•      Pour revenir sur ce que m'écrivait en commentaire hier Durgalola me présentant comme un maître de vie pour elle, je précise que je suis bien incapable de rien enseigner puisque je suis en pleine recherche. Et qu'en définitive c'est vous que je considère comme mes "maîtres" car, tandis que je réfléchis sur une question qui me tient à cœur, le fait de l'écrire à votre intention en sachant que vous me lirez me permet de faire le point et de trouver quelques réponses.

      Cependant il est vrai aussi que j'avais cité peu auparavant cette histoire racontée par Osho Rajneesh, évoquant l'idée que tout peut servir de support pour recevoir un enseignement (l'objet rencontré fortuitement étant alors tout simplement le moyen d'expression dont s'est servi momentanément notre Maître Intérieur pour nous instruire) ; et il est possible qu'en me lisant certains trouvent les réponses qu'ils cherchent, tandis que moi-même, je puis vous confier que sur un certain blog (que je ne préciserai pas) je trouve étrangement à chaque publication exactement ce que j'ai besoin d'entendre ce jour-là, ce qui m'a toujours vivement impressionnée.

        Aujourd'hui, cherchant depuis longtemps à comprendre et dénouer la dépendance affective qui nous relie à une personne (dépendance que l'on peut nommer aussi amour, ou encore attachement, et dans laquelle évidemment il y a toutes sortes de gradations suivant les êtres et leur degré d'émancipation personnelle), je suivrai devant vous tout simplement le fil de ma réflexion - comme je l'ai déjà fait dans d'autres articles. Le seul risque est que, bien sûr - et d'autant plus avec ce préambule ! - l'article vous paraisse long.

     

    1)  Dans un premier temps parlons de ce qui fait l'attachement :

    L'attachement affectif

           Quand on veut réfléchir avec le cœur, on revient bien souvent au Petit Prince de Saint-Exupéry... Depuis que je suis en recherche, étonnamment, il me revient en tête plus que jamais auparavant ! On dirait que Saint-Ex a tout dit dans ce petit chef d'oeuvre, et le plus étonnant c'est que, lorsque j'en parle à des amis qui  suivent une voie totalement différente de la mienne, ils font cependant la même remarque : il y a tout dans Le Petit Prince !

          Mais enfin bon, encore une digression... Et de plus je vais tout de même en faire l'analyse critique. Car pour moi, le but n'est pas de rester attaché, loin s'en faut.

         Le Petit Prince, tombé du ciel, semble être libre de toute attache. Cependant il se définit par quelques points :

         - il a une planète ; il la nomme ainsi : "ma" planète.

        - et sur cette planète, il a une rose : c'est "ta" rose, lui dit le renard.

          Comment cette planète et cette rose en sont-elles venues à le représenter, à le définir ? - Par le temps qu'il leur a consacré. 

         

    Le petit Prince nettoie sa planète

          Il s'y est investi. Il s'y est dévoué.

           En d'autres termes : il y a mis "de lui-même"; il s'y est projeté. L'amour qui était dans son coeur, il l'a placé dans la planète et dans la rose : comme on dépose de l'argent en banque.

         Tiens, cela me rappelle la fin du film Ghost, quand le héros décédé transmet ce message à son épouse éplorée : 

    « C’est merveilleux Molly, tout l’amour qu’on a en soi, on l’emporte avec soi...»
    Ghost, Sam.

         Sauf que dans ce cas-là alors, le Petit Prince, il s'est trompé. Il a laissé son cœur sur sa planète comme en otage et il va devoir y retourner... Il est attaché, dépendant !

         Or le héros de Ghost ne dit-il pas qu'il emporte avec lui l'amour qui est en lui ? L'amour n'a donc pas à être déposé à l'extérieur pour vous créer comme une chaîne...

     

    2) Voyons maintenant un exemple du principe de détachement :

         J'ai un bel exemple dans un film que j'affectionne beaucoup, un film d'acteurs en noir et blanc qui date de 1946 : Un Revenant, de Christian-Jacque. On en trouve la vidéo intégrale sur youtube pour mon plus grand bonheur.

