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      Voici une nouvelle citation du livre de François Bauer dont j'ai déjà parlé, "Les Douze Quintessences" :

       La Vérité n'a pas à être défendue, Elle EST, et tout ce qui s'agite en ce monde ne peut L'affecter en aucune manière. (...) Il n'y a pas d'opinion à défendre, car la Vérité est en tous, personne ne la détenant plus qu'un autre, puisque Dieu L'a donnée à Son Fils unique, que nous sommes tous lorsque nos esprits sont unis.
       Mais chacun a le droit de continuer à défendre l'illusion du monde qu'il a créé, jusqu'à ce qu'il comprenne que cela ne mène jamais nulle part. Toute défense devient alors inutile lorsque le but unique est la Paix pour tous. Si nous demandons uniquement la Paix, nous recevons uniquement la Paix, c'est aussi simple que cela.

     

    Tarot-Zen---La-lutte.jpg

     

        Déposons donc les armes, comme nous y invite cette lame du Tarot Zen de Rajneesh. Tous les grands enseignements se rejoignent sur les points principaux, et comme veille en nous notre Être véritable, non contents de les retrouver inchangés à travers les diverses traditions, nous ressentons au profond de nous ceux qui sont vraiment justes et entraînent une expérience positive.

     

     

     

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       En novembre dernier, L'université de Toulouse II Le Mirail organisait avec le Festival Déodat de Séverac et l'Association internationale d'études occitanes des journées d'étude autour du "Sponsus", drame liturgique du XIe siècle qui a pour particularité de mêler pour la première fois la langue profane - ici l'occitan - au latin.

     

    CODEX-ROSSANO-VIERGES-SAGES-ET-FOLLES.jpg


        Ce drame évoque la parabole des Vierges Folles et des Vierges Sages, énoncée par Jésus au chapitre 25 de l’Évangile selon Matthieu (versets 1 à 13), et qui était associée dans l'esprit des croyants aux notions de vice et de vertu

        En effet, Jésus y compare le Royaume des Cieux à l'aventure vécue par dix vierges qui partirent au-devant de leur fiancé, une nuit, avec des lampes allumées  ; les cinq plus prévoyantes auraient emporté de l'huile de réserve, tandis que les cinq autres, prises au dépourvu parce que l'époux tardait, se retrouvèrent sans lampe allumée lorsque celui-ci arriva. Or non seulement les prévoyantes refusèrent de venir au secours de leurs compagnes, ce qui peut être interprété comme de l'égoïsme, mais en plus le fiancé, impitoyablement, refusa d'accueillir les imprévoyantes et s'en fut avec celles dont la lampe brillait vivement.

       Cette parabole nous étonne d'autant plus qu'il n'y a qu'un seul fiancé pour plusieurs femmes, tandis que le sujet est "le Royaume des cieux". L'explication n'est donc certainement pas dans la compréhension littérale du texte, mais bien plutôt dans la conclusion de Jésus, qui dit simplement : "Veillez donc, car vous ne connaissez ni le jour, ni l'heure". 

         Le Royaume des cieux est une façon de nommer la joie ineffable que vont connaître, non pas une seule âme, mais toutes les âmes réunies (plusieurs "vierges", dix étant un chiffre sacré représentant la totalité) qui auront su attendre le jour de leurs "noces" (là encore le terme de fiancé ou d'époux n'est qu'un prétexte destiné à évoquer l'amour et la joie qui résulte de l'union).

    Vierges-Folles-et-sages.jpg


        On parla de paradis, de damnés, d'où la répétition de ce drame à l'époque médiévale et sa reproduction sur les portails d'églises.

        Mais la comparaison entre les enseignements étant un principe utile pour atteindre la vérité, je rapprocherai cette notion d'attendre l'époux de celle d'atteindre l'éveil selon les bouddhistes.

        Le moment de l'éveil est ce qu'il y a de plus éloigné, de plus improbable, et en même temps de plus inattendu si on en croit les sages. Rajneesh parle, dans son tarot, de l'Ultime accident, en précisant : 

       « L'Illumination est un accident. Comprenez-moi bien, je ne vous demande pas de ne rien faire, sinon le miracle ne surviendra jamais. Il surprend ceux qui l'ont ardemment cherché, bien qu'il ne soit jamais le résultat de leurs efforts. Les techniques méditatives vous rendent vulnérable et vous exposent à l'accident, mais rien de plus.
        Préparez-vous, rendez-vous réceptif à l'inconnaissable. S'il n'est pas invité, l'hôte ne frappera jamais à votre porte. » 

     L-Ultime-accident.jpg

     

        Il évoque ici une femme, Chiyono, qui pour obtenir l'enseignement monastique dut se brûler le visage car personne ne l'acceptait pour disciple de peur que sa beauté ne trouble les autres moines. Malgré ce sacrifice, elle étudia encore pendant plus de trente ans dans le silence et l'humilité, jusqu'à ce qu'un jour, tandis qu'elle admirait le reflet de la lune dans le seau qu'elle portait, ce dernier se brisa, faisant disparaître l'eau, le seau, la lune... et ouvrant son coeur à l'infini.  

