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    Le Silence un instant s’est mué en Colombe
    Une Colombe immense aux ailes déployées

     

     Et je voyais brûler dans son cœur entrouvert
    Une flamme vermeille
    Une flamme si vive
    Qu’elle aurait dû le consumer


    Qui montait par volutes
    Palpitant doucement 
    Flamboyant rougeoyant
    Sans s’éteindre jamais ni attaquer les chairs


    Et l’oiseau immobile
    Somptueuse Présence en Blanc immaculé
    M’offrait en m’aveuglant
    Le Calice rubis de son Cœur embrasé

     

     


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         La musique est un art merveilleux, sans doute mon préféré, parce qu'elle vous accompagne partout. Quel que soit votre état d'esprit, il y a toujours une musique qui y correspond. Quels que soient votre culture, votre humeur, vos besoins, il y a une musique qui y répond. Non seulement la musique demeure en toile de fond lorsque vous vivez et agissez (chez vous, dans votre voiture, à la gare ou au supermarché), mais en plus elle peut vous accompagner intérieurement, lorsque vous "entendez quelque chose dans votre tête", lorsque vous vous remémorez un morceau de musique et vous le passez intérieurement... 



    Oiseaux


        C'est d'ailleurs pourquoi beaucoup d'internautes lancent un lecteur automatique sur leur blog : ils pensent installer ainsi "leur ambiance" ! Quant à moi je me garde de le faire, l'ambiance de l'un ne correspondant pas forcément à l'humeur de l'autre...

          Nous-mêmes changeons d'atmosphère au cours de la journée : une musique va correspondre avec la gaieté du matin,  une autre avec la tranquillité de l'après-midi, une autre avec le vague-à-l'âme du soir ! En ce qui me concerne en tous cas, vous m'avez vu vous parler de bien des musiciens différents jusqu'à ce jour, et aujourd'hui je vais encore changer totalement de registre.

        J'ai intitulé cet article "le son primordial" : c'est peut-être ambitieux !...
        Mais que peut-il bien être, sinon cette pédale profonde et riche en harmoniques qui a donné naissance à l'accord parfait et qui sous-tend généralement la musique des Indes ?

    Vieilles rames de métro


         Lorsque j'étais jeune, le métro parisien n'était pas ce qu'il est aujourd'hui ; et passer d'une station à l'autre, avec le bruit des machines mêlé au frottement des roues et au déplacement des masses d'air, était un véritable enchantement : il s'élevait alors au fil de l'accélération une splendeur de sonorités telle que fermant les yeux je pensais :

          " - Voilà la  musique de l'avenir !!"

         Et le fait est que bientôt naquit ce qui devait s'appeler la "musique spectrale" et qui n'était nullement une musique de spectres, rassurez-vous, mais une musique de "masses sonores" dérivant comme dérivent les nuages, et plus ou moins inspirée des musiques orientales... 

         Car c'est de l'Inde bien sûr que vient la vérité sur le son primordial ! Cette vibration secrète de l'Univers d'où dérive la "musique des sphères", que l'occident s'appropriera en créant les notes de la gamme.
          Et c'est ce que l'on appelle le son "OM".

     

    OM

     

         Pourtant l'on conçoit communément d'abord dans ce "mantra", dans cette syllabe, une parole. Et celle-ci, considérée comme sacrée, est épelée plutôt de façon trinitaire sous la forme  "AUM". Que de significations, que de résonances évoque-t-elle !

          Si l'on consulte l'article qui lui est consacré sur Wikipédia, on constatera d'abord que ce mot est sensé, selon les écritures sanskrites, contenir le divin dans sa totalité :

    1. A  représente le commencement, la naissance, et le dieu créateur Brahmā ;
    2. U  représente la continuation, la vie, et le dieu Vishnu ;
    3. M  représente la fin, la mort, et le dieu destructeur Shiva.


        Dans sa prononciation même, selon les instructeurs orientaux nous émettons le son le plus parfait que le corps puisse produire, puisqu'il émerge du fond de la la gorge avec le "a", puis roule sous le palais avec le "ou" pour se terminer sur les lèvres avec le "m".

     

    Le son primordial


       Mais le plus étonnant, c'est que ces valeurs se trouvent réapparaître de façon évidente dans le Christianisme, sous la forme AVM (l'alphabet latin en usage à l'origine ne connaissant pas le U et le remplaçant par le "V" alors prononcé "OU"), associée à tort à "Ave Maria" : 

          On l'énonçait alors "AOUM" et cela évoquait la nature transcendante du Christ qui, selon l'Apocalypse de Jean, est l'Alpha et l'Oméga, soit le début et la fin de l'alphabet grec, c'est-à-dire l'origine et la destination de toutes choses. (En cliquant sur l'image ci-dessus, accédez à un site étonnant d'un chercheur scientifique actuel).

