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    Effacement

     

     

    Tout

    M'est

    Face

     

     

     

     


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    Le Soi

     

     

    Seul existe le Soi unique.
    Un silence invariable, immuable.
    Il n'est pas dans l'attente.
    Et Il n'est pas en contemplation.
    Il ne réfléchit pas.
    Il ne se questionne pas.
    Il ne se repose pas.
    Tout cela pourrait être perçu
    comme autant de modes du mental lui-même.
    Qu'est-ce que c'est, ce qui n'est pas en prise ?
    Ce n'est pas un état.
    Ce n'est pas entre un état et l'autre.
    Ce n'est pas l'intervalle entre les pensées.
    Ce n'est pas un intervalle.
    Ce ne peut être ni fait, ni défait.
    Pour Lui-même, il n'existe rien de tel qu'une pratique.
    Rien de tel que des êtres qui Le contemplent, méditent sur Lui ou L'atteignent.
    Caché, pourtant rien ne peut Le cacher.
    Révélé, pourtant rien ne peut Le voir.
    Se connaissant Lui-même, pourtant Il ne possède aucun savoir.
    Réalisé par Lui-même, pourtant Il est dépourvu de mental.
    Se bénissant Lui-même, pourtant Il est au-delà de la dualité.
    Il est, pourtant Il est au-delà de l'être.
    Insondable, imprenable, insaisissable.
    Qui ou qu'est-ce qui est là ?
    Au-delà du péché et au-delà de la vertu.
    Il annonce Sa présence dans le corps par la sensation "je suis".
    Mais Il est au-delà du "je" et au-delà du corps.
    Insaisissable, et pourtant l'attention et le pur intellect
    peuvent Le reconnaître et En prendre conscience.
    Il se révèle, mais Lui-même ne révèle rien.
    En reconnaissant Son absolue omniprésence, la joie emplit le Cœur.
    L'intelligence danse.
    La paix est très heureuse.
    Les univers se prosternent,
    et pourtant ils ne peuvent pas voir leur Seigneur.

    ~ Mooji

     

    Tart Zen - 0 - Le Mat

     

     


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  •         L'autre jour Binh An se demandait pourquoi je citais Mooji. 

            C'est simple : j'aime tant ce qu'il écrit que je le recopie pour continuer de ressentir le bonheur qu'il me procure ! 

           J'ai peut-être tort. En effet les choses ne sont pas faites pour être gardées ; pas même le bonheur.

             Notre vie se déroule en expériences à travers lesquelles nous éprouvons joie ou tristesse, bien-être ou mal-être, agacement ou paix, excitation ou désillusion, admiration ou déception, enthousiasme ou fatigue... et tout cela passe et disparaît, nous laissant juste des souvenirs, des regrets ou des amertumes. Les merveilles perçues il y a quelque temps sont évanouies comme un rêve, et si je cherche ce qui en moi ne disparaît pas je ne trouve que cette machine super performante à percevoir et à ressentir, qui est, en définitive... un corps-mental. 

           Il absorbe tout, il étiquette, retient, efface, trie ; il se laisse marquer de mille traits, blessures ou caresses ; il est persuadé d'être confronté à un monde extérieur qui lui envoie toutes ces expériences et s'efforce de choisir celles qu'il préfère ! Notamment il cherche d'autres individus pour échanger avec eux, si possible de manière gratifiante.

           Malheureusement cela ne se passe pas toujours comme il le souhaite. Et plus il s'attache à conserver les impressions qui lui sont agréables, plus il s'aperçoit que cela ne dépend pas de lui, et que les choses se produisent de façon aléatoire. Il veut construire un monde où "tout le monde s'aime", et cela ne fonctionne pas... Il veut trouver un univers non menaçant, et les menaces ne cessent de fondre sur lui !

           Mais cette belle machine humaine, qui dit "je" et semble être ce que je suis, n'est-elle pas elle aussi appelée à disparaître ? Partout surgit l'image de la mort ; et en cherchant la sécurité, je ne fais que chercher un refuge contre la mort. 

           Et pourtant, ne suis-je pas encore le témoin de cette situation ? Ne suis-je aussi celui qui contemple cela, qui voit la totalité de ces choses, et ce depuis que je suis éveillé ?

