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Par Aloysia* le 19 Février 2013 à 12:00
Certains d'entre vous ont été surpris, hier, de me voir exhiber un sonnet, alors que mes habitudes sont à la poésie "contemporaine". Je dois avouer que, plus jeune, j'en ai écrit beaucoup, ayant été nourrie de classicisme, et que j'essaie parfois de me ressourcer à cette dure école qu'est la versification dite "classique". Le sonnet d'hier appartenait au genre que l'on dit "irrégulier", car les rimes des deux quatrains ne sont pas identiques et de plus il n'est composé ni en alexandrins, ni en décasyllabes - comme ceux de Ronsard et de Du Bellay.
Aujourd'hui, je reviens au contemporain, avec ce poème que j'intitule "Mémoire"...
(Image tirée du net - site bretagne.com)
Mémoire si loin du cri
Terre grattée des ongles
de ceux qui cherchent des fossiles
Instant noyé dans l'Imparfait
Miroir des mots
À l'étang reflétés
Vague qui bruis
Ondulation qui triomphes du temps
Miroir
Miroir où mes yeux sondent
un abîme incertain
Mémoire
Je te défends d'installer tes empires
de chaux de sable de poussière
Tu seras le passé endormi sous les eaux
Et jaillira le chant
exhalé du profond
Et jaillira le cri
qui fut est et sera
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Par Aloysia* le 5 Décembre 2012 à 12:00
Image tirée du netPar les chemins du monde je me suis perdue
De miroir en miroir j’ai vu trop de reflets
Reflets dansants
Reflets chantants
Ils se sont refermés ainsi que des pétalesO fleur chagrine qui te fanes à l’hiver
O rides qui courez sur l’onde chavirée
Mes chemins se sont évanouis
Et me voici posée
Le regard dans mes mains
Par un jour sans soleilPeut-être viendra-t-elle et me sourira-t-elle
La nuit tranquille et muette
Sans que tintinnabulent ses clochettes d’étoiles
Comme au temps des cabris et de leurs rondes follesJe cherche mon bâton pour poursuivre à tâtons
Une route qui danse
Au brouillard du matin1 commentaire
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Par Aloysia* le 8 Novembre 2012 à 12:00
Ce poème, composé lorsque je fus propulsée en rase campagne berrichonne, moi la petite citadine coutumière des forêts d'Ile-de-France, m'a été emprunté par Robert Bichet pour figurer dans une de ses œuvres, "Berry, Terre d'Inspiration", où il est déclamé seul en prélude à l'oeuvre musicale : à partir de cette difficulté d'adaptation rencontrée au début, celle-ci peu à peu va évoquer un amour grandissant pour la région et se terminer sur un poème ultérieur du compositeur cette fois, à la gloire de la terre berrichonne et lu par lui-même.
Il me semble qu'il convient assez bien à la saison actuelle. Grâce à l'enregistrement qui fut fait lors du concert, vous pourrez m'entendre ci-dessous dire ce texte si vous le souhaitez.
Cygnes sur le Cher
Nous avons fui vers le terroir humide
Déjà les troncs sont noirs et le feuillage ambré
La rivière se gonfle et roule un flot boueux
Le ciel est tourmenté l’automne est roi
Mais un automne lourd malade
Et les oiseaux sont loinAh ! que ne vous avons-nous suivies
Hirondelles et cigognes
Vers les terres rouges et âcres des déserts !Nous allons vers la nuit et la maison se ferme
Frileusement sur sa chaleur
Dans l’attente de son Noël
L’absence de NoëlCar où l’enfant naissait la nuit était bien douce
Chaude de tous ses habitants
Tranquille et toute plombée d’étoiles
Vibrante d’anges et d’animauxOh ! partons au désert où sont les hirondelles
Et suivons la cigogne jusqu’à l’ibis sacré
En Égypte devant les immenses piliers
Des temples millénaires
Au parvis des tombeaux creusés dans la montagne
Jusqu’au cœur de la terre
Où sont les dieux dormant
Et le palpitement d’un soleil oubliéTemple d'Hashepsout - Égypte
(Déjà publié sur ce blog en 2005)
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Par Aloysia* le 19 Septembre 2012 à 12:00Tes regards ont sondé ma nuit
Les paillettes sont tombées
L'espace d'un souffle
D'une grande déchirure blanche
J'ai vu flamber tes cheveux
Et puis
L'espace s'est déployé
Et c'est le règne du silence
Où se dessinent
Des myriades d'avenirs-oiseaux
Ta voix a touché mon cœur
L'écorce a fondu
Et d'une soudaine floraison
L'amour en a jailli
Dans un grand arc de feu
Alors
La vie s'est animée
Et j'ai vu naître des étoiles
Et des sourires
Et des fusées de souvenirs
Aujourd'hui que je n'ai plus rien
Que je ne suis plus rien
Qu'un soupir avec quelques larmes
Regarde un peu mon âme
Pâlie et qui hésite
À te regarder vivre
Regarde
Le jour a reparu
Où nous voyons ensemble un arbre
Où nous voyons la mer
Et le joyau de l'existence1 commentaire
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Par Aloysia* le 19 Mai 2012 à 12:00
Ils avaient dîné très tard.
Des lustres, les chandelles s’affaissaient en pleurant...
Les lampions rougeoyants souriaient un peu ivres,
Noyés dans le brouillard tiède.
Sur eux le Songe se fermait
Comme un grand coquillage…
Aveugles, ils s’endormirent,
Vaincus par l’éternel sourire des soleils
Qui glissent à rebours des cercles enchantés,
Étourdis par les pleurs intermittents des astres
Cloués à leur abîme.
Et lorsqu’ils s’éveillèrent,
Ils étaient seuls !
Seuls…
Ils se regardaient
À travers l’ombre hostile,
Balbutiant des mots
Qui n’avaient plus de sens…
Étrangers,
Éperdus,
Ils se cherchaient,
Mais ne se trouvaient plus !
Extrait du "Rossignol d'Argent"
Éd. Saint-Germain-des-Prés, 19741 commentaire