             Voici donc la véritable explication à la parabole de "l'époux" (appelé ci-dessus "l'hôte") : les âmes "sages" ont su attendre, se sont préparées à l'attente, ont donc développé la patience et n'ont jamais détourné leur esprit de cette quête, même dans leur sommeil puisqu'il est question d'endormissement. Les "folles" (qui ne sont en aucun cas damnées) ont gaspillé leur énergie sans vraiment comprendre l'importance de l'enjeu. Tandis que les sages ont conservé leur cœur ouvert, "brûlant" d'amour et d'aspiration, les folles ont laissé leur cœur s'assoupir et s'éteindre. Le "promis" n'y peut rien, pas plus que les compagnes au cœur brûlant : elles seules y peuvent quelque chose. Leur cœur, leur attente leur appartiennent !

       En conclusion, j'ajouterai une autre carte du Tarot de Rajneesh (tarot semble-t-il introuvable aujourd'hui ou presque, et qui ne réunissait que des sujets de réflexion, soixante au total) : la gratitude. En effet cette carte est voisine de la précédente et montre encore un fois une femme, Rengetsu, adepte du zen, qui au cours d'un pèlerinage se trouva obligée de dormir à la belle étoile, aucun habitant n'ayant accepté de l'héberger. Alors qu'elle avait trouvé refuge, grelottante, au pied d'un cerisier, celui-ci soudain se couvrit de fleurs tandis que la lune transparaissait à travers la brume au-dessus de sa tête...


    La-gratitude-Rajneesh.jpg

         Remplie de joie, elle remercia alors les habitants du village qui lui avaient fermé leur porte, pour lui avoir permis de connaître cette expérience.

     

     

        Pour accompagner ces méditations, l'adagio de la symphonie avec orgue de Sant-Saëns, dans un enregistrement de 1976 avec Gaston Litaize aux grandes orgues de la Cathédrale de Chartres, et l'orchestre symphonique de Chicago sous la direction de Daniel Barenboïm.

     

     

     

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         Depuis longtemps j'avais envie de connaître Phène. Mon ami Robert m'avait beaucoup parlé d'elle car elle était poète, comme lui. Mais il n'avait pas su me la décrire vraiment : "Une petite femme... " Il ne savait pas m'en dire davantage. Ni la couleur de ses cheveux, ni la forme de son visage. "On ne peut pas lui donner d'âge... C'est vraiment quelqu'un d'inhabituel !"

        Et pourtant il m'en parlait beaucoup, ce qui donnait à penser qu'elle était intéressante ! En tant qu'auteur publiée à Paris, je me la représentais donc comme une personne intellectuelle, active, tout ce qu'il y a de plus intimidant. Mais intrigant tout de même.

         Et voici qu'au fil de mes promenades sur les blogs, je tombe un jour sur une "Phène"! Le nom n'étant pas banal, je m'enhardis à lui demander, par mail, si elle n'était pas précisément, celle qui... Et voilà que oui ! Et qu'elle me répond de façon charmante qu'elle a hâte de me connaître aussi !... Je fréquente donc son blog qui, loin d'être consacré à l'écriture poétique - malgré un fond en style de parchemin parcouru de glyphes élégants - propose chaque semaine un thème de réflexion sur une question d'ordre philosophique ou spirituel. C'est ainsi que, petit à petit, j'apprends qu'elle pratique le zen, et de plus l'enseigne autour d'elle ; et même qu'elle se rend à Angoulême pour donner deux jours d'entretiens au siège d'une association.

       Il y a des moments, comme ça, dans la vie, où il se passe des choses. Des moments où tout est coincé, où rien de bouge, et d'autres où soudain une fenêtre s'ouvre, et tout s'éclaire. Depuis des années je ne pouvais me déplacer à ma guise ; et soudain voici mon dimanche qui se libère : et je n'ai plus qu'à prendre la route pour Angoulême !