           ... On parle de "naissance" ; mais personne ne se souvient d'être né. La seule chose dont on soit conscient, c'est que, aussi loin que l'on remonte dans ses souvenirs, on a toujours été le même. Si par exemple vous vous rappelez un très lointain souvenir où vos parents vous affirment que vous aviez 1 an, pour vous l'expérience était la même que celle que vous connaissez aujourd'hui : vous étiez conscient de vous-même de la même manière, vous perceviez les choses de la même manière. 

               Ainsi, vous avez plutôt conscience de vous être "éveillé" dans un corps - que de surcroît, si vous vous rappelez bien, vous ne ressentiez pas vraiment à l'époque ! Le ressenti du corps est venu progressivement, par la suite. D'ailleurs les pensées, les émotions, sont aussi venues progressivement, par la suite.

         Donc, ce corps-mental, n'est-il pas un simple vêtement endossé momentanément ? Endossé juste pour faire cette merveilleuse expérience de connaître ? De se connaître ?

     

             Justement voici qu'aujourd'hui, en début d'après-midi, deux personnes sont venues sonner à ma porte. Allons donc ! Il y avait longtemps que je ne les avais vus : un homme et une femme - des Témoins de Jéhovah ! 

           Comme je m'approchais du portillon de mon jardin derrière lequel ils étaient postés, le monsieur commença à m'interroger sur la souffrance... Bienheureuse souffrance qui est la pierre d'achoppement de toute recherche sur notre identité ! En effet, ne sachant pas qui nous sommes il est naturel que nous souffrions. 

             - Savez-vous Madame, que l'on peut connaître un monde meilleur ? 

       Cela, me dis-je, tout le monde en rêve mais quant à changer ce qui reflète le Tout, comment faire ?

            Et lui de me citer aussitôt cette phrase qu'Olivier Messiaen a si divinement mise en musique dans "Éclairs sur l'Au-delà" (ici, à partir de 41'58) : 

    « Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux... »

          J'opinai avec un sourire ravi, songeant en moi-même : « Oui, mais qui est Dieu, et comment le trouver ? »

            Mais lui d'enchaîner :

             - Connaissez-vous le nom de Dieu ? Dans la Bible, Dieu est nommé UNE SEULE FOIS, par son vrai nom.

             Surprise, je hasardai qu'Il était nommé plusieurs fois, que ce nom était "JE SUIS", mais que de toutes façons il ne s'agit jamais que d'approches imparfaites car le VRAI Nom de Dieu ne peut être connu du mental humain.

          Cependant ce monsieur se jeta sur son téléphone portable pour me chercher ce qu'il appela le psaume 83 au verset 18 (alors que dans nos Bibles cela pourrait être le psaume 82, où ce nom de Yahvé est cité deux fois, au verset 17 et au verset 19 - mais jamais au 18) :

    « Qu'ils sachent que Toi seul as nom Yahvé, Très-Haut sur toute la terre »

        Seulement pardon, je recopie là ma Bible de Jérusalem, et lui il n'a pas lu "Yahvé", mais "Jéhovah" bien sûr !

           Ces deux mots ne sont que des variantes du célèbre tétragramme hébreu YHWH formé de quatre consonnes, et qui selon ces gens signifierait plutôt : "je fais devenir".

           Cette idée m'a plu : en effet, le Principe qu'est ce Dieu, appelé par Jésus "le Père" et dans le Vedanta "Parabrahman" (ou dans l'Islam "Allah"), se projette dans le monde sous forme humaine et cette projection, évoluant dans un espace-temps, se fait "devenir" ... Une création en perpétuelle formation, en perpétuelle modification, en perpétuelle amélioration, se cherchant soi-même, se concevant soi-même... Quelle beauté ! 

           Bref, le monsieur n'a pu qu'approuver ma connaissance de la Bible, à quoi il a ajouté que je devrais essayer de l'approfondir ; mais j'ai décliné poliment. 

     

             Ceci m'a conduite à chercher, sur internet, le fameux psaume 83... et voici ce que j'ai trouvé :

    « De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l'univers ! »

    (voir ici)

         Encore un psaume sublimement mis en musique par Olivier Messiaen dans La Transfiguration de Notre-Seigneur Jésus-Christ (1er septénaire, partie V, "Quam dilecta tabernacula tua") ! Et là, rien que pour ce psaume, je remercie le monsieur d'être passé.

