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Par Aloysia* le 3 Avril 2009 à 12:00
De princesses enchaînées,
Il avait fait des chevelures de comètes
Qui glissaient sur les fonds pourprés
Des mille et une nuits de précieux cristal.
Et jamais plus il ne devait revoir
Ce ruissellement des joyaux ensevelis,
Cette clarté magique des palais endormis,
Ce blond miroitement des jardins engloutis...
Halluciné, pressant son rêve dans ses bras,
Il marcha jusqu'au seuil flamboyant.
Un flot d'oiseaux chantants alors l'envahit
Et vaincu, il coula dans l'espace infini.
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Par Aloysia* le 26 Mars 2009 à 12:00
"Le Bateau Ivre" Peinture d'Arlette Art, tiré de ce site.
Je descends du sommeil des étoiles prochaines
Elles tournent pareilles au feu de mes décombres
Éclaboussées d'ailleurs oubliées des serpents
Pauvres comme la nuit des rêves engloutis
La chaleur des tes yeux était comme un navire
Et j'avais pris la mer vers tes contrées sauvages
Mon épave abîmée abandonnée des voiles
Où as-tu donc perdu ta flambée d'étincelles
Le brasier t'a quittée tu n'es plus qu'un reflet
Ton image dans l'eau peu à peu disparaît
Tu t'enfonces enchaînée aux bras gluants des algues
Et mes larmes en tombant effacent ton image
Je suis liée au ciel par mes bras écartés
Et la barque poursuit son chemin extasié
Vers les bords chatoyants des horizons cachés
Silencieuse parmi les retombées d'azur
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Par Aloysia* le 17 Décembre 2008 à 12:00
Fresque de Giotto représentant Saint François d'AssiseLes oiseaux de mon rêve fuyaient par les fenêtres,
A l'hôtel Saint-François-d'Assise ;
Pour combler ma tristesse il ne demeurait plus
Que des membres, des têtes en céramique enfouis
Parmi l'amas des fleurs en pots,
Sous des dalles de marbre, en des baignoires vertes.
Était-ce bien mon sang qui brunissait ainsi
Les draps blancs de mon lit jusqu'à les traverser,
Chambre cent quarante-et-un ?
Une enfant esseulée semblait contre une porte
Osciller à mourir pour devenir fauvette,
Et bientôt se perdait...Au retour du voyage il se mit à pleuvoir,
Sur les rues, les trottoirs, les rails et les voitures...
Quel lugubre retour d'une quête inutile !
Point de paix, point d'amour, point de lumière encore ;
Et j'avais tant cherché, dans l'hôtel des oiseaux,
Un émissaire enfui pour m'expliquer le ciel !...1 commentaire
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Par Aloysia* le 21 Septembre 2008 à 12:00Et puis je suis partie sans être condamnée ;
J'ai regardé le fleuve à jamais arrêté,
Sourire de métal obscur, et j'ai rêvé
La pente descendant vers l'enfer inhumain,
La mort du devenir dans l'envol éclaté,
La cigale cassée comme un jouet d'enfant...
Morte à demi, et presque effacée de la vague
Traînant encor sur soi l'écume du grand large,
Je m'en fus au pays où tout se décompose,
Étrangère au soleil opaque de la nuit…
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Par Aloysia* le 29 Mars 2006 à 12:00Puisque je suis dans mes anciens poèmes, en voici un de ma période "symboliste".
Après l'étude poussée de l'alexandrin et la lecture abondante de Racine, Hugo, Musset ou Edmond Rostand, qui m'avaient rendue si experte en l'art des rythmes et des rimes que j'en écrivais des pages et des pages sans effort, je participai à un concours de poésie où je ne fus pas retenue, et où le vainqueur écrivait "moderne"! Cela me fit réfléchir, et je commençai à m'intéresser au vers libre.
Cependant l'inspiration est ici plutôt Verlainienne : il y a même un vers qui rappelle Maeterlinck dans Pelléas et Mélisande... (Acte 2, la Fontaine des aveugles : "elle est fraîche comme l'hiver").
J'ai écrit ce poème tout d'un trait, presque sans réfléchir, en 68 ou 69, et il est publié avec mon premier (et seul) recueil édité, dans la partie préliminaire intitulée "Pour Survivre". En effet, à l'adolescence j'étais très, très triste...Pleurez oiseaux bleus du printemps
Pleurez oiseaux verts de l’automne
La pluie triste et douce chantonne
En larmes chaudes sur l’étang
Calmes soirées sous les averses
Bleuités troubles du ciel gris
Où tremblent des rayons épris
De feuilles vertes qu’ils transpercent
Larmes de vent larmes du cœur
Larmes d’espace où l’or ruisselle
Larmes aux sourdes étincelles
De désespoir et de douleur
O douce voix qui t’es brisée
Dans le sous-bois un soir d’hiver
Quand l’oiseau mort sous le couvert
Perdait ses plumes irisées
O blanches gouttes sur ton front
Qui était ceint de la couronne
Et de ta gloire qui rayonne
Et de te cheveux plus que blonds
O larmes bleues sur tes joues pâles
O spectre du passé qui meurt
O nuits mortelles de terreur
Qui déchirent nos blancs pétales
A présent c’est la pluie qui vient
La pluie qui règne enveloppante
Qui nous transit et nous enchante
Et nous endort et nous retient
Elle est fraîche comme un sourire
Elle est froide comme la mort
Elle résiste à notre effort
Et nous soumet à son empire
Nous ne sommes plus que du froid
Où dégouline un peu de lierre
Nous sommes pareils à la pierre
Qui reçoit la pluie sans émoi
Ce sont larmes si tristes douces
Larmes vertes et bleues sans fin
Que l’on croirait voir le matin
Se fondre au soir parmi les mousses
Ce sont pleurs si mystérieux
Coulant sur les fleurs en silence
Que l’on dirait que le ciel pense
Au-delà des arcs radieux
Et quand l’averse recommence
Un chagrin si bouleversant
Que la rosée en se berçant
Glisse à terre en pleurs d’impuissance
Une tendresse se répand
Une épouvantable tristesse
- Alors un navire en détresse
S’enfonce dans les flots mouvants
Sombre se noie perd sa couleur
S’efface et se confond aux ondes
Disparaît dans les marées blondes
Et n’est plus qu’obscure douleur
Extrait de "Pour Survivre"
in "Le Rossignol d'Argent"
© les éditions Saint-Germain-des-Prés, 19741 commentaire