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Le temps va retrouver son charroi monotone ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
(d'après Louis Aragon et Charles Baudelaire)
C'est la rentrée...
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Martine Maillard
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Petit poème, nais sur mon papier,
Et je te donnerai une cage dorée,
Une escarpolette flexible,
Un coin à ma fenêtre…
Petit poème, caracole sous ma plume,
Et je te taillerai un enclos de bois blanc,
Un beau filet de cuir,
Une longe et un piquet !
Petit poème, cabriole dans ma tête,
Et je t’attraperai d’une course précise,
Et je te fixerai sur mes lignes bleutées,
D’un trait définitif…
- Non ! répond le poème. Non, je ne viendrai pas !
Je n’aime pas ta prison,
Je ne t’appartiens pas.
Laisse-moi plutôt flâner en tes rêves …
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Un envol de canards érafle la rivière
Le feuillage d'argent étincelle au soleil
C'est la fin de l'été qui pleure sa lumière
Sur les joncs éblouis de la berge en sommeil
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Il avait une cage où chantait un oiseau
Il eut peur de le perdre et il ferma la cage
L'oiseau chanta plus fort
L'oiseau chanta si fort et pépia si haut
Qu'il eut peur de l'entendre
Il jeta sur la cage une étoffe ouvragée
Pour oublier le chant pour oublier l'oiseau
Mais sous le drap brodé
L'oiseau chantait encore
De sa petite voix étouffée
Et il eut mal si mal qu'il voulut le cacher
A tout jamais
Il courut le ranger dans un placard
Sous une épaisse couverture
Mais dans son rêve
Il vit un tout petit oiseau doré
Qui chantait qui chantait
Un chant d'amour si beau si doux si nostalgique
Qu'il s'éveilla soudain serrant son cœur à pleines mains
Comme s'il allait mourir
Où l'avait-il caché
Pourrait-il jamais s'en souvenir
L'oiseau de ses matins l'oiseau de ses bonjours
L'oiseau de ses soleils
L'oiseau Lumière-de-ses-jours
L'oiseau de Vérité
L'oiseau de sa Vie
L'oiseau de son envol
Oxygène et respiration
Printemps navires et voyages lointains
Il aurait pu mourir
Certains meurent à ce moment-là
Juste lorsqu'ils sentent l'oiseau perdu
Mais lui il se souvint
Il se leva et crut encore
Il crut encore en lui-même
Il alla ouvrir le placard
Ota la couverture
Leva le linge brodé
Saisit la cage et l'amena à la fenêtre
Ouvrit la petite porte
Et prit entre ses mains l'oiseau tremblant
Le réchauffa et lui parla
Soufflant doucement sur son bec et ses plumes
Et lui dit
Chante chante pour moi
Et envole-toi s'il te plaît
Même au risque de te perdre à jamais
L'oiseau ouvrit ses yeux et remua ses ailes
Frémissant de partout il ouvrit le bec pour chanter
Mais aucun son ne vint
Il lui dit
Je t'aime
Tu es l'oiseau de ma Vie
Et il ouvrit ses mains
Alors l'oiseau battit des ailes et s'envola
Mais non par la fenêtre ouverte
Dont les effluves odorants soulevaient ses plumes
Il alla se poser sur son épaule
Et lui souffla dans l'oreille
Le plus beau le plus limpide
Le plus merveilleux des chants d'amour
Il pleura
Cette voix était si douce
Plus douce encore que dans la cage
Plus tendre encore que dans son rêve
Si proche et si intime
Si présente et si caressante
De ce jour l'oiseau ne quitta plus jamais
Ni son oreille ni son cœur
Même pour dormir
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Sur le lac bleu
Là-bas, près de l’île,
Trois jeunes cygnes ont relevé leurs ailes,
Trois enfants-cygnes au plumage fané,
Adolescents trop sages auprès de leurs parents
Aux becs orange et aux yeux noirs…
Sortez tout doucement,
Sans faire de bruit,
Jeunes cygnes couleur de l’œuf !
Le chasseur n’est pas loin…
Restez près de l’île natale
Aux herbes encore vertes,
Au coteau blond doré.
Bientôt vous volerez
De vos ailes immenses,
Vous serez beaux et grands,
Aux longs yeux de velours,
Aussi calmes que l’eau
Que ternira l’automne,
Et chaque nuit pour les hommes
Vous chanterez.
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