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      (photographie d'Anne Geddes)


    "J’ai une jolie petite fille qui ressemble à une fleur d’or, ma Cléis chérie ;
    Je ne la donnerais pas pour toute la Lydie !" (Sappho, fr. 141)

     


    Ce fut la rose d’or et le bouton nacré,
    Et ce fut l’arc-en-ciel au milieu des nuées…

    - Pour qui souriez-vous, pervenches du matin ?
     
    - Nous nous mirons dans son regard…
    Et l’ombre du printemps glissait sur ses paupières…
    O chevelure ornée de genêts éclatants !

    °

    Son rêve n’est pas tien et tu la vois dormir,
    Et tu la sais pleurer sur l’épaule attendrie,
    Et tu l’écoutes vivre au plus profond des nuits.

    Trois seuils de pourpre,
    Une immense cathédrale,
    - Peut-être la folie !
    Auprès des lourdes portes,
    Chassez, chassez la nuit…

    Eaux dormantes où le ciel épand sa chevelure,
    Eaux magiques où sommeille le cœur des printemps,
    Vous bercerez sa nuit…

    °

    Petit ange dormeur, avez-vous vu la lune ?
    Au lutin assoupi elle faisait des signes,
    Et parmi l’envolée des anges et des lignes
    Elle écoutait ton cœur…

    Et l’horloge attentive au travers des étoiles
    Coule nonchalamment ses oracles nocturnes ;
    Tu sommeilles, entourée des astres et des voiles,
    Rêvant de l’aube aveugle et de ses dragons d’or,
    Et ton souffle ténu te porte au grand soleil…
     
     

     
     
     

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  • Les sources du désert sont rouges
    Comme ma vie qui bat pour toi
    Je te construirai des châteaux de sable illuminés
    Des lèvres de corail qui chanteront la nuit
    Des ailes froissées de plumes dans la brusque envolée

    Tu changes l'espace en rivière
    Et le temps en lumière
    Et dans le scintillement de mon cœur
    Qui tourne et tourne devant toi
    Se pailletant comme un soleil
    Tu es le paysage infini
    Surgi des eaux de l'inconnu

    Je t'offrirai les roses que tu aimes
    De la mer et des îles et des terres lointaines
    Je te revêtirai de parures de mai
    Afin que tu renaisses aux moissons de l'été
    Et que fonde le marbre blond
    Dont tu dissimulais ta vie
    Comme une cathédrale sur ses trésors enfouis

     

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    "Und drauf Isolde, wie sie winkt !..."
    Richard Wagner, Tristan et Isolde, Acte III -
    Tristan blessé à mort, dans son délire  voit venir un bateau 
    et dit à son fidèle compagnon qu'Isolde, son amante
    qui est aussi guérisseuse, s'y trouve et lui fait signe de la main.
       
                                                                        






    Christiane sans tête
    Christiane brise marine
    Christiane espace de lune
    Christiane fourche des deux chemins serpents
    Christiane étoile à la marée montante
    Christiane de neige fondue et folle
    Christiane lance-flammes et traînées lumineuses
    Christiane sortilèges lacis des portes closes
    Christiane robe de soie étendue au soleil
    Gémellitude des anneaux seconds
    Des anneaux portes sans têtes
    Des anneaux d'étoiles
    Ange aux anneaux qui porte le miroir
    Et réfléchit le feu mort de mes yeux

    Voir le regard brûlé
    L'apocalypse au grand fracas
    Spectacle pour aveugles
    Pour sourds et muets
    Christiane marche sans jambes
    Regarde sans yeux
    Parle sans voix
    Fait signe sans bras
    Ange aux cheveux tressés
    Soleil cristallisé
     

    (Écrit en 1977)
     
     

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    Premier croissant avec Vénus à Super Lioran, le 5 nov 05 (Photo Martine Maillard)

     

     
    O toi qui sanglotais dans la nuit
    A la clarté pâle de la lune
    Près du bosquet désert
    Ne pleure plus je t’en prie
    Puisque je t’aime

    La nuit nous prêtera ses filets immenses d’étoiles
    Pour que nous pêchions des bonheurs aux chemins rafraîchis
    Et l’éveil nous éblouira de rayons
    La lune n’est qu’un miroir glauque et trompeur
    Ce n’est pas elle qui te regarde
    Mais toi seule qui mires en elle ton visage en larmes
    Ne pleure plus je t’en prie
    Puisque je t’aime

    Les arbres qui frémissent
    Au vent tiède de la nuit
    Ne sont que les épaves d’un naufrage ancien
    Ils sont peuplés d’épines
    Et ne berceront jamais ton sommeil
    De leurs branches protectrices
    Car que tu marches
    Ou que tu t’allonges dans la poussière
    Toujours la nuit sera froide et hostile

    Mais si je t’aime
    Alors elle sera douce
    Alors elle s’ouvrira comme un bouquet d’odeurs
    Et nous marcherons à la limite de l’aurore
    A la limite du jour naissant
    Vers d’autres horizons
    Vers d’autres fenêtres

    O donne-moi la main
    Puisque je t’ai tendu la mienne
    Pour t’emmener très loin
     

    (1977)
     
     

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    Paris- le Palais Garnier avant sa restauration

      
       
    Tu es le théâtre ô mon Sphinx endormi

    Sous tes voiles veillent mille dragons cachés
    Dans les labyrinthes de ton corps accroupi
    Sous tes paupières obstinément baissées
    Tu me dérobes ton regard de feu
    Et je te cherche sans jamais te trouver

    Par les voies sans issue les portes closes
    Les entrées interdites les escaliers de coulisses
    Dans les logettes réservées
    Les vestiaires d'artistes
    Sur les passerelles qui surplombent la scène
    Les tours de lumière
    Je te cherche en vain

    Et je te trouve enfin toute de blanc vêtue
    Seule sous la porte cochère
    Qui regardes pleuvoir la nuit
    Douce et abandonnée

    Tu as fui ce soir-là tu t'es fondue dans l'air
    Et depuis tu n'es plus qu'un fantôme irréel
    Aux apparitions insaisissables

    Et dont la voix me déchire
     

    (1974)
     
     
         Le Palais Garnier à Paris, seul Opéra de cette ville dans les années 70, à l'époque où étudiant moi-même le chant je me glissai furtivement par l'entrée des artistes un bel après-midi pour le visiter intégralement, et même entendre derrière une porte une cantatrice répéter Carmen...
     
         Mais en réalité, celle dont j'évoque le souvenir "sous une porte cochère", et "dont la voix me déchire", ne chantait pas Carmen, mais Parsifal de Wagner, et aussi Sieglinde dans La Walkyrie, et bien d'autres rôles à Bayreuth (la ville de Richard Wagner) sous la direction de Pierre Boulez en 1969. C'est une des plus grandes, des plus belles, et des plus généreuses cantatrices de notre siècle... : Gwyneth Jones.


    Gwyneth Jones dans Sieglinde à Bayreuth en 1969

     
     

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