       Oui, c'était ce dimanche 10 août, jour de la super pleine lune... et de plus, pendant les deux jours qui précédaient, j'avais enfin réussi à recoller les innombrables morceaux de mon Shiva Nataraj que ma compagne, un jour de grande colère en septembre 2013, avait violemment projeté au sol. J'ai toujours appliqué cet adage :

          "  Ne t'oppose pas à une grande force. Recule jusqu'à ce qu'elle s'affaiblisse ; avance alors avec résolution.  

         Et de fait, après des mois de lente reconstruction, j'avais à la fois recouvré mon Shiva et ma liberté d'aller trouver Phène.

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 1 - Un voyage mouvementé

    On ne dirait même pas qu'il était en plus de dix morceaux dont certains très petits !

     

        Mais c'était sans compter avec les difficultés du chemin !

       J'avais jeté un coup d'oeil rapide sur une carte, jugé que la route était facile, mais branché cependant mon GPS tout nouvellement acquis, pensant qu'il me serait utile pour trouver la rue une fois parvenue à destination. Je n'avais jamais utilisé ce type de système, comptant plutôt sur les cartes routières, mais cette fois il me parut assez satisfaisant, du moins au début. Partie vers 8h45 d'Issoudun, j'étais sensée parvenir à destination vers 10h30.

      J'empruntai donc à Châteauroux l'autoroute en direction de Limoges, certaine de me retrouver en pays de connaissance, car c'est la route pour se rendre au bord de la mer en Charente Maritime. Erreur ! Après être sortie sans encombre bien avant Limoges et m'être dirigée vers Bellac, une succession d'avertissements signalant des difficultés que je n'avais pas le temps de lire, puis de policiers en faction, me rendit nerveuse et m'empêcha de comprendre l'injonction du GPS lorsqu'il me proposa de remonter plein nord vers Châtellerault et Tours. Je refusai d'obéir. Celui-ci (une voix de femme, bien sûr) rectifia alors en me priant de pénétrer dans Bellac. Je m'insurgeai : jamais on n'entre dans cette ville qui est compliquée à traverser !! 

         J'avais bien tort : je me souvins par la suite que lors du dernier voyage vers Saint-Palais sur mer, c'est à Bellac au contraire que nous avions trouvé un petit bar où nous rafraîchir et prendre un café réconfortant. En effet, sorti de l'autoroute,  il n'y avait plus aucun moyen de faire une pause si l'on n'avait pas prévu un thermos... Je le constatai bientôt avec amertume.

        Je m'engageai donc dans la troisième voie du rond-point qui se dirigeait vers Limoges. Quelle bêtise ! Là aussi je revenais sur mes pas ! Et impossible de faire demi-tour ! Le GPS tenta de me proposer un chemin de traverse mais je me trompai, tournai trop tôt, et me retrouvai bientôt dans une voie sans issue, étroite et flanquée de deux fossés. Que d'angoisses pour m'en sortir en reculant ! Deux fois je manquai de m'échouer dans un trou, mais heureusement, je m'en sortis enfin. J'avais déjà perdu un bon quart d'heure sur le temps prévu. Le GPS me guida de nouveau vers le chemin adéquat, mais c'était une toute petite route, en pleine campagne, tournant sans cesse...  Je finis par comprendre que j'étais en train de jouer au "chemin des écoliers" ; et par penser à Perceval qui s'égare, s'égare sans cesse sans parvenir à retrouver le château du Roi Pêcheur ... N'allais-je pas à une sorte de séminaire portant sur la voie spirituelle ? Or il se passe toujours des choses lorsque l'on pénètre le domaine du spirituel... Le "gardien du Seuil" se réveille !

            Je m'arrêtai pour photographier des moutons. À Bellac, à part un Apollon (selon Jean Giraudoux), il y a aussi des moutons... bêlant.

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 1 - Un voyage mouvementé

     Rencontre avec l'Advaïta : 1 - Un voyage mouvementé

    Rencontre avec l'Advaïta : 1 - Un voyage mouvementé

     
         Après bien des tours et des détours, je revins à une route plus importante et me crus de retour à Bellac. Mais lorsque le GPS m'indiqua de pénétrer dans le village, que découvris-je ? Des voitures à perte de vue ! Une foire !! Paniquée, je filai en sens inverse.

        Quelle bêtise... J'étais à Blond, comme je finis par le voir en regardant ma carte, c'est à dire bien en-dessous de Bellac, et j'étais en train de tourner le dos à ma direction en repartant vers le nord. Une catastrophe intégrale. Là, ma matinée de Zen était bien compromise.

