•       Pour compléter l'article d'hier, précisons que le soleil, ainsi que la lune à quelques écarts près et les constellations du Zodiaque, tournent autour de la Terre (en apparence du moins) en suivant l’Équateur céleste (qui est la projection dans le cosmos de l'équateur terrestre), ou suivant ce que l'on appelle le "plan de l'écliptique".

          Le dessin ci-dessous indique clairement qu'en été la course du soleil se rapproche du pôle céleste Nord (qui n'est que la projection dans le cosmos du pôle nord terrestre), et en hiver du pôle céleste Sud ; tandis que seuls le printemps et l'automne le voient suivre une ligne équilibrée entre ces deux pôles (en vert).

     

    ecliptique.png

    (Image tirée du site "astronomie et mécanique céleste")

     

            Cependant les représentations sont toujours très peu explicites, et surtout ne tiennent absolument pas compte de ce que l'on voit la nuit.

            Lorsque j'ai quitté la ville d'où les portions de ciel étaient à peine visibles pour vivre en rase campagne dans une région très plate, j'ai appris énormément de choses sur le ciel, et chaque jour en revenant de mon travail ou en m'y rendant, j'ai pu observer avec intérêt des phénomènes atmosphériques d'autant plus spectaculaires que je me situais comme sous un globe, pouvant apercevoir les horizons à 360° tout autour de moi (voir ici).

           Cependant le sol m'était visible, avec ses routes droites, ses bosquets et ses maisonnettes au loin. C'est ainsi qu'au fil des saisons j'ai pu voir avec certitude les points de lever et de coucher du soleil, si différents et même TRÈS éloignés d'une saison à l'autre. C'est ainsi que j'ai pu également expérimenter qu'à certaines époques de l'année - fin mars et fin septembre très exactement - il ne fallait pas emprunter telle voie par temps clair vers 18h30, car orientée plein ouest elle nous mettait face à un soleil rasant qui aveuglait totalement, comme posé sur la route... ce qui n'était pas le cas aux autres époques de l'année.

          Cet autre croquis rend compte assez fidèlement de la chose :

    Trajet-Soleil-Ecliptique.gif

    Image empruntée à ce site d'astronomie

     

          On peut y voir clairement sur le trajet bleu qu'aux équinoxes le soleil se lève à l'Est et se couche à l'Ouest, mais qu'en hiver (trajet vert) il se lève et se couche plus au sud, et en été (trajet rouge) il se lève et se couche plus au nord.

     

          Cependant jamais on ne parle de la trajectoire des astres de nuit !!

          Pourtant, la simple observation des signes du Zodiaque permet de remarquer qu'en été ils rasent l'horizon sud (notez que l'équateur céleste se situe toujours vers le sud, tandis qu'en regardant au nord on trouvera l'étoile polaire et son environnement de petits et grands chariots), alors qu'en hiver ils sont presque à la perpendiculaire au-dessus de nos têtes.

     

    sud_aout.jpg

     

          Selon le site UPPP.free, voici le ciel du mois d'août en direction sud : vous y voyez du sud-est au sud-ouest le Capricorne et le Sagittaire juste sur l'horizon, ce dernier piquant même du nez pour plonger vers la terre... Souvent d'ailleurs on le voit mal parce qu'à ce niveau il se dégage des brumes de chaleur ou une clarté émanée des habitations au sol, ce qui m'a toujours déçue parce qu'en fin de compte c'est l'été que l'on regarde le plus facilement le ciel et les signes du zodiaque y demeurent difficilement perceptibles.

     

    sud_jan.jpg

     

       Maintenant, toujours selon le même site, voici le ciel de janvier, orienté exactement dans la même direction. Admirez la hauteur qu'ont prise les signes du Taureau et des Gémeaux ! Généralement, seul Orion nous est perceptible, car il nous fait face et nous impressionne par sa luminosité et sa majestueuse ampleur ; mais pensez qu'il est encore sous l'écliptique, et que le Zodiaque est encore plus élevé dans le firmament !

     

         Eh oui, si vous n'étiez pas convaincus, voici l'un des mystères de notre position sur cette planète qui bascule et qui tourne dans l'univers... Et quand au XVIIIe siècle les marins s'orientaient selon les astres pour parcourir les mers, ce n'était pas à la simple boussole, mais avec des outils astronomiques très élaborés, tels que le sextant ou l'astrolabe qui permettaient de déterminer la hauteur d'un astre sur l'horizon et à partir de là de calculer la latitude du navire.

