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Qui a fréquenté l'Anse Cochat, sur la commune de Plouha (Côtes d'Armor), sait que c'est une plage gagnée au tourisme grâce à un tunnel percé dans la falaise, et autrement quasi inaccessible.
(Photo CRDP de Reims)
Cette plage, rebaptisée "Bonaparte" en raison des activités de résistance dont elle fut le théâtre (c'était son nom de code), présente à son entrée une plaque commémorative du Réseau "Shelburn", et est surplombée d'une stèle détaillant les noms des différents réseaux s'étant impliqués avec Shelburn dans l'évasion d'aviateurs anglais et américains depuis Plouha.
Un cinéaste, Rolland Savidan, a conçu à partir d'interviews, de pèlerinages sur les lieux, et de films d'archives, un magnifique documentaire qui retrace, images à l'appui, toutes les activités du Réseau, dirigé par un canadien et organisé sur la commune de Plouha par des habitants remarquablement efficaces et d'une discrétion extraordinaire.
On en trouve la présentation ici sur Youtube :
Mais voici, emprunté à l'association "Forcedlanding" la description des activités de ce réseau :
« Provenant de différents lieux de France, les aviateurs alliés étaient pris en charge par les membres du réseau SHELBURN. Bien souvent, on venait les chercher en train dans les campagnes pour les regrouper secrètement à Paris.
À Paris, les "logeurs" se chargeaient de prendre les "colis" aux gares, d'encadrer ces aviateurs, de les réunir si possible, de les loger et de les nourrir. Bien souvent, un même aviateur était relogé successivement chez différentes personnes afin de dissiper les soupçons des voisins et surtout de la Gestapo. A noter que ces aviateurs étaient durement interrogés pour éviter l'infiltration d'agents ennemis. Parfois, les transports intra-muros se faisaient en métro où le risque était grand car la Gestapo y avait des agents en civil pour débusquer les comportements suspects. Le chef de la branche parisienne était un dénommé Paul Campinchi.
Après quelques jours d'hébergement à Paris, les "logeurs" redéposaient leurs colis à la Gare Montparnasse pour être transportés par un convoyeur jusqu'aux gares de Saint-Brieuc, de Châtelaudren ou de Guingamp, en Bretagne. Les aviateurs étaient alors munis de faux papiers avec des noms bretons. En cas de contrôles par les autorités allemandes (ou françaises), le convoyeurs faisait passer ses aviateurs pour des sourds et muets. L'ensemble des aviateurs étaient ensuite logés provisoirement chez des résistants locaux (des "hébergeurs").
Lorsqu'une nuit sans lune s'annonçait et qu'un voyage était confirmé par radio (avec le message "Bonjour à tous dans la Maison d'Alphonse"), les membres du réseau Shelburn préparaient l'opération d'évasion en réunissant l'ensemble des aviateurs dans la maison de Mr J. Gicquel dite "la Maison d'Alphonse", demeurant à deux kilomètres de l'Anse de Cochat, plage choisie pour les opérations d'évacuation. Cette plage fut appelée "Plage Bonaparte" par les résistants. La première évasion par la Plage Bonaparte se fit le 28 Janvier 1944 avec 18 aviateurs regagnant l'Angleterre le même jour.
Conduits de nuit par les Plouhatins qui connaissaient bien les falaises, les aviateurs étaient amenés sur la plage à marée basse en passant au travers de la lande et d'un champ de mines, puis marchaient dans l'eau jusqu'à la taille et attendaient (parfois longtemps) deux ou trois barques (sans moteur) qui les transportaient ensuite à trois kilomètres du rivage où une vedette armée de la Royal Navy (la MGB 503), les attendait. Tout cela, sous le nez des Allemands qui avaient un Blockhaus sur les hauteurs des falaises de l'Anse de Cochat... »
(suite ici)
L'une de ces vedettes, surnommées "autobus de la mer" à cause de leur fréquence et de leur fiabilité, était pilotée par le père de Jane Birkin, David Birkin (voir ici), qui nous a laissé un film tourné en 1944.
(Photo Forcedlanding)
Ce qui est particulièrement étonnant, c'est que ce réseau d'évasion réussit à embarquer 135 aviateurs vers une vedette ancrée au large de la Pointe de la Tour, au voisinage du Toureau (ou "Taureau"), sans jamais attirer l'attention des nazis installés sur celle-ci.
