•  
    Hier, comme je remarquais :

    «  Avoir la Foi, c'est marcher les yeux fermés. »

       Voici ce qu'on me répondit :

    «  Non ! Les yeux ouverts ! »

    J'avoue que j'écarquillai les yeux et ouvris grand la bouche pour m'exclamer :

    «  Alors là c'est très fort... ! Encore trop fort pour moi !! »

     

    La Foi
    Tarot d'Osho (Zen) - Le Mat (="le Fou" des tarots classiques)

     

          En effet, il ne s'agit pas d'ouvrir les yeux pour chercher avidement des solutions, dans cette attente perpétuelle qui vous rend hermétique au monde : le contraire même de la Foi... !

             Mais de les ouvrir pour recevoir, tel un réceptacle vide, toute la beauté des choses, dans un oubli total de ses propres préoccupations.

      En effet Jésus ne rappelle-t-il pas dans l’Évangile de Matthieu (22, 44) ces paroles du Psaume 110 :

    Le Seigneur a dit à mon Seigneur : « Siège à ma droite,
    Jusqu'à ce que j'aie fait de tes ennemis l'escabeau de tes pieds ... » ?

      Et que peuvent bien être les "ennemis", sinon les pensées parasites, préoccupations mesquines et personnelles qui nous empêchent de jouir de la Beauté de Dieu ?

      Alors qu'en leur absence voici ce qu'il nous reste :

    «  Moi, dans la justice, je contemplerai Ta face,
    au réveil je me rassasierai de Ton image. »1

     

        Encore faut-il avoir les yeux ouverts... et s'être éveillé au Silence intérieur.

     

    _____________________

    Psaume 17, fin.

     


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  •        Voici une petite  histoire, qui fait suite à celle que j'ai évoquée hier.

     

               Robert était un enfant contemplatif. Toujours souriant et heureux, il gardait le regard constamment tourné vers le ciel, comme émerveillé.

          Lorsqu'il avait un an, ce qu'il aimait surtout, c'est quand sa maman l'emmenait en promenade. Très coquette, celle-ci aimait être fière de son petit garçon ; elle l'habillait donc proprement, l'asseyait dans sa poussette, et lui mettait une petite fleur dans la main. Puis elle s'en allait faire le tour du village pour que tous puissent l'admirer avec son bel enfant.

            Robert, conscient de l'importance de sa tenue pour sa maman, ne bougeait pas un instant. Au retour, parfaitement immobile et souriant, il avait toujours sa fleur à la main.


     Photo tirée du net

     

        Cette histoire vraie représente à mes yeux une parabole.

           La maman, c'est la Source de Tout ce qui est. 

           L'enfant, c'est nous.

           La poussette, c'est notre incarnation présente.

           La promenade, c'est la vie que nous menons actuellement.

            Nous devons être conscient que nous ne faisons rien d'autre que d'être conduits en promenade par notre Mère qui est à l'origine de ce que nous sommes. Rien de ce qui semble se produire n'est autre que Sa Volonté.

         Notre seule tâche consiste à conserver le souvenir d'Elle grâce à la fleur qu'elle nous a donnée. Mais même si nous perdons la fleur, quelle importance ? Puisqu'à la fin de la promenade, de toutes façons, c'est sur Son Cœur que nous retournerons... 

     

     


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  •  

          Il existe un conte évoquant l’histoire d’un pauvre pêcheur ayant un jour ramené dans son filet un petit poisson d’or… Écrit en vers par Pouchkine, ce conte met en garde contre l’insatisfaction inhérente à la nature humaine, que rien ne peut combler si l’on ne met fin à la roue permanente des désirs. 

     

    Le Petit Poisson d'Or

     

         Une histoire similaire m’est arrivée en quelque sorte, sous forme allégorique bien sûr mais avec une autre signification.

         J’aimerais vous la conter ici, en plusieurs épisodes successifs : plus exactement sept, à raison d'un tous les deux jours. En effet nous entrons aujourd'hui dans le Signe des Poissons, et ce lundi 22 se produira la Pleine Lune face au soleil en Poissons, qui enseigne l'Ouverture du cœur au-delà de toute limite, l'Amour inconditionnel et l'infinie Compassion.

         Cependant je dois vous avertir que la fin - le 7e épisode - n’est pas encore écrite, et que c’est peut-être vous qui m’y aiderez… !

          Voici.

     

         Alors que je marchais depuis des jours et des jours à travers landes et montagnes, un soir j’arrivai au bord d’une rivière ; et lassée de longues, longues heures de voyage, je m’assis enfin sur une pierre.

         Ma route semblait n’avoir pas de fin, et j’avais soudain cédé à l’invitation d'un paysage particulièrement splendide : la montagne alentour scintillait aux lumières de l’après-midi finissant, et débouchant au bord de l’eau qui chantait je quittais un sous-bois dont les bruissements et les multiples couleurs m’avaient paru magiques.