     

    Sextant-2.jpg

    Un sextant. Photo Wikipedia

     

      


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         J'ai sûrement de la chance : tandis que la météo nous décrit sous les nuages, en réalité il a fait soleil toute la journée !

        Alors j'ai essayé de le photographier. C'est étonnant comme, enfant, on le dessine toujours sous l'aspect d'un beau ballon jaune lançant des rayons sur un ciel bleu azur, alors qu'en réalité dès que vous voulez le saisir il devient énorme et blanc, et rend noir tout le paysage alentour !

     

    Soleil2.JPG

     

          Il ne faut pas regarder le soleil. Les anciens grecs présentaient souvent Apollon sous les traits d'un Dieu vengeur aux rayons meurtriers ; et dans la Bible (ou du moins selon le film "Les Aventuriers de l'Arche Perdue "), celui qui veut contempler "Dieu" en face est consumé.

         Et pourtant oui, le Soleil représente à la perfection ce que nous appelons Dieu. Il ne l'est pas réellement (d'ailleurs les Egyptiens en étaient-ils dupes ?), mais il Le représente. Un ami athée me disait récemment que nous avions créé un "Dieu" à  l'image de notre souhait de perfection, comme l'image dans le miroir de la vieille Reine de Blanche-Neige : "plus beau" qu'un homme, un homme parfait... Quelle idée ! Comment s'imaginer que pour un être humain la  perfection c'est un autre être humain ? 

          Non, la Lumière est ce à quoi nous aspirons le plus, ce dont nous avons aussi le plus besoin ; non seulement elle nous apporte comme aux plantes l'énergie vitale, le fluide qui nous anime, mais en plus par sa chaleur elle éveille notre coeur, et en le fécondant elle suscite en nous les plus hauts sentiments, les plus nobles valeurs. Tout ce que nous avons de plus élevé dans le domaine suprahumain (ce que l'on appelle l'Âme) émane de la Lumière. 

         Mais peut-être les athées ne le ressentent-ils pas ? Aussi cette enseignante que j'ai connue en mes années lycée pouvait-elle à l'envi se moquer, non seulement de Lamartine (j'en ai déjà parlé ici, dans la note qui accompagne l'extrait musical) et de Pascal, mais aussi de Paul Valéry qui dans son "Cimetière Marin" évoque les Paradoxes de Zénon d'Elée en ces termes : 

    Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue
    Pour l’âme, Achille immobile à grands pas ! 


          Que cela la fasse rire aura au moins servi à me graver ces vers de façon indélébile dans la mémoire, au point que je me les récite dès que reparaît cet astre ; et non pas en me moquant, car pour apprécier les vers de Valéry qui sont toujours sublimes, il faut non seulement connaître le paradoxe auquel ils font allusion, mais encore ressentir l'immense valeur spirituelle qu'ils recèlent... !

     

               Achille                                 tortue.jpg

     

         Tout d'abord le sens : oui, Zénon, philosophe grec du Ve siècle avant Jésus-Christ, natif d'Elée en Italie du Sud, avait montré les limites de la logique mathématique (en même temps qu'esquissé la notion d'infini) à l'aide de différents "paradoxes" utilisant des points déplacés sur une ligne. Il avait entre autres indiqué que si Achille (réputé rapide coureur) tentait de rattraper une tortue (qui  pourtant ne va pas si vite), selon la logique mathématique il ne l'atteindrait jamais puisque : si l'on pose Achille en A et la tortue en B, quand Achille arrive en B la tortue est déjà en C, puis quand il arrive en C elle est en D, et ainsi de suite jusqu'à l'infiniment petit...

     

    soleil.jpg 


        Si maintenant on se resitue dans l'optique de Valéry, c'est le soleil qui représente la tortue à jamais inaccessible et pourtant si proche, alors que l'âme humaine, déguisée en Achille pour posséder ses "pieds ailés", ne parvient pas même à dépasser l'immobilité. La contemplation de l'astre (qui n'est pas possible pour les yeux, mais l'est pour l'âme) entraîne une fascination qui fait qu'elle aspire à s'y confondre, mais ne le peut !

         En effet Dieu (Simone Weil le sait bien) est Celui qui toujours se dérobe, mais d'où pourtant naît le principe de la Grâce à cause de l'appel qu'Il suscite : par l'effet de celle-ci, opposée à la Pesanteur qui régit le corps, l'âme s'élève peu à peu comme une vapeur vers ce qu'elle contemple ; et tandis qu'elle ressent avec douleur la distance qui semble ne jamais diminuer, cette dernière reste le moteur de son élévation. 