L'explication en est que les militaires en faction dans les blockhaus de la pointe n'étaient pas habitués à la mer, et donc n'imaginaient pas que le vol de mouettes soulevé par la vedette amarrée tous feux éteints à quelques kilomètres seulement avait quelque rapport avec la présence d'un bateau.
Vous pouvez vous procurer ce magnifique documentaire ici, à la cinémathèque de Bretagne, pour 20 € - ou peut-être un peu moins ailleurs, mais l'approvisionnement par les gros commerces (Fnac et Amazon) n'est pas garanti.
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Le Centre Culturel d'Issoudun présente actuellement une bien belle exposition, due à un certain Pierre-Stéphane Proust (quel beau nom !) dont le site (ici) vous en apprendra encore bien plus que les modestes articles que je me propose de lui consacrer.
Pour débuter, je vous propose une collection de boîtes aux lettres toutes plus originales et plaisantes les unes que les autres....
Commençons par la maisonnette du XVIIIe siècle, avec sa Belle au balcon et son Soupirant à ses pieds.
(Je précise que j'ai pris mes photographies dans un hall bien éclairé, et que souvent les tirages au flash m'ont paru trop durs, si bien que là j'ai préféré celui où je ne l'utilisais pas. Malheureusement il m'est arrivé de légèrement bouger...)
Continuons avec le chalet, admirablement bien réalisé tout en bois.
Et voici l'avenir, la Conquête Spatiale et la Planète des Singes !
Passons au Tour du Monde en maisons, à commencer par un igloo.
Et hop ! Le Far West ! (mais c'est toujours une boîte aux lettres)
Le Japon ! (Là j'ai laissé le flash ; je le regrette un peu, mais on voit mieux le détail de l'intérieur)
... Les pays Arabes - sans flash ; difficile à prendre, on voit mal les deux dromadaires harnachés qui entourent la boîte. Mais vous les voyez mieux sur le site de l'auteur.
Finissons avec l'Afrique,
et pourquoi pas, la Papouasie, puisque c'est le pays de mission spécifique à Issoudun ?
(voir mon article ici : les arts océaniens au Musée Saint-Roch)
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Pour progresser dans cette étonnante exposition (voir l'article précédent), je vous propose aujourd'hui les citations indiquées au bas de chacun des grands panneaux présentant des lettres ornementées.Commençons par celle-ci, en rapport avec le sujet de l'exposition :
Nous l'accompagnerons bien sûr de l'illustration qui lui correspond. Et comme l'autre jour, notez que je me suis efforcée de ne pas utiliser le flash pour éviter les reflets dans les vitres, mais que cela a entraîné, tantôt un léger flou dans l'image, tantôt d'autres reflets plus discrets de la pièce environnante et de ma propre image...
Continuons avec une citation de Marcel Proust, homonyme du créateur de cette exposition, Pierre-Stéphane.
... Allez, je vous ajoute également les deux lettres dont on n'aperçoit ici qu'une partie - adressées à notre collectionneur.
Joli, n'est-ce pas ?
Un peu bougée, hélas... Passons à la citation suivante, de Jules Verne, grand amateur de voyages !!
Ah ! Ah ! Nous abordons la banquise dont je vous précise les motifs.
Admirable lettre postée à bord du navire menant aux îles Kerguelen, et dont le motif s'inspire du timbre central, avec l'adresse autour.... !
Crépusculine constatera que ce monsieur est lui aussi, normand...
Une jolie goélette de l'époque de Jules Verne complète le tableau.
Et passons à la citation suivante, d'un certain Peyron qui m'est inconnu.
Nous voici en plein surréalisme, avec un facteur volant qui sème ses lettres ! Regardons la lettre de plus près, nous verrons que l'astucieux dessinateur a mis ses coordonnées sur le dos du facteur.
Pour ces deux photographies j'ai préféré le flash, qui n'enlève cependant pas totalement les reflets.
Voulez-vous mieux voir les autres enveloppes ?
Je vous ai agrandi celle-ci, du moins. La Tour Eiffel en vaut la peine !
Une autre citation ?
