•      Je voudrais aujourd'hui partager avec vous une découverte musicale que je viens de faire. 

         Il s'agit de l'interprétation du Prologue de l’Évangile de Saint-Jean par Théophile de Wallensbourg. 

     

           Une audition musicale est un excellent support de méditation, surtout lorsqu'elle a été conçue dans ce but comme c'est le cas ici, c'est-à-dire lorsqu'elle s'ajuste aux versets avec clarté et de façon linéaire, sans fioriture inutile mais en soulignant simplement ce qui doit l'être.

         L'auteur a choisi d'utiliser la version latine du texte, sans doute par fidélité à la tradition catholique plus usitée dans la musique occidentale, et il s'est s'arrêté au verset n°14 : "Et Verbum caro factum est" ("et le Verbe s'est fait chair"), qu'il a conservé comme titre de son oeuvre - une commande de Christophe Chauvet, directeur des chœurs et de l'orchestre de chambre de Senlis.

          Je joins donc sous cette vidéo pour l'usage de ceux d'entre vous qui voudront bien écouter l'oeuvre, le texte correspondant avec sa traduction française telle que je la conçois... J'ai mis entre crochets un passage qui, semble-t-il, est omis dans cette interprétation musicale.

       Vous trouverez à cette page une traduction officielle directement issue du latin, mais je précise que j'ai préféré m'inspirer du texte grec et de l'éclairage qu'en donne le site "spiritualité orthodoxe" (descendez la page mise en lien pour trouver les commentaires, puis le texte du prologue avec la traduction du grec expliquée).

     

      

    1. In principio erat Verbum et Verbum erat apud Deum et Deus erat Verbum.

      - Dans le principe originel était le Verbe et le Verbe était tourné vers Dieu et le Verbe était Dieu. 

    2. Hoc erat in principio apud Deum. 

      - Il était dans le principe originel tourné vers Dieu. 

    3. Omnia per ipsum facta sunt et sine ipso factum est nihil quod factum est. 

      - Tout fut par lui et rien de ce qui fut ne fut sans lui.

    4. In ipso vita erat et vita erat lux hominum. 

      - En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. 

    5. Et lux in tenebris lucet et tenebrae eam non comprehenderunt.

      - Et la lumière brille dans l'obscurité et l'obscurité ne s'en est pas emparée.

    6. Fuit homo missus a Deo cui nomen erat Iohannes. 

      - Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean.

    7. Hic venit in testimonium ut testimonium perhiberet de lumine ut omnes crederent per illum. 

      - Il vint en témoin pour rendre témoignage de la lumière afin que tous croient par lui.

    8. Non erat ille lux sed ut testimonium perhiberet de lumine. 

      - Il n'était pas la lumière mais c’était pour rendre témoignage de la lumière. 

    9. Erat lux vera quae illuminat omnem hominem venientem in mundum. 

      - Cette lumière était la véritable, celle qui illumine totalement l’homme arrivant dans le monde. 

    10. In mundo erat et mundus per ipsum factus est [et mundus eum non cognovit.] 

      - Il était dans le monde et le monde était advenu par lui [et le monde ne l'a pas connu.] 

    11. In propria venit et sui eum non receperunt. 

      - Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. 

    12. Quotquot autem receperunt eum dedit eis potestatem filios Dei fieri his qui credunt in nomine eius, 

      - Mais à ceux qui l'ont reçu il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, ceux qui croient en son nom, 

    13. Qui non ex sanguinibus neque ex voluntate carnis neque ex voluntate viri sed ex Deo nati sunt. 

      - Qui ne sont pas nés du sang ni d'un vouloir de chair ni d'un vouloir d'homme, mais de Dieu.

    14. Et Verbum caro factum est et habitavit in nobis et vidimus gloriam eius, gloriam quasi unigeniti a Patre, plenum gratiae et veritatis. 

      - Et le Verbe s'est fait chair et il a fait en nous sa demeure et nous avons vu son rayonnement, rayonnement qu’il doit à son Père comme Unique-Enfant, rempli de grâce et de vérité. 

     

    Shiva



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  •    Quand tout s'effondre, quand le cœur gémit au fond de sa misère, parfois, il suffit d'être patient ; attentif... un baume se répand sur lui, venu d'on ne sait où.

          Mon piano semble me tendre les bras. Je cède à son appel, et tout s'apaise ; tout rentre dans l'ordre.
     

       Pour moi c'est mon piano qui rétablit la paix, mais pour vous cela peut être tout autre chose... cette bénédiction qui descend toute seule et remet tout en place, pendant que tout se tait. Exactement comme lorsque Jésus leva la main sur les flots et calma la tempête dans laquelle se débattaient Pierre et ses amis, sur une barque au milieu du lac de Tibériade.