        Il est magnifiquement interprété par Louis Jouvet dans le rôle principal, avec François Périer en timide  jeune premier un peu romantique et Lumilla Tchérina dans le rôle d'une danseuse étoile qui fait chavirer les coeurs, plus une Marguerite Moreno époustouflante dans sa tirade finale que je vous recommande (ici, de 1h38'38" à 1h41'55"), sur un fond de habanera composée par Arthur Honegger qui joue ici son propre rôle de compositeur et chef d'orchestre pour la musique de scène qui est également la musique du film... Sans parler de Gaby Morlay, Louis Seigner... Bref !

        J'ai relevé tout le dialogue final (que l'on doit à Henri Jeanson), dans lequel Louis Jouvet (alias Jean-Jacques Sauvage), revenu pour se venger d'un amour déçu, essaie de vacciner contre l'amour le fils (François) de celui qui l'a trahi autrefois en lui tirant un coup de pistolet dans le dos (Jérôme Nizard). Après avoir persuadé la première danseuse du ballet dont il est le directeur (Karina) de répondre aux avances de celui-ci, qui se présente avec des plans de décors sous le bras dans l'espoir d'être embauché, il se plaît à voir le désespoir du jeune homme découvrant bientôt que l'étoile a mieux à faire qu'à l'écouter lui conter fleurette, ayant dans ses soupirants nombre de personnalités fortunées... Après une tentative de suicide heureusement sans gravité du malheureux éconduit, il enlève le jeune dessinateur à sa famille pour lui faire connaître la vraie vie, et c'est dans le train qui va les mener à Paris qu'a lieu cette dernière scène (voir la vidéo citée, de 1h45'35" à la fin) :

         À Louis Jouvet qui s'assied paternellement près de lui dans le compartiment, François Périer demande :

    - Où est Karina ?

     - Ah ! non, mon petit vieux, non, ça ne va pas recommencer !

    - Oh, je sais, vous pouvez vous moquer de moi, mais elle est tellement différente des autres, j'aimerai jamais qu'elle.

         Louis Jouvet fouille promptement dans la poche intérieure de son pardessus et en sort une photo.

    - Tu crois ? Eh bien tiens, regarde : où est-elle ?

          Il lui met la photo sous le nez.

     

    Un Revenant - scène finale

     -   Allons, essaie de deviner où est Karina !

        Hésitant, François Périer avance le doigt vers un des nombreux visages du cliché qui présente tout le corps de ballet.

    - Non, idiot, c'est celle-ci ! fait Louis Jouvet en lui en montrant une autre. Tu vois, toutes les femmes se ressemblent !

        Il se lève et déchire la photo.

    - Mais tout ceci n'a aucune importance... 

        Il embrasse le jeune homme sur le front tandis que retentit le sifflet du départ du train.

    -  Imbécile... Du vent !

          Il sort dans le couloir et sème par la fenêtre ouverte du train en marche les petits bouts de photo l'un après l'autre en répétant :

    - Du vent ! Du vent !...

        Et on entend la voix off de François Périer répéter : Du vent !

     

        Ce dialogue apporte manifestement la démonstration exactement contraire à celle du Petit Prince, à qui le Renard essayait de prouver que "sa rose" était unique au monde... Et pourtant en effet, qu'aurait gagné le jeune héros de ce film à s'attacher à cette danseuse ?

     

            Je n'en dirai pas plus aujourd'hui. Il vaut mieux scinder en deux (voire davantage, je ne sais pas encore) la réflexion.

                 En voici juste les prémisses, j'en poserai la suite demain sans doute.

            Mais donnez-moi votre avis ! Et de mon côté j'irai vous visiter dès demain également.

     


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    Suite de cet article.


            Ça y est ! J'ai trouvé !...   danser


             C'est comme ça, les réponses vous tombent du ciel comme des météorites : plotsch !!! - On dit bien : "ça vient d'ailleurs"... 

            Vous cherchez, et puis une situation intervient et vous vous tapez soudain le front en vous exclamant : "Bon sang, mais c'est bien sûr !"