         Valéry s'arrache à cette fascination mortelle : le soleil brûle, et la terre resplendit  ! Oui, tant que nous sommes ici-bas, profitons de la beauté des choses...

         Mais sans oublier à Qui nous la devons...!

     

     


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    Renee-Vivien.jpg

    Renée Vivien

          Beaucoup d'entre vous n'ont pas lu mes évocations de la poétesse Renée Vivien (1877-1909, pseudonyme de Pauline Tarn, née d'une famille anglaise fortunée établie à Paris). Aujourd'hui j'y reviens avec le bonheur de découvrir qu'entre temps elle a été remise à l'honneur et rééditée largement, avec l'apparition d'un très beau site sur internet - sans parler de la diffusion numérique par la BNF de toutes ses éditions originales ! Pour moi qui avais fait des traductions de Sappho ma spécialité, lors de mes études grecques à Paris, c'est une joie de vous en offrir un nouveau poème, poème précisément en hommage à Sappho (dont on a aujourd'hui simplifié le nom en en supprimant un "p", mais qui dans le dialecte de son île était originellement désignée comme "Psappha").

         En effet, Renée Vivien, jeune fille fragile qui avait été séduite par l'entreprenante amazone Natalie Barney, se passionna très vite pour la poésie de cette grande amoureuse des femmes dont on exhumait juste les manuscrits, et en fit de remarquables adaptations.

     

    Les Oliviers

    "Et je regrette et je cherche…"
    Psappha

     Les oliviers, changeants et frais comme les vagues,
    Recueillent gravement tes murmures légers,
    Psappha, Divinité des temples d’orangers,
    Dont le chant surpassa le chant des étrangers…
    La montagne a des plis musicalement vagues…


     Tes lèvres ont l’inflexion d’un rire amer.
    Lasse d’éloges faux, lasse de calomnies,
    Tu te hâtes vers l’ombre aux roses infinies ;
    Sous tes doigts doriens pleurent les harmonies ;
    Tes regards ont le bleu complexe de la mer.


    Les vierges se reflètent, tiédeur parfumée,
    L’une dans l’autre, ainsi qu’en un vivant miroir.
    Tu regrettes et tu cherches, parmi l’or noir,
    Des yeux et des cheveux assombris par le soir,
    Atthis, la moins fervente, Atthis, la plus aimée…

     

    La Vénus des Aveugles
    Lemerre, Paris, 1904.

     

    Oliviers.JPG

     
     

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  • (J'ai ajouté dessous la musique qui s'imposait).

     

    Oehme-scharfenberg_bei_nacht.jpgFerdinand Oehme (1797-1855) : Château Scharfenberg la nuit (1827)

     

    C'est un château sans lune,

    Mirage dans l'espace étoilé...

     

    Elle n'avait qu'un sourire à donner :

    Elle en mourut.

     

    Souffle ta bougie,

    Et traverse les corridors déserts,

    Dans le froid et la nuit,

    Jusqu'à la salle obscure

    Où veillent les cheminées ;

     

    Telle une fumée légère,

    Glisse-toi dans l'âtre vide,

    Et remonte le goulet jusqu'à l'air libre,

    Jusqu'à l'espace ouvert,

    Jusqu'au ciel nocturne !

     

    Une sorcière sur son balai

    A traversé l'air en sifflant

    À une vitesse étourdissante.

     

    Et tu te lances à sa poursuite,

    Cramponnée à la crinière de tes rêves

    Qui filent comme le vent ;

    Il faut aller au-delà du rideau noir,

    Le soulever, passer, passer coûte que coûte !

     

    Il se plisse à l'horizon ;

    Les machinistes du ciel le relèvent à grand ahan,

    Tirant de toutes leurs forces sur les cordages des constellations.

    Et tu glisses sur ton esquif léger,

    Humant le vent du large à pleins poumons...

     

    Courage ! Le but est proche !

     

    Et soudain, sans que rien ne cessât d'exister

    Au décor de cette grotte obscure,

    Sans ébranler sur son passage

    Ni le ciel, ni le château, ni le paysage,

    Le vaisseau toutes voiles gonflées

    Franchit la barre dans un grand frémissement...

     

     

    Extrait de "Le Passage"
    Poèmes composés entre 1974 et 1975

     
     

    Et pour accompagner cette fin "en ouverture", voici la fin de "Mort et Transfiguration" de Richard Strauss, interprétée par Herbert von Karajan et l'orchestre philharmonique de Berlin. 

     

     

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    moliere.jpg

    Molière peint par Charles-Antoine Coypel (1730)

     

         Un petit billet sur les irrégularités de la langue française.

