J’ai passé les rideaux translucides des sources,
J’ai écarté les pans obliques des cascades,
Et j’ai porté mon ciel jusqu’à l’humble fontaine
Glissant comme une ondée du coquillage blond.
Une nymphe y dormait sur un lit de feuillages :
Son sourire égaré en était le trésor,
Ses cheveux reflétaient l’écume des rivages...
Dans sa main étoilée sommeillait l’oiseau d’or.
J’ai posé mon offrande entre ses émeraudes
Et rafraîchi mon front à sa rosée d’avril.
L’averse scintillait… Etais-je vive ou morte ?
Je rêvais à genoux la naissance du monde.
Extrait du "Rossignol d'Argent"
© Les éditions Saint-Germain-des-Prés