          Alors évidemment, la réponse que je vais avoir trouvée pour moi ne correspondra pas forcément à celle dont vous auriez besoin, vous. De même d'ailleurs que la question que j'ai posée pour moi ne correspondait pas forcément avec celle que vous aviez comprise, et replacée dans votre propre contexte... 

     

              Mais voici.

           L'attachement, en soi-même, est neutre.

           Vous placez votre argent en banque, vous retournez le chercher, il est toujours à vous ; le Petit Prince place son Amour dans sa Rose, il revient la trouver, l'Amour est toujours là. Pas de problème. De même pour tous les êtres que vous aimez sur cette terre : ils sont là, vous les contemplez, vous contemplez votre Amour, vous êtes heureux.

           Où cela commence  à ne plus aller, c'est quand il y a perte, ou séparation. Si la personne que vous aimez ne vous aime pas ; ou si elle vous quitte ; ou si elle meurt. C'est ce qui arrive à François (voir ici l'article précédent), que Karina n'aimait pas et repoussait. C'est ce qui arrive à celui qui a perdu un proche, un parent, un enfant.

          Et comme c'est aujourd'hui le 15 août et que j'ai tout de même une dévotion particulière pour Marie, j'évoquerai de nouveau la Pieta, l'image de cette mère que l'on dit "traversée de sept douleurs" parce qu'elle a vu supplicier son enfant sous ses yeux...

     

    Issoudun-Calvaire


          C'est lorsque l'on souffre, que l'on commence à percevoir un attachement et que l'on cherche à se détacher : on veut tout simplement échapper à la souffrance.

          Alors on invente la notion de culpabilité : si l'on souffre, c'est forcément que l'on a fait quelque chose de mal ! On a dû commettre une erreur quelque part ! L'Amour est sacré, Il vient du Cœur, Il ne peut faire mal !

        S'Il fait mal c'est qu'on en est pas digne... C'est qu'on est un rejeté de l'Amour...

       Aussi on cherche à se punir ; à payer. Ce sont des méthodes de rédemption.

        On invente par exemple "l'Amour sans attente de retour" : on se délecte alors à l'idée d'être un héros qui transcende la souffrance ressentie en la transmuant en "don de soi". En d'autres termes, on dit à l'autre : "Tu ne veux pas de moi ? Pas grave ! Je me donne gratuitement, tu n'as pas besoin de payer pour ça". Ben oui, mais résultat : on s'impose quand même... Et on continue à déposer son Trésor ailleurs, obstinément, ce qui entretient la certitude de l'indignité et de l'exclusion.

         Ou alors, on se fait une raison et on recommence avec quelqu'un d'autre. Cela fonctionne quelque temps, jusqu'au jour où un événement vient à nouveau briser ce rêve ; car tôt ou tard tout finit par mourir, disparaître, se consumer...

          Ou enfin, on suit la méthode préconisée par Louis Jouvet dans "Un revenant" : on refuse d'aimer ! On ferme son cœur, décidant que toute forme est vide... (refrain connu ; bien sûr, j'y pensais ! Notez bien qu'en faisant cette allusion je critique la réaction associée, qui consiste à se détourner par peur, mais nullement le texte sacré qui est une pure merveille dépassant de loin l'attitude pusillanime évoquée).

          Ce qui m'a donc explosé à la figure ce matin, c'est cette notion de culpabilité.

          Même si vous la refusez, vous tous qui avez été élevés dans la religion chrétienne vous serez obligés de me croire en vous rappelant la malédiction de la Genèse : Adam et Ève furent chassés du Paradis Terrestre et condamnés à la souffrance et à la mort. Ce fut ce qu'on appelle la "Chute", la séparation d'avec l'Amour Divin primordial et nourricier. Si l'on compare cette notion avec celle du cordon ombilical qui est coupé à la naissance, on comprend que tout notre mode de pensée, sur cette Terre, est conditionné par l'idée d'une séparation douloureuse.


    Naissance



         En fait, même la naissance est une mort ! On est séparé du corps qui nous a porté et nourri depuis l'origine !