       Voilà ce que c'est quand on n'écoute pas son guide !! (le GPS) Et quand on manque de confiance d'ailleurs, car lorsque je me décidai à revenir sur mes pas et à entrer dans le village, je m'aperçus que cette manifestation n'était guère dérangeante : "Foire aux Melons et à l'Ail", elle était cantonnée à l'extérieur de la route principale que je pus emprunter sans difficulté.

       Par contre, roulant déjà depuis un moment, je cherchai un café pour faire une petite pause et n'en trouvai pas. J'essayai d'en prendre mon parti et me laissai ravir par la petite route de campagne, photographiant de nouveau un petit vallon où paissaient, cette fois, des vaches.

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 1 - Un voyage mouvementé

     

       Mon arrivée était maintenant prévue pour 11 heures. Je roulais depuis près de deux heures, j'étais à cran et cherchais à toute occasion le café attendu sans jamais le trouver. Je quittai la route et pénétrai dans un village, ayant vu un écriteau "café", mais trouvai celui-ci fermé. J'en découvris un enfin, très beau en bord de route, mais il y avait des voitures garées de l'entrée à la sortie du village (toutes les voitures passant sur cette route dans les deux sens s'y étaient arrêtées : il n'y en avait pas d'autre entre Angoulême et Bellac !), et lorsque je m'engageai pour prendre une petite place qui restait la voiture devant moi se hâta de me couper la voie pour me la chiper ; je sortis donc du village sans avoir pu m'arrêter, et fort morfondue.

           J'atteignis Angoulême vers 11h 10 et fus heureuse de me sentir guidée par mon GPS, mais dès que je le pus - me nourrissant d'espoir ! - je m'arrêtai pour faire la pause escomptée : quelques parasols m'avaient attiré l’œil, agréablement.

         Je me garai posément et revins voir. Quelle déception : c'était une boulangerie ! Persuadée qu'il y aurait un bar quelconque dans le secteur je me mis à marcher ; j'interrogeai un passant qui n'était pas du coin mais était lui aussi persuadé que je trouverais... Et en fait je tombai sur une seconde boulangerie proposant également des boissons. Je n'avais jamais vu cela ! Mais ouf, elle vendait du café et, comme mon petit déjeuner était fort loin, j'y ajoutai un sandwich.

        Pour mon rendez-vous qui était fixé à 10h, j'étais de plus en plus en retard. Je me rendis à ma voiture, mais la pluie se mit à tomber et je fis les derniers mètres en courant sous les gouttes.

       Me voici repartie, sous l'ondée de plus en plus forte. Bientôt, je me perdis, ayant sans doute une fois encore tourné trop tôt par rapport à l'indication du GPS, qui patiemment me fit refaire tout le tour du pâté de maisons. Mais la pluie était si drue que je dus  m'arrêter sur le bord du trottoir pour attendre une accalmie. Je n'y voyais plus rien ! Il y a des jours où le Gardien du Seuil est vraiment vilain.

         Après le fort de l'averse, je finis par trouver l'endroit recherché ; mais il fallait encore trouver où se garer... assez loin du numéro indiqué. Jubilant, je commençai par contre à me sentir intimidée : comment arriver ainsi en pleine réunion ? Avec tant d'inconnus ? J'avais déjà vécu cela par le passé... Je savais que ce n'était qu'un cap à passer. Je pris mon temps... J'organisai mes affaires. Je trouvai une porte close. Je la poussai, elle s'ouvrit. Je trouvai plusieurs portes : laquelle choisir ? Celle où des chaussures étaient disposées devant la porte ? Mais alors, allais-je me trouver en pleine séance de méditation ?  Ce n'était pas indiqué...  Il était 11h45. Et si j'attendais la fin de la matinée tout simplement, pour ne rien déranger ?

       De reculade en reculade, je m'enhardis à pousser la porte.

      Pas de méditants : des chaises avec une assemblée de personnes, de dos. Phène m'avait dit qu'il n'y aurait pas grand monde sans doute. Elle s'était un peu trompée ! Et devant, au milieu, face à moi, Phène qui me salue les mains jointes avec un radieux sourire ! Pas de petits cheveux frisés ; pas de tailleur serré ; rien de la parfaite "secrétaire" que j'avais imaginée ; mince et fine, les cheveux souples autour du visage, elle ressemblait un peu à une de mes filles et semblait si jeune et en même temps si mûre. Quelle surprise !...

