• Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène

     
          Voici donc la suite attendue de mon article du 13 août "Un Voyage Mouvementé".

         Loin de vouloir raconter ma vie et faute d'avoir pris des notes sur place (ce qui me paraissait totalement superflu), je vais plutôt évoquer avec vous les points principaux de cette rencontre avec les idées ou ressentis qu'elle a éveillés en moi. 

        De même j'avais jugé inopportun de prendre des photographies : j'illustrerai donc peu cet article, sinon avec des images extérieures.

          Lorsque j'entrai, Phène était assise sur une simple chaise pliante au milieu d'une vaste pièce en parquet ciré, face à une trentaine de personnes assises sur deux à trois rangées et presque silencieuses. Sur la droite des baies vitrées donnaient sur une cour goudronnée environnée de petites soupentes où étaient rangés des tables, des chaises et différents ustensiles ; sur la gauche, un pan de rideaux noirs ; au fond, deux petites portes donnant sur des sortes de "coulisses". Et à la droite de Phène enfin, une autre chaise noire pliante exposait le portrait de son Maître environné de quelques fleurs. Je puis bien reproduire celui-ci puisqu'il nous situera le thème de l'Atelier.

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène

    Shri Ranjit Maharaj, né à Bombay en janvier 1913 et décédé en cette même ville en novembre 2000.

     

         Elle était évidemment bien différente de l'image d'intellectuelle froide que j'avais projetée. Nous projetons toujours nos peurs, et la grosse carapace de mon ego est faite d'intellectualité mal digérée. Ma connaissance de l'astrologie m'a beaucoup aidée en me faisant découvrir que je voyageais en cette vie de Vierge en Poissons : le nœud lunaire sud qui indique les origines et le milieu dans lequel on a évolué enfant révèle un attachement aux règles, à la réflexion, à l'étude (Vierge) ; et le nœud lunaire nord vers lequel, avec l'âge, je me dirige de plus en plus me pousse à une ouverture totale, à un lâcher prise total, à un abandon à l'univers (Poissons)...  Phène ne m'offrait pas une image correspondant au caractère Vierge, mais bien à son contraire : les Poissons. Exactement comme Pierre, le premier maître "réalisé" (du moins l'affirmait-il) que j'ai rencontré et fréquenté assez assidûment entre le printemps 1991 et l'été 94.

         Elle me salua aussitôt les mains jointes, le visage éclairé d'un radieux sourire,  et ajouta :

        - Bienvenue chez toi.

       Elle me présenta brièvement aux personnes présentes qui se retournèrent. Intimidée, je fis des saluts de la tête et hasardai un "bonjour" beaucoup plus ordinaire. J'avais hâte de disparaître dans l'assemblée mais tous les sièges semblaient utilisés. Pourtant, me disais-je, elle était bien prévenue de ma venue ?

      - Prends un siège,  me dit-elle en désignant du regard un point vers sa droite.

      Aussitôt deux chaises m'apparurent. Je n'avais qu'à choisir. L'instant précédent il n'y en avait aucune...  

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène
    Jésus multiplie les pains (tiré du site kt42)

     

         Il est certain que les deux chaises devaient être déjà là et que je ne les avais pas vues... Mais aussitôt je pensai à mon "mensonge", premier enseignement que m'avait apporté Pierre guidé alors par les travaux de Judy Gee : "je n'ai pas ma place ici ". Avec ses deux excellentes collaboratrices Brigitte et Joëlle, deux femmes inspirées et expertes en différents arts de guérison, il m'avait fait comprendre qu'en arrivant sur cette terre mon ego comme celui de tous les hommes s'était constitué autour d'une idée fausse, racine de notre culpabilité chrétienne ("le péché originel") et de notre peur, nous obligeant à faire profil bas et à nous consumer dans un statut misérable ; et que pour en sortir il fallait utiliser la "clé" qu'il nous offrait individuellement, et qui mettait l'accent pour chacun de nous sur l'idée de "je suis amour", avec de légères variantes en fonction des personnalités.

          La matinée ne se termina pas tout de suite. Je pus assister à la méthode de Phène. D'une voix très douce et à peine audible, elle nous demandait :

           - Posez-moi des questions

        Parfois souriante et parfois grave elle semblait s'être retirée de son corps et flotter légèrement au-dessus pour ne plus avoir d'interférence avec ce qui est "personnalité", ce qui rendait sa voix comme désincarnée et son regard parfois dur - mais vite presque maternel si le "disciple" se montrait effrayé.

        Quelle question poser ?? Et c'est encore Pierre qui me revenait, Pierre qui changea plusieurs fois de type d'enseignement, ce qui me poussa à le quitter car je pensais avoir fait le tour de celui qui me convenait (mais je trouvais formidable de sa part de savoir s'adapter sans cesse aux nouvelles générations, aux nouvelles idées, et d'offrir au monde une "voie" non figée et d'une créativité fantastique !) : après s'être inspiré de Judy Gee (sophrologue américaine) puis d'Osho (maître indien : ce fut la période que j'ai suivie), il se plongea dans la légende du Graal et nous apprit que le disciple, à l'instar de Perceval, devait savoir poser les bonnes questions. Quelle "bonne question" ? Comme Perceval, je restais muette et me désespérais.

