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      Francisco Pacheco (1564-1644) - Le Roi David (1603)
     

        En ce 29 décembre, le regard est attiré par ce nom sur le calendrier : "fête à souhaiter, David".
        Autour de Noël, le nom de David n'est pas anodin : il s'agit du célèbre Roi biblique qui dans sa jeunesse tua en combat singulier le géant Goliath et débarrassa ainsi Israël de la menace des Philistins, mais fut aussi poète et musicien, et composa des pages de psaumes demeurés uniques dans notre pensée religieuse.

        Ecoutez avec moi un extrait du magnifique oratorio composé sur lui par Arthur Honegger, très jeune à l'époque (en 1921, il avait 29 ans), sur un texte de René Morax.

        Si vous ne pouvez entendre tout le passage proposé sur cette vidéo, choisissez au moins d'en découvrir, au tout début (1mn à 2mn30) le Psaume "Ne crains rien", chanté par le ténor solo qui figure le berger David, attaqué par le roi Saül jaloux de son succès.
     
      
    Ne crains rien et mets ta foi en l’Éternel !
    Pourquoi me dire : "Enfuis-toi
    Comme fuit l'oiseau du ciel vers les montagnes "?
    Le méchant bande son arc
    Et sa flèche va siffler,
    Car dans l'ombre il a tiré
    Sur l'innocent au coeur droit...
    Ne crains rien,
    Et mets ta foi en l’Éternel.
     
     
     
        Si vous avez aimé ces extraits, je vous invite à vous rendre sur Youtube à cette adresse pour écouter l'autre partie du concert, avec notamment la fin de l'oeuvre qui est une splendeur : 
     
    "Oh, cette vie était si belle ! Je te bénis, toi qui me l'as donnée" (récitant)
    Puis un ange chante (la soprano) :

    "Dieu te dit : un jour viendra
    Où une fleur fleurira
    De ta souche reverdie.
    Et son parfum remplira
    Tous les peuples d'ici-bas
    Du souffle de la vie.
    Alléluia ! Alléluia !"
     
     
     

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  •         Martine Réau-Gensollen, mieux connue sous le nom de "La pèlerine", puisqu'elle est de son propre dire "citoyenne du monde" et marcheuse sur les plus beaux chemins de la terre (à commencer par celui de Saint-Jacques, en Espagne), m'a demandé il y a quelque temps de m'attaquer à  un challenge indiqué sur son site : "recréer le monde". Mais comment ? je l'avais déjà tenté ici ; et cette fois, il s'agissait peut-être plutôt de reprendre le récit biblique pour en indiquer d'autres issues, d'autres possibles (voir ici son article).
        J'ai donc tenté, par ce texte de relire la Bible à ma manière, et je le confesse, je demeure persuadée que le monde ne saurait être différent de ce qu'il est. Car mon intelligence étroite ne sait concevoir un monde exempt de la dualité, par laquelle il est fatal que tout bien engendre un mal - de même que tout mal engendre un bien. S'il n'y avait le malheur, nous ne connaîtrions pas le bonheur, et s'il n'y avait la cruauté, nous ne connaîtrions pas la compassion... Ainsi donc, pourquoi nous détourner de ce qui pour nous est surtout une grande et belle école ? Ecole d'amour, car, comme l'amour a lancé nos ancêtres dans ce guêpier, de même, l'amour est le seul viatique nous permettant d'en retirer le meilleur : en effet lui seul - le vrai, le grand, l'amour désintéressé - permet d'échapper à la dualité en acceptant tout ce qui est.

     

    La Pomme

    (Image tirée du net)

     



    Adam était à Eve,
    Eve était à Adam,
    L’un à l’envers de l’autre
    Et l’autre à l'endroit de l’un.

     Ils se tenaient la main
    Dans le jardin sans fin où ils s’étaient trouvés,
    Un peu seuls
    Parmi les ailes froissées de quelques anges clairs

    Et le gazouillis des oiseaux.

      Regarder courir les petites bêtes
    Etait leur seule aventure journalière,
    Et puis se regarder aussi,
    Se détailler :

    Etaient-ils beaux !

       Oui, beaux, mais seuls
    Parmi ce foisonnement de merveilles,
    Parmi la féerie d’un monde à peine né,
    D’un monde vierge,
    D’un monde encore tout chaud sorti

    Du giron du Grand Dieu.  

     En ce monde ils dormaient,
    Lovés dans des replis de terre
    Parmi renards, furets ou bien lézards,
    Et chaque nuit ils contemplaient avec ferveur
    L’immensité du ciel tout parsemé d’étoiles,
    Le firmament clouté

    Tel un parterre d’or.  

     Fallait-il vivre ?
    Et fallait s’aimer ?
    Fallait-il débuter l’histoire inexorable ?
    Ils auraient pu rester inertes et transparents
    Ainsi que des poupées-chiffon
    Dans le décor mouvant
    Du jardin chatoyant,

    Sans manger ni sans boire...  

    Mais n’étaient-ils pas là pour expérimenter ?
    Adam, premier danseur,
    Prit Eve dans ses bras comme l’on porte un cygne
    Et la porta si haut
    Qu’elle atteignit les arbres.
    Se lever et danser, c’était leur vocation ;
    S’élever et mourir, c’était leur destinée…

       Une pomme tomba,
    Fatalité première :
    Gravité, pesanteur

    Venaient de se créer… 

     Et il y eut le temps,
    Et il y eut l’espace,
    Et la Terre tourna,
    Et le monde naquit
    Dans toute sa splendeur

    Et toute son horreur.

       La pomme fut ouverte,
    Il y eut l’extérieur,
    Il y eut l’intérieur ;
    La pomme fut mangée,
    Et il y eut la mort
    Et il y eut la vie,
    Le début et la fin,

    Le bien-être et la faim…

     Mais que serait le monde
    Sans tout l’amour du monde ?
    L’absence engendra la présence,
    Et ce cercle infini

    On l’appela serpent.  

    Mais la sphère parfaite,
    La bulle des délices,
    C’était d'abord la pomme
    Qu’ont choisie nos parents,
    Pour que naissent les hommes
    Et que rient leurs enfants.


    La Pomme

     


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