• Shiva Natarajah par Valleysequence - deviantart.com

     


         Voici un extrait de l’Évangile de Thomas (logion 50), dans l'adaptation de Jean-Yves Leloup.

     

    «   Jésus disait :

    Si l'on vous demande : d'où êtes-vous ?
    Dites-leur :
    Nous sommes nés de la Lumière,
    Là où la Lumière naît d'elle-même
    elle se tient droite
    et se révèle dans leur image.

    Si l'on vous demande : qui êtes-vous ?
    Répondez :
    Nous sommes ses fils
    et nous sommes les bien-aimés du Père, le Vivant.

    Si l'on vous interroge :
    Quel est le signe de votre Père qui est en vous ?
    dites-leur :
    C'est un mouvement et un  repos. »

     

         Cette dernière phrase m'a toujours rappelé la représentation de Shiva Natarajah, immuable danseur, posé sur un socle fixe et laissant en arrière-plan de lui-même se dérouler tout le cercle de la manifestation.

     

           À partir de là nous devons nous poser cette question : qui agit en ce monde ? Suis-je l'auteur de mes actes ? Ai-je le moindre choix ? La possibilité du moindre jugement ? Le moyen de changer quoi que ce soit ?

           Oui, peut-être ai-je l'impression d'agir ; l'impression de choisir ; l'impression d'avoir une opinion utile ; l'impression de décider de ma vie.
           Mais une seule chose est certaine, c'est que je ressens : je ressens le désir, la frustration, la peine, la souffrance, la joie - en fonction de ce qui se fait ou non. De même les animaux, les plantes, ressentent.

           Et pourtant, c'est l'Être seul qui à travers nous, s'exprime. Personne n'agit : Il s'exprime en Étant, de par Sa Nature même. Ce qui est, est ; ce qui se fait, se fait. 

           C'est ainsi que l'on peut dire : "je m'abandonne à Sa Volonté". 

           Mais il n'y a même pas de volonté : il n'y a que Ce qui Est.

            Par Lui, avec Lui et en Lui, Tout Est Fait.

            Et ce qui pour nous, en ce monde de reflet sans réalité intrinsèque, apparaît comme le bien ou le mal, n'est qu'un jeu d'équilibre où chaque élément comme dans le cercle cosmique s'engendre en permanence - la mort engendrant la vie, la vie engendrant la mort, le bien engendrant le mal, le mal engendrant le bien, l'amour engendrant la haine et la haine engendrant l'amour, tout comme le jour engendre la nuit et la nuit engendre le jour... À l'infini.

           Car Il est Infini.

     

     


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  •       Ce changement de titre évoquait clairement une recherche, vous laissant quelque peu perplexes.  

           En harmonie avec le signe du Sagittaire qui régit le mois que nous traversons, il traduit un désir de concentration, voire de simplification (au sens mathématique). 
     

            De même que les arbres aujourd'hui dépouillés par l'entrée de l'hiver ont perdu leur vêtement végétal pour ne laisser paraître que leurs squelettes (troncs et branches), de même il nous faut quitter les formes multiples de la surface de notre Être pour plonger vers Sa racine profonde.

          Ainsi, ce tableau des "figures de notes" en musique adopte l'aspect d'un entonnoir pour tracer un parcours depuis sa surface où pullulent les rapides quadruples croches, jusqu'à la paisible et immuable Ronde qui rayonne dans les profondeurs telle un Cercle parfait, la Cible absolue, l'Ouverture invisible, le Point imperceptible à l'origine de Tout...  

     

    Tableau des valeurs de notes

     

     

          Pour illustrer cette idée, voici un extrait du Tao-tö king dans la traduction de Liou Kia-hway (édition Folio) :

     

    « Trente rayons convergent au moyeu
    mais c'est le vide médian
    qui fait marcher le char.


    On façonne l'argile pour en faire des vases,
    mais c'est du vide interne
    que dépend leur usage.


    Une maison est percée de portes et de fenêtres,
    c'est encore le vide
    qui permet l'habitat.


    L'Être donne des possibilités,
    c'est par le Non-Être qu'on les utilise. »


    Lao-tseu, Tao-tö king chap. XI, éd. Folio sagesses

     

          Voici l'Instant Secret : il est ce Vide formant la base du vortex dont nous sommes la surface.

     

    Vortex

     

     

     


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  •       Aujourd'hui, juste une citation, pour faire court.

     

    Temple intérieur
    Image de Totem

     

    L'Enseigneur disait : « Mon Père demeure dans le secret.»

    Il a dit : « Entre dans ta chambre, ferme la porte
    et prie ton Père qui est là dans le secret »,
    c'est-à-dire à l'intérieur de ton être.

