• Paris, ma vagabonde...

     
           Je remets à jour un article qui date de janvier 2006 et met en scène Robert Bichet et son ami André Taupin à Paris en 1972, s'adonnant à leur passe-temps favori : jouer ensemble sous le métro.
     
          André Taupin, que Robert Bichet avait connu au Conservatoire de Région de Tours alors qu'ils y étaient tous deux étudiants, est alors élève d'André Navarra au Conservatoire National Supérieur de Paris ; mais si sa sonorité de violoncelle est particulièrement belle, personne ne s'arrête pour l'écouter lorsqu'il joue seul l'aria de la suite en Ré de J.S. Bach ; par contre, lorsque le hautbois de Robert Bichet s'en mêle (notamment dans la sonate de Heinichen), les gens sont intrigués par cet instrument sonore qu'ils n'ont pas coutume de rencontrer et ils écoutent.

     


    André Taupin joue seul l'Aria de Bach
     

          J'étais présente, toute jeunette à l'époque, et prenais les photos et les enregistrements que vous trouvez dans cet article. Quand le sol était goudronné, Robert écrivait des messages poétiques au sol. Son but, en jouant sous le métro, n'était pas de gagner de l'argent - malgré le chapeau posé à terre "pour le fun" - mais de profiter de la belle acoustique et de jouer les "musiciens errants" comme il a toujours adoré le faire.
     
     
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         Robert, dont on peut lire la signature, aimait à écrire à la craie, lorsque le sol était goudronné, ces quelques phrases de son cru - qui étaient en quelque sorte sa devise - :

     
    «  La poésie chante et pleure dans tous les mondes.
    Elle habite chaque élément.
    L'espace l'accueille pour faire ses images
    Et le poète la cueille en fleurs précieuses
    Pour décorer sa solitude. »
    (voir ici)
     
      
     
     
    Jean-David Heinichen : sonate pour hautbois et basse continue, 2e mouvement (sicilienne). 
     
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       Un jour, pour en faire la démonstration à Gaston Bichet (ici avec la casquette) le père de Robert, ils s'étaient installés à la station "Opéra", et Robert avait mis sa chemise blanche et sa Lavallière (accessoire vestimentaire qu'il affectionne particulièrement). Quant à André, qui semblait être né avec un violoncelle tant il s'en débrouillait quelles que soient les circonstances, il jouait tout simplement assis sur la boîte de l'instrument ! Les gens s'étaient peu à peu attroupés.
     

     

    Jean-David Heinichen : sonate pour hautbois et basse continue, 1er mouvement

     
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          Nul étonnement alors à ce qu'un journaliste qui passait par là s'en saisisse pour un papier qui, à notre grande surprise, parut peu après en Belgique et nous fut envoyé par un ami tombé dessus par hasard !!
     
     
    Article-Libre-Belgique
     
     
         La soirée se terminait souvent dans une pizzeria du quartier Saint-Michel : ici Robert s'est emparé de la casquette de son père, et chacun rejoue pour le grand plaisir du patron, qui pour remercier nous offre le dessert.
     
     
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       P.S. : Le titre de cet article est lui aussi de Robert... Il aimait nommer ainsi Paris lorsqu'il y vivait en bohème.
       
       
     
     
    « NovembreL'Exil »

  • Commentaires

    1
    Samedi 10 Novembre 2012 à 12:00
    Un petit texte profond et poétique la devise de Robert, cela donne déjà une idée très très positive de l'artiste. 1972 ce n'est pas si loin et que de changements depuis, je suppose qu'il n'y a plus de musicien dans le métro, ils se feraient voler leur instrument de musique. Je me rappelle en vacances, deux musiciens jouaient des airs de musique qui me plaisaient beaucoup, ils étaient enjoués, souriants, j'ai mis de l'argent dans la soucoupe, non pour leur faire l'aumône, mais les remercier de nous faire participer à leur travail.


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