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Histoire d'une pâquerette
Voici une petite histoire sans prétention.Elle s'inspire des nombreuses pâquerettes qui tapissent nos pelouses et sourient quel que soit le temps : pluvieux, ou resplendissant.
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*Un jour une pâquerette apparut au milieu d'une jolie pelouse. Toute souriante, elle regardait le ciel et respirait la vie par tous ses pétales. Autour d'elle foisonnait tout un monde de formes et de couleurs, la grisant tandis qu'elle se gorgeait de l'eau tombée des nues.
Quand tombait la nuit elle fermait doucement sa corolle et s'endormait paisiblement.
Mais quand revenait le jour, que de sollicitations s'offraient à elle ! Que de visiteurs venaient à sa rencontre, qu'il s'agisse d'oiseaux, de papillons ou d'insectes ! À chacun bien sûr elle offrait sa gentillesse et son attention - quand ils n'étaient pas deux à venir la visiter simultanément.
Un matin en ouvrant les yeux, elle aperçut autour d'elle quantité d'autres pâquerettes. Toutes plus belles, plus grandes, plus gracieuses les unes que les autres ! Mais que faisait-elle donc là tandis que les autres se balançaient si joliment ? S'était-elle correctement ouverte ? Avait-elle l'allure qui convient ? L'apprécierait-on autant que ses compagnes ?... Mille questions fusèrent bientôt dans son esprit.Et quel tohu-bohu ! Que de conversations à tenir ! Que de charme à faire maintenant au bourdon pour qu'il revienne la visiter plutôt que sa voisine !...
Bientôt la petite pâquerette se sentit tout étourdie et totalement perdue. Elle ne savait plus où elle était ; qui elle était. Lors de son apparition elle s'était sentie bien ; mais après toutes ces découvertes, dans cet environnement complexe et agité elle ne comprenait plus sa raison d'être. Pire : elle sentait bien que tôt ou tard il lui faudrait disparaître : une telle efflorescence ne pouvait durer ! Certaines de ses compagnes perdaient déjà des pétales, d'autres penchaient dangereusement ; certaines gisaient déjà, écrasées à terre.
Mais d'où venait-elle ? Qui l'avait produite ? N'était-elle vraiment que ce pistil et ces quelques pétales en corolle ?
Alors la petite pâquerette cessa de regarder le ciel ; cessa de parler à ses voisines ; cessa de s'intéresser à ses visiteurs. Concentrée sur elle-même, elle écouta la voix profonde qui lui soufflait :
- « Non, tu n'es pas seule ! Je ne t'ai jamais lâchée ! Tu es toujours en moi, reliée de façon indéfectible, que tu le sentes ou non. N'apparaît et ne disparaît de toi qu'une image du moment. »
Et, se retournant vers les abîmes de son cœur, la petite pâquerette découvrit qu'elle avait une tige !
Une tige qui la portait comme un bras de la Terre, une tige qui la nourrissait d'une sève infiniment plus puissante que tout ce qu'elle avait pu percevoir à l'extérieur, une tige qui en faisait l'Enfant de cette Force de Vie que rien ne pouvait détruire et par laquelle, même disparue, elle serait toujours, éternellement, lovée dans les profondeurs, en parfaite Sécurité.
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Commentaires
2Hélène***Jeudi 12 Mai 2016 à 23:37Ah! C'est grand une vie de pâquerette! Se sentir Une, se sentir éparpillée, se savoir Une en tous, en Tout. Les fleurs cheminent en sagesse et nous côtoyons ces moniales sans souvent se rendre compte.
Merci pour cette très belle histoire!
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Vendredi 13 Mai 2016 à 09:32
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3JamadrouVendredi 13 Mai 2016 à 01:004gazouVendredi 13 Mai 2016 à 06:38Bonjour Aloysia,
Là tu as fait fort ! Ton histoire est ravissante tout en nous rappelant que l'on n'est pas seul sur cette terre, mais reliés entre nous ! J'effeuille les pétales qui me disent que je l'aime passionnément .
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Vendredi 13 Mai 2016 à 09:35
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Qui ne s'est jamais posé la question au milieu de ses semblables : Que fais-je ici quelle est la finalité et la vie elle-même vient me tirer de mes réflexions, des gazouillis d'oiseaux des babillements d'enfants le frémissement du vent alors je m'insère et participe. Et pourtant la question revient.
Bon WE Aloysia
Bisous
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Samedi 14 Mai 2016 à 17:29
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Comme l'enfant sur les genoux d'un ancêtre, je viens me gaver d'histoires chez toi et je repars toujours ...sur un beau nuage ! (Les nuages aussi nous parlent, comme les fleurs ..............)
Riches de notre propre sève, nous avons suffisamment pour nous nourrir par nous-même, EN nous-même .........
A force de vouloir trop nous comparer aux autres, nous oublions que chaque être est unique et c'est bien en cela qu'il peut apporter aux autres. Cette notion devient de plus en plus difficile dans un monde où l'on cherche à tout prix à tout standardiser, l'être humain en tête !
Châle-heureuse-aimant : sabine
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Dimanche 15 Mai 2016 à 11:10
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c'est une belle histoire que tu écris et un bel hommage à cette fleurette. Pour moi quand j'ai vu ces tapis magnifiques, j'ai pensé quelle belle communauté. Avec le temps froid hier, elles étaient corolles resserrées se regroupant bien pour se tenir chaud. Bises et merci pour ce conte philosophique.
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Mardi 17 Mai 2016 à 23:02
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Quelle belle image ! quelle belle leçon! Des fois nous ne voyons pas plus loin que notre nez. Comme la marguerite, je me sentais seule en ce moment . Et voila que tu arrives à point avec cette belle histoire qui me porte à changer ma pensée !
Bisous ma Blandine, tu n'es pas seule ! La Mère Divine te berce dans ses bras depuis toujours - et nous avec...