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Un poème de Renée Vivien
Renée Vivien
Beaucoup d'entre vous n'ont pas lu mes évocations de la poétesse Renée Vivien (1877-1909, pseudonyme de Pauline Tarn, née d'une famille anglaise fortunée établie à Paris). Aujourd'hui j'y reviens avec le bonheur de découvrir qu'entre temps elle a été remise à l'honneur et rééditée largement, avec l'apparition d'un très beau site sur internet - sans parler de la diffusion numérique par la BNF de toutes ses éditions originales ! Pour moi qui avais fait des traductions de Sappho ma spécialité, lors de mes études grecques à Paris, c'est une joie de vous en offrir un nouveau poème, poème précisément en hommage à Sappho (dont on a aujourd'hui simplifié le nom en en supprimant un "p", mais qui dans le dialecte de son île était originellement désignée comme "Psappha").
En effet, Renée Vivien, jeune fille fragile qui avait été séduite par l'entreprenante amazone Natalie Barney, se passionna très vite pour la poésie de cette grande amoureuse des femmes dont on exhumait juste les manuscrits, et en fit de remarquables adaptations.
Les Oliviers
"Et je regrette et je cherche…"
PsapphaLes oliviers, changeants et frais comme les vagues,
Recueillent gravement tes murmures légers,
Psappha, Divinité des temples d’orangers,
Dont le chant surpassa le chant des étrangers…
La montagne a des plis musicalement vagues…
Tes lèvres ont l’inflexion d’un rire amer.
Lasse d’éloges faux, lasse de calomnies,
Tu te hâtes vers l’ombre aux roses infinies ;
Sous tes doigts doriens pleurent les harmonies ;
Tes regards ont le bleu complexe de la mer.
Les vierges se reflètent, tiédeur parfumée,
L’une dans l’autre, ainsi qu’en un vivant miroir.
Tu regrettes et tu cherches, parmi l’or noir,
Des yeux et des cheveux assombris par le soir,
Atthis, la moins fervente, Atthis, la plus aimée…La Vénus des Aveugles
Lemerre, Paris, 1904.
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Commentaires
1mamalilouMardi 1er Février 2011 à 12:00oui mais de nuit c'est givre et vent lugubre....!!! doux bisous pré-matinauxRépondre
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