        Et en même temps je me disais : Vouloir poser la bonne question, c'est vouloir être le bon élève !! C'est donc avoir tout faux !! Qui peut dire : "Moi Moi Moi, j'ai tout compris" ? Compris quoi ? "Moi Moi Moi je suis le meilleur" ! Meilleur que qui ?? En quoi ??  Je me taisais donc. Mieux valait passer pour un benêt ("und suche dir, Gänser, die Gans" ! disait Gurnemanz au pauvre garçon dans le Parsifal de Wagner, le chassant de la basilique : "et cherche tes oies, gardien d'oies !") que demeurer dans un 3e chakra (celui de l'affirmation de soi en tant qu'ego) que Pierre m'avait appris, si longuement et laborieusement, à dépasser.

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène

    Dessin réalisé par moi-même en 1992.


         Voici le dessin que m'inspira cette légende de Perceval à laquelle j'adhérai quelque temps encore avant de quitter "La Voie de la Lumière", qui maintenant s'appelait "Le Sentier du Graal"... La personnalité s'ouvre comme une coupe à la Lumière qui la dépasse ; semblable à la Lune qui n'est que le reflet du Soleil, elle se laisse transpercer par l'épée de - l'Amour ? Le travail sur Soi ? L'écoute du Maître ? La destruction de l'ego ? Tout semble une seule et même chose - et la conscience intègre alors la "Perle", autrement dit la Source absolue de toute vie et de tout Amour, Ce que Je Suis. C'était aussi pour moi le passage de la domination du 3e chakra à celle du 4e : le Coeur. La Voie que nous offrait Pierre était celle du Coeur, et sa seule ambition, disait-il, était de conduire le maximum d'êtres sur cette Terre à la véritable ouverture du coeur. 

         Phène justement était en train de désarçonner sérieusement une personne qui s'effrayait de la souffrance du monde, des guerres et des attentats qu'elle voyait se multiplier. Imperturbablement, elle lui répondait que ce n'étaient là que des projections, des créations de son esprit... Difficile à accepter quand on voit souffrir des enfants, répliquait l'interlocutrice. Et pourtant, avec la lecture de Rajneesh et le travail sur ses deux tarots (d'abord celui-ci, que l'on trouve maintenant sous cette forme, puis celui-là, que j'avais d'ailleurs apporté sur moi), je savais bien le mécanisme des projections. Mais la souffrance d'autrui paraît toujours plus intolérable car, si autrui ne fait qu'un avec nous, elle nous jette à la figure la nôtre propre contre laquelle nous ne pouvons rien. C'est ce qu'essayait de lui répondre Phène, avec douceur et patience. 

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène
    Violences à Gaza (photo Nouvel Observateur)


         Il fut enfin annoncé que nous partagerions un repas convivial dans la cour adjacente. J'avais apporté quelques tomates et chips, mais c'est avec un grand coeur que les Angoumoisins présents m'invitèrent à partager de bonnes choses qu'ils avaient confectionnées, tandis que Phène me fit l'immense bonheur de venir s'installer à mes côtés. Je me fis remarquer avec mon tarot Zen dont on réalisa quelques tirages, et le soleil réapparu se fit un devoir de nous taper sur le crâne jusqu'à nous flanquer mal à la tête. Phène s'en était méfiée, mais une des assistantes, plus tard, me confia : "il n'y a pas que le soleil, qui nous a tapé sur la tête !" ... 

     

    (à suivre)...

    Sites où l'on peut trouver Shri Ranjit Maharaj
    (certains sont en anglais) :

    http://sadguru.com/ranjitmaharaj.php​
    http://www.inner-quest.org/Ranjit_Satsang.htm
    http://samadhi.forumgratuit.org/t179-sri-ranjit-maharaj​

    Enfin un enregistrement de lui (en anglais)
    accompagné d'autres mis en lien :

    https://www.youtube.com/watch?v=jtbKvwsOoQE
    Phène a quelque peu adopté ses manières...
     

     
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  • Commentaires

    1
    Lundi 18 Août 2014 à 12:00
    ce n'est pas un maître que tu cherchais tout ce temps, ce sont tes frères et soeurs, tu sais déjà qui tu es, il te faut être ton propre maître, et ton propre élève... tu sais déjà que tous les chemins sont enseignements, et tout ce qui nous fait un on se retrouve tous et toutes, sans effort, un après l'autre, pour savourer...
    2
    Samedi 13 Septembre 2014 à 09:32

    Là on rentre dans le vif du sujet ! la méditation est nécessaire et on trouve dans ton récit beaucoup de choses à méditer ;-) le mécanisme des projections existe mais il n'empêche pas la dualité, cette dualité peut se transformer en unité par amour et en passant par l'empathie. Ton dessin est très riche symboliquement, pour dire vite la lune on la retrouve sous les pieds de Marie et dans la chevelure de Nataraja, la lance-serpent-spermatozoïde vers la perle-porte-ovule, c'est le chemin de la grande lutte pour la vie, et la vie est le bien le plus précieux ! n'est-elle pas ? car la vie naît de l'Amour. L'Amour est la perle... ce grain de sable que l'huître enrobe de nacre, cette souffrance transformée en bijoux, cette métamorphose intérieure ! Le partage avec l'autre quand elle se fait proche c'est comme partager avec la divinité, ce ne sont pas les pèlerins d'Emmaüs qui me contrediront. Merci Valentine pour nous ouvrir ainsi ton cœur.

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    3
    Samedi 13 Septembre 2014 à 09:33

    Bon Jour Martine,

    Merci, merci, merci, d'avoir mis en lien des sites qui présente mon Maître vénéré ! 

    Sais-tu que mon signe astrologique est, comme tu l'as presque deviné, celui des poissons (2 mars) ?...

    Si le disciple semble adopter les manières du Maître, c'est parce qu'en Vérité, il n'est que l'instrument à travers lequel se manifeste la Présence... 

    De tout Coeur, âmie



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