         Alors qu'est-ce qu'on appelle "attachement" ? N'est-ce pas tout simplement le désir forcené de se réattacher... de se relier ... ?

          Oh ! Mais que dis-je ? Dans "relier", n'y a-t-il pas religion ? Et le mot  français "religion" n'a-t-il pas son équivalent dans le mot sanskrit yoga, dont la racine reste proche de notre mot "joug" ?

          Donc tout découle, TOUT, de ce besoin d'être "rattaché" parce que l'on pense avoir été coupé.

          Pas étonnant que ce soit le plus gros problème en ce monde...

    *  *  *

       
           ...  Et voilà, je vous avais promis la solution et elle m'échappe à nouveau.

            L'explication est simple : j'ai déjà écrit sur le sujet et sans doute déjà exposé la solution ; j'ai lu sur le sujet, et la solution m'a certainement été donnée. Mais sans m'apporter ni la paix, ni une conviction définitive.

           Car tout ce qui est dans le mental est inutile : le mental est notre geôlier ; il est la caisse dans lequel le Petit Prince rêve son mouton. En d'autres termes, quand il est là, il n'y a pas plus de réponse visible que de mouton apparent sur l'image... C'est comme de chercher la Vie dans un dessin.

    Saint-Exupéry-Le mouton et sa caisse

           
             Essayons tout de même de nous souvenir.

            Ce matin, j'ai eu un flash au sujet de la culpabilité.

           Vous savez je pense que dans l'univers où nous évoluons (où tout est séparé ; par le mental précisément, dont la fonction est de juger et de classer, de définir et de différencier) chaque notion possède son contraire, tout comme une pièce de monnaie a deux faces, chacune étant indissolublement liée à l'autre si bien que l'on ne peut expérimenter l'une sans l'autre. Il y a ainsi :

    • la vie et la mort,
    • le vrai et le faux,
    • l'amour et la haine,
    • le juste et l'injuste,
    • la guerre et la paix,
    • le haut et le bas,
    • le grand et le petit,
    • la joie et la douleur,
    • le beau et le laid,
    • la fusion et la séparation, etc. ...

     
            Il y a donc également la culpabilité et l'innocence.

        Et voici que, en pensant à cette opposition des contraires, soudain m'est revenu en tête un poème de Phène publié dans son recueil "Feuillets Apocryphes" (paru en 2012 aux éditions Caractères et qui semble déjà épuisé hélas) :

     

    De tout temps

    condamné par les philistins

    le Poète

    t
    o
    m
    b
    e

    à genoux,
    coupable d'innocence

    à terre,
    lynché par l'injustice

    dans l'oubli,
    immolé à l'hérésie

     

           Peut-être ce texte n'avait-il pas à l'origine le sens qu'il prend pour moi à ce moment.

         En effet le recueil de Phène, envisagé comme un enseignement secret (d'où l'adjectif "apocryphe" dans l'intitulé), part du principe que ce qui ne peut être formulé par le philosophe, prisonnier des concepts mentaux, peut être saisi uniquement par le Poète (du grec poiètès, le créateur) c'est-à-dire celui qui maîtrise l'Inspiration et sait se faire le réceptacle du Souffle divin afin d'exprimer le Verbe (au sens christique d'expression divine).

         Dans ce texte on pourrait donc voir un rappel du destin d'un Jésus par exemple.


          Mais ce qui avait compté pour moi alors c'était ce rapprochement saisissant : "coupable d'innocence" !

    Car subitement tout s'était annulé.

    L'attachement fait-il mal ?

    Ne le fait-il pas ?

    Y a-t-il culpabilité ?

    Y a-t-il innocence ?

    Y a-t-il détachement ... ?

    Peu importait ! 

           
         Il n'y avait plus ni oui, ni non ; ni blanc, ni noir ; ni sécurité, ni peur ; ni soulagement, ni douleur.

    Nous étions revenus dans le neutre.

    On avait retiré les émotions ; les jugements ; le questionnement.

    Ce qui existe était accepté en tant que tel ; sans conditions.

