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Jugement dernier
Depuis que je me suis remise en quête de Vérité, il y a maintenant un peu plus de deux ans, je n'ai pas cessé de voir survenir autour de moi des décès.Jusque là cela avait été fortuit, exceptionnel. Mais depuis deux ans, c'est sans cesse, comme un martèlement perpétuel, tout d'abord dans ma famille ou dans celle de très proches, puis maintenant parmi mes voisins immédiats, des gens que je côtoyais sans cesse et dont je partageais presque l'existence.
Non seulement je m'y implique de plus en plus, mais à chaque fois la cérémonie d'obsèques relance le questionnement et porte à réfléchir.Je ne fréquente plus beaucoup les offices catholiques et pourtant trouve qu'il est essentiel qu'au moment d'un décès il y ait cette ouverture vers l'affirmation d'une vie qui dépasse l'apparence, et que le départ du disparu soit accompagné d'un rituel apaisant. Cependant c'est bien plus que cela : la cérémonie réunit à l'église des quantités incroyables de gens, qui en l'espace d'une heure, autour d'un défunt, sont en parfaite communion. Communion par le cœur, car ce sont les sentiments d'amour qui les rapprochent, et communion par la destinée, car chacun est soudain renvoyé à sa condition mortelle, et obligé de méditer sur ce qu'il est, ce qu'il croit, ce qu'il sait de lui-même.
Et alors, étrangement, c'est précisément celui dont le corps se trouve là-devant exposé, anéanti comme fumée, qui nous rappelle le bonheur d'être en vie, par le souvenir qu'il nous laisse de sa gaieté naturelle, de son goût pour la danse et l'accordéon musette, de son amour des fleurs ! Et chacun sourit en songeant que même pour ses obsèques il nous a convoqué le soleil.
Des lectures sont apportées pour nous permettre de réfléchir, et l'une d'elles m'a interpellée si bien que j'aimerais vous en donner mon interprétation.
C'est le discours prêté à Jésus sur le Jugement dernier dans l’Évangile selon Matthieu au chapitre 25, versets 31 à 46. Je ne recopie pas le texte qui est long, mais vous le trouverez en suivant le lien indiqué.
En effet, c'est pour des affirmations de ce genre que l'on quitte la religion catholique. Il y a dans ce dogme des aberrations, une vision de "Dieu" et de son "comportement" qui prêtent à sourire voire incitent au rejet. Si Dieu il y a, ce n'est pas un père fouettard, ni davantage un individu quel qu'il soit !! Ce texte, qui avait été choisi parce que le défunt avait toujours mis au centre de sa vie le dévouement aux autres, méritait sans doute que l'on rappelât à chacun le second commandement : "tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Matthieu 22, 39), qui est central puisque nous sommes un seul Être dans l'Amour.Mais comment pouvez-vous imaginer une minute qu'à "la fin des temps" (quand ça ?), le "Fils de l'Homme" (c'est-à-dire Jésus ?) vienne "dans la gloire" (accompagné d'anges sonnant de la trompette dans le ciel ?) pour mettre les "moutons" à sa droite et les "boucs" à sa gauche, afin de féliciter les premiers et les faire rentrer dans son Paradis, et de condamner les seconds en les jetant dehors ? Mon père me dit-on, était farouchement contre l'incinération car il espérait "ressusciter au dernier jour" pour connaître ce "Jugement dernier". Quel mythe ridicule !
Ce texte est à comprendre tout à fait différemment. Il est imagé, comme toutes les paraboles...
Ne croyez-vous pas qu'en réalité ce "Jugement" se déroule en nous-même, et qu'il n'est "dernier" que parce qu'il intervient au moment où enfin, nous nous dévoilons à nous-même et comprenons qui nous sommes ? Ce n'est pas de la fin des temps qu'il s'agit, mais de la fin du temps, c'est-à-dire de notre sortie de l'univers mental.
Le Fils de l'Homme alors n'est pas Jésus, l'homme Jésus qui fut un instructeur mais a disparu depuis bien longtemps - emporté avec tout l'univers mental d'ailleurs - mais l'instance la plus élevée de nous même.
Et à ce moment, à cet instant qui est hors temps et qui donc est maintenant - maintenant quand nos yeux s'ouvriront - , nous prenons conscience de tout ce qui doit être abandonné, de tout ce qui pèse inutilement en nous retenant dans l'inconscience ("les boucs" : nos attachements, nos pensées illusoires) et nous devenons capables de nous en détacher ; tandis que nous apparaissent clairement les qualités divines qui sont en nous, l'Amour qui nous permet de voir le Divin resplendir en toutes choses et de nous y consacrer, de nous y abandonner (comme des "moutons", remplis de douceur et d'innocence).
Je dirai même qu'à chaque instant le "Fils de l'Homme" en nous voit cela et que notre identification négative (attachement au matériel, croyance à un soi séparé) fait de nous des malheureux coupés de la Source (des boucs dans la peine éternelle), tandis que la vision du Divin en tous et en toutes choses dans un joyeux don de soi nous apporte une félicité sans égale. En effet, les souffrances évoquées (avoir faim ou soif, être malade, étranger ou en prison) sont exactement celles dans lesquelles se maintiennent les premiers, qui n'ont pas su se nourrir de la Source, boire à la Source du Divin en eux, mais sont demeurés dans la prison de leurs croyances, étrangers à leur véritable nature, et malades de ne pas se connaître en tant que pure émanation du Divin.
Nous sommes tous les "bénis de notre Père", car comment pourrait-il en être autrement ? La Création est immaculée, les scories sont poussière et tomberont d'elles-mêmes...Que la Pure Lumière soit toujours avec vous.
