•     
           Shri Siddharameshwar Maharaj (article en anglais, voir ici la traduction google) est un maître indien né en 1888 et disparu en 1936.
          Disciple de Bausaheb Maharaj, maître de l'Advaïta Vedanta et initiateur de la lignée Inchegeri Sampradaya (voir ici l'article anglais et  sa traduction), il forma à son tour Nisargadatta Maharaj (1897-1981), qui a largement fait connaître son enseignement en Angleterre et aux États-Unis grâce à des auditeurs l'ayant assidûment fréquenté en Inde, et Ranjit Maharaj (1913-2000), son disciple depuis 1924 qui n'enseigna qu'après le décès de Nisargadatta et fut invité en France et en Allemagne entre 1996 et 1998.

            



    Sri Siddharameshwar Maharaj
    Shri Siddharameshwar

     

         Voici un extrait du livre "Embrasser l'immortalité" que l'on a tiré de ses entretiens avec ses disciples. En effet dans cette lignée l'enseignement se fait uniquement par le principe de réponses du Maître aux questions posées par les disciples, aspirants ou assistants (même les "curieux" sont invités, l'enseignement étant gratuit et sans engagement). 

         Ici, le Maître se prêtait à des explications autour d'un livre extrêmement précieux de saint Samarth Ramdas (1608-1681, voir ici l'article traduit) intitulé le Dasbodh (traduction), considéré comme un traité de spiritualité pratique et ouvrage de référence pour sa lignée.

          La question portait sur ce paragraphe :

       "Quoi qu'on fasse pour L'effacer, Il ne peut être effacé. Quoi qu'on tente pour Le rejeter, Il ne peut être rejeté : le Réel ne se laisse pas oublier ! "

    (Dasbodh D 9, S 9, o 1)

     

    «    La Vérité ne peut être écartée, elle ne peut être altérée ni modifiée, telle est la Réalité ultime. 
        A contrario, l'illusion est en changement constant et peut être manipulée, repoussée ou modifiée.

        Tout objet extérieur peut être modifié ou rejeté. Vous devez apprendre à discerner la Réalité de l'illusion. Les éléments sont en mouvement et peuvent être déplacés, on peut agir sur eux : l'air, le feu, l'eau bougent et la terre tourne sur elle-même. L'espace toutefois ne peut pas être modifié quels que soient nos  efforts pour y arriver ; pourtant il suffit de fermer les yeux pour que l'espace extérieur disparaisse ! L'immensité est la mère de tous les objets qui s'y trouvent, mais tous ces objets de la manifestation sont irréels : il n'y a pas d'objet dans ce monde qui ne disparaisse si l'on nie son existence.
          Quand vous dirigez votre attention vers l'intérieur, le corps grossier disparaît.

          Le mental n'est fait que de pensées et de paroles, et quand il est au repos et qu'il reste silencieux, les rêves, les doutes, l'intellect et les pensées s'évanouissent tout simplement.
           Ce qui reste alors, c'est le rien.
           Mais ce rien doit aussi être dépassé.

          Enfin il ne restera que celui qui a tout abandonné : "Je suis celui qui a tout transcendé."
          Ainsi, on peut constater que le "je" se maintient en tant que témoin. 

      Mais en fin de compte ce "je" doit aussi être abandonné afin que seule demeure la Vérité qui est au-delà de l'ignorance  et de la connaissance. 

         Celui qui est venu devra partir, qu'il soit roi ou mendiant.
        Le renonçant par contre n'est plus soumis au changement.

        Celui qui a tout oublié existe pour toujours, c'est le Soi. Tout est en Lui et Il est en Tout.

         Si vous considérez le reflet de cent chameaux dans un miroir, le poids du miroir ne bouge pas d'un gramme puisqu'il ne s'agit que d'un reflet. De même, bien que  le monde phénoménal soit en Lui (le  Soi), il ne L'affecte en aucune manière.

         Ainsi, dès que vous vous abandonnez à votre Soi intérieur, tous les objets extérieurs disparaissent puisqu'ils ne sont qu'illusion. Votre véritable nature est intouchable par l'illusion. 
            Votre naissance trouve son véritable sens seulement quand vous réalisez le Soi. L'intellect, la connaissance et l'ignorance  sont apparus sur vous, le Soi : vous êtes donc avant tout cela, vous êtes le créateur. Les dieux Brahma, Vishnou, Shiva ne doivent leur existence qu'à vous seul...
          Pendant le sommeil tout disparaît, mais vous, vous existez toujours. »

     

    Shri Siddharameshwar Maharaj, "Embrasser l'immortalité"
    Édition "Les Deux Océans", Paris, 2007, Compte-Rendu n° 34

     

    Embrasser l'immortalité

     

    NB : Je me suis permis quelques aménagements dans la présentation du texte : alinéas, italique (sauf pour les noms des trois dieux à la fin qui y étaient déjà), aménagements de ponctuation, ajout de majuscules... afin de le rendre plus expressif pour le lecteur.

      


    19 commentaires
  •    
         Une merveille à découvrir... 

        Je veux parler de ce poème d'Adi Shankara (VIIIe siècle) destiné à être chanté chaque matin à l'aube par tout fidèle de l'Advaïta Vedanta cherchant la Réalisation. Il est ici adapté ici avec sitar et synthétiseurs, plus une belle voix de femme, ce qui le met particulièrement à notre portée d'occidentaux.  

