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    Les immortelles

     
    Photo Julie Gauthier

     
     
    Couronnes esquissées
    Toutes de blanc et d’or
    (Sur les fleurs effacées
    Sur la pierre qui dort)

    Elles glissent lassées
    Sur les rives sans bords
    Des étoiles glacées
    Et prennent leur essor

    - J’ai pu toucher une aile !
    Mes doigts en sont brûlés –
    Un fouillis d’étincelles

    Et les cieux aveuglés
    Leur rendent l’éternelle
    Image des reflets

     
    Le Rossignol d’Argent
    © Editions Saint-Germain-des-Prés - 1974
     
     

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    Les arbres de la rue ont revêtu ce soir
    Une parure fauve et folle exfoliée
    Une parure d’or aux anges dédiée
    Colonnes chapiteaux et voûtes en sautoir

    La lumière en émane ainsi que d’un miroir
    Et la branche en extase à l’autre reliée
    Lève comme en dansant ses feuilles déliées
    Pour former devant moi un étrange couloir

    Arcs brisés flamboyants de vive cathédrale
    Vous évoquez le feu miroitant du dédale
    Où je me promenai enfant l’œil ébloui

    Au milieu des splendeurs du Palais des Mirages
    Aujourd’hui vous priez arbres sur mon passage
    Et à vous écouter le Ciel s’épanouit
     
     

     

    Karol Szymanowski (1882-1937) :
    Concerto pour violon op. 35 n°1 (extrait)
    avec Thomas Zehetmair, violon et le
    City of Birmingham Symphony Orchestra
    sous la direction de Simon Rattle
     
     
     

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        Je vous ai parlé autrefois de mon ancien lycée : le Lycée François Couperin, à Fontainebleau.
        Je viens d'en retrouver une photo, qui date de l'été 1966 ; j'avais 15 ans et j'allais entrer en première, dans de nouveaux bâtiments qui venaient d'être construits en dehors de la ville.
        Ce porche est devenu celui de l'Ecole des Mines.



        Cette même année, au mois de janvier précédent, j'avais écrit (en m'amusant) ce poème décrivant les affres de mes études de seconde, et mon aspiration à étudier le chant.
        Tandis que je râbachais dans ma chambre ma composition d'histoire, mon père, au rez-de-chaussée, diffusait à pleins tubes le Don Giovanni de Mozart. J'en ai fait deux sonnets, puis des paroles fantaisistes sur l'air entendu.


    - I -

    Composition d’histoire ! Et me voici lancée
    Au pied de plus de cent pages de révisions ;
    Dieu ! Que je n’aime pas cette composition !
    Il faut s’y résigner : c’est ainsi au lycée.

    D’abord, le Montagnards : Robespierre est athée ;
    Le Directoire vient après la Convention ;
    Puis c’est le Consulat ; enfin Napoléon.
    Ce n’est pas rien, et je n’en ai aucune idée…

    Pourquoi nous obliger à savoir tout cela ?
    C’est triste d’étudier ce qui ne vous plaît pas.
    Bien sûr, je ne hais pas Bonaparte et l’Histoire,

    Mais c’est si fastidieux d’apprendre tout par cœur
    Et de perdre son temps aux dates des victoires,
    Quand on a tel désir d’une autre étude ailleurs !


    Arrestation de Robespierre



        - II -
     
    Mais voici qu’un accord magistral et tragique
    Vient troubler mon esprit dans sa méditation.
    Arrachée aussitôt, ma légère attention
    Tout entière s’enfuit, s’attache à la musique.

    A présent, c’est fini, plus de faits historiques :
    J’ai déjà reconnu Don Juan et ses passions,
    Mon âme est à Mozart, à son exaltation,
    Je ne m’occupe plus des hommes politiques.

    Mon cœur bat, retrouvant des passages si beaux,
    En découvrant plus loin encore des nouveaux :
    Sans cette histoire-là, je serais si heureuse !

    Une voix féminine est en train de chanter ;
    Et je ne sais pourquoi, à force d’écouter,
    Je crois bien que j’en suis retombée amoureuse…


    (Ce que disait la voix )
    « L’Histoire m’énerve !
    C’est trop difficile !
    Abandonnons-la,
    Et chantons, et chantons
    Notre ivresse…
    Don Giovanni m’exalte ;
    A bas, Napoléon !
    A moi, Don Juan ! »


    (Grand air de Donna Anna "Or sai chi l'Onore",
     interprété par Edda Moser avec l'Orchestre
    du Théâtre National de l'Opéra de Paris
    sous la direction de Lorin Maazel)

    Edda Moser
    Edda Moser dans le rôle de Donna Anna


    (Martine Maillard,
    Composé à Fontainebleau, le 29/01/1966)
     

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  •      En clin d'oeil à Nat et à son bel article sur l'olivier je réactualise ici un de mes sonnets, écrit à l'époque de ma jeunesse où, fréquentant Malherbe, Ronsard et  Du Bellay, j'aimais à pratiquer cette forme poétique.
     


    Olivier

     

    Sous l’éclatant soleil de la divine Hellade,
    Dans le vert paysage ébloui de chaleur,
    Il est un clair ruisseau frais au milieu des fleurs
    Qui chante de l’argent et coule des roulades.

    Endroit chéri des dieux, où flottent les senteurs
    Des bois silencieux où dorment les dryades !
    Par-delà les parfums surgis de la cascade,
    Une haleine divine exhale sa douceur.

    Entre les oliviers passe une tiède brise ;
    Au creux du ruisselet que le soleil irise
    Scintille le gravier : tout est félicité.

    C’est ici, sous ce pâle olivier qui palpite,
    Que vient se délasser la rêveuse Aphrodite
    Tandis qu’Éros brandit son arc avec fierté.

     

    Écrit le 15 mai 1967

     
     
     

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    L’ombre fuit devant moi avec ses traînées bleues,
    Ses îles de lumière en dérive dans l’air…
    Je vois encore tes yeux qui m’implorent et qui pleurent,
    Qui boivent dans les miens la rosée de mon cœur.

    Tu es la fleur bénie à l’orée de ma vie,
    Accrochée à la rive ainsi qu’un coquillage,
    Et ton parfum m’enivre et me pousse en avant
    Comme un vent de vigueur déployé pour ma soif.

    Petite âme précieuse endormie loin de moi,
    Que la nuit te réchauffe et te dise tout bas
    Tout ce que je voudrais te glisser à l’oreille :

    Tous les secrets d’amour de l’univers complice,
    Les promesses à venir que murmurent les ombres,
    Le doux chant des étoiles, et l’appel clair du jour…

     

     

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