        Je ne savais pas encore que j'avais retrouvé un guide... Celui que j'avais perdu il y a 20 ans et avais recherché si longtemps depuis. Après un travail assidu de quelques années, je m'étais dit : "il est probable que je suis incapable d'aller plus loin ; essayons au moins d'appliquer correctement ce que j'ai appris dans la vie ". Mais j'aspirais cependant à plus sans jamais le trouver. Peut-être avais-je maintenant le droit d'aller plus loin ?  Ou plutôt : la possibilité ? Tout ne se fait pas d'un coup ; on ne donne pas du vin de Bordeaux aux bébés, mais d'abord du lait. De même j'avais commencé un chemin spirituel, et une longue période d'assimilation avait été nécessaire avant que j'en entame, peut-être, la suite... 

     

    (à suivre)

       

     

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          Voici donc la suite attendue de mon article du 13 août "Un Voyage Mouvementé".

         Loin de vouloir raconter ma vie et faute d'avoir pris des notes sur place (ce qui me paraissait totalement superflu), je vais plutôt évoquer avec vous les points principaux de cette rencontre avec les idées ou ressentis qu'elle a éveillés en moi. 

        De même j'avais jugé inopportun de prendre des photographies : j'illustrerai donc peu cet article, sinon avec des images extérieures.

          Lorsque j'entrai, Phène était assise sur une simple chaise pliante au milieu d'une vaste pièce en parquet ciré, face à une trentaine de personnes assises sur deux à trois rangées et presque silencieuses. Sur la droite des baies vitrées donnaient sur une cour goudronnée environnée de petites soupentes où étaient rangés des tables, des chaises et différents ustensiles ; sur la gauche, un pan de rideaux noirs ; au fond, deux petites portes donnant sur des sortes de "coulisses". Et à la droite de Phène enfin, une autre chaise noire pliante exposait le portrait de son Maître environné de quelques fleurs. Je puis bien reproduire celui-ci puisqu'il nous situera le thème de l'Atelier.

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène

    Shri Ranjit Maharaj, né à Bombay en janvier 1913 et décédé en cette même ville en novembre 2000.

     

         Elle était évidemment bien différente de l'image d'intellectuelle froide que j'avais projetée. Nous projetons toujours nos peurs, et la grosse carapace de mon ego est faite d'intellectualité mal digérée. Ma connaissance de l'astrologie m'a beaucoup aidée en me faisant découvrir que je voyageais en cette vie de Vierge en Poissons : le nœud lunaire sud qui indique les origines et le milieu dans lequel on a évolué enfant révèle un attachement aux règles, à la réflexion, à l'étude (Vierge) ; et le nœud lunaire nord vers lequel, avec l'âge, je me dirige de plus en plus me pousse à une ouverture totale, à un lâcher prise total, à un abandon à l'univers (Poissons)...  Phène ne m'offrait pas une image correspondant au caractère Vierge, mais bien à son contraire : les Poissons. Exactement comme Pierre, le premier maître "réalisé" (du moins l'affirmait-il) que j'ai rencontré et fréquenté assez assidûment entre le printemps 1991 et l'été 94.

         Elle me salua aussitôt les mains jointes, le visage éclairé d'un radieux sourire,  et ajouta :

        - Bienvenue chez toi.

       Elle me présenta brièvement aux personnes présentes qui se retournèrent. Intimidée, je fis des saluts de la tête et hasardai un "bonjour" beaucoup plus ordinaire. J'avais hâte de disparaître dans l'assemblée mais tous les sièges semblaient utilisés. Pourtant, me disais-je, elle était bien prévenue de ma venue ?

      - Prends un siège,  me dit-elle en désignant du regard un point vers sa droite.

      Aussitôt deux chaises m'apparurent. Je n'avais qu'à choisir. L'instant précédent il n'y en avait aucune...  

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène
    Jésus multiplie les pains (tiré du site kt42)

     

         Il est certain que les deux chaises devaient être déjà là et que je ne les avais pas vues... Mais aussitôt je pensai à mon "mensonge", premier enseignement que m'avait apporté Pierre guidé alors par les travaux de Judy Gee : "je n'ai pas ma place ici ". Avec ses deux excellentes collaboratrices Brigitte et Joëlle, deux femmes inspirées et expertes en différents arts de guérison, il m'avait fait comprendre qu'en arrivant sur cette terre mon ego comme celui de tous les hommes s'était constitué autour d'une idée fausse, racine de notre culpabilité chrétienne ("le péché originel") et de notre peur, nous obligeant à faire profil bas et à nous consumer dans un statut misérable ; et que pour en sortir il fallait utiliser la "clé" qu'il nous offrait individuellement, et qui mettait l'accent pour chacun de nous sur l'idée de "je suis amour", avec de légères variantes en fonction des personnalités.

