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    La nuit s'épand ainsi qu'une onde
    Épaisse et âcre
    Chaque jour plus profonde
    Et plus noire que l'encre
     

    Avec le vent qui souffle et la pluie opiniâtre
    On croirait se noyer
    Dans un vortex brunâtre
    Aux ailes déployées
     

    L'arbre s'est dénudé et plie sous les rafales
    Fouetté par l'averse
    Il se laisse glisser dans la nuit qui l'avale
    Au vent qui le traverse
     

    Nous allons par le fond
    Navire démâté
    Tout devient déraison
    La vie est emportée

     

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    Mais dans le cœur de l'arbre est un puits de silence
    Un lieu qu'on ne voit pas
    Mais qui demeure et pense
    Tout bas
     

    Et quand je me recueille au chaud dans ma poitrine
    Il y a ce cœur-là
    Qui chante et s'illumine
    Si bas
     

    Les bruits les sifflements les hurlements du monde
    Rien ne peut étouffer cette étrange chaleur
    Cette lueur qui monte
    Ce silence invisible et que l'on sent vainqueur
     

    Il suffirait d'un rien
    Pour qu'il naisse au grand jour
    Mais son sourire advient
    C'est celui de l'amour
     

    Alors la grande nuit tout à coup se déchire
    Car Noël est venu qui ouvre les fenêtres
    La fenêtre à la vie qui est un grand soupir
    La fenêtre à l'amour qui fait tout reparaître

     

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  • (Réédition)

    cascade6qb.jpg

     

    J’ai passé les rideaux translucides des sources,
    J’ai écarté les pans obliques des cascades,
    Et j’ai porté mon ciel jusqu’à l’humble fontaine
    Glissant comme une ondée du coquillage blond.

    Une nymphe y dormait sur un lit de feuillages :
    Son sourire égaré en était le trésor,
    Ses cheveux reflétaient l’écume des rivages...
    Dans sa main étoilée sommeillait l’oiseau d’or.

    J’ai posé mon offrande entre ses émeraudes
    Et rafraîchi mon front à sa rosée d’avril.
    L’averse scintillait… Étais-je vive ou morte ?
    Je rêvais à genoux la naissance du monde. 

     

    Extrait du "Rossignol d'Argent"
    © Les éditions Saint-Germain-des-Prés
     
     

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  •       Dans ma quête du Féminin Sacré, il y a quelques années, j'ai écrit ce poème traduisant le désir de la retrouver au fond de moi, "Elle" - qui peut s'écrire aussi "Aile", puisqu'elle est l’Âme, celle qui élève à une autre dimension, à travers le plus parfait Ici et Maintenant, l'Instant figé d'une course vertigineuse... Le poème lui-même adopte la forme d'une aile d'ange, vue de profil.

     

    Ailes.jpg

     

    Puisque la vie n'est qu'un bruissement d'aile

    Du premier jusqu'au dernier jour,
    Puisque mûrir c'est n'avoir plus que d'Elle
    En guise d'Amour,

    Je veux périr
    Sans coup férir,
    Je veux transir
    Dans l’œuf qui vire...

    C'est là que fuit l'abîme
    Dont la nichée s'exhume
    Comme une fraîche couvée,
    Dans sa dentelle de larmes arrosée.

    Oh ! Que naisse d'un flot limpide
    L'unique fleur du Jour,
    Celle dont le pétale
    Sort de ma peau, de mon ventre et de mes reins !

    L'âcre et douce mystérieuse envolée,
    Issue de l'ignorance au lointain fabuleux,
    La seule peine infinie qui vaille
    Qu'un souffle m'ait jamais traversée !...
     
     
     
     
     

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       Une parenthèse poétique avant le prochain article consacré à Nicole Gdalia. C'est Mamadomi, avec son article sur le vent, qui m'a donné l'idée de publier ce poème, écrit il y a un certain temps dans un recueil que j'ai intitulé "Mystique" et qui n'est pas encore édité.

     

    Le-vent image fullLe vent : illustration d'Henri Galeron pour Gallimard jeunesse.

     

    O Maître enseigne-nous la Parole du Vent 
    Lorsqu’il passe sauvage au-dessus des montagnes
    Et que son sifflement retentit longuement
    Dans la plaine endormie

     

    O Maître enseigne-nous la Parole du Vent
    Lorsqu’il flotte au-dessus des villes infinies
    Et qu’il glisse le long des couloirs gris des rues
    Jusqu’au fond des jardins

     

    O Maître enseigne-nous ce que nous dit le Vent
    Lorsqu’il bruit doucement dans les cheveux des arbres
    Et qu’il fait frissonner les roseaux et les saules
    Penchés au bord de l’eau

     

    O Maître enseigne-nous ce qu’il nous dit vraiment
    Lorsque nous l’absorbons et qu’il nous envahit
    Lorsque nous l’inspirons et que nous l’expirons
    Et qu’il nous abandonne

     

    *

     

    O Maître Tu savais ce que m’a dit le Vent
    Lorsqu’il m’a pénétrée de son immensité
    Et que de sa richesse et de son clair espace
    J’ai été transformée

     

    O Maître bénis-moi et bénissons le Vent
    Qui fait vivre le monde et nous fait vivre en Lui
    Et qui porte la Vie au-delà des Tempêtes
    Jusqu’aux plaines du Ciel

     

     

    Martine Maillard

     

     

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    Lac-souterrain-Valais.jpg

     

     

     

    Au fond sous les pierres
    Dort un lac très ancien
    Résurgence d’un passé oublié
    Mais pur comme cristal

     

     

    Si tu pouvais
    Une fois seulement
    Descendre jusqu’à lui
    Tu serais  inondé de sa beauté
    De sa candeur
    De sa limpidité

     

     

    Alors
    Tu te fondrais en lui
    À jamais

     

     

     

     

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