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Désirs
« - Quand et pour qui cessent [les soucis à propos de] ce qu'on a fait ou pas fait ainsi que des paires d'opposés ? Conscient de cela, sois neutre, sans désirs, dépassant même la notion de détachement.
- Mon enfant, il y a peu de gens assez fortunés pour apaiser leur désir de connaître, de faire toujours de nouvelles expériences, et tout simplement même d'être assez vigilants pour vivre en ne faisant qu'observer les agissements des gens du monde.
- On atteint la paix en se persuadant que tout ce monde-ci est dépourvu de substance, digne d'être méprisé et rejeté, impermanent et sujet aux trois types de misères*.
(* Celles produites par le corps et le mental, celles causées par les objets animés ou inanimés et celles produites par les catastrophes naturelles).(...)
- Renonce à tous tes désirs en t'apercevant que ce sont eux qui constituent le monde. On se détache de celui-ci en abandonnant les désirs. Une fois parvenu à ce point, tu seras stable en toutes circonstances. »
Ashtâvkra Gîtâ, ch. 9, traduit par Jacques Vigne
(éditions Accarias/L'Originel)Ainsi, ce sont mes désirs qui constituent le monde ?...
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Commentaires
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Vendredi 1er Décembre 2017 à 22:43
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Tout le monde dans ta tête, ben dis donc tu dois peser lourd ! C'est vrai éloigner les désirs libère l'esprit qui redevient comme celui du petit enfant qui vient de naître ! Bonne journée Aloysia et bises
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Samedi 2 Décembre 2017 à 09:31
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4gazouSamedi 2 Décembre 2017 à 09:08Si je n'ai plus de désirs, si ce monde ci est dépourvu de substance et digne d'être méprisé, à quoi bon vivre ? C'est désespérant ! Je ne comprends pas
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Samedi 2 Décembre 2017 à 09:35
C'est vrai, Gazou, c'est ce que l'on ressent quand on aborde cette philosophie. Cependant elle suppose que l'on a déjà compris, ressenti, qu'il y a en nous un point fixe et inaltérable qui observe cela ; et qu'on a compris que ce que l'on aime dans la vie est déjà contenu dans ce point fixe, et ne peut y être perdu, tandis qu'extériorisé "dans la vie" (considérée alors comme une simple projection, un rêve) il se mue rapidement en dégénérescence et en souffrance.
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Ils ne constituent pas le monde, mais notre façon d'être au monde, certainement.
A nous de nous alléger, pour ne pas peser, ni sur le monde, ni sur nous-même.
Mais de la vie sans sagesse, qui déborde de désirs et se déséquilibre, à la mort qui les éteint tous, le chemin à trouver est étroit.
D'où la (sage) remarque de Gazou.
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Dimanche 3 Décembre 2017 à 10:20
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Renoncer à tous mes désirs pour devenir stable en toutes circonstances ? !
Modiou !!! Mais ce serait l'horreur absolue ! :-)
Le Désir est le moteur central de l'humanité. et avoir le désir de renoncer au désir est une aberration… car le Désir -en-accomplissement n'est pas la possession mais le don de soi. Autrement dit la gratuité et non pas amasser de l'argent ou de biens autres que spirituels.
Il y a des philosophies qui n'ont pas compris grand-chose entre le désir, le besoin et l'aspiration… l'invitation à devenir des monolithes immobiles et attendre ainsi la mort… on peut aimer ça… ce n'est pas ma tasse de thé au jasmin !
Vive les vivants ! Laissons-les déjà mort s'enterrer eux-mêmes… il faut d'abord savoir réussir sa vie pour réussir sa mort…
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Dimanche 3 Décembre 2017 à 22:04
C'était ce que j'avais compris au début ; et pourquoi, comme toi je rejetais cette philosophie. Mais non, cela ne signifie pas cela. Pendant longtemps je n'ai rien compris au Bouddhisme parce que je voyais le "boddhisattva" complètement figé dans son "nirvana" qui pour moi était pire que la mort : l'anéantissement parfait ! Et en réalité il n'y a rien de tout cela... Mais comment expliquer ? T'est-il déjà arrivé d'être à une fête de nuit, d'avoir mangé, bu, dansé, et d'être dans un état d'ivresse tel que tu ne voit plus rien, que ton bonheur ?! Eh bien c'est ça, le nirvana. Tu ne vois plus rien, tu es super heureux, c'est tout. Mais ça n'empêche pas les choses de se faire, le monde de tourner, et tout, et tout.
