•          Pour ceux que mes allusions précédentes à "la mort" ont effrayés, je ne peux résister à l'envie de vous faire découvrir, comme je viens de le faire, cette vidéo d'un enseignement de Jean-Yves Leloup sur le baptême dans le Jourdain.

           "Trépasser" selon lui, c'est "faire trois pas", qui correspondent à ceux du véritable baptême (de "baptidzeïn" en grec qui signifie "plonger dans l'eau").

        - le premier, c'est la purification : par l'immersion dans l'eau, on se nettoie complètement de son passé et c'est ce qu'on appelle communément "la mort du vieil homme".

        - le second, c'est l'illumination : par l'onction d'huile on devient soi-même Messie ou Christ, Celui qui est "oint", c'est-à-dire Fils Unique de Dieu.

        - le troisième, c'est l'union : par l'Eucharistie, c'est-à-dire par la nourriture on devient UN avec Tout ce qui est.

     

        Ce discours est d'une grande richesse, puisqu'il nous rappelle que le Jourdain, fleuve dont on ne peut voir la source, est une image de ce qu'est le Fils, que l'on voit et qui est issu du Père que l'on ne voit pas, animé par l'Esprit qui est le Mouvement reliant les deux en permanence ; et que nous plonger en lui c'est nous plonger dans le "JE SUIS", pure sensation d'être dont la Source nous devient perceptible par cette seule plongée ...

     

     

         Une fois le fleuve "Je Suis" découvert (qui doit être, le souligne Leloup, une "eau vive" !), une fois cette plongée réellement effectuée, à nous de nous maintenir dans la profondeur  jusqu'à ce que d'autres pas soient possibles... Car l'action effectuée devant les prêtres n'est jamais qu'un symbole !

           Et c'est là que Jean-Yves Leloup s'avère plus que jamais le frère jumeau de Nisargadatta Maharaj, dont la formule "Sois !" rappelle que la seule voie vers notre Vérité consiste à demeurer plongé dans l'Être pur, dans la simple Présence à soi-même.  

            Et comme il l'ajoute ensuite, cette vérité a justement pu être redécouverte par un de ses amis converti au Yoga, quand se plongeant dans le Gange il s'est soudain souvenu de son baptême, et a réalisé les effets puissants de cette pratique !

     


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    Noël

     

    «  Et le Verbe s’est fait chair,
    Il a habité parmi nous, 
    et nous avons vu Sa Gloire,
    Gloire qu’Il tient de son Père comme Fils Unique,
    plein de Grâce et de Vérité. »


    Prologue de l’Évangile de Jean, verset 14 

     


           
    Jean-Yves Leloup, lorsqu'il déclame ce Prologue en terminant juste sur le début de ce verset, préfère utiliser le terme grec de Logos. En effet, tandis que le mot latin Verbum représente un simple "mot prononcé" (que les bibles catholiques traduisent souvent par Parole), le Logos grec a une signification plus vaste d'exposé logique (ce mot français en dérive d'ailleurs, comme tous les termes désignant une science qui s'achèvent par "-logie") ; de discours ou de raisonnement.

          Pourquoi cette idée est-elle utile ? Parce que, comme Jean l'indique par la suite, "tout a été fait par lui", ce qui implique un développement spontané de la création avec l'apparition d'un monde organisé et celle de la loi de cause à effet. Ainsi le Logos, ou "Verbe" dans cette acception particulière, n'est pas assimilable à un Être de type humain, comme nous l'entendons malgré nous à travers les dénominations de "Père" et de "Fils" et surtout par l'assimilation à Jésus, mais serait plutôt un développement naturel de ce qui est appelé initialement "le Principe" ou "l'Origine". 

          De plus, Leloup remet (comme Chouraqui à cette page) tout ce prologue ou presque au présent, tandis qu'il est au passé dans le texte grec et qu'on le  traduit généralement au passé. Pourquoi ? Pour mettre en évidence son côté initiatique bien sûr : ce qui est relaté dans ces versets n'est pas un quelconque événement inscrit dans notre histoire, si fondateur soit-il ; c'est le fonctionnement même de la Vie, la structure même de notre expérience de chaque instant, en dehors du temps, dans la dimension de l'Absolu.

            De la Source jaillit la Lumière, et cette Lumière fait être tout ce qui est, en s'y insufflant sous forme de Vie. Elle "se fait Chair", c'est-à-dire qu'elle prend l'apparence d'une forme, d'une matière afin de nous atteindre et que nous puissions la percevoir - elle qui est bien au-delà.

             Mais dès que l'on parle de Lumière on sous-entend obligatoirement son contraire, la Ténèbre - de même que dès que l'on parle de la Vie on sous-entend aussitôt la Mort. Tout cela est la logique émanation du Souffle Premier, et plus peut-être à la manière dont on émet une parole qu'à la manière dont on engendrerait un enfant ; mais il est également éclairant de parler d'un fils par rapport à son père, car le fils porte par définition l'hérédité et la ressemblance du père, il est par définition de même nature que son père.

          Tous ces termes sont donc des images ayant pour seul but d'éveiller en nous une compréhension supérieure, et non des phrases à prendre "à la lettre".

           Noël est une fête sacrée, qui célèbre ce moment où de la nuit profonde jaillit en nous la Compréhension, le moment où, à travers ces ténèbres dont nous sommes constitués (ténèbres au sens d'absence d'existence propre, absence de réalité intrinsèque), nous découvrons soudain cette merveille du Verbe Créateur éclos en nous, de la Vie qui nous traverse et nous donne réalité, la seule Réalité de Dieu !

         Or de même que la Réalité ne peut être effacée, de même la Lumière ne peut être éclipsée par les Ténèbres : en effet, comme l'expliquait un jour Mooji, lorsque vous êtes dans une pièce noire et que vous ouvrez les volets sur le jour, la lumière envahit votre pièce ; mais lorsque vous êtes dans une pièce éclairée et que vous ouvrez les volets sur la nuit, la nuit n'envahit pas votre pièce, au contraire c'est votre pièce qui éclaire au-dehors. Il en va de même de la Vie. La Vie se répand d'un corps à l'autre et quel que soit le corps animé ou inanimé, elle est toujours présente dans les mêmes proportions, jamais limitée par quoi que ce soit.

           Ainsi non seulement le Verbe s'épanouit "en nous" (car le texte latin comme le texte grec utilisent cette préposition "en"), mais aussi "parmi nous" car étant la Vie, Il est en toutes choses répandu.

             Le contempler vraiment dans toute Sa Gloire, Sa Grâce et Sa Vérité, que ce soit sous la forme d'un tout petit enfant ou sous n'importe quelle autre forme, voilà ce à quoi nous aspirons tous secrètement. Voilà ce que l'on nomme Bonheur, Joie, Béatitude. Voilà le but de toute existence humaine, et le lot offert à tous ceux qui, croyant en "Son Nom" (c'est-à-dire acceptant d'en être les héritiers) découvriront qu'ils ne sont pas nés de la chair (donc qu'ils ne sont pas néant), mais sont bien les enfants du Principe originel exprimé en tant que Verbe-Lumière, et destinés à s'absorber définitivement en Lui... !

      

    Verbe vivant

     

     


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