         Intitulé en sanscrit : Prâtah Smarânam, on le traduit en anglais par Dawn Remembrance (Le Souvenir du matin) et c'est un peu la « Prière du matin » du merveilleux "Chantecler" d'Edmond Rostand (voir ici) qui enchanta ma jeunesse... : un hymne au "Soleil" levant.




     

     

    À l’aube je me souviens du Soi qui brille dans le Cœur,
    qui est Être-Conscience-Béatitude,  
    qui est le but à atteindre par les parfaits renonçants,
    dit « le quatrième » car il se situe au-delà des trois états 
    de veille, de rêve et de sommeil profond.
    Je suis ce Brahman indivisible 
    et non l’agrégat des cinq éléments.

     
    À l’aube, j’adore Cela 

    qui est au-delà de la pensée et de la parole,
    mais par qui la parole rayonne ;
    ce que les Textes définissent 
    comme n’étant « ni ceci ni cela »,
    le Dieu parmi les dieux, le Non né, Immuable, Suprême.


     À l’aube je rends hommage à Lui au-delà des ténèbres,

    resplendissant comme le Soleil,
    qui est Plénitude, Éternel, le suprême Purusha,
    hors de qui rien n’existe
    et que l’on prend pour l’Univers,
    à la manière de la corde que l’on prend pour un serpent.


    Ces versets salutaires,
    splendeur des trois mondes,
    qui les récite chaque jour à l’aube
    atteindra le Suprême.

     

    Traduction légèrement modifiée à partir de celle proposée par Roberto Caputo
    dans l'ouvrage intitulé "Je suis Shiva ! (Shivoham), Hymnes à la Non-Dualité",
    de Shankarâcârya, édition "Nataraj", coll. "Trésors de l'Inde spirituelle"

      

    Shivoham-livre


    16 commentaires

  •    Aujourd'hui, je vous offre quelques mots de Sri Ranjit Maharaj (Bombay 1913-2000), maître  de l'Advaïta Vedanta, et une musique qui je l'espère vous plaira.



    Sri Ranjit Maharaj

     

    «   Tout le monde veut être un Maître. Même entre deux garçons, il y en aura toujours un qui voudra être le Maître de l'autre. C'est la nature du pouvoir qui réside à l'intérieur de l'homme.

         Si vous vivez par vous-même ce que le Maître enseigne, et si vous pouvez y apposer votre propre empreinte, alors cet enseignement est authentique. Sinon, la séparation demeure entre le Maître et celui qui cherche. En vérité, il n'existe aucune dualité entre eux. La question de la peur ne se pose donc même pas. Quand on en est pleinement convaincu et que l'on sent qu'il y a plus rien à acquérir dans le monde, alors on éprouve une paix totale. Cette satisfaction vient à vous. 

      (...)

          Comprenez vous-même que la mort n'est rien. Reconnaissez que : "Je suis sans naissance, Je ne meurs pas. Je n'ai jamais pris naissance et Je ne mourrai jamais ". Retirez les crochets à venin au serpent et jouez avec lui. Vous savez alors qu'il ne peut vous faire aucun mal. Chaque fois que vous dormez, cela ressemble a une petite mort. Pourquoi avoir peur ? Il n'y a rien. Tout est illusion. Gardez juste votre esprit dans cet état dépourvu de peur.

     (...)

         Il faut être courageux pour vivre véritablement. Si vous êtes courageux, la peur ne demeure pas. Soyez courageux et ayez foi dans le Maître. Faites ce qu'il dit, car vous et Lui êtes un. Ôtez le voile.

         Il est facile de quitter ce qui n'est rien, mais il est difficile de voir ce qui est présent et que vous avez oublié. »

    Ranjit Maharaj, extraits de Satsangs
    (rencontres avec un Maître réalisé) cités à cette page.

     

         J'ajoute à ces belles phrases une interprétation très inspirante de ces versets qui débutent l'Ishavasya Upanishad (l'Upanishad du Seigneur qui enveloppe tout) :

     

    OM ...
    Cela est plénitude ; ceci est plénitude. 

    De la plénitude naît la plénitude.
    Si de la plénitude vient la plénitude,
    Alors seule demeure la plénitude.

     

     

     

    En sanskrit :
    Purnamadah ; purnamidam.
    Purnat purnamudachyate.
    Purnasya purnamadaya,
    Purnam iva vashishyate.

     

     


    12 commentaires
  •  

        Cet extrait du Roman Inachevé de Louis Aragon (Bierstube Magie allemande) m'est revenu en tête.

         Alors qu'il était militaire en Allemagne, le poète se sentait déraciné. Et pourtant il vivait exactement l'expérience de celui qui est en quête de sa véritable nature et a compris qu'il n'est pas de "ce monde"...

     


    Flic-Flac -Micalex
    Peinture de Micalex trouvée sur ce site.

     

     

    Je n'avais amour ni demeure
    Nulle part où je vive ou meure
    Je passais comme la rumeur
    je m'endormais comme le bruit

      

          ... Et de plus, comme c'est bien dit !

     


    14 commentaires
  •   

    Mer de nuages

     

     

    Ô Diversité de tout l’Être fleurissant dans une multitude de formes,
    Se manifestant dans une multitude de formes,
    Ô éternel remous de l’Existence !

    Ivan Wyschnegradsky
    La Journée de l'Existence

     

     

     


    10 commentaires