• Histoire du pauvre chinois


        Voici, comme convenu, un conte en complément de celui d'hier.

        En effet les cartes du tarot de Rajneesh (appelé maintenant "Tarot d'Osho") s'éclairent souvent les unes les autres, et malgré les titres qui semblent les définir, sont souvent interdépendantes. D'où l'intérêt de posséder le jeu et d'effectuer des tirages dans lesquels on en aligne plusieurs pour répondre à une question. 

         J'apporte cependant tout de suite une précision sur la nature de ce jeu pour éviter les confusions : c'est le premier qu'ait publié le maître indien, édité pour la première fois en 1983 à Zürich puis repris en France par les éditions "Le Voyage Intérieur" en 1991. Il présente 60 cartes qui sont toutes un sujet de réflexion et permettent de s'auto-observer en étudiant le texte qui leur est lié et en s'imprégnant du message contenu dans l'image. Pour plus de clarté en voici la couverture face et dos :

    Tarot-Rajneesh1.jpgLa carte affichée en couverture s'intitule "la concentration" et relate une aventure survenue à Saraha,
    le maître du tantra, qui eut la révélation de ce qu'était la méditation en regardant une femme de basse caste
    confectionner des flèches.


    Tarot-Rajneesh2.jpgDescription du contenu (vous pouvez agrandir)

     
         Rajneesh développera par la suite ce principe dans un tarot beaucoup plus méditatif, plus symbolique et plus construit, qui s'appellera le "Tarot Zen" : composé d'arcanes majeurs et d'arcanes mineurs, avec quatre familles d'arcanes mineurs correspondant chacune à un élément, ce dernier est beaucoup plus ésotérique, quoique formé de lames affectées elles aussi à des thèmes qu'éclairent un texte explicatif. Sa portée est plus intuitive, les cartes richement dessinées portant toutes un message fort. Publié pour la première fois à Zürich en 1994, celui-ci paraîtra en France aux éditions du Gange l'année suivante. On le trouve encore, sous une présentation nouvelle (par exemple ici).

    Tarot-Zen1.jpg

    La lame représentée en couverture est l'arcane majeur n°2, "la Voix Intérieure"

    Tarot-Zen2.jpg(Verso du jeu : vous pouvez agrandir)

      

          Je reviens donc à ma carte du premier jeu de tarot, qui s'associe à une petite histoire.

       Celle-ci s'intitule "le jugement", et j'avoue avoir longtemps mal compris cette dénomination, le mot "jugement" ayant plusieurs significations : tantôt je croyais qu'il s'agissait du substantif utilisé dans la langue classique pour désigner une qualité humaine, la faculté de raisonner, et qui peut se dire également "discernement". Mais il ne s'agissait pas de cela. Tantôt je croyais qu'il s'agissait de l'acte juridique, dans un tribunal : passer en jugement, être examiné de fond en comble, rendre des comptes à ses pairs. Mais non, il ne s'agissait pas de cela non plus...

    Le-jugement.jpg

       L'image portée sur la carte, voulant rendre compte de la totalité de l'histoire, n'était pas bien claire non plus... Et pourtant je tirais cette carte très souvent ! Cela me permit de lire et relire le conte qui y était associé, et de comprendre qu'il s'agissait en fait du "jugement que l'on porte sur les choses lorsqu'elles arrivent "... 

     

    Le Jugement

    (lame 27)

       Voici une histoire que Lao-Tseu aimait raconter.

       Un pauvre chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu'il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu'on lui proposait une fortune pour l'animal, le vieillard répondait :

      - Ce cheval est beaucoup plus qu'un animal pour moi, c'est un ami. Je ne veux pas le vendre.

        Un jour le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l'écurie vide donnèrent leur opinion :

       - Pauvre idiot, il était prévisible qu'on te volerait cette bête ! Pourquoi ne l'as-tu pas vendue ? Quel malheur !

        Le paysan se montra plus circonspect :

       - N'exagérons rien, dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus à l'écurie. C'est un fait. Tout le reste n'est qu'une appréciation de votre part. Comment savoir si c'est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu'un fragment de l'histoire. Qui sait ce qu'il adviendra ?

        Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d'esprit.

         Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n'avait pas été volé, il s'était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade !

        Les villageois s'attroupèrent de nouveau :

       - Tu avais raison, ce n'était pas un malheur mais une bénédiction.

       - Je n'irais pas jusque là, dit le paysan. Contentons-nous de constater que le cheval blanc est revenu ; mais comment savoir si c'est une chance ou une malchance ? Ce n'est qu'un épisode. Peut-on comprendre le contenu d'un livre en n'en lisant qu'une phrase ?

        Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait : recevoir douze beaux chevaux était sans nul doute un cadeau du ciel, qui pouvait le nier ?...

        Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L'un d'eux le jeta par terre et le piétina.

         Les villageois vinrent de nouveau donner leur avis :

         - Mon pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t'ont pas porté chance ! Voici que ton fils unique est estropié ! Qui donc t'aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre !

         - Voyons, rétorqua le paysan, n'allez pas si vite. Mon fils a perdu l'usage de ses jambes, c'est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l'avenir.

        Quelque temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes gens du village furent enrôlés dans l'armée - sauf l'invalide.

        - Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu avais raison ! Ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi tandis que les nôtres vont se faire tuer.

        - Je vous en prie, répondit le paysan, ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l'armée, le mien reste à la maison, c'est tout ce que nous puissions dire... Dieu seul sait si c'est un bien ou un mal.

     

    Conclusion du maître :

       Ne jugez pas, sinon vous ne connaîtrez jamais la réalité. Vous réagissez obsessionnellement aux évènements et sautez aux conclusions : immédiatement, vous cessez de grandir. Le jugement déssèche votre intelligence. Votre mental aime prononcer des sentences parce que le flot mouvant de la réalité l'angoisse et lui fait perdre ses moyens.

        Le voyage ne s'achève jamais ; la fin d'une route est le commencement d'une autre. En fermant une porte vous en ouvrez une nouvelle et quand une montagne est gravie vous découvrez celle qui suit.

          L'homme courageux ne se soucie pas du but, il se contente de voyager, se satisfait du moment présent et grandit de seconde en seconde. Un tel homme fusionne avec le Tout.

     

         Pour moi, cette lame avec son histoire est une des plus importantes !

        Notez au passage que les sages sont souvent considérés par le tout-venant comme des imbéciles...

        Une musique pour accompagner votre méditation : "Auberge ", tirée des "Scènes de la forêt" de Robert Schumann et jouée par Abdel Rahman El Bacha. Après tout, mon propos ne rejoint-il pas ici celui de Sabine et de Martine, qui affirment que le chemin est notre maître le plus précieux ? 

     

     
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  • Commentaires

    1
    Samedi 15 Octobre 2011 à 12:00
    Martine...j'ai oublié de te dire l'essentiel (et ça c'est tout moi !)..."Que ce genre d'article fait du bien, UN BIEN FOU ...tu ne peux savoir ! " Alors très humblement MERCI, car notre âme en perpétuelle quête d'amour et d'absolu a toujours besoin de se remettre à flot ! Encore merci .... Que ta soirée soit des plus douces, je t'embrasse de toute mon Amitié martine : Sabine.


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