        C'est ce que dit le poète allemand Franz von Schober dans un texte dont le musicien Franz Schubert fit une de ses plus belles mélodies : An die Musik, À la musique.

          J'aurai beaucoup de mal à traduire ce poème, ne trouvant pas d'équivalent en français pour les termes même de cette invocation : le poète s'adresse à la musique comme à une déesse, mais il emploie pour la caractériser le mot "art" qui en allemand est féminin ; et il lui adjoint l'adjectif "hold", que l'on traduit communément par "doux", mais qui résonne de façon plutôt religieuse avec la notion de "favorable", "bienveillant", ou encore "rempli de grâces" comme dans le cas de la Vierge Marie. 

          De ce fait je vous proposerai plutôt tout simplement l'adaptation française de la mélodie, car elle me paraît fidèle à l'esprit malgré certains écarts de sens (le "cœur enflammé d'un chaud amour" du premier couplet est remplacé par un "baume versé", mais enrichi ensuite de "bienfaits goûtés") ; cependant vous pouvez trouver une autre traduction sur ce site. Et sur la page youtube de l'enregistrement ci-dessous vous avez une traduction anglaise.

     

     

    Ô Toi, Musique, aux heures de détresse
    Dont le fardeau me semble si pesant,
    Combien de fois m'as-tu versé ton baume,
    Conduit au seuil d'un monde plus serein 
    Et fait goûter tes chers bienfaits !


    Et bien souvent, ton souffle frais en tendre,
    Un saint et doux accord venu de toi
    M'ont dispensé la paix que tous espèrent...
    À Toi merci, Musique noble et pure !
    Douce Musique, à Toi, merci.

     

     


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  •         J'ai déjà évoqué ce beau passage du Psaume 37, v.7 mis en musique par Félix Mendelssohn dans son Oratorio "Elias" (voir ici) :

    « Reste paisible auprès du Seigneur et attends-Le ».  

     

    Le jeune David
    Image tirée du site

     

           Il en existe une autre interprétation musicale dans l'oratorio plus récent et conçu en français d'Arthur Honegger  "le Roi David", sur un livret de René Morax.

           Par la fantaisie du librettiste qui s'attarde aux détours de l'histoire supposée du jeune David, et la fougue du compositeur âgé d'à peine 28 ans, il s'y ajoute une belle envolée d'oiseau vers les montagnes quand la flèche acérée de Saül le jaloux risque de transpercer l'innocent berger poète.


    « Ne crains rien et mets ta foi en l'Éternel !

       Pourquoi me dire : "enfuis-toi
       Comme fuit l'oiseau du ciel
       Vers les montagnes ?"
       Le méchant bande son arc 
       Et sa flèche va siffler,
       Car dans l'ombre il a tiré
       Sur l'innocent au cœur droit...

       Ne crains rien
       Et mets ta foi en l'Éternel. »

     

     

          Mourir est la principale crainte de l'ego. Pour cela il s'invente mille ennemis afin d'alimenter un réflexe de protection ; mais les ennemis font partie de son monde, ils sont issus de ses pensées. Celui qui s'enracine dans l'Éternel ne peut mourir. Il n'a pas à fuir, nul endroit à chercher, mais seulement à demeurer stable en sa nature profonde.

          Arthur Honegger, qui par son origine suisse était de confession protestante, imprègne cette oeuvre d'une foi rayonnante.

     

    Le Roi David

     


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  •  

          À l'heure où j'envisageais de publier sur ce blog un article consacré à la bénédiction, je trouve ce merveilleux texte chez Marlalex, dont le beau site est fort méconnu : Bénédiction.

         Je vous invite donc à aller le découvrir avant de me lire.  En effet elle y livre des explications  lumineuses que je n'aurais pas été en mesure de vous donner.

     

    Action de Grâces-le blog de Marlalex

     

           En ce qui me concerne, je souhaitais être moins bavarde et vous faire entendre de la musique. Cependant celle-ci requiert quelques commentaires.

          Il s'agit du "Kaddish" de Maurice Ravel, ce compositeur français né à Ciboure en 1875 et mort à Paris en 1937, d'un père d'origine Suisse prénommé Joseph et d'une mère d'origine espagnole prénommée Maria ; petit homme frêle et particulièrement réservé il se présenta toujours comme agnostique, mais son perfectionnisme dans l'esthétique s'associa toujours à un amour foisonnant de la vie sous toutes ses formes, le faisant tantôt panthéiste (avec Daphnis et Chloé par exemple), tantôt mystique (dans ce Kaddish).

