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Par Aloysia* le 26 Septembre 2005 à 12:00
(photographie d'Anne Geddes)
"J’ai une jolie petite fille qui ressemble à une fleur d’or, ma Cléis chérie ;
Je ne la donnerais pas pour toute la Lydie !" (Sappho, fr. 141)
Ce fut la rose d’or et le bouton nacré,
Et ce fut l’arc-en-ciel au milieu des nuées…
- Pour qui souriez-vous, pervenches du matin ?
Et l’ombre du printemps glissait sur ses paupières…
O chevelure ornée de genêts éclatants !
°
Son rêve n’est pas tien et tu la vois dormir,
Et tu la sais pleurer sur l’épaule attendrie,
Et tu l’écoutes vivre au plus profond des nuits.
Trois seuils de pourpre,
Une immense cathédrale,
- Peut-être la folie !
Auprès des lourdes portes,
Chassez, chassez la nuit…
Eaux dormantes où le ciel épand sa chevelure,
Eaux magiques où sommeille le cœur des printemps,
Vous bercerez sa nuit…
°
Petit ange dormeur, avez-vous vu la lune ?
Au lutin assoupi elle faisait des signes,
Et parmi l’envolée des anges et des lignes
Elle écoutait ton cœur…
Et l’horloge attentive au travers des étoiles
Coule nonchalamment ses oracles nocturnes ;
Tu sommeilles, entourée des astres et des voiles,
Rêvant de l’aube aveugle et de ses dragons d’or,
Et ton souffle ténu te porte au grand soleil…
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Par Aloysia* le 21 Octobre 2005 à 12:00
Les sources du désert sont rouges
Comme ma vie qui bat pour toi
Je te construirai des châteaux de sable illuminés
Des lèvres de corail qui chanteront la nuit
Des ailes froissées de plumes dans la brusque envolée
Tu changes l'espace en rivière
Et le temps en lumière
Et dans le scintillement de mon cœur
Qui tourne et tourne devant toi
Se pailletant comme un soleil
Tu es le paysage infini
Surgi des eaux de l'inconnu
Je t'offrirai les roses que tu aimes
De la mer et des îles et des terres lointaines
Je te revêtirai de parures de mai
Afin que tu renaisses aux moissons de l'été
Et que fonde le marbre blond
Dont tu dissimulais ta vie
Comme une cathédrale sur ses trésors enfouis
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Par Aloysia* le 23 Octobre 2005 à 12:00"Und drauf Isolde, wie sie winkt !..."
Richard Wagner, Tristan et Isolde, Acte III -
Tristan blessé à mort, dans son délire voit venir un bateau
et dit à son fidèle compagnon qu'Isolde, son amante
qui est aussi guérisseuse, s'y trouve et lui fait signe de la main.
Christiane sans tête
Christiane brise marine
Christiane espace de lune
Christiane fourche des deux chemins serpents
Christiane étoile à la marée montante
Christiane de neige fondue et folle
Christiane lance-flammes et traînées lumineuses
Christiane sortilèges lacis des portes closes
Christiane robe de soie étendue au soleil
Gémellitude des anneaux seconds
Des anneaux portes sans têtes
Des anneaux d'étoiles
Ange aux anneaux qui porte le miroir
Et réfléchit le feu mort de mes yeux
Voir le regard brûlé
L'apocalypse au grand fracas
Spectacle pour aveugles
Pour sourds et muets
Christiane marche sans jambes
Regarde sans yeux
Parle sans voix
Fait signe sans bras
Ange aux cheveux tressés
Soleil cristallisé
(Écrit en 1977)
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Par Aloysia* le 7 Novembre 2005 à 12:00Premier croissant avec Vénus à Super Lioran, le 5 nov 05 (Photo Martine Maillard)O toi qui sanglotais dans la nuit
A la clarté pâle de la lune
Près du bosquet désert
Ne pleure plus je t’en prie
Puisque je t’aime
La nuit nous prêtera ses filets immenses d’étoiles
Pour que nous pêchions des bonheurs aux chemins rafraîchis
Et l’éveil nous éblouira de rayons
La lune n’est qu’un miroir glauque et trompeur
Ce n’est pas elle qui te regarde
Mais toi seule qui mires en elle ton visage en larmes
Ne pleure plus je t’en prie
Puisque je t’aime
Les arbres qui frémissent
Au vent tiède de la nuit
Ne sont que les épaves d’un naufrage ancien
Ils sont peuplés d’épines
Et ne berceront jamais ton sommeil
De leurs branches protectrices
Car que tu marches
Ou que tu t’allonges dans la poussière
Toujours la nuit sera froide et hostile
Mais si je t’aime
Alors elle sera douce
Alors elle s’ouvrira comme un bouquet d’odeurs
Et nous marcherons à la limite de l’aurore
A la limite du jour naissant
Vers d’autres horizons
Vers d’autres fenêtres
O donne-moi la main
Puisque je t’ai tendu la miennePour t’emmener très loin
(1977)
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Par Aloysia* le 15 Novembre 2005 à 12:00Tu es le théâtre ô mon Sphinx endormi
Sous tes voiles veillent mille dragons cachés
Dans les labyrinthes de ton corps accroupi
Sous tes paupières obstinément baissées
Tu me dérobes ton regard de feu
Et je te cherche sans jamais te trouver
Par les voies sans issue les portes closes
Les entrées interdites les escaliers de coulisses
Dans les logettes réservées
Les vestiaires d'artistes
Sur les passerelles qui surplombent la scène
Les tours de lumière
Je te cherche en vain
Et je te trouve enfin toute de blanc vêtue
Seule sous la porte cochère
Qui regardes pleuvoir la nuit
Douce et abandonnée
Tu as fui ce soir-là tu t'es fondue dans l'air
Et depuis tu n'es plus qu'un fantôme irréel
Aux apparitions insaisissables
Et dont la voix me déchire
(1974)
Le Palais Garnier à Paris, seul Opéra de cette ville dans les années 70, à l'époque où étudiant moi-même le chant je me glissai furtivement par l'entrée des artistes un bel après-midi pour le visiter intégralement, et même entendre derrière une porte une cantatrice répéter Carmen...
Gwyneth Jones dans Sieglinde à Bayreuth en 1969
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