Après les froidures de mars,
Le soir rapporte sa douceur...
Avril est là, paisible, au bord de nos maisons,
Verdissant tendrement les ramures des arbres.
Tandis qu'à contre-jour,
Silhouettes dressées comme marins au vent,
Les pigeons se pavanent parmi les cheminées.
« Ce toit tranquille où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !
Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d'imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l'abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d'une éternelle cause,
Le Temps scintille et le Songe est Savoir. »
Paul Valéry (1871-1945)
« Le Cimetière Marin », début.
Ah ! Paul Valéry, quel maître extraordinaire en poésie... Jamais je ne me lasserai de le relire.