•       La musique a toujours été un véhicule essentiel pour exprimer les émotions.

         Par l'impact puissant qu'elle possède sur le psychisme humain, on y a recours  pour créer une atmosphère et elle est la méthode la plus reconnue pour apaiser, voire endormir l'esprit inquiet.

          C'est ainsi qu'elle est particulièrement recherchée dans le domaine spirituel, tant à l'écoute pour atteindre un état contemplatif que dans l'expression chantée de la dévotion.

     

     Amitabha

     

          C'est pourquoi je n'ai jamais cessé, comme sans doute beaucoup d'entre vous, de l'utiliser dans mon quotidien. Ainsi tandis que je vaque à mes occupations, que je me consacre à des activités de préférence non cérébrales, une musique peut me maintenir dans un état méditatif, tout comme pourrait le faire une prière répétée intérieurement.

             Dans ce domaine, j'ai été depuis longtemps séduite par les créations d'Imee Ooi, compositrice et interprète malaisienne dont j'ai déjà parlé sur ce blog (ici) et qui est évoquée sur ce site.

         Profondément dévotionnels, ses chants illustrant les grands textes, les principales invocations ou les plus beaux mantras du bouddhisme sont bouleversants de beauté et de pureté. Sa voix adroitement amplifiée et modulée par le synthétiseur reflète autant la paix que l'innocence, la certitude et la douceur.

          Je m'en laisse totalement imprégner, et vous laisse juge d'en apprécier la qualité à travers cet hommage merveilleux au Bouddha de la Pure Lumière, le Bouddha Amitabha, qui est paraît-il une figure essentielle du bouddhisme Mahayana ainsi que Vajrayana.

          D'origine chinoise, elle prononce "Amituofuo", ce qui accentue à mes yeux l'impression d'une foi intime et profondément ancrée dans une longue tradition. Cependant cette prononciation est bien attestée à cette page dont je vous conseille la lecture.

          La gamme chinoise, sur laquelle elle fonde ses mélodies, ajoute pour moi une sensation de merveilleux, de perfection diamantée dont mon mental aurait tendance à rechercher l'explication dans ses connaissances, mais je le lui interdis. Il semble, quand on écoute ces invocations, qu'on est constamment inondé par des flots de pure lumière, qui comme des vagues, reviennent sans cesse vous immerger... Voilà le principal.

          Puisse le Bouddha d'Insondable Lumière nous prendre totalement dans son Immensité !

     

     

     


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    Spirit of Flight - Josephine Wall

      

     

        «  Le monde n'existe que dans votre tête, ou mieux dit, votre monde est votre mental. Pour vous, il n'existe rien d'autre que votre esprit. Tout ce que vous voyez et ressentez et une projection de votre psyché.

         Ayant saisi cela, les hindous  ont déclaré que le monde est maya, illusion : un monde qui semble réel mais qui n'est qu'un décor de carton-pâte dans une boîte crânienne. Comment transcender une chose inexistante ?

         Si vous comprenez que c'est une illusion, vous êtes en bonne voie. Le rêveur conscient de rêver est sur le point de s'éveiller. »


        «  Le monde tel que vous le voyez est l'ombre de vos pensées, il s'efface en même temps que votre mental. Pour l'homme en état de non-mental on ne peut pas dire qu'il ne reste rien, que tout est annihilé ; simplement tout ce qu'il a connu jusque là est anéanti et il entre dans l'Inconnaissable, la Réalité que le mental ne connaîtra jamais.

        Le monde est une projection, l'Existence est réelle. Quand le monde disparaît, l'Existence apparaît dans son absolue Splendeur. »

    *

        «  La réalité est dure, elle fait voler vos rêves en éclats, mais vous n'en tirez aucune leçon et ne mûrissez pas. La répétition des mêmes cercles vicieux vous conditionne de plus en plus profondément : c'est cela, l'état d'ignorance.

         (...) La répétition est le propre d'un robot, non d'un être humain. Examinez votre passé : les mêmes gestes, les mêmes préoccupations, les mêmes colères et les mêmes tristesses (...).

         (...)  Il vous arrivera aussi d'être honteux le jour où vous comprendrez que votre vie a été une pantalonnade.

         Vos compagnons de route sont vos pensées. Ce que vous trouvez beau n'a rien de particulier, ce que vous trouvez laid non plus. Les choses qui vous semblent désirables n'ont aucune valeur et celles que vous négligez sont les seules qui en valent la peine. Tout est mis à l'envers, vous vivez dans le chaos.

         On me demande souvent : " À quoi sert un maître ?" Un maître est nécessaire pour vous inoculer quelque chose de nouveau, d'inconnu. Vous ne pouvez pas vous extirper tout seul de votre mental, c'est aussi difficile que de vous soulever vous-même en tirant sur les lacets de vos chaussures. Ce que vous faites est toujours une manœuvre mentale, votre ego tire les ficelles et vous fait croire ce qu'il veut. »
     

       « Krishnamurti affirmait que le maître n'est pas nécessaire. Il avait raison et tort à la fois. L'homme conscient comprend qu'il n'a jamais eu besoin de maître, mais de s'éveiller : "Je divaguais, j'aurais pu m'en rendre compte tout seul..." C'est ce qu'on se dit après coup ; mais avant que la métamorphose n'ait lieu on ne peut même pas l'imaginer, parce que l'imaginaire lui-même appartient au mental, au monde onirique ! Krishnamurti a eu ses propres maîtres : Annie Besant et Leadbeater.