            Vous voudriez que je parle de moi-même ? Mais que dirais-je, sinon cela !

    Mon âme s'épuise à désirer les parvis du Seigneur ;  mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant !

     L'oiseau lui-même s'est trouvé une maison, et l'hirondelle, un nid pour abriter sa couvée : tes autels, Seigneur de l'univers, mon Roi et mon Dieu !

     (...)

     Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s'ouvrent dans leur cœur !

     Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source ; de quelles bénédictions la revêtent les pluies de printemps !

    (...)

     Oui, un jour dans tes parvis en vaut plus que mille. J'ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu, plutôt que d'habiter parmi les infidèles.

    (trad. AELF)

     

        C'est là qu'il importe de revenir sur un point essentiel : le mot "infidèle" a de quoi choquer, pour ceux qui s'imagineraient que l'on compare entre eux des individus pour leur comportement. Mais comme dans tous les textes spirituels, il faut considérer qu'il s'agit là d'état intérieurs et d'instances situées en nous-même.

           Dieu est ce "Je Suis", cet espace d'être dépouillé de toute tendance mondaine qui est situé au faîte de notre conscience ou au tréfonds de notre cœur, comme l'on voudra. Se tenir sur le seuil, c'est être capable de ramener sans cesse sa conscience à la pensée "Je suis". Habiter parmi les infidèles par contre, c'est se laisser détourner de Ce qui  Est vers les choses de la terre, se laisser attirer par les désirs et joies matérielles en oubliant qu'elles ne sont que le pâle reflet du Réel.

     

     Messiaen, Transfiguration, I, 5.
    Avec en plus : 

    "Candor est lucis aeternae"
    "C'est la splendeur de la lumière éternelle". 
    (Sagesse 7,26)

     

     


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              Pourquoi ce besoin irrépressible et constant de se mettre en scène, de se raconter ? 

    «  Il m'est arrivé ci » ; « il m'est arrivé ça... »  

    «    Je pense ci » ; « je pense ça... »

         Notez que j'admire les gens qui vous abordent systématiquement en vous demandant de vos nouvelles et qui parviennent, de questions en questions, à vous laisser la parole constamment et à ne jamais parler d'eux ! Mais ce sont également des personnes dont je me méfie car j'ai parfois l'impression de subir un interrogatoire  et d'avoir affaire à des cachottiers. 

                Une bonne relation est faite d'échanges simples où chacun évoque sa propre vie à son tour. Dans le meilleur des cas on compare ce qui est arrivé à l'un avec ce qui est arrivé à l'autre et les deux sont réconfortés par cet échange. Disons que cela est même essentiel, les impressions et émotions perçues par l'un se mélangeant à celles perçues par l'autre de manière à former une "sauce" commune qui adoucit l'ensemble pour chacun et le rend plus "digeste".

              Et là on voit bien que "l'un" et "l'autre" sont en fait des "semblables" pour lesquels se mélanger est primordial, afin de revenir à ce "corps unique" que nous formons peut-être... 

             Mais je me suis éloignée de mon premier propos et des questions que je me posais.


    Vagues (image du net)

     

         Depuis environ un mois j'ai vécu des expériences fortes, impressionnantes, bouleversantes, voire choquantes. 

            À chaque fois j'ai pu constater leur aspect fugitif. Les images, les sensations qui se sont imposées parfois avec rapidité, avec vigueur, disparaissent, laissant une marque puissante sur le psychisme - sous forme de souvenirs, mémoires... jusqu'à parfois couper le sommeil, ou encore briser les membres. Mais ce qui reste n'est plus ce qui a surgi ; ce qui reste, à part de possibles douleurs, est du domaine mental.

            Le raconter m'est alors indispensable ; il me paraît impossible de ne pas raconter tout cela sur le mode de « cela m'est arrivé ! », comme si la verbalisation seule permettait au vécu de se diluer peu à peu... Il est vrai que l'on insiste toujours sur la nécessité d'ouvrir des espaces de parole aux personnes traumatisées et là, même si ma situation était loin du traumatisme, je me reconnaissais ce besoin.

              Quand le choc des événements est passé, que reste-t-il ? me disais-je. 

               - Une impression de force, de puissance. 

