et d’une ivresse étrange : débordant de tendresse,
    Il est en même temps accablé de tristesse.
    Ravie, émerveillée, elle voit dans les airs
    Passer de temps à autre aussi vif que l’éclair
    Un oiseau magnifique à la traîne royale ;
    Il se pose, orgueilleux, entre les fleurs, étale
    Tout l’or de son plumage et toute sa splendeur,
    Et se met à chanter comme un chant de douleur.
    Une émotion poignante emplit alors son âme
    Et l’enfant sent surgir en son cœur une flamme :
    Son corps tout haletant de faiblesse et d’ardeur
    Goûte le douloureux charme de la langueur
    Qui la fait frissonner, alors qu’elle est brûlante ;
    Elle étouffe d’ivresse et se sent chancelante.
    Un chagrin inconnu remplit ses yeux de pleurs ;
    Pour la première fois elle sait la douceur
    Que peuvent procurer d’inexplicables larmes ;
    Elle se jette au sol, s’abandonnant aux charmes
    De sa mélancolie – et pleure de bonheur.
    Suffocante, elle entend la lutte de son cœur
    Entre les sensations vagues et violentes
    Qui s’emparent de lui ; son âme défaillante
    Ne sait que la douceur déchirante et sans nom
    Qui l’entraîne à jamais dans un gouffre sans fond.
    Elle meurt de vertige, expire de tristesse,
    Et son cœur qui bat trop l’enivre d’allégresse…

     

    Psyché (3)

    Psyché, par Gérard

     

     

     
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  • Commentaires

    1
    Lundi 5 Mars 2007 à 12:00
    Non, moi c'est lettres-anglais ! Si les élèves viennent sur mon blog, c'était au départ juste pour voir leurs poèmes et les commentaires que les gens feraient. S'ils vont voir le reste, tant pis ! Vu que je ne cite personne, et que je garde des propos modérés, je ne pense pas que ça puisse me nuire...


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