        Oh ! Non pour en faire une liste exhaustive mais pour vous parler de quelques surprises que j'ai eues, auxquelles vous aurez tout le loisir de réagir en me donnant votre avis et vos commentaires (que  je pourrais d'ailleurs par la suite insérer dans cet article).

     

        Dans un de mes poèmes, j'avais écrit : "ses larmes le baignirent "...

        Et puis soudain, une lumière se fit dans mon esprit et je me dis :

    -  Mais c'est le verbe "baigner" !! Premier groupe !! Donc : "le baignèrent" !!

        Et voilà que je restai pantoise en me disant :

    -  Pourquoi ai-je si fort en tête "le baignirent" ?...

     

        Parce que des verbes en "aigner" ou "eigner", il n'y en a presque pas. La plupart sont en "aindre" (comme "se plaindre", avec lequel je faisais confusion), en "eindre" ou en "oindre", et sont du troisième groupe.

        Et les pires du genre sont les deux verbes : "peigner" (la girafe ?) et "peindre" (une girafe !). Quel rapport de sens peuvent-ils bien avoir entre eux pour se ressembler à ce point ??1 Pourtant lorsque l'on dit "je peignis" on prend bien le pinceau, alors que lorsque l'on dit "je peignai", on prend le peigne, hé hé !!

        Quelle difficulté pour les étrangers... Encore que les étrangers, en fin de compte, s'attellent au travail et apprennent d'arrache-pied, alors que nous, nous croyons "savoir" puisque c'est notre langue "maternelle" n'est-ce pas ? Et c'est là que le bât blesse : finalement l'étranger s'exprimera mieux que nous. Qui plus est, il sera ravi de découvrir un bon moyen de ne pas mélanger deux verbes qui se ressemblent et qui pourtant présentent deux sens radicalement différents.

         Ainsi, pour rien au monde je ne voudrais que l'on changeât quoi que ce soit à notre superbe langue française, qui tient ses irrégularités de son histoire, et surtout de son âge, de sa longue évolution à travers les siècles. En cela elle est encore bien loin de la langue grecque, dix mille fois plus complexe et plus subtile ! C'est un tel bonheur de se promener dans ce dédale de règles qui sont toutes faites pour être transgressées, pleines d'anomalies et d'exceptions... qu'évidemment je suis bien loin  de connaître toutes. Mais en français, vous vous rappelez vos cours de grammaire ? Il y avait toujours :

       1) la règle : ... ...

    Puis :

       2) les  exceptions : ... ... ... (chou, hibou, caillou, genou... ; la dictée, la pâtée, la montée, la portée...)

    Correcteur.jpg

         Alors, quelle importance aussi pour les jeunes d'aujourd'hui que de suivre assidûment des cours de langue française, afin de la posséder correctement ! D'ailleurs on n'est pas à même de tout assimiler totalement lorsqu'on est jeune ; bien sûr la pratique de la lecture des grands auteurs apporte l'essentiel de l'entraînement indispensable, mais conserver chez soi un bon "dictionnaire des difficultés de la langue française" à l'âge adulte reste à mon avis nécessaire. Il y a des tas de règles compliquées que je n'ai réellement retenues qu'à l'âge adulte à force de me référer à ce type d'ouvrage.

     

        Hélas, ce n'est pas la génération "internet" (en anglais) ou "est-ce-et-messe" (en langage télégraphique) qui vont nous aider à soigner notre beau langage.

         Je n'entre pas dans la polémique... J'avoue que la langue est une chose "vivante", qui a manifestement beaucoup évolué depuis le parler de la Renaissance et celui de Molière (et notamment a évolué différemment suivant qu'elle était employée en métropole, au Québec ou dans les îles !),  ce qui suppose qu'elle doit évidemment continuer à évoluer.

     

    La_langue_francaise_en_fete_2010_10x15_a_72dpi.jpg

    Affiche pour la fête de la langue française en Belgique

     

        Mais encore une fois, j'adore ces difficultés qui font justement d'elle une matière, comme un être de chair qui n'est jamais totalement parfait parce qu'il a un bouton ici ou les deux yeux légèrement dissemblables... ce qui fait précisément son charme... !

     

         Qu'en dites-vous ?

       

    1 D'après le dictionnaire "Le Robert" les étymologies sont fort différentes, le verbe "peigner " descendant du latin "pectinare ", et "peindre " découlant de "pingere "... La confusion actuelle résultant de l'évolution des prononciations et des usages successifs qui ont été faits de ces termes.

     
     
     

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