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Poursuivant mon propos au sujet de la conférence de jeudi, je voudrais d'abord parler des éditions Caractères (ici sur wikipedia, là leur site officiel, et ici sur facebook).
Créées par Bruno Durocher en 1950 pour mettre en valeur la poésie contemporaine, elles s'ouvrirent aux poètes du monde entier, ce qui en fait un fabuleux réservoir d'écritures de toutes nationalités, en passant par l'arabe et le chinois pour englober le roumain et le mexicain. Il mettait toujours un point d'honneur à faire accompagner ces écrits d'illustrations de qualité, ce qui donne des livres étonnamment suggestifs pour l'oeil au plan plastique ; point relayé et amplifié depuis son décès en 1996 par sa compagne Nicole Gdalia, qui ne l'oublions pas était aussi sculptrice.
Voici par exemple une parution récente, trouvée sur le site à la date du 30 novembre.
Deux Prix Nobel chez "Caractères" !!
C'est ainsi que nous eûmes la joie, jeudi, d'applaudir Nicole pour avoir à son catalogue un livre de Mo Yan, qui vient d'être couronné Prix Nobel de littérature 2012.
Voici cet ouvrage :
L'image puisée sur le site de la Fnac renvoie par lien à la page concernée. Un autre auteur de Caractères, Tomas Tranströmer, avait déjà été couronné de ce prix en 2011, mais il ne figurait que dans une anthologie (voir ici). On peut donc juger de la qualité de ces éditions !Les livres de Nicole
Mais revenons aux livres de Nicole elle-même. Elle en avait apporté quelques-uns, que nous eûmes la joie de feuilleter après sa conférence et qu'elle dédicaça à ceux qui en firent l'acquisition. Je ne puis résister au plaisir de vous montrer quelques exemples de pages et de couvertures de ceux que j'ai rapportés.
Voici le plus beau d'entre eux, dont il ne restait d'ailleurs que très peu d'exemplaires, un énorme livre de 450 pages publié en 2005 et parsemé d'illustrations originales toutes plus étonnantes les unes que les autres, émanant d'auteurs variés (en noir et blanc, et de couverture mate). Ce livre réunit en fait plusieurs recueils ayant chacun leur "couverture" et leurs illustrations, et son épaisseur m'a rendu extrêmement difficile le fait d'en scanner l'intérieur, si bien que ce que vous en verrez est succinct et parfois indistinct.
Voici la "couverture" de la première partie.
En voici une autre !
Puis une autre...
Et encore une.Je cesse ici de feuilleter avec vous ce merveilleux alphabet, dont seront tirés nombre des poèmes lus par Béatrice et ses amis (voire par Nicole elle-même), et que je vous présenterai dans le prochain article.
Et passons au second petit bijou que nous avons pu rencontrer : un livre publié par Nicole dans la collection "Arts en Résonance", qu'elle a créée en rencontrant Robert Bichet, ravie de son idée de faire se correspondre des œuvres musicales, picturales et poétiques de même titre.
Après le recueil de Robert, "Là-bas sont tous les rêves", qui met en résonance Musique, Peinture et Poésie, elle fut vite en panne d'auteurs de la même veine, jusqu'à trouver pour elle-même une personne disposée à lui offrir une oeuvre picturale correspondant à son texte, puis un musicien prêt à lui composer une pièce de même titre, et enfin un poète russe décidé à traduire son oeuvre dans sa langue !!
Cela donna ces "Treize battements du respir incertain " (voir ici au 24 janvier), dont voici un aperçu graphique encore une fois maladroit faute de vouloir écraser les pages en ouverture.Voici une page, dont pour une fois vous avez le texte, accompagnée d'une encre de Masha Schmidt (peintre d'origine russe établie en France) - encres qui accompagnent chacune des 13 pages de texte, plus la page de titre en français et la page de titre en russe.
Voici maintenant le début de l'oeuvre pour piano de Irakly Avaliani (pianiste Géorgien), publiée ici intégralement.
... Et enfin, le début de l'édition en russe, dans la traduction de Nicolas Bokov (écrivain russe exilé en Europe) !
Pour terminer, j'ai essayé de photographier la tranche côté titres :
L'édition est bilingue : c'est écrit en Russe ET en français.Dans le prochain article, j'aborde les textes...
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Après les deux articles de présentation (ici et là), il est temps aujourd'hui que je vous fasse découvrir ces textes qui nous ont fait tant rêver, jeudi soir, dits par la bouche tantôt de l'un, tantôt de l'autre des lecteurs (se faisant écho ou se répondant) et même ensuite de Nicole.Ils les avaient tirés de cette superbe anthologie qu'est l'Alphabet de l'Éclat (présenté dans l'article précédent), en les groupant par thèmes sous 5 séquences successives. Ce sont des textes souvent courts et dont les vers sont également plutôt courts et, à de rares exceptions près, sans titres. Je vous en propose quelques-uns, et intercale pour rappeler l'atmosphère de la soirée des extraits d'une oeuvre de Robert Bichet : "Mes Saisons de Condé", plus exactement de la partie intitulée "L'automne", qui est justement très calme et offre les tams-tams avec le vibraphone que nous avions, avec en plus les Ondes Martenot de Francesca Paderni.
