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Qui sommes-nous ?
Nous savons tous maintenant que nous sommes les enfants de l'Unique, et donc tous frères et soeurs dans notre aspiration à ce retour vers l'Unité.
Mais les difficultés et les revers demeurent. La belle "Joie" océanique parfois touchée ne se laisse pas saisir. Le sentiment de notre "particularité" nous oppresse et nous projette vers le supposé malheur des "autres".
Le merveilleux Nisargadatta Maharaj, à la toute fin de son existence, donnait ces conseils à ses fervents auditeurs. Dans le texte qui suit, "Q" signifie "question" et "M" est la réponse du Maharaj.
« [Q] : J'ai lu et étudié "Je Suis". Pourtant je suis toujours insatisfait de mon mode de vie.
[M] : (...) Vous avez lu avec le mental. Désormais, quand vous lirez ce livre, considérez que vous êtes la conscience universelle et faites votre lecture et votre étude à partir de ce point de vue-là. Lisez le livre en partant du point de vue que vous n'avez ni forme ni couleur, que vous êtes la lumière.
[Q] : Je n'arriverai plus à lire si je pense ne plus être le corps et le mental.
[M] : Ne vous inquiétez pas de savoir si vous pouvez lire ou non. Faites ce que je vous dis et peu à peu les choses vous seront révélées. Certains sont tout à fait prêts à accepter ce que je dis, alors que d'autres doivent d'abord être battus, et même ainsi ils ne comprennent pas. Mais si vous êtes prêt les choses vous seront révélées. (...)
Vous devez méditer sur le "je suis" sans vous accrocher au corps et au mental. De même que, bébé, vous buviez au sein de votre mère, de même buvez le "je suis", la connaissance de votre être.
(...)
Vous n'arrêtez pas de poser des questions relatives au monde extérieur mais n'essayez pas de découvrir ce que vous êtes. Depuis votre naissance vous avez cru avoir telle ou telle identité. Vous avez d'abord cru être un enfant, puis un adolescent, puis un adulte, puis un homme d'âge mûr, puis un vieillard. Aucune de ces identités n'a eu de permanence. Ce à quoi vous vous accrochez, croyant que c'est "vous", tout cela disparaîtra.
(...)
Si vous dites : "j'ai compris", l'objectif n'a pas été atteint. Vous devez arriver à l'état où vous avez cette impression : "je ne comprends rien du tout" ; vous devez dépasser l'étape de la compréhension, aller au-delà d'elle. Vous devez arriver à cette conclusion : les différentes étapes - de l'enfance à la vieillesse - se sont révélées fausses, quel que soit l'objet de votre compréhension et l'identité dans laquelle vous vous êtes affermi. De la même manière tout ce que vous avez cherché à comprendre au cours de votre recherche spirituelle se révélera faux. Il n'y a rien à comprendre. Méditez là-dessus. »[Le lendemain]
« [Q] : Qu'allons-nous faire aujourd'hui ?
[M] : Être témoin de cette conscience, cette conscience pernicieuse, trompeuse, qui nous fait croire qu'il y a différentes étapes. C'est très simple. Il y a un certain temps cette conscience n'était pas et elle disparaîtra un jour. Vous, par contre, serez toujours présent, en tant que témoin de cette conscience. Vous, l'Absolu, êtes l'état parfait. Vous n'êtes ni la conscience, ni à l'intérieur de la conscience pleine d'exigences et de désirs.
Voici une autre manière de comprendre ce point : quelque connaissance que j'aie acquise par les chants sacrés, la dévotion et ainsi de suite, je l'abandonne à la connaissance de Dieu ; je ne suis pas cette connaissance. Je suis hors du parfum de la connaissance ou conscience. J'abandonne l'ensemble de ma connaissance, moi-même et la conscience à Brahma - la conscience manifestée. La création en soi est Brahma, le feu sacrificiel est également Brahma tout comme celui qui fait le sacrifice.
(...)
Maintenant, comme avant, des choses se passent dans le monde, à la différence pour nous qu'ayant compris que nous sommes sans nom et sans forme il n'y a plus d'activités. Ce qui se passe dans le monde est de la nature du rêve. La personnalité individuelle s'est évanouie. Celui qui sait cela ne peut plus avoir envie d'améliorer un tel monde. Il ne s'occupe plus de son comportement dans le monde.
On peut avoir l'intellect le plus brillant qui soit, et grâce à lui réunir le plus d'informations possibles sur le monde : mais le tout est sans utilité, car faux à la base. »Sri Nisargadatta Maharaj - Graines de Conscience.
Pour compléter et illustrer ses dires, voici deux passages de l'Évangile selon Thomas, traduit par Jean-Yves Leloup. Entre crochets le numéro des "logion" (chapitres).
« [27] Jésus disait :
Si vous ne jeûnez pas au monde,
Vous ne trouverez pas le Royaume.[29] Jésus disait :
Si la chair est venue à l'existence à cause de l'esprit, c'est une merveille,
mais si l'esprit est venu à l'existence à cause du corps, c'est une merveille de merveille...
