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Je vous ai parlé plusieurs fois d'Olivier Messiaen, musicien et poète d'une grande foi catholique.Malgré sa formation très poussée rendant ses œuvres parfois difficiles d'accès au profane il baigna sa musique d'un tel amour pour Dieu que certaines pages sont pure contemplation.
C'est le cas notamment dans le gigantesque opéra mystique sous-titré Scènes Franciscaines qu'il composa à la fin de sa vie en hommage à Saint François d'Assise (voir ici).
Il en écrivit lui-même le livret en s'inspirant de textes franciscains et un passage m'a particulièrement frappée : celui où, dans le 2e acte, François cherche à s'approcher du Mystère de Dieu, quoique sachant que ce mystère n'est que Silence et Invisibilité.
Voici comment il s'exprime :
FRANÇOIS : « Ô Dieu éternel, Père Tout-Puissant, (...) montre-moi combien est grande l'abondance de douceur que tu as réservée à ceux qui te craignent ! »
S'approche alors un ange resplendissant de lumière tenant dans sa main gauche une viole et dans la droite un archet recourbé (en fait l'Ange était là depuis quelque temps, connaissant François et l'affectionnant particulièrement...). Voici leur échange et surtout, ce que dit l'Ange :
FRANÇOIS : « Pardonne ma prière, bel Ange de Dieu.
L'ANGE : Ah ! Dieu nous éblouit par excès de Vérité. La musique nous porte à Dieu par défaut de Vérité. Tu parles à Dieu en musique : Il va te répondre en musique. Connais la joie des bienheureux par suavité de couleur et de mélodie. Et que s'ouvrent pour toi les secrets de la Gloire ! Entends cette musique qui suspend la vie aux échelles du Ciel, entends la musique de l'invisible... »
Cette vision de l'Art qui selon Messiaen permet une approche du Divin par défaut de Vérité, me séduit particulièrement, et je vais vous faire entendre de quelle manière le compositeur fait jouer à l'Ange la "musique de l'invisible"...Évidemment il va utiliser pour remplacer la viole que l'on voit sur les peintures du moyen âge le son délicatement flûté de l'Onde Martenot, cet instrument rare et précieux qu'affectionnait Messiaen, dont j'ai déjà parlé ici et sur lequel vous trouverez des détails inspirants accompagnés d'une belle présentation vidéo ici.
En voici le résultat :
Dans l'Opéra, Saint François s'évanouit en l'entendant...
Si vous êtes intéressés, l'oeuvre est disponible dans son entier sur youtube et vous pouvez écouter cette scène en particulier ici à partir de 42'10 (développez les commentaires dessous pour avoir les débuts des différentes plages).
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Jésus a dit :« C'est aujourd'hui que le Prince de ce monde doit être jeté à bas. »
Jean, 12, 31
Et ensuite :« Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai tout à moi. »
Jean, 12, 32
Être "élevé de terre", cela signifie ne plus toucher terre ; ne plus appartenir à ce monde, en être détaché.
En fait, ce que nous voyons attaché à la croix, c'est nous-même ! Car qu'est-ce que la Croix, sinon l'image même du monde auquel nous appartenons, cet axe espace-temps, désir-peur, cet assemblage des contraires ? La représentation astrologique même de Gaïa est une croix ; l'image même de l'être humain se résume à une croix.
Les clous, ce sont nos attachements, qui créent la souffrance ; la couronne d'épines, ce sont nos pensées, qui nous maintiennent dans la division, l'ignorance, l'anxiété.
Le sacrifice du Christ a été de nous montrer jusqu'où nous nous étions perdus.
Puis il a dit :
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie.
Nul ne vient au Père sinon par moi.
Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ;
Dès à présent vous Le connaissez et vous L'avez vu. »Jean, 14, 6-7
Cela signifie qu'une fois "élevé de Terre", c'est-à-dire "détaché", Jésus devient ce grand espace que tout va pouvoir traverser sans effort, rendant l'univers à ce qu'il est réellement : la Vie sans nom, sans forme, sans identité, sans appartenance.
Nous nous rappelons alors ce que Richard Wagner dans Parsifal a appelé l'Enchantement du Vendredi Saint : tandis que le Sauveur transmue la croix en chemin et en clef par la compréhension, la nature revit, se sentant "libérée d'un grand poids", car elle touche au "Jour de son Innocence".
« Da die entsündigte Natur, heut' ihren Unschuldstag erwirbt »
"Car la Nature libérée du péché touche aujourd'hui au Jour de son Innocence. "(Gurnemanz, Parsifal, Acte III)
(Je vous ai mis cette illustration musicale sans les voix des chanteurs, pour alléger l'effort de l'écoute. Les voix ne sont utiles que si l'on comprend l'allemand... Pour ceux qui le souhaitent, vous l'avez là ; et le livret avec traduction anglaise ici).
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Voici le poème de Tagore que j'avais annoncé il y a quelque temps.Je pense qu'il s'accorde assez bien avec la découverte effectuée en ce matin de Pâques : l'image que nous nous faisons du Sauveur (celle d'un prophète persécuté et finalement détruit) est erronée, puisqu'Il n'est pas du tout là où nous Le cherchons (le tombeau est vide).
De la Corbeille de Fruits c'est le poème n°33
(beau chiffre, qui correspond à l'âge ultime atteint par Jésus)...« Quand je songeai à sculpter d'après ma vie une image de toi pour l'adoration des hommes, j'apportai mes désirs et leurs cendres, toutes mes chatoyantes illusions, et mes rêves.
Quand je te priai de créer avec ma vie une image jaillissant de ton âme pour que tu l'aimes, tu apportas ton feu et ta force ; ta vérité, ton amour et ta paix. »
Rabindranath Tagore
Ainsi, toutes nos visions et toutes nos créations sont-elles vouées à l'échec et à l'anéantissement - y compris notre vision du Sauveur - pour la simple raison que nous ne sommes qu'illusions et que rêves.
Ainsi, la Vérité est-elle au-delà de tout ce que nous pouvons concevoir, et porte-t-elle une paix et un amour qui nous dépassent.
Ainsi, enfin, devons-nous reconnaître que notre seul recours pour l'atteindre est la prière, accompagnée d'un total abandon de soi.
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Le printemps éclate autour de nous en lumière et en forces de vie. Quelque chose l'appelle. Qui l'a réveillé ? Pourquoi inlassablement depuis qu'a surgi en nous la conscience assistons-nous à ce réveil toujours récurrent ?
De même que la vie présente en toutes choses ressent l'appel de la lumière, de même au fond de nous retentit l'appel de l'Esprit, toujours renouvelé :
« Que celui qui entend dise : "Viens !" Et que l'homme assoiffé s'approche, que l'homme de désir reçoive l'eau de la vie, gratuitement. »
(Apocalypse, 22-17)
À quoi s'ajoute cette belle phrase d'un texte fondateur de l'Eglise :
« Que vienne Ta Grâce, que ce monde passe, et Tu seras tout en tous. »
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(Que celui qui connaît l'auteur de ce tableau me le signale)
Tu as posé sur moi Ton Sourire d’Amour
Et comme une luciole happée par la lumière
J’ai cessé de bouger
Et me suis enfin tue
Des hauteurs infinies où règne Ton Silence
Est descendue sur moi cette onde bienfaisante
Cette Source de flammes
Qui m’a rendu la Vie
Je ne puis que T'offrir à présent mes désastres
Me libérer enfin du carcan des possibles
Et attendre à Tes pieds
Que Ton bras me relève
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