• Halloween


        Voici venu le jour des citrouilles et des potirons. Dans les rues sorcières et macchabées vont défiler, coiffés d'araignées ou de crânes verdâtres. La saison s'y prête, avec ses couleurs orangées et ses troncs noircis, avec l'effeuillage des arbres et l'effondrement de la sève.

         C'est le moment de tirer cette carte et de méditer à son sujet.

     

    Dakini-13-Death Transfiguration
    Carte du tarot des Dakinis

     

              Elle m'a toujours évoqué le magnifique poème de Victor Hugo, "Mors" (les Contemplations), dont je me rappelle surtout les 3 premiers et les 2 derniers vers :

     

         «  Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
         Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,
         Noir squelette laissant passer le crépuscule. 

         (...)
         Derrière elle, le front baigné de douces flammes,
         Un ange souriant portait la gerbe d'âmes. »

     

       Cet ange, je le vois tout à fait comme un petit enfant, un angelot dont le sourire est presque triomphant. Et la gerbe semble ici indifférenciée : car une fois rassemblées, toutes les âmes lumineuses ne forment plus qu'une seule et même lumière. Si le travail est bien fait, aucune ne manque à l'appel ! On ne peut supposer qu'une seule ait pu être perdue.

        Mais voyons de nouveau la lame du tarot des Dakinis.

        Ce n'est pas un ange, mais le squelette lui-même dont le front est baigné de "douces flammes"... Inutile donc d'effectuer une séparation entre l'Ankou et le monde divin, ni d'y ajouter des humains éplorés. Ce n'est pas la personnification de la Mort dont il s'agit ici, mais la représentation du Chercheur lui-même qui, après s'être dépouillé de tout ce qui le caractérisait (sa forme, ses sensations, ses perceptions...) pour ne garder qu'une ossature, se débarrasse aussi de toute sa mémoire, de tout son passé, de toutes ses connaissances et de tous ses projets. Il s'identifie aux arbres qui perdent leur feuillage et fait place nette autour de lui. Mais ce n'est pas pour errer dans les cimetières comme un résidu de chair décomposée à l'abandon... Non, les chairs décomposées n'errent pas, elles se transforment ; elles nourrissent la terre pour produire d'autres fleurs et d'autres vies.

    Marseille - XIII
    L'équivalent sur le tarot de Marseille

     

         Et si ce personnage, inspiré du tarot de Marseille (comme les 22 premières lames du jeu), ne nous montre pas clairement ce qu'il fauche (un tambour ? Tout ce qui faisait sa gloire et lui permettait de se faire entendre ?) par contre il ajoute qu'un feu l'anime encore, transporté au sommet de son être : prêt peut-être à s'en évader mais du moins, comme le signale la légende sous la carte, à même de transformer le Mort à ce monde en Être de lumière.

         Ce "passage obligé" par le tombeau et l'affrontement de sa propre mort est bien connu de tous les rituels initiatiques. C'est le cycle même de la vie qui nous l'impose. A chaque automne, la nature meurt pour renaître au printemps ; à chaque naissance, fera suite une mort qui n'empêchera pas une autre naissance. Sans hiver, nous ne connaissons pas de printemps et sans nuit nous ne connaissons pas la fraîcheur des matins. La mort est donc même une bénédiction, car elle soulage de tout ce qui est usé, abîmé, corrompu alors que la vie est précisément ce qui use, abîme et corrompt.

          Envisager cette vérité lucidement est une nécessité, que chaque année la nuit d'Halloween vient nous rappeler.

     

     

     

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