    Ce qui est à l'intérieur dans le secret de tout,
    c'est la plénitude.

    Au-delà il n'y a rien, elle contient tout.

     

    Évangile de Philippe, planche 116
    traduit par Jean-Yves Leloup

     


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  •       Le Maître Réalisé Sri Ranjit Maharaj, dont je m'inspire à la suite de Phène (qui reçut son enseignement direct) a quitté ce monde en novembre 2000, mais a eu le temps entre ses nombreux déplacements en Amérique et en Europe, de venir enseigner deux fois en France, en 1997 et 1998.

             C'est l'enregistrement de ses satsangs*, exprimés en anglais mais traduits en direct par une disciple posée en interprète, qui en ce moment paraissent sur youtube. 

          Le dernier publié en date du 6 mars est particulièrement agréable à suivre, car le Maître y semble en bonne forme et souriant malgré son âge avancé (il avait 85 ans) et de plus ses propos, difficiles à saisir quand on n'est pas familier de la langue anglaise, sont reproduits ici en sous-titrage.

         Je vous le propose donc, sachant évidemment que pour sa longueur la vidéo ne sera  écoutée que par très peu d'entre vous.

     

       

          On le voit bien, Sri Ranjit Maharaj était d'une gentillesse et d'une simplicité incomparables. Mais le plus étonnant est que les principes les plus difficiles à concevoir et les plus improbables à nos yeux semblaient être pour lui des évidences limpides... ! Voici par exemple ce qu'il dit à un moment de l'entretien dont cette vidéo reproduit une partie (en effet ils sont tous édités, notamment dans le livre intitulé "Je ne parle que de vous", et on peut en trouver de nombreux extraits sur le net, sur "Innerquest" ou sur "Samadhi-forumgratuit" d'où j'ai tiré ces phrases) :

    «  Si vous oubliez le mental, vous serez heureux ; c'est l'unique facteur qui crée toutes les souffrances et tous les plaisirs également. Comprenez que le mental lui-même n'est pas vrai : mental veut dire pensées, et les pensées vont et viennent. Le mental ne crée que la confusion, rien d'autre. Celui qui est non-mental n'est plus dans la confusion.  »

     


    Satsang : moment passé en présence d'un Maître et enseignement reçu d'un Maître, verbal ou non-verbal car être en sa "présence" suffit pour le recevoir. 

     


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  •       Jean-Yves Leloup, dans "L'Absurde et la Grâce" , cite une méthode bouddhiste zen qui consiste pour un Maître à confier à son élève un Kôan, c'est-à-dire une phrase ou parfois une petite histoire apparemment dénuée de sens, ou encore simpliste, sur laquelle méditer. 

     

    Tarot Rajneesh-11-Être ordinaire


            Le but de ces formules semble être de pousser celui-ci à basculer au-delà du mental, la proposition semblant trop absurde pour le sens commun. 

           Les exemples de kôan couramment cités sont :

    « Quel est le son d'une seule main qui applaudit ? »

         Ou encore :

    «  Quel était ton visage avant la naissance de tes parents ?»

        Ainsi Leloup (cf. livre ci-dessus p. 294) raconte avoir écrit un scénario qu'il aurait intitulé "l'Assise et la danse", dans lequel il confronte une jeune femme fascinée par le Zen (et donc par l'Assise) et un jeune danseur épris de philosophie nietzschéenne, incapable de concevoir un dieu immobile : dans la rencontre entre ces deux personnages il cherche à découvrir un équilibre entre méditation et action, forme et non forme, repos et mouvement... Et il imagine pour son héroïne, partie au Japon chercher l'enseignement d'un "roshi" (d'un vieux maître), un kôan qui m'a immédiatement séduite. Le voici :

    «  On  n'est bien assis que sur un coussin que l'on a donné. »

         Peut-être ceux d'entre vous plus familiers du Zen objecteront-ils que les kôan sont plutôt des rappels à la simplicité, à l'instar de celui-ci :

    «  Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as. » 

        Ou encore de simples pépites de sagesse, comme celui-ci :

    « Je sais et je sens que faire du bien est le plus vrai bonheur que le cœur humain puisse goûter. »


         Dans ce cas, nous y retrouverons la précieuse philosophie du "être ordinaire" qu'Osho vante en permanence dans les petits contes dont s'inspire son "Tarot de la Transformation".    

         Cependant, faisant écho à la phrase imaginée par Leloup, voici le kôan qui me parut surgir de soi-même lors de la promenade évoquée précédemment :

    « On n'est vraiment à l'abri que dans une maison qui a été ôtée. »

     Qu'en pensez-vous ?

     

     


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