Ça se corse ! Nous arrivons en Amérique ! Mais seules quelques gravures illustrent ce tableau, nous passons donc à un autre.
Les îles ? De mieux en mieux !
Mais pour clore le chapitre d'aujourd'hui, je garde mon préféré ....
Et sur ce tableau final, que voyons-nous ?
Une merveille, n'est-ce pas, que cet éventail en forme de lettre ? On se demande comment la poste a réussi à le transporter... Et je soupçonne l'expéditeur de l'avoir emportée lui-même après affranchissement.
Terminons avec cet hommage à l'aviateur que fut notre cher Saint-Ex.
(à suivre...
La prochaine fois : pays lointains, temps passé et temps futur)
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Dans cette forêt
Un chemin secret
Baigné de lumière
Sous les troncs dressés
Quelques fils tressés
Parmi les fougères
Le soleil flamboie
La mousse verdoie
Sous les hautes branches
Ô monde endormi
Fourmillant de bruits
Où le cœur s'épanche
J'aime ta douceur
Et la profondeur
De ta quiétude
Des troncs assoupis
Des rochers tapis
Monte en altitude
Le chant silencieux
Des elfes gracieux
Volant vers l'abîme
Là-haut, tout là-haut
Où sont les oiseaux
De tes hautes cimes
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(Début ici)
(Une image pour Viviane : la boîte aux lettres japonaise)
Et voici enfin le troisième et dernier volet de cette évocation.
Votre enthousiasme rejoint mon empressement à tout photographier... Et d'ailleurs il était bon d'y revenir à divers moments de la journée, pour éviter les reflets qui transparaissaient parfois même avec le flash.
Cette fois je vous montrerai, un peu en vrac, des "perles" de cette exposition de Pierre-Stéphane Proust, perles allant de la lettre superbement ornée ou très originale, au souvenir du temps passé à travers quelques affiches datant du début du siècle.
Hélas, j'ai tellement d'images dans ma besace que je risque de ne plus savoir trop choisir...
Une lettre vraiment, vraiment originale !
Celle-ci n'est pas mal non plus ; nous sommes dans les montgolfières...
Et maintenant... le pigeon voyageur
... pour en arriver aux avions primitifs.
Ce qui nous conduit à cette amusante gravure...
Le transatlantique allait-il en Guadeloupe ?
Ou ailleurs sous les cocotiers ?!
Enchaînons sur ce panneau, avec une belle lettre en bas.
Ou même jusqu'en Extrême-Orient ?Attardons-nous un peu...
Mais celle-là n'est pas mal non plus !
Au passage, saluons le Bouddha...
Mais quelle drôle de lettre de Malaisie, aussi !
Des jonques d'on ne sait où...
Et tant qu'on y est, embarquons-nous pour le cosmos... C'est le rêve du 3e millénaire ! Et regardez où le cosmonaute du timbre poste la lettre ?!
Le rêve de la Lune et du Soleil, c'est à Plazac que ça se tient... Le "Chant des Toiles", vous connaissez ? (Voyez surtout leurs magnifiques cartes postales)...Pour tout dire, ils ne sont pas loin du centre bouddhiste Dhagpo, et peignent des toiles flamboyantes de spiritualité (notamment Johfra, néerlandais actuellement décédé).
Et par association d'idées, nous arrivons au désert !
Un petit tour par Alexandrie, chez Marlou...
Je ne puis tout mettre, mais cette carte vaut le coup d'oeil.
En Afrique aussi, il y a des dromadaires, et qui transportent des colis !Cette lettre est absolument stupéfiante... On se demande si elle a circulé, et n'est pas plutôt une reconstitution façon Jules Verne et siècle dernier (voir les vieux timbres qui l'ornent, en haut). De plus l'adresse portée sur le colis fait même songer à Voltaire !
Je pense que c'est une destination de rêve...
Et là, par l'intermédiaire de Pierre-Stéphane, il semble qu'une école africaine ait correspondu avec une école du Calvados. Avouez que ce "taxi-brousse" est vraiment très réussi ! Il me rappelle des souvenirs...Bon, je crois que j'ai fait le tour. Je vous laisse rêver sur ce joli Taxi-Brousse originaire du Gabon et qui lui aussi transporte des lettres...
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