Lorsque convergent les dimensions
j'aime
j'aime tes yeux verbe
je m'y enroule paresseusement
j'aime
j'aime tes mains chant
au rythme de nos dires
et le manège est là qui m'enivre
et m'oublie
aux aspérités de la vieExtrait de Racines (1975)
Entre l'écart du haut
et l'écart du bas
flamboie
- le simple -
dire le simple
être le simple
simple simplicité
des choses naissantes
dans la vêlure de l'auroreExtrait de Les Chemins du Nom (1977)
Simplifier le multiple
jusqu'à l'un
se rendre de la périphérie au centre
du variable à l'Invariable
abandonner l'étain, le cuivre, le mercure
pour la mystérieuse alchimie
quitter l'imparfait vers le parfait
s'avancer dans le soleil
approcher le Grand Oeuvre...
Lui et Elle
se tenaient face à face
dans un saint tremblementExtrait de Mi-dit (1987)
Se saisir du langage
vêtir ma voix
de l'espérance du mot
en extraire l'étincelle
secrète combinaison
de la lettre et du chiffre
géométrie créatrice de
l'alpha et l'omega
la forme
purifiée à l'extrême
appréhende l'harmonique signature
le ton est juste
et le poète aura le timbre du
prophèteExtrait de Monodie (1997)
Par une sombre nuit
Jacob vit en songe
une échelle
se dresser
au sol les pieds
le sommet dans la nue
des anges descendaient et montaient
messagers du Séparé
ils l'éprouvèrent dans sa force
assurément trembla-t-il
je suis dans la Maison de Lumière...
plus tard il jouta avec un inconnu
Jacob en ressortit boiteux mais victorieux
dans cette rencontre
il avait reconnu le face à face de
l'homme avec son propre éclatExtrait de La Courte Échelle - Harmoniques (1994)
Mais il y aurait tant de poèmes à citer, que j'ai créé une catégorie "Nicole Gdalia" et mis un (1) à cet article, afin de pouvoir en citer d'autres ultérieurement. Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui, vous invitant à imaginer l'atmosphère recueillie de notre soirée, grâce aux quelques images et aux extraits musicaux ajoutés. Je précise d'ailleurs que Nicole Gdalia, qui parle souvent de la musique dans ces poèmes (vous le verrez plus tard !) avait demandé elle-même à ce qu'il y ait une théâtralisation de la soirée ainsi que des ponctuations musicales.
Robert Bichet durant sa prestation : au fond, les tams-tams chinois, à droite, le ressort Baschet.
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Chers amis,
J'ai passé mon après-midi à concevoir, et surtout à fabriquer un menu plus clair et synthétique pour ce blog, que la liste de catégories que vous voyez apparaître dans la colonne de gauche sous l'intitulé "thèmes de mes propos".
Il est juste au-dessus des articles ; mais malgré tous mes efforts, s'il apparaît correctement à l'affichage par article, il est encombré d'annonces de mes articles sur la page d'accueil. Si vous savez pourquoi, et que faire pour supprimer ce désagrément, je vous prie de me le faire savoir !
J'en ai profité pour faire du ménage et du tri dans les catégories existantes, ce qui m'a donné l'idée de republier cet article où je dirige la Marche Turque... J'espère qu'il vous amusera.
À bientôt pour de nouveaux poèmes !
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C'est à la fin de sa "conférence" - ou plutôt de l'écoute de ses poèmes et de l'échange qui s'en est suivi - que Nicole Gdalia se décida à nous parler du "Billet-Poème": une belle invention d'un certain Nicolas Lebeau qui a son site ici.Pour imiter peut-être certaines tentatives de la RATP mettant la poésie dans le métro, il imagina un billet qui ne serait pas de banque, mais de poésie, et qui pour la modique somme de 1€ véhiculerait, au recto, une image conçue par un graphiste contemporain, et au verso, un ou plusieurs poèmes de l'auteur choisi pour le billet.
Ici, au verso, l'Ode à Cassandre de Ronsard.
Au recto, une image en accord avec le texte (l'auteur est inscrit à gauche)Depuis Ronsard jusqu'à nos jours, il a ainsi édité quantités de poèmes dont beaucoup de contemporains, et a notamment consacré un de ses billets à deux très beaux poèmes de Nicole Gdalia.
Voici ce billet, assorti de la signature de Nicole qui me l'a dédicacé :
Le verso
et le recto, comportant une peinture originale de Brigitte Camus
Par ailleurs, l'éditeur s'est attaché à publier une série de billets intitulée "paroles de détenus", et comprenant des poèmes écrits par des détenus de la Centrale de Fleury-Mérogis en 2010.
Ils sont édités sur du papier fin et ornés de frises ou lignes géométriques diverses destinées à évoquer le graphisme d'un véritable billet de banque.
Vous pouvez en consulter la galerie complète ici (toutes les images peuvent être agrandies), et vous les procurer en utilisant le formulaire en ligne sur le site, mais en prenant garde que l'adresse en est changée. Voici la nouvelle adresse :
Sylvie Lebeau28 rue Solférino *59000 Lille* ( et non plus Place du Maréchal Leclerc)
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à Nicole Gdalia, qui m'a redonné l'envie d'écrire
Peut-être ne sais-tu pas
Oiseau paisible
Oiseau tranquille
Que le ciel t’appartientEt tandis qu’endormi tu planes
Rasant sans le savoir
L’échine du vent
Soudain survient un souffle
Un courant qui t’emporteEt d’un puissant coup d’aile
Tu montesLa lumière t’éblouit
T’appelleEt te sourit
13 octobre 2012
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