          La matinée ne se termina pas tout de suite. Je pus assister à la méthode de Phène. D'une voix très douce et à peine audible, elle nous demandait :

           - Posez-moi des questions

        Parfois souriante et parfois grave elle semblait s'être retirée de son corps et flotter légèrement au-dessus pour ne plus avoir d'interférence avec ce qui est "personnalité", ce qui rendait sa voix comme désincarnée et son regard parfois dur - mais vite presque maternel si le "disciple" se montrait effrayé.

        Quelle question poser ?? Et c'est encore Pierre qui me revenait, Pierre qui changea plusieurs fois de type d'enseignement, ce qui me poussa à le quitter car je pensais avoir fait le tour de celui qui me convenait (mais je trouvais formidable de sa part de savoir s'adapter sans cesse aux nouvelles générations, aux nouvelles idées, et d'offrir au monde une "voie" non figée et d'une créativité fantastique !) : après s'être inspiré de Judy Gee (sophrologue américaine) puis d'Osho (maître indien : ce fut la période que j'ai suivie), il se plongea dans la légende du Graal et nous apprit que le disciple, à l'instar de Perceval, devait savoir poser les bonnes questions. Quelle "bonne question" ? Comme Perceval, je restais muette et me désespérais.

        Et en même temps je me disais : Vouloir poser la bonne question, c'est vouloir être le bon élève !! C'est donc avoir tout faux !! Qui peut dire : "Moi Moi Moi, j'ai tout compris" ? Compris quoi ? "Moi Moi Moi je suis le meilleur" ! Meilleur que qui ?? En quoi ??  Je me taisais donc. Mieux valait passer pour un benêt ("und suche dir, Gänser, die Gans" ! disait Gurnemanz au pauvre garçon dans le Parsifal de Wagner, le chassant de la basilique : "et cherche tes oies, gardien d'oies !") que demeurer dans un 3e chakra (celui de l'affirmation de soi en tant qu'ego) que Pierre m'avait appris, si longuement et laborieusement, à dépasser.

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène

    Dessin réalisé par moi-même en 1992.


         Voici le dessin que m'inspira cette légende de Perceval à laquelle j'adhérai quelque temps encore avant de quitter "La Voie de la Lumière", qui maintenant s'appelait "Le Sentier du Graal"... La personnalité s'ouvre comme une coupe à la Lumière qui la dépasse ; semblable à la Lune qui n'est que le reflet du Soleil, elle se laisse transpercer par l'épée de - l'Amour ? Le travail sur Soi ? L'écoute du Maître ? La destruction de l'ego ? Tout semble une seule et même chose - et la conscience intègre alors la "Perle", autrement dit la Source absolue de toute vie et de tout Amour, Ce que Je Suis. C'était aussi pour moi le passage de la domination du 3e chakra à celle du 4e : le Coeur. La Voie que nous offrait Pierre était celle du Coeur, et sa seule ambition, disait-il, était de conduire le maximum d'êtres sur cette Terre à la véritable ouverture du coeur. 

         Phène justement était en train de désarçonner sérieusement une personne qui s'effrayait de la souffrance du monde, des guerres et des attentats qu'elle voyait se multiplier. Imperturbablement, elle lui répondait que ce n'étaient là que des projections, des créations de son esprit... Difficile à accepter quand on voit souffrir des enfants, répliquait l'interlocutrice. Et pourtant, avec la lecture de Rajneesh et le travail sur ses deux tarots (d'abord celui-ci, que l'on trouve maintenant sous cette forme, puis celui-là, que j'avais d'ailleurs apporté sur moi), je savais bien le mécanisme des projections. Mais la souffrance d'autrui paraît toujours plus intolérable car, si autrui ne fait qu'un avec nous, elle nous jette à la figure la nôtre propre contre laquelle nous ne pouvons rien. C'est ce qu'essayait de lui répondre Phène, avec douceur et patience. 

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 2 - Phène
    Violences à Gaza (photo Nouvel Observateur)


         Il fut enfin annoncé que nous partagerions un repas convivial dans la cour adjacente. J'avais apporté quelques tomates et chips, mais c'est avec un grand coeur que les Angoumoisins présents m'invitèrent à partager de bonnes choses qu'ils avaient confectionnées, tandis que Phène me fit l'immense bonheur de venir s'installer à mes côtés. Je me fis remarquer avec mon tarot Zen dont on réalisa quelques tirages, et le soleil réapparu se fit un devoir de nous taper sur le crâne jusqu'à nous flanquer mal à la tête. Phène s'en était méfiée, mais une des assistantes, plus tard, me confia : "il n'y a pas que le soleil, qui nous a tapé sur la tête !" ... 

