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    barques_bretagne.jpgBarques en Bretagne (photo du net)

     Je partirai sans voir que les barques chavirent
    Le Jour accomplira son rite ensorceleur
    Et j'ensanglanterai l'espace épouvanté
    Pour avoir dessiné cet écran diabolique


    Rentrons à la maison il est tard, le soir tombe
    Et la fraîcheur saisit les arbres et les champs
    Que le voile retombe à nos fronts fatigués
    Et que dans cet oubli infini nous vivions


    Que nous vivions enfin notre Vie de toujours

      

    Extrait de Le Passage, publié dans Renaître
    © Editions Stellamaris, 2e trimestre 2011.

     

     

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    Chute d'Icare
     (image aménagée d'après un tableau de Jacob Peter Gowi, 17e siècle
    visible au Musée du Prado à Madrid, voir ici l'original)

     

     

    Je suis monté trop haut
    J’ai déployé mes ailes
    J’ai fixé le soleil
    Je cherchais la lumière
    J’y voyais mon salut
    Je cherchais l’évasion
    Je croyais en l’espace
    Je pensais respirer
    Dans la haute atmosphère
    Plus largement qu’ici

    Je m’y suis consumé
    Mes ailes ont fondu
    Mon cœur s’est embrasé
    Il n’en reste plus rien
    J’ai brûlé au soleil
    Comme un pauvre fétu
    Et maintenant je gis
    Au profond de la nuit
    Rampant et démuni
    Aveugle et solitaire

    Prenez garde au destin
    Qui vous hisse au plus haut
    Pour bientôt vous lâcher
    Plus bas qu’auparavant
    C’est chevaucher le tigre
    C’est naviguer en mer
    Car plus la vague monte
    Et plus le creux s’enfonce
    Et lorsque vous gagnez
    Vous êtes dévoré

     

     

    Icare
    Lamentations pour Icare par Draper
    (Tate Britain de Londres)

     
     

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        En ces temps de violence, un petit clin d'oeil vers celles qui en ont été victimes. Mais ce poème est plutôt inspiré du romantisme allemand et du mythe démoniaque de la "Chasse Sauvage" (aussi évoqué par Hugo dans les Djinns).
     

    Orage

     

     

    Lumière ! Lumière !
    Sabbat des sorcières !
    Cavalcadez, chevaux de la lumière !
    Légions d’anges au glaive entre les dents !

    C’est la nuit des mystères
    Qui éclate en menues explosions ;
    Partout à la fois les étoiles se brisent
    Comme des verres de champagne,
    Et laissent mousser leur liquide pétillant,
    Sperme, sperme de la nuit.

    Chaque nébuleuse est un ange qui chante
    Et tous les chants de tous les anges
    Font une clameur étrange et jamais ouïe encore…

    Oh ! fermez bien la porte !
    Car quiconque sortira en cette nuit maléfique
    Devra en mourir aussitôt.

    Les arbres secoués de frissons
    Sécrètent d’effrayants cavaliers,
    Une giclée de cris s’élève
    En gerbe qui troue le firmament ;
    Sabbat ! Sabbat ! Dieu des armées !
    Entends-tu l’appel de ton peuple ?

    Gorgés de haine et de famine,
    Les voici ces ogres guerriers,
    Immaculés comme la Voie Lactée,
    Cherchant de pâles épousées
    Parmi la racaille mortelle.

    La mort plane, entends-tu ?
    Son hurlement remplit la nuit.
    C’est un cavalier de tempête,
    Gigantesque et maudit,
    Aux yeux exorbités,
    Au corps secoué de sanglots,
    Au cheval fou,
    Et il t’appelle !

    … Ange, mon ange
    Ne pleure pas…
    Elle est sortie, son pas résonne au clair de lune ;
    Un cri traverse la voûte céleste,
    La lune pleure du sang…
    O ma vierge, je t’ai tuée !!

    Brutalement le jour se fait.
    Au fond du jardin
    Le grand chêne s’est abattu.
     
     
     

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    Les étapes de ma course sont jalonnées d’éclairs
    C’est que je les brûle
    Et je suis avaleur de feu
    Car je les dévore

    Mes cheveux forment un disque scintillant
    Qui tourne inlassablement autour de mon front
    Et je les prends à pleines mains
    Pour les offrir à l’arrivée
    A Celle qui m’attend

    Mais là-bas est un gouffre
    Et nul ne le sait
    Et moi je bondirai
    Par l’espace enflammé
    Pour le franchir et repartir plus loin
    Vers de nouveaux espaces

    Vers le grand vers le clair vers l’immense
    Tandis que derrière moi grondera la fournaise
    En décomposition

     
     

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    Psyché surprend l'Amour endormi-JF Lagrenée

     

     

    Où sont les roses mortes
    Qui s’endormaient hier
    On les a par la porte
    Envoyées à la mer

    Où est le cheval gris
    Qui sautait la barrière
    Il a fui dans la nuit
    Vers une autre lumière

    Où est la neige d’or
    Qui scintillait aux brises
    Elle a trouvé la mort
    Parmi les aubes grises

    Je cours ainsi qu’une étincelle
    Vers un point qui m’est inconnu
    Et ma trop blanche tourterelle
    Agonise sous le ciel nu

    Psyché passe avec sa bougie
    Mais il fait nuit et elle a froid
    Elle frissonne et la magie
    La précipite avec sa croix

    Qu’elle est lourde à porter la peine
    Je crie vers mon Libérateur
    Mais son âme est encore pleine
    De mépris pour mon pauvre cœur

    Je pleure des fleuves de flamme
    Je donne des ruisseaux de sang
    Ainsi se dépouille mon âme
    En tremblant et en gémissant

    Quand viendra donc la fin de ces tourments
    Quand reverrai-je enfin mon ciel de fête
    Quand viendra-t-Il si puissant si charmant
    De son laurier recouronner ma tête

    Je perds espoir au fond de mon abîme
    Et mes appels me semblent par trop vains
    Mes yeux levés fouillent parmi les cimes
    Pour retrouver Celui dont ils ont faim

    Tombe le ciel tombe la nuit
    Tombent les cimes les montagnes
    Tombe l’obstacle que je fuis
    Et tous les arbres des campagnes

    Meure mon rêve inoubliable
    Meure ma mort de chaque jour
    Meure ma peine inépuisable
    Meurent mon cœur et mon amour

    J’erre sans force et sans courage
    Comme un vieux chien abandonné
    Tout est gris sombre sous l’orage
    Je n’ai plus rien j’ai tout donné
     
    Poème de jeunesse
     
     

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