C'est l'envol des corbeaux hors du fossé natal,
Fatigués de porter les misères humaines.
Sur la route déserte où nul ne se promène
Ils fuient l'auto qui passe en ouragan brutal.
Sur l'asphalte échauffé ils ont pris leurs quartiers
En meute vagabonde, en troupe jacassante ;
Nul ne vient déranger la foule croassante
Qui part en vague sombre au-devant des routiers.
Picorant dans les champs les fragiles semences
Ou dormant sous leur aile au fil de leurs errances,
Les voici de retour, ces corbeaux de l'hiver.
Quand se tait l'appel clair de la douce mésange,
Quand la grisaille tombe et que le froid dérange,
Ils sont les astres noirs de notre ciel couvert.
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(Sonnet extrait de "Instants Secrets", déjà publié sur ce blog en 2006 mais corrigé depuis).