•    En hommage à Jack

     

    Aux Portes du Silence

     

     

    Du Silence a jailli la profusion des fleurs
    Elles m’embaument de délices
    Et je m’efforce d’effacer de Ton visage
    Les traces qui l’ont recouvert


    De la splendeur du Père
    Jaillissent les mots du Silence


    Le Silence des cimes miroite à l’infini


    Au cœur de la nuit un oiseau chante à tue-tête
    Le Rossignol salue l’Aurore


    Aujourd’hui la Cendre s’envole
    Au Souffle de l’Esprit

     

    Aux Portes du Silence

     


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          Hector Berlioz, en tant que commentateur au Journal des Débats (ici) sur la question du Théâtre Lyrique, plaisantait en 1863 autour d'une représentation d'Ondine (un opéra-féerie tombé totalement dans l'oubli) en évoquant l'adage latin sans doute issu du stoïcisme : "Oportet Pati" ("il faut souffrir") ; il le rapprochait d'une mauvaise traduction des moines bon vivants ("qu'on apporte le pâté !") pour terminer sur l'obsession du compositeur, un certain Semet n'ayant "semé" aucune postérité mais comptant sur la renommée d'autrui pour asseoir la sienne : "Il nous faut Patti !! "  En effet, Adelina Patti était la cantatrice la plus renommée de l'époque - la Callas de ce siècle - et à elle seule elle aurait pu faire salle comble.

         Cependant, si vous entrez en initiation, ce n'est pas souffrir qu'il faut, mais mourir ! Tintin nous en apporte la preuve lorsqu'il cherche à pénétrer dans le sanctuaire suprême : le Temple du Soleil...

      

    Le Temple du Soleil

     

           Pour pénétrer dans le Saint des Saints, il doit faire confiance à un enfant, dont personne n'est vraiment sûr, et traverser des kilomètres et des kilomètres, des jours et des nuits de jungle et de montagnes remplies de pièges mortels.

     

    Le Temple du Soleil

     

          Et ce, même dans les conditions les plus difficiles.

     

    Le Temple du Soleil

     

         Et même lorsque son "alter ego", le capitaine Haddock, peste plus que jamais contre les conditions de la traversée (que cependant il assume...)

     

    Le Temple du Soleil

     

         Lorsque tout espoir d'approcher le sanctuaire semble perdu, il tente encore l'impossible, s'effaçant d'abord devant les autres.

     

    Le Temple du Soleil

     

         Si bien que l'inévitable se produit....

     

    Le Temple du Soleil

     

          Tintin disparaît... Englouti... Noyé sous la cascade.

     

    Le Temple du Soleil

     

          Ses amis accablés le croient réellement mort.

           C'est alors qu'il découvre l'entrée secrète du lieu auquel il aspirait !!

     

    Le Temple du Soleil

     

          C'est par les entrailles de la terre, comme par une seconde naissance qu'il va pénétrer jusqu'au coeur même du Temple du Soleil : en pleine salle du Trône !

     

    Le Temple du Soleil

     

    Le Temple du Soleil

     

        Toute aventure demandant un dépassement de soi illustre ce processus, mais c'est bien dans cet album, l'un des meilleurs qu'ait réalisés Hergé, que l'on en voit la meilleure évocation... 

     

          NB : vous excuserez la qualité très variable des illustrations, qui sont toutes issues du net.

     

     


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  •      La beauté de ce matin mérite bien que je réédite ce poème daté d'octobre 2005.  

     

    Jour d'hiver dans l'Indre

     


     Je veux des mots d'hiver
    Des mots qui s'enracinent dans la fibre du temps
    Et qui s'en vont figés dans le gel translucide
    Des mots transfigurés
    Fulgurant au soleil
    Et partis à pas lents pour ramasser le ciel

    Des mots de cheminée

    Qui craquent sous les doigts
    Et qui diront demain la douceur des aurores
    Qui feront se lever le premier jour du monde

    Un jour froid et superbe

    Un jour étincelant
    Un jour de draperies où le givre dessine
    Un nouveau monde nu
    Enrobé de splendeur
    Sur les arbres vêtus de franges immaculées

     

     

    NB : ce poème est publié dans mon recueil "Instants Secrets".