     

    (à suivre)...

    Sites où l'on peut trouver Shri Ranjit Maharaj
    (certains sont en anglais) :

    http://sadguru.com/ranjitmaharaj.php​
    http://www.inner-quest.org/Ranjit_Satsang.htm
    http://samadhi.forumgratuit.org/t179-sri-ranjit-maharaj​

    Enfin un enregistrement de lui (en anglais)
    accompagné d'autres mis en lien :

    https://www.youtube.com/watch?v=jtbKvwsOoQE
    Phène a quelque peu adopté ses manières...
     

     

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  • (début ici) 

        Terminons le récit de ma fabuleuse rencontre avec Phène, ce dimanche 10 août à Angoulême. 

       Nous achevions notre repas dans la cour reconquise par le soleil et, exhibant mon Tarot Zen (voir ici des tirages gratuits selon la méthode préconisée par le livret d'utilisation), je faisais un tirage en démonstration. Ayant surtout travaillé sur la méthode de tirage classique du Marseille, j'ai tiré la 1ère carte à gauche (qui me représente), la 2e à droite (qui représente la personne ou la situation vis-à-vis de moi ou opposée à moi), la 3e en haut (qui représente ce qui influe sur le résultat ou un passage obligé), la 4e en bas (qui représente la réponse à la question évoquée)  et enfin la 5e au centre (qui représente une synthèse, un conseil ou une conclusion).

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 3 - La Voie ouverte

    Un tirage du tarot d'Osho (ou Zen) selon la méthode en croix classique (et non celle indiquée sur le livret), mais en ajoutant au centre le conseil.

     

        Si je note ici ce tirage, c'est à cause de ma surprise de trouver, en place de celle sur qui je m'interrogeais et qui était à mes côtés (Phène), l'Arcane Majeur n° XIV qui s'intitule L'intégration (image de l'union mystique, de la fusion des opposés). Pouvais-je trouver une aide plus puissante, moi qui me représentais avec la carte de L'épuisement (carte de "feu" et donc associée au domaine de l'énergie, indiquant que je gaspille mes forces en de prétendues obligations qui n'en sont pas) ? Deux autres arcanes majeurs trônaient dans ce tirage : la Vacuité, comme moyen d'accéder au résultat (une carte qui évoque le fait de faire le vide en soi pour laisser la place à "autre chose") ; et la Créativité comme résultat (laisser se manifester la lumière à travers soi...), tandis qu'en conclusion j'avais encore une carte de feu : Les possibilités, qui montre l'immense liberté de celui qui a atteint de la hauteur et dont l'espace devient l'élément.

     

         Bientôt nous rentrâmes pour reprendre les entretiens et je vis que l'auditoire avait légèrement changé : en effet les participants devaient s'inscrire par demi-journées, mais certains présents le matin étaient encore là, notamment ceux qui avaient déjeuné dans la cour.

         Phène, qui s'était montrée si souriante et simple à côtoyer, reprit une attitude plus lointaine, ce qui me permit d'imaginer qu'elle déplaçait sa conscience hors d'elle-même - se laissant absorber par un "Je" supérieur.

       Cependant, poser des questions paraissait toujours aussi ardu. Et désespérément je retournais dans ma tête mes souvenirs de "La Journée de l'Existence" de Wyschnegradsky, sans parvenir à me souvenir des questions évoquées par l'auteur (qui de fait n'étaient pas posables)...

    Et l’Esprit pose des questions ;
    Et doutant de toutes choses, et prouvant toutes choses,
    Il veut atteindre la Vérité.
    « Qu’est-ce l’Amour ? Qu’est-ce le Désir ?
    - Vains fantômes, éclipses de la Raison !
    - Qu’est-ce la Vie ? Qu’est-ce la Terre ?
    - Changement perpétuel de formes mortes et vivantes,
    Sans but ni raison, sans commencement et sans fin !
    - Et qu’est-ce la Foi ? Qu’est-ce Dieu ?
    - Illusion des désespérés !

    (voir ici)

         Je lui demandai cependant, en souvenir de la fin de cette oeuvre monumentale pour récitant et orchestre :

         - Quand on évoque le Tout et le Rien, on a tout de même l'impression d'une dualité ?

           Et elle me répondit :

            -  Ce qu'on appelle "Rien " n'existe pas, il n'est que l'ombre illusoire du Tout.

