•      Depuis quelque temps, je reprends pied sur Paris. Cela fait du bien, depuis le temps ! En effet, native de Seine et Marne, j'ai habité Paris de mes 17 ans (pour mes études) à mes 30 ans (jusqu'à la naissance de ma 2e fille) ; j'y ai édité mon premier recueil de poèmes et n'ai quitté la capitale pour le Berry que pour des raisons de travail.

          Cette première image a été prise du train, juste après mon départ. On voit parfois de jolies choses par la vitre, mais elles passent trop vite... C'est ainsi que j'ai saisi cette ferme fortifiée après la disparition de la jolie rivière qui m'avait attiré l’œil. 

    Ferme fortifiée dans le Berry

             Hélas ensuite il ne me fut plus possible de photographier ; en effet ayant changé de train je me retrouvai auprès d'une vitre si sale que seuls mes yeux étaient capables de décoder la beauté des paysages de Sologne traversés.

    Viaduc d'Austerlitz

        Arrivée en gare d'Austerlitz, mon premier mouvement fut de me diriger vers la gare de Lyon. C'était trop tentant avec cette énorme voie directe que l'on avait construite ! En effet la gare de Lyon concentre toutes mes racines de voyageuse... Je la fréquente depuis mon jeune âge, lorsque dans les années 50 je venais rendre visite à mes grands-parents parisiens.

    Pont Charles de Gaulle


          Autrefois, la gare d'Austerlitz me paraissait fort loin de la gare de Lyon car il fallait faire le détour par le pont d'Austerlitz, mais là, quelle différence ! De plus, de bien belles péniches étaient amarrées le long du quai de la Râpée.
          Je faisais souvent ce transfert de gares à un moment où j'avais aussi à faire du côté de Blois, et je marchais vers la Morgue en chantonnant gaiement : 

           Je demande à un joueur d'orgue 
            Où se trouve la Chaussée d'Antin ;
          " Suivez la Seine jusqu'à la Morgue,
           Et après c'est toujours tout droit !"

    Paris, quai de la Râpée

     
        Malheureusement depuis quelque temps ce n'est plus pareil, car j'ai dû m'y rendre personnellement à plusieurs reprises, dans cette Morgue, d'abord pour reconnaître le corps de mon père décédé subitement à Paris, et quelques jours après pour assister à sa prise en charge par les Pompes Funèbres... Et j'avais beau essayer de ne pas la voir et de ne pas m'en approcher, tout sembla se liguer pour m'obliger à passer devant.
         En effet, arrivée quai de la Râpée malgré moi je voulus éviter les embouteillages de la gare de Lyon et tournai à gauche, sans savoir qu'ensuite il me serait impossible de ne pas longer le sinistre bâtiment. Tout me revint à nouveau à l'esprit, du souvenir de cette belle journée de juillet où j'étais venue du Berry avec mes deux fillettes passer quelques jours chez mes parents à Fontainebleau ; mais j'arrivai le vendredi midi alors que mon père travaillant encore était parti depuis le matin à Paris et ne devait rentrer que le soir. Vers 19h alors que nous commencions à nous inquiéter le téléphone sonna et je décrochai ; un monsieur m'annonça avec embarras qu'il était arrivé "quelque chose" à mon père ; je bondis, prête à sauter dans ma voiture, mais la réponse fut  : "Non ! Les pompiers l'ont emmené à la Morgue et vous ne pourrez pas le voir avant deux jours" !!

        C'est cela qui m'a le plus marquée. Interdit d'approcher !! Et pourquoi ?! "Décédé sur la Voie publique" ! Pourtant il était mort à son travail ! Et moi qui venais pour le revoir après plusieurs mois de séparation je ne devais le retrouver que nu sous un drap sorti d'un tiroir réfrigéré...

         Lui, cependant nous avait envoyé un message. En effet vers 18h, heure nous dit-on de l'attaque fatale, alors que nous marchions dans la forêt ma petite fille de 5 ans heurta une racine et tomba de tout son long, éclatant en sanglots tandis que sa soeur de 9 ans, qui jouait avec un "jeu de pousse-pousse" contenant toutes les lettres de l'alphabet, s'arrêta stupéfaite pour nous montrer ce qui malgré elle s'était inscrit sur sa tablette : "MORT" !
          Ma mère avait blêmi. Elle avait tout de suite compris, alors que moi je me répandais en propos rassurants... En effet mon père avait le coeur très fatigué et n'aurait jamais dû rester à Paris ce jour-là par la chaleur écrasante qui y régnait ; on l'avait d'ailleurs convié à rentrer dès le midi, mais il avait refusé ! Cependant nous découvrîmes le lendemain dans le coffre de sa voiture restée sur place un bouquet d'immortelles qu'il avait spécialement achetées pour son épouse...

    Encore un petit tour à  Paris

     
      Avait-il eu également un pressentiment lorsqu'en partant le matin et la laissant endormie, il avait déposé sur le bureau une petite carte avec un dessin tracé à l'encre bleue, d'une encre si puissante qu'après 30 ans elle reste fraîche comme au premier jour, accompagné de ces mots : "Bon courage ! Bisous ! " Il lui en fallut du courage à ma mère effet, pour vivre près de la moitié de sa vie dans son seul souvenir...

    Paris, vers la Bastille


          Enfin, la morgue était passée et j'avançais vaillamment vers la Bastille. Des travaux partout, des expositions aussi ; mais moins de voitures qu'autrefois, plus de cycles et notamment des motos pour lesquelles on trouvait partout des parkings.