     

     


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  •      Dans ma jeunesse j'ai habité au cœur de Paris. 

      Enfant j'étais venue à Montmartre et à Belleville visiter mes grands-parents. Amoureuse c'est dans une chambre de bonne près de la Gare Saint-Lazare que j'ai vécu, et c'est là que mon compagnon décida un jour de m'offrir une belle surprise. 

     

    Une mansarde Rue d'Amsterdam

     

          Il décida de me bander les yeux et de me conduire dans un endroit que je ne soupçonnais pas, que j'étais incapable de deviner.

            J'étais toute jeune, je trouvai cela super drôle.

             Et il fallait que les parisiens de l'époque soient de bonne composition, et que nous ayons l'air heureux de notre farce ! En effet il me fit prendre le métro, yeux bandés.

    - « Attention à la marche... attrape la rampe ici... c'est un escalier ! ... »

          J'étais aveugle ! Totalement aveugle. Ce n'était pas toujours simple.

            Les gens se retournaient, mais Robert était stoïque. Et je n'avais pas l'air de souffrir.

          Nous prîmes une rame. Robert me disait gentiment à l'oreille : 

    - « Tu comprends, si tu vois où tu vas, c'est fichu ; plus de surprise ! »

        Je souriais. J'étais aveugle, peut-être ; mais, comme les aveugles que l'on guide, j'étais heureuse d'être guidée, alors je souriais. Les gens ne pouvaient pas en vouloir à Robert même si parfois certains, suspicieux, lui arrachaient un :

    - « Ne vous inquiétez pas monsieur, c'est un jeu ! C'est pour lui faire une surprise ! »

         Nous enfilâmes une correspondance. Parfois je butais, mais il me rattrapait. Cela me parut long, mais nous fûmes enfin dans le second métro.

     

    La station de métro Saint-Lazare

     

          Je me posais bien des questions... Où pouvait-il m'emmener ? Ah oui, maintenant bien sûr vous connaissez l'histoire des Rendez-vous en Terre Inconnue avec Frédéric Lopez ! Seulement Frédéric Lopez n'invite que des stars, et puis à l'époque il n'était encore qu'un petit garçon car cela se passait en... 1972.

           Quand nous débouchâmes enfin à l'air libre je commençais à avoir bien chaud sous ce foulard qui avait une fâcheuse tendance à me descendre sur le nez. Or nous étions à la belle saison, fin du printemps-début de l'été, et il faisait bon : c'était une sortie estivale ! Je pensais donc vraiment arriver dans quelque jardin public... Mais j'entendais encore les vrombissements des voitures, et Robert me pressait contre lui pour éviter que je ne heurte les passants.

          Il s'excusait et me disait :

    - «  On est presque arrivés, mais il faut encore avancer un petit peu, sinon cela ne vaudrait pas vraiment le coup... »

        Nous avançâmes, nous avançâmes...  Nous tournâmes un angle de rue. Il y avait moins de monde.

          Soudain Robert dit :

    - « C'est bon ! Je crois que je peux te l'enlever. »

        Et il se mit en devoir de détacher le gros noeud derrière ma nuque... J'allais respirer !

         Lentement le foulard glissa sur le côté et à mes yeux ébahis surgit une sorte de petit passage entre des échoppes de tôle ondulée... Qu'était-ce donc ? Où étions-nous arrivés ? Je n'avais jamais rien vu de pareil !!

     

    Puces-Saint-Ouen
    Image du net

     

                  Ahurie, je disais :

    - « Mais on n'est plus à Paris !! Comment as-tu fait ? Où sommes-nous  ?! »

        Robert m'avait conduite en plein cœur du marché Malik à Saint-Ouen, dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Car non seulement j'ignorais les Puces, mais en plus je n'avais encore jamais visité de souks ou de marchés fixes de ce type ! L'effet avait vraiment valu l'effort que j'avais fourni : le dépaysement total !! 

     

          Marché Malik
    Photo  Nathalie Prezeau


          Quand on est jeune, il est toujours passionnant le jeu de la découverte. En effet, qu'est-ce que la vie humaine sinon une marche perpétuelle vers le neuf, vers l'inconnu ?