Mais moi, je m'émerveille de ceci :
Comment cet Être qui Est
peut-il habiter ce néant ? »
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Commentaires
2gazouMardi 27 Décembre 2016 à 14:02Bien sûr, nous aspirons tous au retour à l4Unité mais les mots qu'utilisent Maharaj ne me parlent pas , ne me disent rien...ceux de Saitnt thomas aussi d'ailleurs..Je regrette beaucoup
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Mardi 27 Décembre 2016 à 15:59
Bonjour, Gazou. Il y a deux manières de voir : la manière classique, celle qui découle du mental humain et considère qu'il faut procéder par étapes ; je crois qu'on ne peut l'éviter car toutes les voies spirituelles, religions etc. respectent ce parcours par étapes, alors que ce discours de Nisargadatta les brûle toutes et saute à la dernière d'un seul coup ! Cependant il dit une chose que l'on ne peut éluder : s'il est vrai que la Réalité que nous sommes dépasse totalement le mental humain, peu importe que celui-ci comprenne ou pas... Un message est porté, une graine est semée, et peut-être ton Être Réel l'a-t-Il reçu sans même que tu t'en sois aperçue ? Donc ne regrette rien et surtout, sois toi-même ! Affectueusement.
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Tout ou rien. Ce que je retiens :
-On peut avoir l'intellect le plus brillant qui soit, et grâce à lui réunir le plus d'informations possibles sur le monde : mais le tout est sans utilité, car faux à la base.
-Si vous dites : "j'ai compris", l'objectif n'a pas été atteint. Vous devez arriver à l'état où vous avez cette impression : "je ne comprends rien du tout".
Amitié,
BA-
Mardi 27 Décembre 2016 à 16:03
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4blandineMardi 27 Décembre 2016 à 15:25¨Pas facile pour des non initiés comme moi de comprendre ce texte. je comprend Danae , quand elle dit: nous évoluons du petit enfant au vieillard! Pourtant quand je me tourne vers mon intérieur mes joies sont toujours celles d'un enfant et mes peines , celles de la petite fille sans défense devant les grandes douleurs que la vie me fait subir.
Drôle de réflexion 2 jours après les joies de Noel. Donc, je tourne en rond.Qu'as-tu à me répondre Aloysia? bisesxxx
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Mardi 27 Décembre 2016 à 16:12
Eh bien Blandine, c'est que tu es exactement dans le vrai !! Tandis que ton "mental" (ton esprit humain qui raisonne) prétend ne rien comprendre du tout (ce qui est parfait) en réalité tu as senti la vérité de ton Être : malgré les changements extérieurs du corps tu sens que tu es toujours la même, toujours aussi fraîche qu'au premier jour où ta conscience s'est éveillée ; en d'autres termes, tu n'es pas ce corps qui vieillit, mais la conscience qui préexiste à ce corps... et dans ce cas tu es d'accord avec le Jésus du l'évangile de Thomas : comment cet Être que Tu Es peut-il être emprisonné dans ce "néant" qu'est le corps physique ? Impossible !
La Joie de Noël est toujours présente puisqu'elle suppose que le "petit Jésus" que nous voyons n'est qu'un symbole, celui de la découverte de ce que nous sommes vraiment : la Lumière (de la Vie) présente dans les Ténèbres (de la Matière) et que les Ténèbres ne peuvent saisir car elle ne leur appartiendra jamais.
Je t'envoie plein de bises, Blandine.
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ce que je suis, un humain ordinaire et incomplet ; je pleure peut être à cause de cette incomplétude, ce temps d'avant où nous étions réunis, ensembles, brillant chacun dans la lumière de l'autre, chaque éclat rendant l'autre plus éclatant. rien n'est stable, cela fatigue par moments. Bises
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Mardi 27 Décembre 2016 à 18:17
C'est l'instabilité qui te fatigue ? C'est pourquoi il faut réussir à se poser dans ce qui est stable, ce regard "témoin" de celui qui fait "un pas en retrait" et contemple la vie comme on regarderait un film ou un rêve... C'est très difficile au début du moins, dans la mesure où on y joue un rôle et a du mal à ne pas s'identifier à ce rôle. Se regarder soi-même comme un autre, voilà le point de départ. "Aimer l'autre comme [étant] soi-même" est le point d'arrivée, qui advient naturellement lorsque le "soi-même" s'est vraiment dissous ...
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Idem... Je l'avoue, cela me donne un peu le tournis... Alors rien d'anormal d'avoir ce ressenti à la lecture de ton article.