     

    ***

    (à suivre)

    Le Petit Poisson d'Or - 1

     


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  •       Voici donc la suite du récit commencé avant-hier



    Le Petit Poisson d'Or - 2/7

     

         Le regard perdu, je fixai quelque temps les flots limpides à travers lesquels je devinais un fond peuplé d’herbes ondulantes.

         J’étais ainsi plongée dans ma contemplation heureuse lorsqu’un éclair de lumière fila sous mes yeux… Surprise je m’approchai légèrement du bord et aperçus un petit poisson d’or qui évoluait tranquillement à quelques centimètres sous la surface.

         Ce poisson irradiait tout le secteur d’une chaude clarté, et sans craindre l’approche de prédateurs, se laissait admirer en toute liberté.

         Jamais je n’avais pu percevoir dans les autres poissons entrevus au fil de mes voyages cette qualité de présence,  cette radiance souveraine. Les autres étaient comme nuées au vent, carpes lâchant des bulles, brochets avides ou espiègles gardons.

         Je m’attardai ainsi à l’observer, surprise de ses mouvements réguliers qui m’évoquaient le 8 de l’infini et me surpris à ressentir de brusques sursauts d’allégresse lorsque, ayant plongé profondément, il rejaillissait soudain vers moi avec la vivacité d’un jet de pierre qui m’aurait explosé au visage.

         Ses ondulations avaient quelque chose d’un discours, et résonnaient en moi comme une réminiscence lointaine. Il me semblait avoir rencontré la seule merveille, le seul miracle pouvant donner sens et vie à l’univers somptueux mais muet et figé dans lequel j’évoluais depuis si longtemps…

        Captivée, j’eus envie de le saisir pour mieux le voir, pour mieux comprendre l’origine de sa lumière. Quand on trouve une pierre précieuse au fond d’un ruisseau on plonge aussitôt pour la chercher : à plus forte raison s’il s’agit d’un joyau vivant !

        Retirant chaussures et chaussettes et retroussant mon pantalon, j’entrepris d’entrer légèrement dans l’eau claire dont la fraîcheur me surprit agréablement.

         Mais où était donc passé l’objet de ma curiosité ? Je ne voyais plus rien du tout…

     

    ***

    (à suivre...)

     


    Claude Debussy - Poissons d'Or
    Extrait de "Images pour piano", livre 2
    Alex Alguacil (voir ici)

     

     


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  •     Suite du récit commencé ici.  

     

    Le petit Poisson d'Or 3/7

     

     

            J’attendis un moment que l’eau cesse d’être troublée et, comme les ours d’Alaska, me mis à guetter avidement l’animal pour essayer de l’attraper entre mes mains.

            Bientôt il réapparut en effet, dessinant de rêveuses arabesques pour ma plus grande joie et je m’efforçai de l’approcher, paumes ouvertes et gestes calculés. Mais il passait trop vite et, d’un preste coup de queue, avait déjà filé avant même que mes doigts ne le touchent.

            Quelques essais infructueux décuplèrent mon désir, l’échec étant comme on sait un fabuleux stimulant pour notre nature portée à la conquête et férue d’autosatisfaction. La brillance extraordinaire du petit être me fascinait de plus en plus, car tout me paraissait resplendir depuis que je l’avais rencontré.

           Je cherchai alors à attirer son attention et, presque malgré moi, l’appelai à haute voix :

            «  - Petit poisson ! Petit poisson ! De grâce ! Montre-toi, et dis-moi : qui donc es-tu ? »

             Un glouglou se fit entendre et, à ma grande surprise, l’animal se dressa sur sa queue, sortit la tête de l’eau, et se mit à me parler :

               « - Je suis un petit poisson, rien de plus ! 

          - Dans ce cas, comment peux-tu parler ? fis-je, au comble de l’ébahissement. Je n’ai jamais rencontré de poissons qui parlent, et dans ma langue en plus ! »

              L’eau se mit à frémir au rire du petit effronté.

             « - Tu ne m’as pas l’air bien maligne ! Que vas-tu chercher là ? Je ne parle pas, voyons ! Les poissons, ça ne parle pas ! »

             C’était mon tour maintenant de ressembler à une carpe, tant je demeurai décontenancée, muette et la bouche ouverte…

         Pendant ce temps il avait de nouveau filé se cacher dans une anfractuosité et je n’osais même plus tendre la main pour le toucher. Prise d’une sorte de terreur sacrée j’avais l’impression que l’effleurer serait comme m’électrocuter. Pourquoi prétendait-il être tout à fait ordinaire, quand je n’avais jamais rien rencontré d’aussi extraordinaire ?

              Sa voix surgie d’un creux de roche me fit soudain sursauter :

              «  - Et toi, qui donc es-tu pour me poser pareille question ? » 

     

    ***

     


    Merci à Cécile de m'avoir fait découvrir ce morceau
    rempli d'humour et de légèreté composé en 1915 par
    Lord Berners, joué ici par Len Vorster (voir ici)
    et intitulé "Le Poisson d'or".

     

    Le petit Poisson d'Or 3/7

     

    (à suivre)

     


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