        Cependant plus nous vieillissons, et plus nous nous apercevons que ce renouvellement perpétuel ne cesse pas, et nous commençons à nous en fatiguer. Quand on dit "de mon temps..." ou que l'on devient Alzheimer, n'est-ce pas tout simplement que l'on en a assez, que l'on sature de nouveautés toujours multipliées ?

          Le monde finit par ressembler à ces poupées gigognes qui se secrètent l'une l'autre à n'en plus finir...  Et l'on se demande si l'on est si libre de jouir de nos découvertes, et si ce n'est pas plutôt la vie qui nous mène par le bout du nez... et qui nous conduit malgré nous où nous ne voulons pas aller !

     

    Poupées russes

     

         Alors finalement, plutôt que d'avancer comme des automates sur les autoroutes connues, si nous nous trouvions un guide, un vrai ; en qui nous puissions avoir autant de confiance que j'en ai eu envers mon gentil compagnon...  et qui puisse nous conduire vers un endroit totalement stable quoique ignoré et connu de lui seul, ce qui nous offrirait la plus belle surprise imaginable ... ?

     


    Gabriel Fauré - Le Jardin de Dolly - Katia et Marielle Labèque

     

     


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  •  

        Ceci est la réédition d'un poème écrit en 1977, après l'incendie de mon immeuble.

          La partie essentielle en a été composée tandis que, rejetée au loin par des barrières de sécurité, je me morfondais à l'idée d'avoir perdu de précieux manuscrits qui me semblaient être ce que j'avais de plus intime ; et le dernier quatrain fut ajouté ensuite, lorsque je découvris que rien n'avait été touché.

            Il est publié dans mon recueil Renaître, dans la partie intitulée Labyrinthes et Flammes.

         Le terrible, c'est que l'on sait, mais que l'on ne fait pas. Ce qui est connu reste ignoré.

      

    Incendie

     

     

    « Je suis la Vérité et la Voix !

    Vois de mes mains l’éclat insoutenable !

    Regarde ! Regarde !
    Et Me reconnais-tu ?
    C’est moi que tu suivis jadis
    Par les chemins poudreux,
    C’est moi dont tu suivis la Voix,
    Fascinée, incrédule.
    Car ce que tu voyais,
    Ce que tu entendais alors,
    Ce n’était pas vraiment la Vérité !
    Ce n’était qu’apparence,
    Pour les enfants qui ont besoin d’images.


    Rencontre



    Bientôt tu n’entendis plus rien,

    Tu n’aperçus plus rien,
    Et tu me crus perdu.
    Où est-il donc passé,
    Celui qui me  promettait tout ?
    Disais-tu ; il ne m’a rien laissé !...
    Et cependant, écoute !

    Écoute cette rumeur,
    Écoute cette tempête,
    Ouvre tes yeux cachés !
    Tu trembles ! Tu ne vois rien,
    Parce que tu ne sais pas où il faut regarder.


    Ose enfin soulever les voiles de ton cœur,
    Là où tu dors depuis toujours,
    Dans la paresse de l’animal enfoui…
    Tu entendras craquer la mort,
    Comme la glace qui dégèle,
    Tu entendras gronder la nuit ;
    Écoute mon Silence !
    Dans cette flamme qui t’aveugle,
    Je Suis, Moi, le Ressuscité,
    La Voix impérieuse élevée du Silence
    Après l’éclatement du monde.


    Regarde autour de toi :
    Il n’y reste plus rien… Tous t’ont quittée !
    Et tu cherches ma Voix,
    Tu cherches mon Éclat ?
    Mais cette Voix est tienne, et cet Éclat aussi !
    Il y a si longtemps que je t’ai tout donné !...
    Ah ! Pourquoi ne m’as-tu jamais vu,
    Pourquoi as-tu scellé ton corps,
    Et banni de ton cœur la  mémoire de moi ?
    Je suis Ta Vérité, et tu ne peux m’éteindre !
    Aussi t’ai-je brisée,
    Jetée dans la tourmente et consumée,
    Afin qu’en ces décombres tu me reconnaisses
    Unique en toi.
    Car je Règne à jamais, et je ne connais point d’obstacle ! »

     

    Implosion



    Oh ! Silencieuse et pure,
    Mon âme intacte et neuve
    Brillait comme un anneau
    Quand la mer reflua…

     

     


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