Bisous Aloysia
Béa kimcat
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Mercredi 28 Décembre 2016 à 16:58
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Et sache que tes écrits ne me font pas rire... Et que si j'ai le tournis c'est parce que mon besoin d'apprendre est fort mais ma compréhension est partielle. Bises. Je ne voulais pas te manquer de respect. BisesJe n'ai jamais eu l'impression que tu m'aies manqué de respect, chère Durgalola. J'ai simplement été déconcertée par ton article et n'ai pu m'empêcher de relier mon incompréhension à celle que j'ai manifestement infligée à mes lecteurs par cet article... Je connais ta délicatesse et la sincérité de ta démarche spirituelle. J'apprécie également ton effort perpétuel pour apporter à tes lecteurs des textes ou images susceptibles de les nourrir, de les enrichir ou simplement de leur être agréables. C'est pourquoi j'ai tout naturellement pensé qu' on pouvait s' amuser de voir qu' après avoir édité un texte difficilement compréhensible je me trouvais à mon tour confrontée à un article que je comprenais mal... Un juste retour des choses pour ainsi dire.
Moi je me suis toujours méfié des connaissances ! Ce ne sont que des vernis. De toute façon plus je vieillis et plus je m'aperçois que je ne connais pas grand chose. Et ça me va comme un gant !!Mes préoccupations sont ailleurs.
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Jeudi 29 Décembre 2016 à 18:24
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C'est plutôt rassurant. J'en suis au point où tout me paraît illusion. J'écris comme n'écrivant pas. Je doute de tout ce que je pense et dis, de tout ce que j'entends... bref, je suis immensément paumée... ce qui ne m'empêche pas d'apprécier mes moments de yoga ou une tisane, même amère, ou regarder mes chats, ou le ciel...
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Mardi 10 Janvier 2017 à 17:32
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Bonjour Aloysia et merci pour ce billet que j'ai lu avec beaucoup d'attention et sur lequel je reviendrai car il est très dense et demande du temps, en tout cas pour moi.
"La personnalité individuelle s'est évanouie." Je comprends bien, il me semble ce que veut dire là le Maître, mais ce qui me pose problème, et peut-être pourras-tu m'éclairer, ce sont les phrases suivantes : "Celui qui sait cela ne peut plus avoir envie d'améliorer un tel monde.Il ne s'occupe plus de son comportement dans le monde."
Ne pouvons-nous donc pas intervenir sur ce "rêve" qu'est le monde? Que pouvons-nous faire?
Beaucoup de questions, ce matin !
Mes amitiés
Alain
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Lundi 6 Février 2017 à 18:03
Bonjour Alain et merci de ta visite ! Celui qui réalise ce qu'il est réellement constate que le corps par lequel il s'exprime n'est qu'un amas d'éléments matériels, et que le mental qu'il utilise ne fait que fournir des pensées, des émotions et des sensations qui vont et viennent mais ne lui appartiennent pas ; tant et si bien qu'après un certain temps d'observation il voit que même l'histoire personnelle qu'il pensait être la sienne n'existe pas, tout se produisant par le plus grand des hasards dans des conditions qui lui échappent totalement : c'est alors qu'il comprend qu'il fait partie de l'ensemble "monde" et n'a aucun pouvoir sur rien. Ce qu'on appelle "personnalité" est un ensemble conçu a posteriori par le mental qui cherche à tout conceptualiser ; il en est de même pour tout le soi-disant "vécu" passé. Seul est réel le présent, et à l'intérieur de celui-ci, la sensation d'exister. S'il n'y a aucune personnalité, s'il n'y a aucune possibilité de nous soustraire à ce qui se produit spontanément, comment pouvons-nous imaginer avoir quelque action sur quoi que ce soit ? Ce ne sont encore que des pensées, qui passent comme tout le reste. Nous pouvons avoir l'impression d'agir, mais qui agit, sinon un mouvement spontané de la vie, que nous interprétons comme appartenant à une personne que nous croyons être nous ? Le vrai "Soi" est uniquement le témoin de tout cela.
Cela dit, tes poèmes sont super !! Mais c'est le "Soi" divin qui s'exprime ainsi à travers ton corps et ton psychisme.
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Merci Aloysia pour cette réponse détaillée et très complète. Je me rappelle en te lisant ces propos de Gurdjieff disant qu'« un homme ordinaire ne peut rien faire », que « pour faire, il faut être. »
J'avais lu cela il y a des années. Je me demandais ce que cela pouvait bien vouloir dire.
Il est vrai que bien souvent ce que nous entreprenons aboutit à l'inverse de ce qui était prévu.
Je te souhaite une bonne soirée.
Alain
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Lundi 6 Février 2017 à 19:28
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Bonjour Aloysia, la vérité à laquelle je m'attache c'est l'impermanence ainsi nous évoluons du petit enfant au vieillard et bientôt nous aurons cessé d'exister dans ce monde qu'on a bien du mal à imaginer irréel ! Donc il faut se tourner à l'intérieur de nous-mêmes, puisque on ne peut le faire autour du monde extérieur. Bon tout cela est difficile à comprendre. Je vois que tes cadeaux reçus ont porté ses fruits !!! Bises
Ici -bas, il n'y a que cadeaux et fruits du cadeau ! Bises, chère Danaé.