         L'homme égocentré adore croire qu'il n'a besoin de personne. Nulle part on ne trouvait une aussi grande concentration d'égoïstes que dans le public de Krishnamurti. Ces gens étaient très satisfaits d'entendre qu'ils ne devaient pas s'abandonner à un maître : cela leur permettait de conserver leur ego intact. »


    Rajneesh - Zen, retour à la Source -
    chapitre 9 ("Il fut beaucoup moins ému...")

       Tarot de la transformation - Rajneesh

     

     


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  •           La poésie possède cette faculté inouïe de mettre au jour ce que l'on ignore de soi.  Lorsqu'on écrit, c'est une autre voix qui s'exprime à travers nous... Un poème devient donc, au même titre qu'un rêve, le reflet de l'inconscient : il nous parle. 
     

        C'est ainsi que les plus grands poètes sont porteurs de messages sublimes, qui touchent notre cœur profond et nous portent à méditer.  

            Lorsqu'ils y ajoutent le don de ciseler les mots comme diamants, alors s'y plonger devient pure contemplation. Paul Valéry est de ceux-ci, dans cette Jeune Parque qui s'éveille...

           Mais s'éveille de où ? Pourquoi ?

     

    « Tout-puissants étrangers, inévitables astres
    Qui daignez faire luire au lointain temporel
    Je ne sais quoi de pur et de surnaturel ;
    Vous qui dans les mortels plongez jusques aux larmes
    Ces souverains éclats, ces invincibles armes,
    Et les élancements de votre éternité,
    Je suis seule avec vous, tremblante, ayant quitté
    Ma couche ; et sur l’écueil mordu par la merveille,
    J’interroge mon cœur quelle douleur l’éveille,
    Quel crime par moi-même ou sur moi consommé ?...
    (...)
    J’y suivais un serpent qui venait de me mordre. »

    Paul Valéry, La Jeune Parque (extrait)

     

        Inutile d'en écrire davantage, tout est là... Mordue par le serpent du doute, elle s'éveille en parlant à la première personne, et découvre l'univers superbement étranger dans lequel elle se sent comme une anomalie.

        Alors elle le suit : elle suit cet éclair de lumière devant ses pas. Ce n'est plus un petit Poisson d'Or, non, il a disparu au fond du lac ; ce n'est pas non plus Hadès qui l'entraîne vers son royaume, pour faire d'elle Perséphone l'hiver et Koré au printemps - non : elle ne veut plus d'une face sombre et d'une face claire, d'un ici et d'un là-bas.

         Que d'aventuriers ont suivi le cerf enchanté, la biche blanche ! Que de poètes ont poursuivi l'oiseau prophète !

          Que suivons-nous ? Une pensée qui, telle une flèche, a traversé notre esprit ? Ou une idée qui s'est matérialisée devant nous, à notre insu, sous la forme d'un livre ou d'une personne que soudain nous lisons ou écoutons avec avidité ?

           Dans l'obscurité du monde qui nous entoure, elle brille soudain cette idée, elle brille de mille feux et nous la suivons, telle un feu follet, telle un reflet dans l'eau, qui miroite un moment à nos yeux avant de s'évanouir.

           Nous disons tous : "Il faut être libre ! Nous sommes libres, libres ! Libres d'être qui nous voulons et de faire ce que nous voulons !" Mais qu'est-ce que la liberté, sinon le sentiment de suivre l'idée que l'on veut ?

            Et cette idée, d'où vient-elle ? Où s'arrête-t-elle ?

            Elle se limite à un choix. Et d'où vient ce choix ?

          Il est dicté par notre caractère, notre éducation, les circonstances du moment et notre humeur du moment.

           Mais d'où viennent notre caractère, notre éducation, notre humeur du moment, les circonstances du moment ? Les avons-nous choisis ? Et qui les a choisis pour nous ?

          Ainsi, où est notre liberté ? N'est-ce pas juste une impression ? N'éprouvons-nous pas une sensation de liberté parce que nous fonctionnons parfaitement en tant que robots ? Programmés par notre caractère et les circonstances qui marquent notre vie nous répondons mécaniquement et prétendons être libres. En fait nous suivons nos émotions, nos désirs, nos principes ; et quoique programmés pour être le plus heureux possible nous n'y parvenons pas toujours, car parfois le choix nous échappe, ou d'autres fois nos impulsions nous mènent à l'opposé de ce qu'il faudrait.

           En effet, l'univers qui nous environne est comme un corps gigantesque et vivant dont nous ne formons qu'une infime parcelle, et dans cette vie gigantesque nous n'avons en réalité aucune initiative ; notre seul privilège est d'être conscients... Privilège extraordinaire qui n'a été donné qu'à l'être humain et que l'on retrouve au chapitre 2 de la Genèse lorsque Dieu place l'homme au cœur d'un Jardin, jardin qui fonctionne seul et qu'il n'a même pas à cultiver.

          Être conscient, c'est contempler ce Flux qui nous dépasse en sachant que nous n'avons rien à en dire, rien à y faire car tout se décide pour nous, et s'incliner devant ce qui advient. C'est reconnaître notre ignorance, notre impuissance, notre insignifiance... et le fait que nous ne sommes pas les maîtres, bien sûr, mais les enfants sans doute.

        Consciences immatures en devenir, mûrissant sur l'arbre du monde comme le fruit qui attend l'automne ; qui attend patiemment sa chute et son épanouissement.

     

    Tarot Zen - La Plénitude

       

    NB : les réflexions ci-dessus sont strictement personnelles et n'ont aucun lien avec le sens du magnifique poème de Valéry. Elles sont juste inspirées des quelques vers cités.

      

     


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