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    Sur le sable

     

    Au rythme de nos pensées
    La vie s'écrit sur le sable
    Et la vague l'efface

    Chaque pensée plus belle
    Chaque image plus chère
    Chaque vague plus douce

    Demeurer au creux
    Du ressac parfait
    Oublier le trait

    Être le sable
    Être le flux qui part
    Le mot disparu

     

     

     

     


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    Flamme

     


    Au commencement
    Une allumette a été craquée.


    Vive, la flamme s'est élevée
    Provoquant la vision des mondes
    Et la sensation de brûlure.


    Crépitement,
    Vie !

    Agitation, douleur,
    Calcination,
    Mort...


    Et courir, courir après la flamme,
    Après ce qu'il reste de flamme !
    Fuir la noirceur qui s'éteint !

    ...

     
    L'allumette a été brûlée.
    Plus de sensation.

    Où est parti le feu ?

     

     Que reste-t-il ... ?

     

     


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  • (Suite de cet article)


            Je pratique le Pardon depuis si longtemps, qu'il m'était difficile hier de trouver une personne avec laquelle recommencer la procédure... encore que cela n'est pas interdit. Mais je savais qu'à la dernière minute le travail à faire me serait soufflé.

             Lorsque j'ai eu trouvé l'endroit idéal où m'asseoir au cœur des bois, j'ai entendu cette injonction :

    - « Ma vie ».

      Une autre voix s'est élevée en moi, moqueuse :

    - Non mais ça ne va pas ? C'est complètement idiot !!

       Alors je me suis dit aussitôt :

    - Bon, j'ai compris : si ça rouspète à ce point, c'est que je dois le faire... 


     *

        Et de fait, j'avais bien des griefs contre "ma vie", et mes larmes ont coulé. Elle ne m'avait pas faite comme il fallait, elle ne m'avait jamais donné ce que je lui demandais ; elle m'avait jetée dans des situations que je n'avais pas su gérer, m'avait rendue totalement ridicule, avait constamment détruit mes espoirs... D'ailleurs n'avais-je pas écrit à l'âge de 30 ans un roman commençant par ce vers d'Aragon :

    Dites ces mots Ma Vie et retenez vos larmes ?

       Il était urgent de le lui pardonner et de comprendre quels étaient mes torts, à moi.

       D'abord on ne juge pas d'une œuvre d'art avant que Son Artiste ne l'ait achevée... Ensuite, je La sentais autour de moi, immense et frémissante, d'une Beauté dépassant toute possibilité d'expression... Elle me nourrissait, elle me caressait, elle m'éclairait... Comment lui en vouloir ? Je compris peu à peu que j'avais eu tort de chercher à la posséder comme un objet qui s'acquiert ; de la poursuivre en permanence alors qu'elle était imprévisible.

         Et c'est seulement dans la nuit que j'ai fini par comprendre qu'elle ne m'appartenait pas ! Que le simple possessif à lui seul marquait toute mon immense présomption ! Comment réclamer, quand seule s'impose la Gratitude ! La Vie ne m'a pas été donnée, ni même prêtée : elle m'a créée, elle m'inonde, je baigne en elle...

            Et voici que sur le matin j'ai rêvé d'une fillette qu'un éléphant attrapait avec sa trompe pour la placer, non pas sur son dos où il avait déjà des charges, mais dans sa bouche ; et tandis que tout le monde autour hurlait d'effroi, la fillette n'avait pas peur. Délicatement il la déposait sous sa langue et de sa langue il la couvrait comme d'un immense pagne rouge ; et c'était BEAU !! Et la fillette souriait de bonheur et demeurait ainsi promenée par l'éléphant comme une reine.

      

    L'Eléphant

     

           Ainsi étais-je portée par la Vie... disparaissant si elle fermait la bouche, mais quelle importance ? Son Souffle me traversait tout entière.

            Or c'est hier soir, avant tout cela que j'ai écrit ce poème, pour "ancrer" mon travail avant que l'heure de la Pleine Lune ne soit dépassée.

           Voici.

     

     
    La Vie

     

    La Vie est venue à moi,
    Comme une fée sautant, dansant
    Dans ses voiles...

    La Vie m’a inondée de couleurs chatoyantes,
    Dansantes et chantantes.

    Mais en rêve
    Elle a changé d’aspect.
    Parsemée de piquants, elle m’a déchirée,
    Et son regard de braise a dévasté mon cœur.

    Alors je l’ai cherchée de l’aube au crépuscule,
    Au labyrinthe obscur
    Où j’avais cru saisir un pan de sa tunique.

    Je l’ai cherchée sans trêve,
    Mais n’obtenais jamais qu’un rayon orphelin
    - Parfois vert, parfois bleu,
    Parfois rouge ou doré -
    De son bel Arc-en-Ciel …

    Et j’entendais son Rire se perdre dans la nuit.

    Où étais-je, pleurant au Palais des Mirages ?

    Environnée de sa dentelle vaporeuse,
    Noyée dans son parfum,
    Je m’éveillai enfin dans des cristaux de larmes.

    Et Elle me portait,
    Splendide et transparente,
    Irradiant le bonheur jusqu’à l’Infinitude !

    Elle était mon coussin, ma livrée, ma couronne,
    Lumineuse et limpide,
    Elle était mon support, mon souffle et ma Merveille… !

    Je n’étais faite que d’Elle ;
    Sans Elle je n’étais rien.

    Et je la sentais bruire et caresser mes sens,
    Vibrante et plus intense
    Qu’un Océan d’Amour.

      

    La Vie

     

     


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              Serions-nous ce cours d'eau, qui ne se laisse perturber par rien de ce qui l'environne mais au contraire glisse imperturbablement en lui-même, intouché, inchangé, jusqu'à découvrir que plus rien ne le définit, car dans l'océan il est dissous ?

     

     La symphonie du Ruisseau 1 (Pierre Lescaut)

     

    Elle a surgi
    On ne sait d’où

    Ni comment

     

    Elle serpente à travers champs
    Gaie et chantante
    Sourit aux fleurs

    Aux herbes folles

     

    Elle serpente à travers bois
    Pénètre au creux des noirs fourrés
    Se glissant entre les racines

    Passe un goulet et ressurgit

     

    Elle serpente à travers monts
    File entre les rocs escarpés
    Saute des creux heurte des bosses

    Et plonge en cascade rieuse

     

    Elle s’étale dans la plaine
    En reflétant les blancs nuages
    Elle se rit du vent des grêles

    Et se grise des chants d’oiseaux

     

    Et puis soudain voici l’estuaire
    Et tout à coup plus de rebords
    Elle est dissoute dans le flux

    Où était-elle Que fut son cours

     

    Et puis voici c’est l’Océan
    Plus de limites de mouvement
    Point d’origine et point de terme

    Espace ouvert infiniment

     

     

    Océan

     

     


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