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Commentaires
J'ai lu aussi tes réflexions...
Nous avançons en âge et il est vrai que nous voyons de plus en plus de personnes de notre entourage qui décèdent...
Oui on peut s'interroger sur le sens du "Jugement dernier".
Catholique, je ne vais pas souvent à l'église. Je m'y rends juste pour les cérémonies... Se rassembler autour d'un défunt, ces moments de communion, c'est important, réconfortant...
Bises Aloysia
Béa kimcat
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Jeudi 16 Février 2017 à 18:10
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Jeudi 16 Février 2017 à 18:17
Oui, j'ai assisté à une cérémonie funèbre qui se limitait à la chambre funéraire ; c'était bien aussi. Mais on a beaucoup de services religieux ici, qui sont animés à l'église même par un couple qui force mon admiration, car ce sont d'anciens "notables" de la ville (il dirigeait une entreprise d'électricité, elle je ne sais pas si elle a travaillé) qu'à l'origine j'aurais snobés mais qui assurent avec une régularité et une qualité extraordinaire tous les services d'"obsèques de la ville, lui en tant que diacre faisant office de prêtre, et elle en tant que son assistante pour lancer la musique ou lire les textes. Finalement, connaissant presque tout le monde, ils y mettent d'autant plus de coeur qu'ils se sentent toujours plus ou moins concernés par le deuil du moment.
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4blandineJeudi 16 Février 2017 à 14:27Il est très sain ton texte Aloysia. J'aime aller aux enterrements où chacun vient parler du défunt, Soit une blague qu'il aimait faire, soit parler de sa profondeur de pensées. Les gens puisent en eux-mêmes ce qui les as touchés dans le défunt. Souvent je pleure en écoutant les chansons (je dis bien chansons et non chant) choisis pour le défunt et parfois par lui de son vivant . Je me dis toujours, bientôt ce sera mon tour , au lieu de : un jour ce sera mon tour. bises xxx
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Jeudi 16 Février 2017 à 18:19
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Dans ces versets sur le Jugement Dernier, je ne retrouve rien de ce que j'ai pu jusque-là apprendre de la vie. Comment faudrait-il les comprendre ? Je l'ignore. Où est le véritable Amour dans un tel comportement ? Je partage tes interrogations.
Mes amitiés
Alain
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Jeudi 16 Février 2017 à 20:08
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Pourquoi émettre l'enseignement sous forme de parabole? Pourquoi ne pas dire les choses tout simplement ? Tout le monde n'est pas capable d'interpréter les paraboles.....Le catholicisme n'est pas la religion qui m'intéresse le plus mais ton texte était intéressant
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Vendredi 17 Février 2017 à 12:22
Dans l'Antiquité c'était ainsi partout : on ne parlait directement qu'aux "initiés". Chez les Grecs et les Égyptiens également. Et même en Orient l'enseignement, par exemple du Bouddha, passait par une forme de silence.
Ce que tu dis n'atteint que le mental. la Vérité est au-delà. Elle nécessite donc d'autres formes que le langage pour être communiquée.
Toutes les religions sont excellentes chacune dans leur approche ; mais elles ne sont jamais qu'approches.
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Ton texte demande à être médité plutôt que commenté car il touche profond. Amitiés.
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Vendredi 17 Février 2017 à 16:53
De mon côté je suis allée lire ton dernier article sur Jung (le grand oui à la vie), qui est également très impressionnant.
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8danaeVendredi 17 Février 2017 à 17:51Bonjour Aloysia,
J'aime beaucoup la réunion de gens autour du défunt unis dans une même pensée ce qui lui donne plus de force et on se retrouve aussi à penser à soi, c'est un peu naturel. Pour ma part je suis surtout triste de voir la famille qui pleure et j'aimerais leur apporter consolation ! Bises
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Vendredi 17 Février 2017 à 18:22
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Bonjour Aloysia,
Un petit coucou entre deux dessins.
Les enterrements me remuent l'âme. Certaines cérémonies plus d'autres. Tout dépend, je pense, si je suis très proche de la personne décédée, de mon état mental du moment.
Nous sommes tristes de perdre quelqu'un que l'on aime ou que l'on apprécie. Alors que l'on devrait se réjouir qu'il ou elle, soit libéré de son enveloppe charnelle et prêt pour une nouvelle aventure, un nouveau départ ou d'avoir rejoint la paix dans la grande lumière qui est Amour..
La musique, les paroles , les échanges de souvenirs sont autant d'apaisements.
Bises
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Samedi 18 Février 2017 à 13:41
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Je te lis avec attention et respect. Nous sommes bouddhistes et croyons à la réincarnation. Un autre système de pensées sur la vie et la mort....
Bonne soirée à toi.-
Samedi 18 Février 2017 à 21:04
Et alors, mon évocation de la "Pure Lumière" du Bouddha ne te semble pas correcte ? La perte des êtres chers ne vous fait pas souffrir ? La vision de la vie des bouddhistes consiste-t-elle à prendre plaisir à demeurer éternellement dans le samsara ? Je fais là précisément la critique du point de vue catholique. Le bouddhisme est souvent ma référence, par exemple ici.
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"Et mes réponses?" me demandes-tu. Je pense comme toi que le jugement a lieu en nous-même. Jugement ou plutôt observation de soi. Observation détachée sans aucun jugement justement, car le jugement est le fait du mental, il est un frein pour avancer.
Amitiés et bonne semaine
Alain
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Lundi 20 Février 2017 à 11:16
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J'ai lu avec respect et attention
Je te souhaite une journée agréable
@ bientôt
Merci. Qu'il en soit de même pour toi.