           Plus simplement, lorsque l'on rencontre ce "OM" au début d'une invocation ou d'un mantra, nous l'associons spontanément à la voyelle-syllabe "Ô" qui chez nous, depuis les grecs et les romains, est la traduction systématique de l'adoration : lorsque l'on reste incapable de trouver le moindre mot adapté à ce que l'on ressent, c'est le seul son que l'on soit capable de proférer, face au Suprême... 


    Bol tibétain


        Mais revenons au "son primordial". Quelle peut bien être cette vibration profonde qui évoque en nous la plénitude, la perfection absolue ? Elle est communément perçue plutôt grave, mais avec un large spectre de résonances, comme celles que l'on perçoit à l'écoute des cloches ou des gongs. C'est comme une note qui une fois émise et amplifiée se diffuse dans toutes les directions ; et toutes les directions, sur le plan musical, c'est toutes les notes qui entrent en jeu une par une - mais selon un ordre bien défini ... Voyez dans le travail de Julien Gili pour l'Université de Paris VIII Vincennes (ici à la page 11) ce qu'il montre des "harmoniques naturels" (le texte cité en italique est de Jocelyn Godwin dans "Les harmonies du ciel et de la terre", Albin Michel, 1994).

     

    Julien Gili-Jocelyn Godwin-Harmoniques

     

        J'ai inséré ce feuillet (que vous pouvez encore agrandir un peu en cliquant dessus) pour ceux d'entre vous qui connaîtraient la musique et seraient curieux de cette majestueuse différenciation progressive du son  diffracté dans l'Univers... 

          Mais pour les autres, et pour finir "en beauté", je voulais surtout vous faire connaître (si vous ne la connaissez pas déjà) une merveilleuse composition de Anugama, musicien justement célèbre dans le domaine "ambiance" et "new age" pour ses œuvres extrêmement chaleureuses et apaisantes. On trouve maintenant pratiquement toute sa production en ligne, entre youtube et ici des  téléchargements mp3 gratuits.

         Vous verrez avec quel art consommé ce musicien diffuse les harmoniques dont je parlais ci-dessus pour créer un univers sonore merveilleusement réconfortant et ressourçant. 

         

     
      Des pièces comme "Healing Earth" et "Shamanic Dream", avec des tenues profondes et des voix, ou Aquarius avec des timbres qui tintent, ont les mêmes vertus curatives. L'ajout de chants d'oiseaux, de sons de flûtes ou d'eau qui coule ne gâte rien.

         Entrer dans le mystère de cette musique, c'est vraiment se recentrer, et revenir à soi dans la plénitude : c'est pourquoi cette musique m'évoque irrésistiblement le son "OM" primordial...

      


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  •    J'avais l'intention ce matin de citer un poème de Tagore ; et puis voici que celui-ci s'est interposé, comme s'il devait être mentionné avant ! Je remets donc Tagore à demain ou après-demain, pour commencer avec ces images de départ.

         En effet c'est ma dernière visite à Ariaga, dans son dernier article, qui m'a conduite à me remémorer ce cycle de poèmes de Jean de la Ville de Mirmont (né à Bordeaux en 1886 et mort à Verdun à l'âge de 28 ans) mis en musique par Gabriel Fauré (avec des coupures et quelques remaniements) : l'Horizon Chimérique.
     

             C'est évidemment à mes yeux une allégorie, mais accompagnée aujourd'hui d'une certitude : l'horizon n'est pas "chimérique", mais resplendissant ! Et si le petit Jean, dans la strophe délaissée par Fauré à la fin de ce poème (voir ici) s'inquiète de savoir si Les sauvages accepteront son coeur, je sais pour ma part, que Le Resplendissant l'a déjà accepté.

        J'ai cherché sur youtube un enregistrement de ce poème seul, qui est le second sur les quatre retenus par Fauré pour son cycle de mélodies (alors qu'il est le dernier sur XIV dans le manuscrit du jeune poète bordelais). Cependant ma préférence va à l'enregistrement de Charles Panzera (suivre le lien et démarrer à 1'18), qui est le dédicataire de l'oeuvre et qui l'interprétait sur le disque par lequel je l'ai découvert, en 1967.

     

     

    Je me suis embarqué sur un vaisseau qui danse
    Et roule bord sur bord et tangue et se balance.
    Mes pieds ont oublié la terre et ses chemins ;
    Les vagues souples m’ont appris d’autres cadences
    Plus belles que le rythme las des chants humains.

    À vivre parmi vous, hélas ! avais-je une âme ?
    Mes frères, j’ai souffert sur tous vos continents.
    Je ne veux que la mer, je ne veux que le vent
    Pour me bercer, comme un enfant, au creux des lames.

    Hors du port qui n’est plus qu’une image effacée,
    Les larmes du départ ne brûlent plus mes yeux.
    Je ne me souviens pas de mes derniers adieux...
    Ô ma peine, ma peine, où vous ai-je laissée?

     

     


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