    Il n'y avait plus rien à chercher.

    Si je ne sentais rien je ne serais pas vivant !

    Pourquoi refuser la Vie, dans toute son immensité, dans toute son intensité... ?

     

     


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  •        Dans ma jeunesse j'entendais souvent mon père, romantique invétéré, entonner l'air de Don José dans Carmen :

    La fleur que tu m'avais jetée
    Dans ma prison était restée... 


     *  *  *

         
          Ce matin, alors que je méditais, mon Maître m'a donné une fleur. 

          Elle m'a inspiré cette histoire.

     

    La fleur

     

           Il était une fois dans un temps très lointain, dans un pays très lointain, un enfant qui se réveilla un matin dans le noir.

            Autour de lui tout était noir. Avançant les bras il ne trouvait que ténèbres ; sous ses pieds il ne sentait que ténèbres ; autour de son visage il ne respirait que ténèbres...

           Saisi de peur, il pleura.

          Il sentit alors quelque chose chuter légèrement à ses pieds. Alerté par le bruissement très doux que cela produisit il baissa les yeux et fut tout surpris d'apercevoir une lumière, une douce et subtile lumière qui se dégageait d'une jolie fleur rosée délicatement parfumée.

           À la lueur créée il put alors découvrir avec étonnement qu'il était debout sur une terre humide, et que la fleur s'y était aussitôt enracinée.

          Il la regarda avec bonheur : quelle douce lumière ! Quelle merveilleuse couleur diaprée ! Quel réconfort elle lui procurait soudain !

             Il arrangea la terre qui se trouvait autour de manière à s'asseoir devant elle pour la contempler, tandis qu'il lui laissait un maximum d'eau pour sa subsistance... en effet elle semblait apprécier particulièrement le marécage où elle s'était nichée.

    Fleur-lumière

           Petit à petit la lumière s'accroissait tandis que sous ses yeux la fleur grandissait imperceptiblement.

         Et c'est ainsi qu'il aperçut peu à peu les contours de son univers. Il était prisonnier ! Ses yeux écarquillés dans l'obscurité percevaient maintenant des murs de pierre : des murs lisses de tous côtés et même par dessus lui, sans la moindre ouverture.

            Il était dans un cachot ! Peut-être même dans un tombeau !

        Aucune trace de vie ne subsistait dans ces ténèbres implacables, dans ce silence absolu, si ce n'est cette fleur miraculeusement tombée qui répandait sa grâce inlassablement, l'éclairant, l'abreuvant, le nourrissant lui semblait-il à chaque instant.

          Alors, il ne cessa plus de la regarder. Elle le rassurait et brillait si fort qu'il lui semblait qu'elle seule existait dans la pièce, comme si lui-même n'était même plus là. Et le plus intéressant, c'est que non seulement elle continuait de pétiller sa clarté magique, mais en plus elle grandissait. Elle grandissait !...

         Par moments il s'assoupissait, bercé par sa douce chaleur. Et quand il s'éveillait, elle avait encore grandi. La lumière émanant de son cœur était devenue un puissant rayonnement miroitant comme l'éclat de l'or. Ses fulgurations éclaboussaient les murs, semblant en ébranler la substance qui se floutait misérablement.

    Tarot Zen - Le courage



           Un jour, il la découvrit plus grande que lui. Non pas plus haute sur sa tige, mais gigantesque, magnifique avec son cœur flamboyant et ses fins pétales comme une maison de nacre prodigieusement ouverte devant lui, glorieusement épanouie, odorante et jaillissante comme une symphonie.

          Ce jour-là il éclata de rire. Il n'avait encore jamais ri comme cela ! 

           Il se sentait plus fort. Il se sentait plus grand. Il n'avait plus peur de rien. Il se savait immensément protégé.

       Il sentait que de cette fleur émanait une puissance incommensurable, contre laquelle rien ne pourrait lutter, pas même ces murs qui sous l'effet des radiations commençaient à s'estomper piteusement, inexorablement.

     

        Mais oui, il les voyait s'effacer, s'effondrer sur eux-mêmes comme un château de sable que la mer envahit ! 