          Depuis, j'ai découvert que Wyschnegrasky, qui avait vécu l'expérience de la non-dualité, évoquait également un rêve d'enfance qui selon lui l'expliquait par le rapport du point à la densité : 
        " Il semblait qu'une espèce de masse informe était en face de moi, et tout à coup dans cette masse, je vois un point. J'ai senti immédiatement, dans le rêve, que ce point-là c'était en même temps rien, zéro, et en même temps une infinité. (...) C'est en quelque sorte ce qui est devenu plus tard, dans ma conception métaphysique, l'identité des contraires, et que j'ai vécu très intensément au cours de ces expériences de l'Etat Final Parfait."

     

         Un nouveau venu, un homme solide et d'âge mur répondant justement au nom de Pierre, opposa sa solidité matérielle à Phène qui lui enjoignit de tout lâcher et d'abandonner ses armes...

          Elle cita alors Jésus en ces termes :

    Douce est mon autorité.

          Une assistante du matin évoqua alors son impression d'être un bébé recevant le biberon, en buvant ses paroles. Elle cita de nouveau Jésus pour lui répondre :

    Laissez venir à moi les petits enfants !

     

        Et elle sourit, avec cette douceur qui m'avait tant touchée chez cet autre Pierre, mon guide d'autrefois... Après un de ses séminaires (nous y faisions, sur un week-end, des exercices physiques et méditatifs suivis de dessins destinés à fixer nos ressentis) il nous invita une fois à venir nous asseoir devant lui en tailleur, tour à tour, pour recevoir son énergie... et il me gratifia d'un tel sourire - si chaud, si réconfortant - qu'à jamais il m'a suffi depuis d'y songer pour être inondée de joie, parfois jusqu'à éclater de rire !

         Il nous avait appris à ouvrir notre coeur, mais c'est un "mouvement" intérieur sensible et qui ne demeure pas en permanence ; et là soudain, je sentais mon coeur qui s'ouvrait de nouveau et je voulais le montrer à Phène ! Nous rîmes un instant aux anges toutes deux face à face, puis elle se ressaisit et je l'interrogeai :

       -  Que penses-tu de la Voie de la Dévotion ? L'Amour est un merveilleux moyen de se dépasser...

          - Oui, fit-elle ; mais ce n'est encore qu'une étape, il faut aller au-delà.

       Au-delà.... Le Vide !! C'est un peu vertigineux, mais comment penser le contraire puisque dans l'Amour il y a forcément un sujet et un objet ?

       Et pourtant, ne peut-on pas se fondre dans l'objet, comme je l'ai représenté le jour de mon initiation ou "naissance dans le coeur " ... ? 

     

    Rencontre avec l'Advaïta : 3 - La Voie ouverte
    Rentrer "chez soi".
    © Martine Maillard


         Vers 16h30 nous cessâmes, et je m'empressai de prendre congé car il me restait une longue route à parcourir, jusqu'à Ancenis où j'étais attendue. Je filai dehors remettre mes chaussures, récupérer mon imperméable et mon sac de pique-nique et m'aperçus que je partais sans mon sac à mains, demeuré dans la salle à côté de ma chaise. Avais-je momentanément oublié mon ego ? Cette pensée me mit en joie.

         Le retour fut une explosion de bonheur. Je me fiai aveuglément au GPS qui me conduisit admirablement et très rapidement à mon but. Et plus j'avançais, plus le soleil se faisait éclatant dans un ciel de plus en plus bleu. 

       Me remémorant ma première retraite à Brunoy le week-end de Pâques 1981 avec le groupe de yoga Sivananda, je chantai les mantras entraînants que je n'ai jamais oubliés, et notamment celui-ci qui est mon préféré : 

     "OM ADI GURU, ADVAITA GURU,  ANANDA GURU OM !

      CHIT GURU, CHITGANA GURU, CHINMAYA GURU OM ! "

    (Je m'en étais fait faire la traduction ; à quelque chose près, cela signifie ceci :

      "Salut, ô guide primordial, guide non divisé, guide baignant dans la Béatitude !
      Salut, ô guide Connaissant, guide rempli de Connaissance, guide débordant de Connaissance !")

      Cette surabondance d'adjectifs me remplissait d'allégresse et le chant de ces mantras, assez long déjà, puis la récitation répétitive à voix haute et lente de prières chrétiennes, en français ou en latin, me maintenait dans un état second et planant qui ne m'empêchait pas de regarder attentivement ma route bien sûr... mais sur l'autoroute, je ne risquais rien, tout était calme.

        Pourquoi Phène avait-elle choisi ce nom ? Parce qu'en grec il signifie "apparence" : phaïnomaï, "j'ai l'air de", "j'apparais". Mais derrière ce voile se tenait ... la Vérité.
       

     

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