Ne plus rien désirer, c'est AVOIR DÉJÀ TOUT. C'est le summum de la joie.
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Il faut être assoiffé de Paix pour comprendre. Evidemment on vit dans le monde tel qu'il est, nous sommes donc confrontés à toutes les misères citées, mais s'y accrocher pour les résoudre ne fait qu'empirer les choses, alors oui, être capable de revenir rapidement à un état de paix est une bénédiction.
Quand la conscience sature de drames, souhaite faire taire les cris, les hurlements... retourner à la paix est une question de santé (remarque parfois l'humour permet lui aussi de désamorcer une situation tendue, j'aime bien ce genre de retournement car plusieurs personnes peuvent en bénéficier en même temps).
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Mardi 5 Décembre 2017 à 17:40
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Je ne suis pas sûre de partager toutes les idées présentées dans ce beau texte. Mais en ce qui concerne la stabilité, alors là, oui : c'est un élément essentiel pour la tranquillité d'esprit et pour vivre au présent.
Bonne journée.
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Jeudi 7 Décembre 2017 à 09:23
Bonjour, Bonheur-du-Jour ! Ce texte est un peu lapidaire il est vrai et il résulte aussi de la totalité du livre dont il est extrait... Atteindre la stabilité mentale est essentiel et il existe à ce sujet plusieurs techniques ; cependant on peut reconnaître que la concentration sur un point revient également à cette même idée, de se désintéresser totalement du monde extérieur. En effet, les termes de "rejet" et "mépris" pour le monde sont ici à comprendre au sens de : "sans aucun intérêt", ou "indigne de retenir l'attention".
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Mais faut-il rejeter tout le monde extérieur ? Il n'y a vraiment rien qu'on puisse garder au risque de ne pas atteindre cette stabilité mentale ? Cela me paraît exagéré.
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Jeudi 7 Décembre 2017 à 15:52
Il faut rejeter dans un premier temps l"attrait qu'exerce sur nous le monde extérieur ; jusqu'au jour où l'on comprend qu'il n'est formé de que de notre propre substance. Alors l'accueillir inconditionnellement dans l'amour. Les bouddhistes préfèrent parler tout de suite de "compassion", de même que les chrétiens parlent du "prochain" qui est "soi-même", mais si c'est une formule acceptable pour la vie quotidienne, ce n'est pas suffisant pour parvenir à l'éveil. Alain évoquait ci-dessus le stoïcisme, et je pense que si l'on arrive à y voir aussi l'épicurisme, alors on comprend... Ne développer aucun attachement, aucune dépendance n'empêche pas d'apprécier la Beauté des choses à sa juste valeur ; au contraire ce retrait rend libre de tout contempler avec la même empathie, sans faire de différences ni porter de jugements... avec toute l'innocence de l'enfant émerveillé !
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Lundi 11 Décembre 2017 à 17:48
Merci pour ces précisions.
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Je crois comprendre l'impermanence du monde, mais je me vois mal mépriser tout ce que j'ai sous les yeux. Je préfère l'accepter en tant que tel, en évitant de penser "C'est bien ou c'est mal", simplement comme des expériences à vivre. Mais je n'ai peut-être pas saisi toute la profondeur du texte.
PS : Merci pour ton commentaire sur ma petite scène avec Chantecler. Evidemment, tu l'as noté, j'avais en tête la pièce d'Edmond Rostand. Je lui ai même emprunté un peu.
Amitiés
Alain
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rhô ta tête qui pense ,peut-être avec "la caisse" en moins hihi je suis claustrophobe , pardon je plaisante d'ailleurs plaisanter c'est vivre d'une autre manière car le sérieux pas plus qu'il n'en faut ...et le bien être autant que faire se peut
Bonne fin de semaine
Bisous
@+ et bon décembre
Ambiance vue de mon jardin
Merci pour la jolie photo !