       Et il voyait la Fleur immense traverser le plafond comme on traverse une ombre entre deux rais de lumière.

         Il voyait qu'il n'y avait jamais eu ni prison, ni ténèbres et que cela n'avait été qu'un rêve, un  simple nuage dans sa conscience.

     
       ... Il voyait enfin que la Fleur l'avait pris lui-même dans son embrasement et qu'il s'y était perdu, absorbé au centre même de la Lumière.

     

     Bouddha-lotus

     

    *  *  *

     

          Pour conclure par rapport à l'introduction et en relation avec l'article précédent : est-t-il utile de savoir qui a jeté la fleur ? La personne imaginée ne faisait-elle pas partie du rêve ? Existe-t-elle encore ?...

     

     

     


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  • Ego


              Voici une image que j'ai faite il y a bien longtemps pour illustrer le destin de l'ego.

          J'en avais suffisamment entendu dire de mal pour comprendre qu'il était l'équivalent de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf !

     

              Cependant s'il était intéressant d'avoir une idée, un concept, il m'aurait été utile tout de même de savoir que tous les concepts maintiennent l'ego en place, et parmi d'autres l'idée qu'il soit une grenouille par exemple.

           Par contre, c'est l'idée de "gonfler l'ego" qui n'était pas sotte. En effet, ce dernier aime tant ça qu'il ne peut s'en défendre... Tant que vous le minimiserez, que vous essaierez de "le faire disparaître" comme on l'évoque souvent, il vous ... glissera dans les pattes pour mieux réapparaître un peu plus loin, planqué, dans le genre fantôme, fumée ou quelque chose de presque inapparent mais qui sent très mauvais... un idéal, une petite pensée sous-jacente à tous vos mouvements ("je suis très gentil" ; "j'aide les gens"; "j'ai tout lu et tout compris" ; "j'accepte tout ce qui m'arrive" ; "je ne suis rien de bien intéressant" ; etc....)


           Alors faisons l'inverse.

    Gonflage


          Donnons-lui beaucoup de connaissances pour qu'il se sente très important.
          Faisons-lui croire qu'il va bientôt arriver à quelque chose de très puissant.


          Incitons-le à chercher ; à réfléchir ; à se plier à des exercices. 
           Il va s'accrocher ; se fatiguer.


          Décourageons-le. Faisons-lui croire qu'il n'est pas assez bien. Qu'il n'a pas encore compris, que ce n'était pas cela qu'il fallait faire.
           Regardons-le s'épuiser ; se complaire dans des scénarios d'horreur, dans des "je n'y arriverai jamais !" puis hurler : "Si ! je VEUX !"


           Rions sous cape en lui rappelant qu'il ne doit avoir qu'UN but : parvenir à l'éveil ! (Ce qui est rigolo, c'est qu'il ne sait pas ce que c'est, mais se contorsionne de curiosité pour le trouver, comme un gamin qui monterait sur la pointe des pieds sur une chaise pour atteindre le haut d'une armoire et... se casserait la figure !).

    Chute

           
            Après, ce n'est plus qu'une question de temps.
           Comme on dit en cuisine : ça mijote.

     
          On le laisse bouillir comme ça le temps qu'il veut. 

    Chercher

         
            Il cherche...

    Chien qui cherche

           
            Il réfléchit...

    Réfléchir

         
    À force il ne se rend même plus compte qu'il est une grenouille en train d'enfler.


    Grenouille gonflée

     
         Alors le moment approche ...


    Pneu gonflé

     

         
             .... Eh oui ! Il approche le moment de 

     

    Rire

     

    L'ÉCLAT DE RIRE !!

     

     

           


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  •  

     

     

    Passé  l’irrépressible  déluge  des  mots

      

                                                                      s’ouvre

     

     

                                                                          un

     

     

                                                                        puits

     

     

                                                                          de

     

     

     

                                                                      Silence

     

     

                                                                          . . .

     

     

                                                                         .  .  .

     

     

                                                                        .   .   .

     

     

     

     


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