          Le quartier de la Bastille me rappelait surtout les marchands de piano et instruments de musique. J'avais souvent effectué à pied le trajet depuis la porte Saint-Denis jusqu'à la gare de Lyon - mais parfois aussi en bus.

    Paris, la colonne de la Bastille.


         Je me décidai à croquer le "Génie de la Bastille" : prise de vue tentante, bien éclairée et facile à prendre. Ensuite j'allais m'enfoncer dans le Marais et cesser de photographier, prise dans la foule et les toutes petites rues ... Pas envie non plus de perdre du temps ni de jouer les touristes. Eh oui, finalement il semblait qu'il y eût autant de monde dans les rues le mercredi que le samedi !

    Paris, prise d'eau pour les pompiers

     
        Je m'intéressai cependant à cette belle prise d'eau pour les pompiers, non loin de l'église Saint-Paul.

     *  *  *

           Et c'est le soir à mon retour sur le chemin inverse, que voulant tout de même saisir le monument qui avait été totalement ravalé et rafraîchi, je pris cet étonnant cliché .

    Paris, église Saint-Paul


           Quand j'avais visé, on voyait parfaitement la façade, le soleil étant caché. Mais il sortit pendant la prise de vue.
             Et ce n'était certainement pas un hasard.

     

     


    14 commentaires
  •  

    Un grand vent se lève
    Il a tout balayé
    Autour la nuit sans fond
    L’immensité


    Infime clarté du Songe


    Dis
    Toi qui marches
    Qu’as-tu traversé


    L’immensité du Jour
    A sombré dans l’oubli
    S’éteint le feu miroitant
    Mirage


    Éveil Sommeil
    Repos Action
    Faces d’une même pièce


    Reflux puissant de l’énergie
    Qui remonte à la Source
    Où elle est dissoute


    Je m’incline devant la Beauté
    La Bonté
    La Splendeur


    Qui s’incline
    Personne


    J’ai pris le large
    Sans rames et sans amarres
    Et le brouillard m’a aspirée


    E - facé

     

     


    votre commentaire

  • Dragon d'or-Ben Wootten

     

     

    Le vieux dragon se meurt. 

     

    Le feu souterrain qui coulait dans son ventre le brûle à présent et le consume peu à peu.

     

    Par intermittences un long frémissement fait onduler ses écailles ternies.

     

    Ses longues griffes cassées peinent à le retenir au roc où il s’est agrippé.

     

    Sa lourde tête aux longues cornes vacille lentement tandis que se referment l’une contre l’autre ses fines paupières rougies.

     

    Son temps est passé. Il ne sait plus rugir.

     

    Son ombre noire n’agitera plus les flots, son souffle incendiaire ne creusera plus la terre, ses ailes ne battront plus les vents.

     

    La fente de son œil reptilien ne reflétera plus les horreurs ni les splendeurs du monde.

     

    Dans le long crépuscule qui l’enveloppe comme un suaire, il s’abandonne, insoucieux des corneilles criardes à ses oreilles.

     

     Le volcan qui grondait en lui s’est transformé en une flamme vive et dévoreuse qui le détruit de l’intérieur.

     

    Il sait du moins qu’il ne laissera rien au monde, ni carcasse, ni cette puante charogne dont s’abreuveraient hyènes et corbeaux.

     

    Bientôt, périssant lentement de sa propre fumée, il sera transformé en un tas de cendres, que le vent des cimes dispersera au loin.

     

    Ainsi, dissolvant de même la brume du couchant, le souffle sacré dévoilera-t-il enfin la porte étoilée.  

     

     


    3 commentaires
  •  

        Avec la Toussaint vient le mois de Brumaire, si joliment nommé par le calendrier républicain, et dont j'aime particulièrement les alliances de couleurs grises et jaunes, qui créent une lumière fascinante. 

     

    Brumes et feuillages 


       Pour commencer, une belle toile d'araignée qui trône juste à ma fenêtre. 

    Brumes et feuillages


         Puis les arbres du parc se perdant dans la brume.

    Brumes et feuillages


         Ceux du parking, plus jaunes...

    Brumes et feuillages

         Vers les collines, on se croit en petite montagne !

    Brumes et feuillages

    Brumes et feuillages

    Brumes et feuillages

    Brumes et feuillages

    Brumes et feuillages

          Tout ça en me rendant à la piscine municipale (le bâtiment à gauche)... 

    Brumes et feuillages

    Petite déco locale (4 fleurs à Issoudun tout de même !)

    Brumes et feuillages

    Une jolie feuille blonde.

    Brumes et feuillages

    Une jolie feuille rougissante.

    Brumes et feuillages

    Lumière du soir dans les feuillages.

    Brumes et feuillages

    À 5mn près j'ai loupé le dernier rayon du soleil couchant.

    Brumes et feuillages

    Mais quelle belle lumière entre les feuilles jaunes !!

     

     


    8 commentaires

  •       C'est chez les pauvres que nous trouvons la vraie beauté. Chez ceux qui savent vouloir le meilleur en se contentant du minimum. Admirez la force de ces enfants qui veulent étudier et qui accueillent pour le faire le support le plus élémentaire avec gratitude.

     

       De plus ils sont endimanchés, quoique devant faire des kilomètres à pied avant d'arriver.

     

       Puissions-nous retrouver cette humilité et cette foi que possédaient pourtant encore les petits paysans du 19e siècle en plein cœur de la France (à découvrir par exemple dans la première partie du roman pour la jeunesse d'Alain Grousset : Les Mangeurs de Châtaignes, qui se situe en Creuse juste après la révolution de 1848).

     

     


    13 commentaires