• Éclaircissements


           Je suis en recherche et ne prétends pas avoir quoi que ce soit à enseigner à quiconque. Sur ce blog je note mes ressentis ou découvertes, et partage avec vous des textes qui me parlent, afin de recueillir vos avis en écho - à moins d'aller les rechercher directement sur vos blogs.

         C'est ainsi qu'en ces temps troublés j'ai souvent été confrontée à l'incompréhension de certains qui, suivant l'avis général (ce qu'on appelle "la pensée de masse"), se disent terrifiés ou bouleversés par ce qu'ils entendent raconter à la télévision ; ou à la suspicion, venue d'autres plus "éclairés", de me réfugier dans le déni.

         Ces remises en question sont salutaires car rien n'est plus dangereux, insidieux que le déni. Suivre une pente de facilité et de douceur pour éviter d'affronter la douleur et la violence qui gisent au profond de soi, c'est s'exposer à un "retour du refoulé", comme l'on dit, qui peut être dévastateur.


    Destruction

     

           Cependant quand il se produit un séisme et que tout est ravagé, comment s'étonner de l'état de sidération qui en découle ? Je sais bien que je n'en parlerais pas si je n'étais touchée. Et que mes difficultés à exprimer quelque chose de cohérent viennent de mon embarras à trouver la juste position à laquelle j'aspire. Or cette position est au-delà des contraires, c'est-à-dire au-delà des clans, au-delà des idéaux, au-delà des jugements.

           Aujourd'hui chacun se positionne dans un camp - comme au foot : il y a les gagnants, et les perdants ; il y a celui qui a raison, et celui qui a tort ; il y a les gentils, et les méchants ; il y a les camps nationalistes, les camps politiques, les camps religieux et même ceux de spiritualité de pacotille, où l'on s'imagine par exemple pouvoir générer de son seul esprit concentré une grasse couche d'un "amour" idyllique sur tout ce qui fait mal, accentuant par cette pseudo compassion l'esprit de colère contre tout ce qui peut déranger une "paix" trop idéalisée.

           Beaucoup accusent "Dieu" de n'être pas vraiment bon. Mais comment le serait-il, si être "bon" pour les uns revient à faire souffrir les autres ? Le livre de Job dans la Bible montre parfaitement combien le Malin est de connivence avec ce Dieu-là. Et pourtant c'est lui qu'invoquent la plupart des gens (qui le prient pour eux-mêmes !), tout comme les djihadistes (qui l'imaginent de leur côté !) : un Dieu partisan, l'équivalent de ces "Esprits de Race" dont parle Max Heindel dans son enseignement Rose-Croix (voir ici).

     

    Symbole de la Rose-Croix de Max Heindel

     

         Ce n'est pas ce Dieu-là qui est la Force Suprême dont les grands saints, les grands Éveillés se sont réclamés. Il y a une similarité parfaite entre tous ceux qui ont atteint la véritable Réalisation, même si pour nous béotiens les apparences paraissent les opposer. Et si Jésus évoquait un "Père", en essayant d'entrer dans le langage habituel des Juifs avec lesquels il conversait, il s'agit de la même Puissance immensément "Vide" que rencontra Siddhartha, le Bouddha.

           Bouddha songeait certainement à cette notion de non-positionnement, de non-choix, quand il évoquait une corde qui ne devait être ni trop, ni trop peu tendue : la "voie du Milieu" est celle qui n'est d'aucun camp, d'aucune position définie, qui ne répond à aucune émotion particulière, à aucun principe, aucun idéal, aucune philosophie précise. Une voie d'absence de soi, d'où la pensée se retire, en laissant place à l'Espace infiniment ouvert. On peut dire par là que son message s'applique directement aux univers mentaux.

            Jésus, lui, a fait passer son message par le corps. Par l'acceptation parfaite de la "Volonté du Père", c'est-à-dire d'une programmation qui le dépasse, qui le ravale au rang d'instrument, il rejoint le Royaume de Celui-ci, qui n'a rien à voir avec ce monde. "Le Père" est une belle formule pour évoquer la Source dont nous sommes issus, et c'est donc en revenant à cette Source, sans nous laisser perturber par quoi que ce soit d'apparent, que nous échappons à la souffrance irrémédiablement associée à "ce monde". Cette souffrance est la dualité : le fait que toute chose appelle son contraire, le fait que tout concept, tout ressenti est en opposition ou en lutte avec un autre. Mourir sur la Croix, c'est accepter inconditionnellement tout ce qui vient sans le caractériser, sans le dénoncer comme bien ou comme mal, sans l'interpréter comme douleur ou bonheur - mais en le ressentant, pas en le fuyant évidemment.

     

    Bouddha

     

          Le ressenti à l'état brut se mue en Plénitude. Il est Vide de toute caractéristique et Plein de l'Être lui-même.

         Pour demeurer au-delà de tout jugement, on doit obligatoirement se taire : le Silence est donc le début de l'absence de soi. Entraînant le désintérêt pour toute pensée il dissout peu à peu cette machine à concepts qu'est l'Ego : on parle alors de "mort" - du flétrissement de cette voix criarde qui imposait son filtre interprétatif à toute Présence Réelle, la transformant en objet étiqueté.

     

          Ainsi on revient à ce que je notais dans l'article précédent : on "se laisse porter", pour rejoindre le propos de Ramana Maharshi, on "abandonne toute lutte" selon celui de Chögyam Trungpa ; et on observe ce qui se passe en soi (non à l'extérieur) ce qui, Trungpa le précise, ne sera pas "un jardin de roses" car la véritable quête est réellement "terrible, crucifiante"... (voir ici le texte complet et notamment sa conclusion).

     

     

    « L'importance du lâcher-prisePlongée profonde »

  • Commentaires

    1
    blandine
    Mardi 19 Juillet 2016 à 19:25

    C'est pour ça que l'on se dit devant un drame: je n'ai pas de mots pour dire ce que je ressens- ou: je me sens impuissante  à commenter !!! les bras me tombent !!! bises xxx

      • Mardi 19 Juillet 2016 à 20:50

        Exactement. On reste bouche bée ée ée comme la chèvre devant le loup ... eek  Bisous chère Blandine.

    2
    Mercredi 20 Juillet 2016 à 00:31

    Difficile de ne pas prendre "position". Sinon comment tenir encore debout, dans le chaos de nos émotions ? Une "position de repli", peut-être.

      • Mercredi 20 Juillet 2016 à 08:19

        Oui, moi-même j'ai employé ce mot "je cherche ma juste position". Mais c'est comme tu dis une position de "repli", une position objective, qui n'appartient à aucun camp, sans parti pris.

    3
    gazou
    Mercredi 20 Juillet 2016 à 20:38

    Merci pour ce partage de tes réflexions, Il n'y a de vrai que l'amour gratuit

    4
    Jeudi 21 Juillet 2016 à 06:24
    Tu as raison Gazou.
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