           Si je dénoue les différentes émotions, certaines subsistent sous l'effet de la mémoire : la peur face au vide incommensurable, l'extase devant la beauté... D'autres surgissent après coup : la déception face à l'échec, la dévalorisation de soi... qui ne sont que jugements.

               Et si je hiérarchise tout cela, je constate :

      -  qu'à la base il y a les perceptions, totalement fugitives ;

      - puis les sensations, émotions et jugements, qui se maintiennent quelque temps et que l'on peut "diluer" en les exprimant et en échangeant avec des "semblables";

      -  et enfin l'impression profonde de force, de puissance et même de beauté, qui nous dépasse et demeure davantage.

          Cette hiérarchisation me rappelle un peu la théorie platonicienne de "Idées", encore que je ne l'aie pas étudiée de très près - mais du moins dans ce que j'en ai retenu : qu'au sommet il y a certaines Idées-forces qui dominent toutes les autres.

             
                Maintenant je puis donc poser ces deux questions principales :

        1)  Qui se met en scène ? Qui est la victime ou le héros des aventures relatées ?

        et 

       2) Qui voit tout cela ? Qui demeure au bout du compte pour constater ces Idées-forces qui dominent les autres ?

      
             Il est évident que celui qui raconte son histoire est le même que celui qui l'écoute : dans le domaine de l'échange, le "je" parle à un autre "je", qui comprend parce qu'il est fait de la même chair, de la même structure psychique et mentale, et donc entre en "sympathie", peut ressentir par l'imagination ce qui lui est exposé. On est donc dans une sorte de film projeté par l'un, qui le tire de sa mémoire, et visionné par l'autre...

            De mémoire à imagination, on est en plein rêve, en pleine illusion ! Et c'est là tout le magma de notre nature psychique ; qui pourtant est d'une grande beauté puisqu'il nous permet de perpétuer, dans la communion, ce que la Vie a produit. 


         ... Et cela est vu, vu comme tout le reste : les faits ; les effets ; les échanges ; la Force ; la Beauté ; tout cela est vu.

             Mais par Qui ?

             D'où sont sorties ces sensations, ces perceptions, ces personnes qui se racontent et qui échangent, qui arrivent juste au bon moment, ce baume qui réconforte juste quand il faut, cette splendeur qui se déploie soudain, cette douceur qui s'étend bientôt ?... 

              Je sais, je ne dois pas réciter ce que j'ai lu dans les livres. Ça ne marche pas comme ça.  C'est pourquoi je préfère souvent recopier ce qu'ils disent, ceux dont le "moi" s'est totalement dilué - et dont on pense qu'ils ont "bien de la chance" !

             Mais pourquoi auraient-ils de la chance ? Pourquoi n'en veut-on plus, de ce "moi" qui se met constamment en scène ?

               C'est bien simple, c'est parce qu'il nous trompe ; il n'est qu'un sous-produit de souvenirs amalgamés à des jugements ; il est comme un pantin de bois, il n'existe pas vraiment et si nous lui restons identifiés nous sommes certains de disparaître avec lui quand l'heure sera venue.

                 Cependant il est bien petit, celui qui "se raconte"... Il ressemble à ces moineaux qui pépient quand le soir descend. S'il est si petit et si faible, pourquoi ne pas suivre le conseil que me donnait un jour une certaine Rose : ne le rejetons pas ! Après tout, que peut un moineau ? Laissons-le pépier...

     

                      Alors que reste-t-il donc ? 

              Il reste ce merveilleux spectacle-total, cette fabuleuse projection infinie de couleurs, d'odeurs, de sons, de sensations toujours familières, cette grandiose création d'amour qui se déploie en permanence comme un kaléidoscope tantôt fulgurant tantôt paisible... Ce prodigieux scintillement de la Vie qui s'offre comme un vêtement radieux, un cocon de tendresse, une nourriture généreuse, un présent promis, le flamboiement du cœur, le simple don de Soi à Soi... !

               Tout me ressemble ; tout me répond ; tout dessine des histoires qui se rejoignent ; et d'histoire en histoire se construit le puzzle immense de la Joie, de la Complicité, du Secours, du Courage. 


     

    Le Mat (image du net)

     


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    Route

     

     

    Que se passerait-il

    Si je devais mourir

    Là juste là

    Maintenant

     

     

     Je m'abîmerais

    En moi-même 

     

     


    David Parsons- Abode of Shiva (début)

     

     

     


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