           C'est l'une des plus belles et des plus importantes prières de la liturgie juive, et Ravel eut à cœur d'en faire une adaptation fidèle à l'esprit hébraïque, qui puisse être chantée également dans la langue d'origine (l'araméen, voir ici la transcription utilisée). C'est ainsi qu'aujourd'hui on le trouve essentiellement, et qu'il fut magnifiquement interprété à Jérusalem en 2010 par le jeune ténor Azi Schwartz (voir ici ).

     

          Cependant, que comprendre à cela pour nous, béotiens ignorant des beautés de la langue parlée par Jésus en Palestine ?

         J'ai reçu en cadeau dans ma prime jeunesse un disque qui, comme tout ce que l'on découvre jeune, se grava indissolublement dans mon coeur : c'est celui qu'enregistra la soprano espagnole Victoria de los Angeles avec l'orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction de Georges Prêtre - un merveilleux ciseleur de la musique de Ravel. Et en effet, si l'accompagnement de cette mélodie est tout en notes tenues, quoi de plus expressif que des violons pour en rendre la subtilité ? Si les accords centraux ne sont qu'arpégés, quel meilleur instrument que la harpe pour les déployer ? Cette interprétation, dans le texte français et accompagnée à l'orchestre restera toujours la plus chère à mon coeur.

        Comme notre Victoria n'est pas toujours parfaitement compréhensible, vous trouverez ci-dessous la version française du texte, dont la splendeur éblouit.

     

     

    Que ta gloire, ô Roi des Rois, soit exaltée !
    Ô Toi qui dois renouveler le monde
    Et ressusciter des trépassés...
    Ton règne, Adonaï, soit proclamé
    Par nous, fils d’Israël,
    Aujourd’hui, demain, à jamais.

    Disons tous : Amen !

    Qu’il soit aimé, qu’il soit chéri,
    Qu’il soit loué, glorifié,
    Ton Nom radieux !
    Qu’il soit béni, sanctifié,
    Qu’il soit adoré,
    Ton Nom qui plane sur les cieux !
    Sur nos louanges, sur nos hymnes,
    Sur toutes nos bénédictions.

    Que le ciel clément nous accorde
    La vie calme, la paix, le bonheur.

    Ah ! ...
    Disons tous : Amen !

     

         


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  •       La musique a toujours été un véhicule essentiel pour exprimer les émotions.

         Par l'impact puissant qu'elle possède sur le psychisme humain, on y a recours  pour créer une atmosphère et elle est la méthode la plus reconnue pour apaiser, voire endormir l'esprit inquiet.

          C'est ainsi qu'elle est particulièrement recherchée dans le domaine spirituel, tant à l'écoute pour atteindre un état contemplatif que dans l'expression chantée de la dévotion.

     

     Amitabha

     

          C'est pourquoi je n'ai jamais cessé, comme sans doute beaucoup d'entre vous, de l'utiliser dans mon quotidien. Ainsi tandis que je vaque à mes occupations, que je me consacre à des activités de préférence non cérébrales, une musique peut me maintenir dans un état méditatif, tout comme pourrait le faire une prière répétée intérieurement.

             Dans ce domaine, j'ai été depuis longtemps séduite par les créations d'Imee Ooi, compositrice et interprète malaisienne dont j'ai déjà parlé sur ce blog (ici) et qui est évoquée sur ce site.

         Profondément dévotionnels, ses chants illustrant les grands textes, les principales invocations ou les plus beaux mantras du bouddhisme sont bouleversants de beauté et de pureté. Sa voix adroitement amplifiée et modulée par le synthétiseur reflète autant la paix que l'innocence, la certitude et la douceur.

          Je m'en laisse totalement imprégner, et vous laisse juge d'en apprécier la qualité à travers cet hommage merveilleux au Bouddha de la Pure Lumière, le Bouddha Amitabha, qui est paraît-il une figure essentielle du bouddhisme Mahayana ainsi que Vajrayana.

          D'origine chinoise, elle prononce "Amituofuo", ce qui accentue à mes yeux l'impression d'une foi intime et profondément ancrée dans une longue tradition. Cependant cette prononciation est bien attestée à cette page dont je vous conseille la lecture.

          La gamme chinoise, sur laquelle elle fonde ses mélodies, ajoute pour moi une sensation de merveilleux, de perfection diamantée dont mon mental aurait tendance à rechercher l'explication dans ses connaissances, mais je le lui interdis. Il semble, quand on écoute ces invocations, qu'on est constamment inondé par des flots de pure lumière, qui comme des vagues, reviennent sans cesse vous immerger... Voilà le principal.

          Puisse le Bouddha d'Insondable Lumière nous prendre totalement dans son Immensité !

     

     

     


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